Le 21/01/14 : le documentaire entier est visible ici :
http://centre.france3.fr/emissions/les- ... res-centre
La description qui en est faite par mes soins est critique et totalement subjective (et pourtant, j'ai essayé de relativiser)..
Un début où l'on voit un petit groupe de gamins avec l'enseignant, ils parlent de la tapisserie de Bayeux, et d'emblée on a une présentation caricaturale des gosses : plans où un gamin se balance sur sa chaise presque comme une stéréotypie, scène où ils se précipitent tous pour donner une feuille à un camarade.. On a la désagréable impression que l'intention qui transparait dans la façon de filmer est de dire "regardez, ils sont indisciplinés mais c'est pas leur faute".
En tant qu'ancien élève, je me sens insulté par un potrait si caricatural, et nié dans la réalité de ce que je suis dans la mesure où ce qu'on présente comme l'élève surdoué ne m'a jamais correspondu.
Ensuite, groupe de parole de parents organisé par l'AFEP Orléans. Donc jusqu'ici la terminologie je m'en souciais peu, mais là il y a une telle utilisation du mot "précoce" que le terme me sort actuellement par les naseaux (Et je rédige le message en étant cloué au lit par un rhume bien dégoulinant, alors quand on voit ce qui peut me sortir des naseaux, c'est dire le dégoût que le terme de précoce m'inspire...)
Les termes abordés sont "on n'est pas compris par les enseignants" "on a été culpabilisé en tant que parents" "le diagnostic a permis de déculpabiliser" "les enseignants dépeignent les difficultés mais ne proposent pas de moyen d'y remédier" "on souffre du cliché premier de la classe" "nos enfants peuvent nous manipuler parfois, c'est usant"
Ensuite témoignages des gamins de la 6e BIP (Besoin Intellectuel Particulier).
Ils expliquent pourquoi ils sont dans cette classe, et ce qui les a conduit à passer le test : des problèmes à l'école, ennui en classe.
"Moi être un BIP, c'est comme une catastrophe, une maladie"
"Quand ils entendent besoin intellectuel particulier, ils sous-entendent on comprends pas on est bêtes. Mais ils détestent avoir tort, des fois ils se sentent rejetés alors ils nous rejettent encore plus qu'ils se sentent"
Ensuite on les voit passer dans un couloir du collège.
Puis on les voit en cours de Français. Personne n'a appris sa leçon

Et l'enseignante a le bon goût de ne pas s'en formaliser

Ensuite le cours s'arrête, l'enseignante règle des problèmes de comportement (pas de stylo rouge car le copain l'a piqué pour se venger de s'être fait piquer son dessert à la cantine...)
Donc là j'imagine qu'il s'agit d'illustrer le préjugé selon lequel "ok t'es un génie, mais t'es encore un bébé dans ta tête".
Révoltant, je regrette que ce préjugé relatif à la prétendue immaturité des surdoués soit encore d'actualité.
Est-ce si dur de comprendre que derrière un truc matériel et anodin que tout le monde voit, certains voient aussi des questions de principes, de justice et de morale fondamentales?
Ensuite séquence à la permanence de l'AFEP, des parents qui parlent de comment ils en sont venus à faire tester leurs enfants. Ils décrivent comment la douance leur permet de comprendre pourquoi leur enfant est ennuyé par les tâches répétitives quotidiennes (douche, dents, etc)
Ils décrivent également comment leur enfant s'immisce dans leurs discussions d'adultes, en expliquant que le fait de ne pas avoir d'autre enfant permettant une comparaison est plutôt angoissant : ils ne savent du coup pas si c'est normal.
Après ça parle de l'anxiété de l'enfant, il faut qu'il s'accepte comme il est, il faut travailler avec l'enseignante.
A ce moment-là je me suis demandé si marteler à cet enfant sa différence n'aurait pas été plus dommageable que de simplement le laisser un peu dans l'illusion, et cheminer ensuite par lui-même...
