

Où vous sentez-vous chez vous? Ou plutôt à quoi reconnaissez vous ce sentiment? Vos amis? Votre attachement à votre ville? Un sentiment de familiarité? La seule présence de votre moitié? De vos enfants? Et surtout, comment le vivez vous quand ce petit équilibre là se trouve contrarié? Comment recréez-vous ce qui vous manque? Quand vos potes semblent s’en aller les uns après les autres, en sortie de diplôme, parce qu’ils ont trouvé du boulot ailleurs, ou quand vous-même vous devez partir alors pile au moment où vous commenciez à prendre vos marques et à vous plaire à cet endroit?
Je me pose cette question parce que j’ai un mode de vie (et sans doute de réflexion à ce sujet) un peu curieux. Depuis plusieurs années maintenant je trimballe mes bagages d’un week-end à l’autre entre Paris et la province (où se trouvent l’essentiel de ma famille et de mes amis). Paris m’est longtemps apparue comme une ville belle mais froide, une sorte de vitrine. D’ailleurs je ne reconnaitrais pas la plupart de mes voisins de palier si je les croisais dans la rue. Puis à force de cours à droite à gauche, d’expériences professionnelles et de rencontres, je me rends compte que j’y ai comme recréé, ce que je rentrais chercher les week-ends.
Seulement, d’ici quelques mois, études obligent, il sera sûrement question pour moi de poser mes valises quelques années dans un autre pays. Je l’ai longtemps souhaité, poussée par une profonde curiosité et un désir de fuite assumé, et la croyance un peu naïve que l’herbe était plus verte ailleurs. Mais bizarrement, depuis quelques mois, la pensée d’avoir à partir me rend triste, parce qu’au bout de plusieurs années, j’ai enfin le sentiment d’être heureuse ici et d’y avoir une vie à moi, je ne m’y attendais pas, j’ai toujours cru que ça se produirait ailleurs...
Mauvais timing peut-être.