Je souhaite revenir sur ce que j'ai écrit un peu plus haut.
En ce qui me concerne, j'ai tendance à capter facilement les émotions d'un environnement. Auparavant, j'y réagissais très mal, car je me retrouvais facilement dans un magma fusionnel où je ne comprenais plus ce qui m'appartenait ou ce qui appartenait à l'autre.
C'est plus particulièrement sur le terme fusion, que je souhaite revenir, car je ne le trouve finalement pas juste. Je parlerais plutôt de sentiment de confusion que de fusion.
Pour reprendre ce que j'ai écrit : j'ai tendance à être sensible, "capter" les émotions (ou plutôt les mouvements) dans un environnement. Cad, je perçois comme un mouvement, une émotion, une vibration (positive ou négative) chez un autre, ce qui provoque chez moi une réaction, un autre mouvement. Aussi je ne prends pas cette émotion pour mienne (c’est-à-dire je ne la ressens pas comme l’autre peut la ressentir), mais ce mouvement chez l’autre a pour effet de créer un mouvement (différent) chez moi.
Je peux par exemple ressentir un malaise, si je ressens quelque chose qui peut se rapprocher de la haine (que je palpe une sorte de force potentiellement destructrice chez un autre).
Auparavant, je pouvais ressentir une confusion (et non une fusion), et me sentir profondément déstabilisée, si ce mouvement « négatif » perçu chez l'autre provenait de quelqu'un de proche (par exemple si je percevais une forme de haine là où j'avais besoin de recevoir de l'amour).
La confusion venait sans doute du fait qu’il m’était impossible de nommer ce que je percevais chez l’autre (car insupportable). Je le percevais d’une certaine manière (d’où mon malaise), mais je ne pouvais pas l’intégrer complètement (mécanisme de survie ?)
C'est ensuite, pour recevoir de l'amour (et éviter la haine) de cet autre que je pouvais rentrer dans un mécanisme que je pourrais qualifier de "fusionnel" (encore que le terme n’est pas forcément approprié): comprendre les intentions, et les désirs de l’autre, me mettre à correspondre aux désirs de l’autre, me caler sur les désirs et intentions (pour lui plaire et être aimée de lui) et finir par penser que j’avais les mêmes envies, désirs (ce qu’on peut sans doute rapprocher de la mise en place d’un faux-self)
Maintenant j’ai bien du mal à dire à quel niveau se situerait l’empathie ? (et si empathie il y a dans ce que je décris?)
Serait-ce uniquement dans le fait de capter l’émotion, le mouvement de l’autre (même sans pouvoir la qualifier?) et de ressentir à son tour un mouvement qui nous est propre?
Y-a-t-il empathie si je capte, mais suis dans la confusion, car je ne peux mettre de mot?
Ou pour qu'il y ait empathie, faut-il percevoir une émotion, un mouvement (et pouvoir nommer, reconnaitre ce qui se passe?)
Je complète mon message. j'ai peut-être trouvé quelques éléments de réponse, avec une autre définition à ce lien (en rapport avec Jean Decety que je citais un peu plus haut):
http://www.leblogdesrapportshumains.fr/ ... lempathie/
l’empathie ne peut s’envisager que lorsque la personne fait l’expérience d’une réponse émotionnelle face à l’émotion d’autrui. De plus, la personne doit être capable d’effectuer une distinction entre soi et autrui et de réguler ses propres réponses émotionnelles....
Trait de personnalité caractérisé par la capacité de ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui, d’effectuer une distinction entre soi et autrui (c’est-à-dire être conscient de la source de l’émotion et pouvoir décoder l’émotion d’autrui) et de réguler ses propres réponses émotionnelles...
Toujours d’après Jean Decety, en situation d’empathie, l’émotion que l’on ressent est similaire à l’émotion que vit autrui. Pour autant, l’émotion ressentie se situe quand même dans un juste milieu entre l’absence de réponse émotionnelle (froideur) et une réponse émotionnelle trop intense qui peut mener à un sentiment de détresse.