C'est mon premier message en dehors du bac à sable des présentations, soyez indulgents. Et n'hésitez pas à recadrer si nécessaire mes propos ou le niveau de discussion!
Parait que certains veulent causer de botanique, moi ça me botte. Je suis en dernière année de mes études de biologie, ce qui ne veut ni dire que je suis infaillible, ni même que j'en connais plus en botanique que certains qui s'y intéresseraient-ne pas sous-estimer l'amateur.
Le cadre d'abord:la botanique est l'étude des végétaux. Et les Végétaux, ça n'existe pas.

On le définit parfois comme l'ensemble des organismes pluricellulaires photosynthétiques, mais ça pose deux questions
-quand est-on pluricellulaire (les colonies sans spécialisations ne le sont pas... oui mais si certaines cellules sont-un peu- différenciées?)?
-quand est-on photosynthétique (si tu acquières ton pigment en bouffant un truc qui en a, tu es photosynthétique? Oui mais tu peux survivre sans...)?
Mais bref, disons donc les végétaux. Et dans les végétaux on distingue les embryophytes de tout le reste, qu'on appelle algues. (les algues, ça n'existe pas non plus: il n'existe pas de critère propre pour les rassembler, on les regroupe sur une base négative: tout ce qui n'est PAS embryophyte. On dit qu'il s'agit d'un groupe paraphylétique, c'est-à-dire qu'il n'a pas de légitimité phylogénétique et est constitué d'un clade légitime moins certaines de ces branches)
Les embryophytes, qui elles ont une légitimité phylogénétique, sont les plantes "à embryon", c'est-à-dire qu'un embryon est maintenu sur la mère, au moins pendant les premières phases du développement.
Pour expliquer exactement ce qu'on entend par embryon, ça prend un rien plus d'explications. Mais si quelqu'un les veut, j'adore l'epxliquer, c'est une jolie histoire.
Donc, embryophyte, qui retient son embryon. Elles sont confondues, actuellement, avec les plantes terrestres, donc ça facilite les choses. Elles ont un tas de particularités qu'elles sont les seules à avoir (= caractère dérivé propre), comme une couche cireuse pour éviter les pertes d'eau.
dans les embryophytes, il y a les mousses au sens large (paraphylétique, vous commencez à avoir l'habitude), les fougères au sens large (idem) et les plantes à graines, qui elles sont monophylétiques (= phylogénétiquement légitimes, avec des caractères dérivés propres et tout et tout).
Les plantes à graines ont... des graines. On a vu que les embryophytes retenaient leur embryon sur la plante mère. Il s'agit en fait d'une direction évolutive: on remarque que l'apparition de nouveaux groupes s'accompagne souvent d'une augmentation du degré de "rétention" sur la mère et de protection des propagules (= ce qui sert à la propagation). La graine, c'est le niveau ultime: la plante enveloppe et protège une version miniature d'une plantule prête à l'emploi, qui sera disséminée.
Voilà qu'on y arrive. Les plantes à graines comprennent les gymnospermes et les angiospermes. Gymnospermes: graines nues, ce sont notamment les conifères, les cycas et le gingko biloba (la plante qui pue, qui a des feuilles avec une forme bizarre et qui peut prétenduement prévenir la progression de la maladie d'Alzheimer). Angiospermes: plantes à fleurs.
Ce sont toutes nos plantes d'appartement ou de jardin, quasiment. Toutes celles qu'on achète sur le marché, toutes celles qu'on mange. La graine y est protégée dans un fruit (vous reconnaitrez la direction évolutive).
Voilà, c'était un peu technique, mais comme ça on sait de quoi on parle

Si on veut en revenir aux hormones végétales, il faut noter qu'on ne connait pratiquement que celles qui régulent la communication chez les angiospermes ou plantes à fleurs.
La plus connue est l'auxine, c'est une hormone végétale qui a plusieurs rôles, mais que j'aime bien qualifier comme l'hormone "toujours plus haut". C'est celle qui induit notamment la dominance apicale.
Prenez un plant de haricot. Il a des bourgeons à l'aisselle de chacune de ses feuilles. Pourtant, il ne va se développer que en hauteur, via le bourgeon apical. Voilà l'effet de la dominance apicale: le bourgeon terminal inhibe le développement des bourgeons latéraux.
Coupez maintenant la tête de votre haricot (faites-le en vrai! ca vous coutera 1euro pour la boite de graines), pas tout de suite, hein, quand il a un peu grandi, sinon vous allez le tuer. Paf, les bourgeons axillaires se développent, d'abord tous et simultanément, et puis l'un va prendre le dessus, les autres vont cesser leur croissance et redevenir dormants: on a une nouvelle dominance apicale. Super pratique en cas de révolution.
Maintenant, achetez de l'hormone de bouturage en jardinerie, coupez la tete d'un de vos haricots, faites une pate avec un peu de poudre dans une substance grasse, et mettez la pâte sur la blessure: les bourgeons axillaires ne se développent pas. La poudre de bouturage étant composée d'auxines de synthèse, vous venez de démontrer que l'auxine est l'agent de la dominance apicale, félicitations!
Cette auxine est en faite synthétisée par le bourgeon apical et distribuée dans la plante via le phloème, qui est la tuyauterie nutritive de la plante, qui achemine la sève chargée de sucres des feuilles (où ils sont synthétisés) au reste de la plante. Il existe donc un gradient d'auxine, qui est présente en plus forte concentration vers le sommet de la plante (la dominance apicale est donc plus forte plus prêt du bourgeon apical, ce qui tombe bien: inutile d'investir de l'énergie dans des bourgeons qui sont non seulement presque au même endroit que le bourgeon principal, mais qui en plus pourraient lui faire de l'ombre)
Voilà pour notre première expérience hormonale.
Une suggestion de protocole, une hypothèse de mode d'action, localisation, gradient d'une hormone qui concurrencerait (et donc équilibrerait) l'effet de la dominance apicale?
Bon, l'auxine à plusieurs rôles: à forte dose, elle favorise la formation de racines (d'où hormone de bouturage), et c'est également elle qui fait croitre votre plante par élongation cellulaire (d'où hormone "toujours plus haut).