Précisons que l'économie n'est pas une science exacte, les économistes peuvent déduire les conséquences négatives de certaines mesures/situations (cf Nouriel Roubini pour 2008), mais ne peuvent en aucun cas assurer des conséquences positives des mêmes mesures, au mieux faire des projections plus ou moins fiables. Il était intéressant de voir les débats sur i-télé pendant l'émission "y'a pas que le CAC" entre Philippe Chalmin et Bernard Marris, deux professeurs d'économie dans des universités parisiennes différentes, être souvent à peu près d'accord sur les constats et être à chaque fois complètement pas d'accord sur les solutions à donner.
Précisons (oui, je me trouve tellement important que je me nouvoie) que, puisque l'économie libérale ne pouvant par définition pas avoir de règles, on a choisi de la faire fonctionner avec la confiance (mot très important, nous y reviendrons souvent), confiance des investisseurs dans la santé des entreprises à la bourse, confiance des banques dans les projets pour lesquels ils prêtent de l'argent, confiance des banques centrales qui prêtent de l'argent à ces susdites banques, confiance des pays ayant des devises pour les prêter aux pays endettés (la Chine a pour environ 350 milliards de dollars en bons du trésor américain même si elle en a vendu pas mal dernièrement (un signe ?))...
Prenons la bourse, la valeur des actions à la bourse n'est pas la valeur réelle des entreprises, c'est une histoire d'offre et de demande, plus il y de gens qui croient en une entreprise, lui font donc confiance et veulent en acheter des actions, plus la valeur de l'action monte, sans prendre aucunement en compte la réelle "trajectoire" de l'entreprise. On parle de krach/déflation régulièrement (WIKI), celui dit de la "bulle internet/des start-up" en est le bon exemple, tout le monde a voulu en "croquer" parce que tout le monde y croyait dur comme fer, et une fois que la concurrence a eu joué, on s'est rendu compte que la plupart de ces entreprises avaient des cotes boursières surévaluées, donc tout le monde a repris ses billes, donc sans "capitalisation boursière" les entreprises non viables n'avaient plus d'argent pour honorer leurs engagements auprès des banques et ont fait faillite, les actionnaires les moins "prévoyants" y perdant leurs billes.
1929 aux USA en est un autre bon exemple. D'un côté on avait une bourse fortement surévaluée, voir ici que l'indice Dow-Jones a été multiplié par 2,5 entre 1927 et 1929, avant d'être divisé par 7 entre 1929 et 1932 (divisé par deux en deux mois), pour se stabiliser ensuite ce qui laisse à penser que le niveau au pic était de 3 fois sa valeur réelle (oui, bon là, j'extrapole un peu, mais on va pas chipoter). De l'autre, on avait des banques qui avaient prêté sans garantie de l'argent qu'elles n'avaient pas (bah oui, c'était l'argent de leurs clients) et, le krach boursier ayant provoqué une grave crise de confiance dans le public, tout le monde est allé au guichet pour récupérer son argent et toutes les banques qui n'avaient pas de fonds propres ont fait faillite (9 000, voire j'ai entendu 16 000 (bah oui, plein de petites banques locales à l'époque)). Les deux réunis ont créé cette crise (ou pas ?) qui n'est pas le sujet.
Revenons à nos moutons.
Si la quantité de monnaie émise dépend de la quantité d'or possédée par le pays, on parle de richesse concrète, à un instant T. Ce qui obligeait les banques centrales à détruire ou produire la monnaie réelle en fonction de la richesse réelle des pays. Pas de spéculation sur les monnaies possibles.
Officiellement : "Depuis les accords de Bretton Woods (initiateurs du FMI et autres joyeusetés), les États-Unis s’étaient engagés à pouvoir convertir chaque dollar détenu à l’étranger en or, et au taux de 35$ par once d’or." Le contexte économique du moment rendait cet accord désavantageux pour les USA, de plus il "interdisait" la moindre dévaluation du dollar (ce que Nixon finira par faire plus tard), et il lui fallait un signal médiatique fort comme quoi il agissait pour le bien de son peuple, mais aussi pour lutter contre une inflation grandissante, contenir les prix et assurer sa réélection en 1972. En 1976, tous les autres pays avaient suivi (plus de précisions là).
Que permet cette désindexation entre l'or et la monnaie ? Voyons les évolutions ici de la croissance et ici ou là celles du budget et du déficit en France. En regardant depuis ce choc pétrolier, on constate que la croissance ne cesse de diminuer (oui, un peu oxymorien, je vous le concède) tandis que le budget lui ne cesse d'augmenter. Et forcément le déficit qui augmente de concert.
Concrètement, cela permet à l'état de ne plus indexer la somme d'argent en circulation à la richesse réellement possédée, mais de l'indexer à l'estimation de la totalité de la richesse brute produite par le pays. Et pas de la richesse de l'état, ce qui change tout. On peut estimer, si on suit ce raisonnement, que puisque nous ne sommes endettés qu'à hauteur de 90% (plus ?) du PIB (2 000 milliards), nous ne vivons qu'avec un petit crédit, nous dépensons ce que nous gagnerons l'année prochaine. Alors que si nous nous basions sur la richesse réelle de la France, son budget réel (240 milliards de recettes en 2013), nous serions en train de dépenser ce que nous allons gagner en 2022, et encore si nous présentions un budget à l'équilibre, puisque le déficit structurel, c'est à dire prévu, est de 84 milliards en 2014 pour un budget au dessus des 300. Avec une indexation de la monnaie sur la richesse réelle, nous ne pourrions pas présenter un budget en tel déséquilibre, ni avoir un budget déficitaire durant 40 ans. En 1973, nous sommes devenus pauvres, c'est juste que nous le masquons en exploitant à vil prix les pays de l'hémisphère sud.
"En abrogeant la convertibilité du dollar en or, Nixon pense mettre fin à la spéculation et au jeu d’arbitrage dollar-or et redonner de la marge de manœuvre à la politique économique américaine. En fait, on le voit aujourd’hui clairement, il a plié face à la logique financière et ouvert la voie d’abord à l’émancipation et ensuite à la domination de la « devise actif financer » sur le « devise moyen de paiement »." (Gilles Raveaud, économiste, Maître de conférences à l'Institut d'Études Européennes / Université Paris 8

Je prends crânement cette citation afin de dire à Yniel qui ne veut pas être d'accord avec moi que moi je suis plutôt d'accord avec elle (et pas avec Monsieur Sapir que je ne connais pas).
Bon, c'est long déjà, alors je vais m'arrêter là, surtout que j'ai quand même autre chose à faire de mes journées que de les passer à potasser pour une bande de gens qui veulent jamais rien croire sur parole, zut à la fin

Je plaisante, bien sûr, c'est assez plaisant d'avoir des interlocuteurs exigeants.
