Ayant été absente assez longtemps, je n'avais pas lu ce topic. Merci à tous, et spécialement à l'initiateur ! Dommage qu'elle se soit arrêtée si vite. Kant a pas mal été discuté, mais au final, la question initiale, pas tant que ça.
Petite parenthèse : Dieu est arrivé dans la discussion, ( j'ai bien lu toutes les interventions, mais là précisément, je ne me souviens plus comment on y est arrivé ), mais je me suis dit ceci.
Si l'on ne connaît rien à la philosophie, ce qui est mon cas. Rien dans le post initial, dans la question qui a été posée, et dans les précisions qui ont suivi sur la morale de Kant, ne laisse supposer qu'il est croyant, et que son système de pensée le conduit inéluctablement à penser qu'il doit exister une morale en dehors de soi. Puisque Dieu est un point d'arrivée, et non de départ, et qu'il ne participe en rien à l'établissement du raisonnement et du système, il pourrait aisément être laissé de côté. Et aussi : Je ne crois pas à l'empathie. Oui, l'on peut reconnaitre la souffrance chez l'autre, et en souffrir. Mais pourquoi décider que c'est une valeur si élevée ? L'empathie peut nous faire prendre tout un tas de mauvaises décisions, si l'on décide d'agir. Peut nous inciter à sacrifier mille pour en sauver un. Parce que la souffrance de l'un peux être immédiatement soulagée, alors que celle des mille prendra plus de temps. Parce que ce un, c'est un être aimé, alors que les mille, on ne les connaît pas. Parce que l'empathie nous pousse à l'immédiateté, et que la réponse peut engendrer des problèmes encore plus grands. On croit bien faire, mais c'est un leurre.
Je ne comprends pas la question initiale dans le sens où pour moi, il n'y a pas antagonisme.
J'ai le sentiment, mais peut-être cela a déjà été dit, qu'il n'est pas possible de faire l'un sans l'autre. Il me paraît que la valeur morale est nécessaire lorsque l'intelligence est absente, et que l'intelligence est nécessaire pour développer les valeurs morales. Il faudrait donc que les deux puissent se développer en même temps, les valeurs morales découlant de ce que l'intelligence découvre au fur et à mesure. On pourrait sans doute me répondre que c'est déjà une valeur morale que de penser qu'il devrait y avoir, ou qu'il y a, qu'on le veuille ou non en nous, des valeurs morales. Et que donc, la balance penche déjà d'un côté, à savoir, si j'ai bien compris, du côté de Kant. Mais il me semble que la valeur morale sans intelligence n'est qu'un leurre, une parodie, une naïveté incroyable, puisque c'est soit faire confiance à l'autre, aux autres, pour déterminer ce que sont les valeurs morales, sans les remettre en cause, soit se faire suffisamment confiance à soi-même pour penser que ce qui est bon pour soi l'est aussi pour l'autre. Mais comment peut-on remettre en cause sans intelligence ?
L'exemple du train, dans ce sens, est révélateur. Voici la réponse d'Eutyphron : "Je crois savoir ce que Kant dirait. Tuer un homme est un crime. Ne pas pouvoir empêcher la mort de cinq hommes sans commettre de crime (ce que l'énoncé de ton problème impose) n'en est pas un. Donc, Kant dirait qu'il ne faut pas pousser le gros. "
Voilà pour moi la limite du système de Kant, et la nécessité de passer à autre chose : l'intelligence. La vie n'est pas un système, c'est beaucoup plus complexe. Appliquer des systèmes, c'est forcément, à un moment donné, prendre de mauvaises décisions. ( Attention, je crois que l'on prend le plus souvent des mauvaises décisions, mais c'est un autre sujet ). Utiliser l'intelligence me paraît beaucoup plus sûr, plus ouvert, plus constructif. Mais user de l'intelligence sans valeur morale, qu'en penser ?
( Voilà qui ne fait pas fort avancer le sujet

)