Mlle Rose a écrit :Si je ne m'abuse, cette idée de surinvestissement intellectuel (et ses causes, toutes plus farfelues les unes que les autres à mon sens - mais chacun ses goûts), la psychanalyse s'en saisit pour expliquer quasi par ce seul fait l'existence de la douance (cf thèse par exemple de C.Goldman il me semble, à rechercher dans la section docu, elle doit y être). Alors qui croire ?
Yop, et je huppe, coucou!
Cette question du surinvestissement intellectuel m'intéresse, car comme peut-être d'autres personnes ici, j'ai besoin de m'assurer de la validité du diagnostic que j'ai obtenu (On ne pose pas le pied sur une branche si on n'est pas sûr qu'elle n'est pas pourrie), et donc d'élucider tout ce qui pourrait remettre en cause ce diagnostic. Après maintes lectures et recherches, les conclusions suivantes se présentent :
La douance c'est :
- un truc zarbe et informe que très peu de gens comprennent.
- un truc qui est considéré différemment selon les domaines (pédagogiques, psychométrique, médiatique, psychanalytique..) d'où on le regarde.
Enfonçage brutalement massif d'une porte grande ouverte me direz-vous. Certes, mais c'est parce que je me suis pris le mur juste à côté de cette porte si grande ouverte, qu'il me semble que l'existence de la porte n'est pas forcément flagrante pour tout le monde. ( A fortiori si on est dans Resident Evil)
Oui pasque en fait, moi, naïvement, dans mon monde de Bisounours où tous les animaux vivent heureux et où il n'y a que des m&m's bleus dans les paquets, je pensais que la notion de douancétitude du surdoué de la zébrure était un truc à peu près aussi communément admis que l'impossibilité de la glace chaude (sauf dans Flash Gordon).
Or il n'en est rien. Et il semble que Mlle Rose a raison, car j'ai trouvé ça dans le cartable de mon copain g**gle Petit Ecolier :
article très long et plutôt intéressant, surtout que j'ai sauté les passages ennuyeux
En résumé :
Le point de vue exprimé dans l'article est celui de la psychanalyse, d'orientation freudienne.
L'objectif avoué des travaux présentés est d'explorer la relation entre le "surdon" et profil psychopathologique :
"Nous postulons que l’enfant ou l’adolescent qualifié de surdoué surinvestit le raisonnement logique et le savoir dans le but inconscient de colmater une dépression infantile. Nous envisageons que l’inélaboration de la position dépressive a entravé la mise en place des effets structurants du complexe d’Œdipe et a pour conséquence une problématique essentielle de perte d’objet"
(Le postulat préexistant à celui ci-dessus est que le surdon a un SENS et une SOURCE, ce qui a mon sens réduit considérablement la possibilité de considérer la question de façon objective, c'est à dire sans partir du principe que le surdon est symptôme d'un truc qui va mal.)
L'article présente donc les grandes familles d'opinions sur le surdon, et argumente sur la nécessité d'explorer le surdon en tant que symptôme psychopathologique. Puis sont présentées les caractéristique des populations étudiées et de leur recrutement, suivies de 3 études de cas d'enfants qui passent les tests WISC, TAT, Rorschach, entre autres.
Les résultats sont décrits et analysés pour chaque sujet, non sans raccourcis interprétatifs discutables, la lecture symbolique étant un phénomène tout à fait examinateur-dépendant.
Enfin, l'article conclut à la validité de l'hypothèse initiale :
"Si être surdoué, névrosé et heureux s’avère donc compatible, cette exploration très fine du profil des deux enfants et d’une adolescente non pathologiques de notre échantillon de 23 sujets semble attester de la fonction toujours défensive d’une telle inflation de la pensée."
Commentaires piratesques :
La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas avoir de faux positif à la WAIS : d'après l'article, les surdoués sont tous dans une situation de surinvestissement intellectuel.
La mauvaise nouvelle, c'est que certain points sont discutables :
1) L'hypothèse de travail repose sur un postulat initial abusif : "le surdon a forcément un sens et une source" (donc est forcément un symptôme) n'est pas une vérité générale communément admise, contrairement à ce qui est induit.
2) 20 sur 23 sujets obtiennent un résultat "profil dépressif + surdon comme mécanisme compensant la dépression"
Or le fait que la dépression puisse être consécutive au surdon n'est pas discuté, alors que cette possibilité est plutôt largement évoquée et argumentée dans la litterrature.
3) 3 sur 23 sujets obtiennent un profil "non dépressif + surdon comme mécanisme de réponse aux attentes parentales"
Donc nous avons des sujets qui invalident l'hypothèse "le surdon est un symptôme de dépression", mais qui ont tous en commun le fait d'avoir des parents qui les poussent à la réussite intellectuelle.
Or le fait que des parents plus stimulants puisse éventuellement être un facteur permettant d'éviter la dépression qui peut être consécutive au surdon n'est pas discuté, alors que là également, il s'agit d'une possibilité déjà évoquée par d'autres auteurs.
4) Le caractère éventuellement transitoire de la dépression n'est pas envisagé, alors qu'on sait que le surdon et les particularités qui y sont associées ne sont pas transitoires mais structurels. Donc on prend des enfants surdoués au moment où ils ont un coup de mou, et paf, ça fait des chocapics, tous les surdoués compensent une dépression.
(Néanmoins, le QI étant une mesure ponctuelle, il est possible qu'il connaisse des variations).
5) La notion de capacité de résilience plus élevée chez l'individu surdoué n'est pas du tout évoquée
6) Le recrutement de l'échantillon introduit potentiellement un biais :
"La première moitié de cet échantillon a été recrutée dans un contexte de consultation psychiatrique[5] [5] Sur notre terrain de recherche : Laboratoire... L’autre moitié a été recrutée dans un établissement scolaire parisien (privé et très favorisé)"
Avec un tel recrutement, on va avoir d'un côté des sujets qui valident l'hypothèse "surdon compense dépression", étant donné qu'ils sont suivis en psychiatrie ; et de l'autre des sujets qui valident l'hypothèse "surdon en réponse aux attentes parentales : il est rare de des parents financent une école privée sans avoir d'attentes quant à la réussite scolaire. Par ailleurs il a largement été démontré (Durkheim, Bourdieu) une corrélation entre milieu social élevé et importance de la réussite scolaire pour les parents.
Le recrutement de l'échantillon rend impossible la présence de sujet non dépressif + non soumis à d'importantes attentes parentales de réussite scolaire, donc de sujet ne présentant pas intrinsèquement de facteur explicatif du surdon, qui permettrait de ne pas considérer celui-ci comme symptôme, mais comme caractéristique individuelle.
Or les gens de ce forum sont bien placés pour savoir qu'on peut être surdoué sans être dépressif, et sans avoir des parents qui voulaient nous voir faire science po....
En conclusion, cet article conduit à une discussion analogue à celle de la préexistence de l'oeuf ou de la poule, et manque d'objectivité, car les deux points de vue ne sont pas exprimés, et de validité, car le recrutement de l'échantillon introduit un biais. La remise en cause du surdon en tant que simple spécificité individuelle, et sa présentation en tant que symptôme de dépression infantile n'apporte rien sur le plan thérapeutique étant donné que l'on ne peut avoir de certitude sur la préexistence de la dépression ou du surdon.
Mais bien sûr, tout ceci est à relativiser, car je n'ai pas tout lu