Car si même dans la connaissance et la découverte de soi on est considéré comme incapable d'y arriver seul, comment construire l'estime de soi?
Ensuite réunion pédagogique. Thèmes abordés : la mission de l'école, accompagner la différence pour aller le plus loin possible, communication primordiale.
Une maman prends la parole, elle se dit en colère car apparemment, sur la durée, la prise en compte de la douance est fluctuante, un coup son enfant est surdoué un coup non, mais en fait surtout elle est angoissée. (Son enfant est passé de classe spécialisée à intégration dans classe lambda, donc elle a peur que ça se passe mal--> ça voulait dire ça, la prise en compte de la douance fluctuante)
Ensuite autre témoignage d'une maman dont l'enfant a suivi la pédagogie Freynet, visant à rassurer l'autre maman.("Ce collège est bien")
Témoignage de l'enseignante sur les difficultés qu'elle rencontre, frustration, voudrait faire plus mais n'a pas les moyens, car doit avant tout mener la barque.
Ensuite un cours de Chimie, on voit un élève (surdoué) qui aide une nouvelle élève (non surdouée). L'enseignante lui enjoint de ne pas faire le travail à la place de sa camarade.
Ensuite témoignage des enfants sur leurs ressentis. On est rejeté on sait pas pourquoi / c'est un fardeau / on est pas des intellos / moi je me sens bien.
Ensuite témoignage d'un professeur sur les difficultés relationnelles, enfant qui coupe la parole, professeur qui le remet en place, enfant qui se sent persécuté, même histoire avec autre professeur, enfant obligé d'admettre que le problème est de son côté...
Témoignage de parents, on leur a parlé d'autisme pour leur enfant quand il était petit. Ils racontent que leur fils a été soulagé par le résultat "en fait je suis normal", et qu'il avait gardé pour lui depuis des années la crainte de pas être normal.
Parents qui expliquent aussi leurs difficultés : peur que leur enfant soit autiste / schizophrène / hyperactif ; besoin d'être aidé, du mal à suivre leur enfant qui va à 100 à l'heure ; tendance à s'oublier soi-même car enfants très demandeurs, très invasifs...
Passage où une maman vérifie que son enfant est prêt à partir au collège, on voit le jeune qui joue en même temps et qui mène plusieurs fils de conversation en même temps.
Ensuite témoignages de parents, on aborde le thème de la culpabilisation "t'es surdoué donc tu dois réussir", et d'une enseignante/psy scolaire qui explique le tabou de la douance à l'école, jusqu'en 2005, avec le cliché des parents qui poussent l'enfant, le cliché du génie qui réussit tout -pourquoi on l'aiderait-
Ensuite un gamin qui lit dans une salle d'attente.
Dans son discours, on sent bien les étiquettes "BIP" versus "Normal". Donc si t'es surdoué t'es pas normal. Génial.
"On a plus de problèmes que les autres" --> On sent quand même le discours d'adulte répété et plaqué par un jeune qui cherche des explications à sa situation et qui se cherche, mais qui n'a pour l'instant que du bon gros cliché à envisager.
Conclusion : un reportage que je qualifierais de "Siaud-Facchin Like" : Même mouvance de pensée où finalement, la seule façon de rendre la douance acceptable aux yeux de la majorité sociale est de l'aborder par l'angle de la pitié en insistant sur les côtés négatifs qui peuvent y être associés.
Le reportage passe du cliché obsolète du génie phénomène de foire à celui, plus à la mode, du génie torturé et anti-héros du quotidien, capable de résoudre des équations du second degré, mais pas d'avoir un stylo rouge.
A quand un reportage capable d'envisager objectivement ce qu'est la douance, sans mettre tout le monde dans les mêmes cases, tout en ayant l'humilité de reconnaître que c'est un sujet complexe, et que pour le traiter il faut faire un vrai travail de journalisme, et non se contenter de chercher à illustrer des idées préconçues ?
Merci à Vanvan de l'avoir partagé en tout cas
