Erreur sémantique de ma part, même si j'y vois en exergue un questionnement sur l'articulation entre liberté d'agir et soumission aux cadres, la parallèle avec les arts n'avait pas du tout l’objectif de limiter la créativité à sa seule dimension...."artistique".
On grandit en se confrontant au collectif et là dessus l’école doit, à mon sens, favoriser le processus de différenciation,
(l’expression de sa créativité "adaptative" face aux événement de l’existant) autant qu’elle doit permettre le développement des solidarités et le sentiment d’appartenance.. La créativité s'appréhende donc comme la capacité (espace-temps) d'un individu ou d'un groupe à imaginer ses propres solutions où le collectif ne sera pas mis en péril par les aspirations individuelles (et vice versa) .
A partir de là, une pédagogie institutionnelle basée sur des expériences concrètes, le transfert des connaissances en compétences sociales avec en mire la nécessaire estime de soi peut permettre à un groupe-classe de développer sa créativité..
En somme, on ne peut pas dire qu' un programme ne soit pas adapté, il répond à des exigences normées, théoriquement en adéquation avec les bouleversements bio-psychoaffectifs d'une classe d'âge. Il est nécessaire.
Shiewuoun a écrit :.... Car le programme ne peux dicter à lui seul les attentes du professeur sur ses élèves ni sa pédagogie.
Ce serait effectivement bien illusoire de considérer qu'un programme puisse répondre à toutes les avidités, y compris les "lacunes". Y Croire serait se leurrer sur toute la variété des personnalités, la multiplicité des troubles des apprentissages également qui sont autant structurels que symptomatiques d’une société qui ne sait pas les prendre en compte.
Le caractère institutionnel de l'entité école remet par essence en question l’émergence d'un accompagnement qui convienne à chacun. Et nous n’avons pas le budget ni le temps de Jean Itard ^^
La construction de quiconque est variable de facteurs environnementaux dépassant le cadre strict de l’école, on ne peut donc lui imputer la seule responsabilité de son inadaptation. La famille a également son rôle à jouer, l’enfant également et sans tirer vers l' extrémité d'une "parentification", il doit absolument être autant placé au centre des attentions que mis en responsabilisation vis à vis de ses choix.
De fait, c'est la pédagogie que l'on doit questionner. Là dessus, elle est tributaire, autant de l'ideal de l'adulte qui lui donne vie, que des moyens dont il dispose pour le faire. Et pour l'enfant, le programme est là pour inscrire le temps et c'est la conscience du temps, où s’articulent et se dosent frustration et ideaux, qui autorise le processus de penser.
Une pédagogie, en tant que contenant, c'est également un projet qui ne peut être efficace que s’il est porté par l’Adulte, dans son sens premier.
Il faut donc des adultes. des adultes enseignant qui prennent le risque d’exposer les élèves à une insécurité potentielle. L’insécurité de sortir de ce à quoi on attribue usuellement et sans doute vulgairement l'école, à savoir un dispensaire de savoir qui établit des classements. Le clivage enseignant –parents naît de ce décalage, de cette logique de comparaison plus que d’individuelle progression. Ce qui tend à primer tient plus à la performance qu’au développement de soi, la prise de conscience de l’alterité et la capacité à s’adapter aux normes évolutives de la société.
Il y’a à un fossé culturel trop grand entre une école caserne de l’avant guerre où la morale judeochretienne quasi patriote faisait sens et poids, et un sécularisme pedagogique anomique qui en voulant rester ouvert à « tuer » les incarnations adultes et à transformer un courant nouveaux en logique laxiste qui insécurise..
M’est avis que les enfants modélisent de moins en moins et peut être cela est il dû au fait qu’on pointe aisément du doigt le temps ancien autant qu’on le prends comme référence, au gré des exigences culturelles, de l'opportunisme éducatif et politique (bof).
Dans mon viseur, la question du temps. On oscille entre l’idée de maintenir l’ordre immuable des choses autant qu’on est plus centrée sur l’agir, le pulsionnel et la réponse immédiate en dépit des cheminements et de leur rythme propre..C’est avec le temps que nous devons réconcilier la jeunesse. Le temps c'est autant le projet que la conscience d'un tissu générationnel autour de soi.
Et à partir de là , sans doute que l’espace créatif reprendra son sens et ses droits. La Scholè n’est elle pas le temps consacré aux études ?