Mafalda79 a écrit :je me posais la question de savoir si il y avait des personnes respectant ce type de régime alimentaire sur le forum ?
Oui !
Je suis devenue végétarienne à 14 ou 15 ans lorsque j'ai vu un camion transportant des volailles. J'ai dû attendre d'être en internat pour pouvoir choisir de supprimer la viande de mon alimentation. Puis, lorsque j'ai réintégré le domicile familial, j'ai simplement déclaré que je ne mangeais plus de viande, que ce n'était pas la peine d'en acheter pour moi. C'était il y a 20 ans et à l'époque, il n'y avait que très peu de végétariens, c'était très mal vu, presque considéré comme une maladie dont on devait se cacher et avoir honte. Je devais souvent m'excuser en expliquant mes raisons. Je ne mangeais pas de viande, mais je n'avais remplacé la viande par aucun substitut, j'avais sans doute des carences et j'étais en surpoids.
J'ai eu une période de maladie (maladie psychiatrique) où j'ai recommencé à manger de la viande.
Depuis quelques années, je suis devenue végétalienne, et je fais attention à ne pas avoir de carences en prenant des substituts au soja, et des vitamines en suppléments. Je n'ai aucun problème éthique à prendre des vitamines en suppléments, celles-ci ne causant la souffrance et la mort d'aucun être vivant. Je n'ai, de même, aucun problème éthique à prendre un médicament en cas de besoin.
Je mange parfois des œufs que l'on me donne et qui proviennent de poules dont j'ai pu vérifier les conditions de vie et qui ne sont jamais tuées (sauf si elles sont très malades, elles sont euthanasiées). Depuis que je côtoie ces petits animaux (là où je vis tout le monde a des poules dans son jardin), je suis tombée sous le charme, et j'ai l'intention d'acheter 2-3 poules dès que j'aurai un jardin clôturé.
Je suis contente que ce sujet ait été créé dans "questions de société et débats philosophiques", car le végétarisme ne se réduit pas du tout à un régime alimentaire. Il provient d'une réflexion éthique sur le monde, sur la valeur de la vie, sur les responsabilités des humains envers les espèces sous sa domination, sur l'écologie, sur la définition de "l'Autre", sur la culture et les traditions, sur la normalité, sur la religion. J'avoue avoir été peinée de constater que les seuls topics traitant de ce sujet étaient dans "psychologie et santé".
Mafalda79 a écrit :Je pose cette question car je suis intimement persuadée (mais je n'ai aucune preuve) que l'on doit trouver plus de végétariens / végétaliens / vegans chez les HPI que dans le reste de la population du fait d'une certaine forme d'empathie et de justice qui nous caractérise.
L'empathie existe à des degrés divers chez tous les êtres humains ou presque. Par contre, le fait d'éprouver de l'empathie pour telle ou telle espèce animale est une question beaucoup plus culturelle, religieuse et sociétale que biologique/neurologique/génétique. Le spécisme (la discrimination par les espèces : le fait de considérer une espèce comme étant supérieure aux autres. Par exemple, les humains supérieurs aux cochons, les dauphins supérieurs aux grenouilles) est beaucoup plus répandu dans nos sociétés occidentales que l'antispécisme. Le spécisme trouve son origine dans les religions. C'est le spécisme qui légitime l'exploitation, le meurtre et la cruauté envers les animaux. Le spécisme va même plus loin en disant que le fait de se préoccuper du sort des animaux est, en soi, un mépris envers les humains (donc non seulement le spécisme ôte tout sentiment de culpabilité à ses adhérents, mais cela vise aussi à culpabiliser ceux qui ne suivent pas leurs croyances).
La rupture de l'empathie humains/animaux se retrouve partout dans la société.
Dans le monde agricole, les animaux sont considérés comme étant des outils de production dépourvus d'émotions et de capacité à souffrir. Pourtant ces mêmes éleveurs/fermiers possèdent des animaux domestiques (chiens, chats, ânes, chevaux, et même parfois une vache ayant une histoire singulière) auxquels ils sont très attachés et à qui ils reconnaissent l'existence d'une personnalité, des émotions et bien sûr une capacité à souffrir.
Cette dichotomie se retrouve dans le comportement du consommateur qui ne fait pas le lien entre sa barquette de viande et la vie d'un être doté d'émotions semblable à lui-même ou à son chien, ou dans ses croyances d'un monde agricole idyllique style "l'amour est dans le pré". Croyances entretenues par le marketing, et les éleveurs (la cruauté dans les élevages traditionnels, les pratiques barbares dans l'élevage intensif, et dans les abattoirs restant invisibles aux yeux de tous).
Personnellement, je ne vois aucune différence entre l'attitude qui consiste à établir une hiérarchie entre les êtres vivants en déclarant telle ou telle espèce tuable et celle d'établir une hiérarchie entre les ethnies ou religions en disant "telle ethnie ou tel peuple n'a pas le droit d'existence", chacune provenant d'une absence d'empathie à l'égard d'êtres vivants dotés de sensibilité et les considérant comme des machines, des objets.