Alors passons aux tournois.
Un tournois, en gros, c'est comme un concours. Il y a plein de gens qui s'inscrivent, et il y en a un nombre limité qui gagne.
Ce nombre de gagnants varie en fonction du nombre de joueurs. En fait, c'est un pourcentage. Donc au plus de joueurs, au plus de places gagnantes.
Chaque joueur achète sa place, ( plus un petit supplément en taxe ) et en échange reçoit un certain nombre de jetons. L'argent va dans une cagnotte, et on joue pour cette cagnotte.
Il y a différentes sortes de tournois. Je ne mets pas dans cette catégorie les ' sit and go ' dont parlait Asdf. Un sit and go, ce sont 10 joueurs, donc une seule table, et généralement le premier prend 50% de la cagnotte, le second 30, et le troisième 20. Ou bien le premier prend 60%, le second 40%.
Ce qui différencie un tournois d'un autre, c'est la structure du tournois. C'est à dire la façon dont il va se dérouler. Ou plutôt, la vitesse.
( il y a autre chose, mais j'en parlerai plus tard ).
Une des différence majeure entre le cash game et le tournois, ce sont les blinds.
En cash, on choisit sa table à la hauteur du blind ( puisque c'est ça qui détermine le montant minimum nécessaire pour acheter des jetons ), et ce blind ne change jamais.
En tournois, le blind va augmenter. Suivant la structure. Donc toutes les 15 minutes, ou 20, ou 30, ou 45, ou 60, ou 90, ou 120. Aucun tournois ne propose des niveaux de blinds de plus de 2 heures. ( Et 2 heures, c'est assez rare. )
Donc on commence avec un blind très bas, puis on monte, on monte, on monte. Après le 3e niveau, chaque joueur doit aussi poser ce qu'on appelle un ''ante'', et qui va dans le pot, à chaque main jouée, avant la distribution des cartes.
Cette structure va déterminer pour beaucoup la façon de jouer le tournois, la stratégie à adopter. Ici, on ne joue pas seulement les joueurs, comme en cash game. On joue aussi la structure. C'est un élément hyper important. On ne joue pas de la même façon en cash et en tournois, on ne joue pas non plus de la même façon un tournois turbo ( structure rapide ) et un tournois lent.
Voici une petite explication mathématique.
Vous jouez en cash game, disons une table 1-2. Vous êtes cavé au max, c'est à dire 500.
Et vous ne recevez que des mains pourries de chez pourrie. L'horreur. Et il y a toujours de l'action avant votre tour. Bref, vous ne jouez pas. Rien. Aucune main. Fold, fold, fold.
Chaque tour de jeu va donc vous coûter 3 euros. ( un tour de jeu est quand on revient dans l'exacte même position, donc disons par ex de dealer à dealer ). Si l'on considère que l'on joue 20 mains à l'heure, chaque heure de jeu vous coûte donc 6 euros. Vous en avez 500. Vous pouvez donc jouer 83 heures avant d'être broke, a zéro quoi.
En tournois, comme le blind augmente, et comme il y a aussi l'ante, ça n'est pas possible de ne pas jouer. On ne peut pas jeter son jeu pendant des heures en espérant une bonne main. On est dans l'obligation de jouer, et cela assez rapidement.
Voici un exemple de structure pour un tournois turbo, 15 minutes de blinds, 5000 jetons départ.
Premier niveau de blinds, 25-50. Puis 50-100, 75-150. Maintenant commencent les antes ( le chiffre entre parenthèse) 100-200 (25), puis 150-300 (25), 200-400 (50), 300-600 (75), 400-800 (100), 500-1000 (100), 600-1200 (200) etc etc.
Donc on commence avec 5000 jetons, et des levels de 15 minutes.
Comme tantôt je disais qu'il y a environ 20 mains jouées en une heure, donc un tour de table complet c'est 30 minutes, vous savez déjà qu'ici, un tour de table, c'est deux niveaux de blinds.
Sans doute un peu moins, parce que il y a plus de main jouées à l'heure en tournois, ceci pour plusieurs raisons. Il y a simplement moins de main jouées jusqu'au bout. Souvent, on ne voit même pas le flop. Ensuite, les croupiers sont meilleurs, plus efficaces, plus rapides. Ca change beaucoup. Et enfin, les joueurs eux-même sont plus rapides, plus concentrés. Donc il ne faut pas les rappeler à l'ordre en permanence comme ça peut être le cas parfois en cash game, c'est à vous de jouer, monsieur ! eh monsieur !
Mais tout de même, disons qu'on va jouer 25 à 30 mains à l'heure.
Reprenons. 25 mains jouées à l'heure.
Après la première heure, vous entamez le 5e niveau de blind. Disons que vous avez commencé le tournois par chance au bouton, ( dealer ). Les 15 premières minutes vous avez joué gratuit, puis le 2e niveau vous a coûté 150, le troisième on va dire 150, le 4e, ( 10x25) pour les ante, et vous entamez le 5e au petit blind, le 5e niveau vas vous coûter 150+300+(10x25) = 700.
A la fin du 5e niveau de blind, 1h15 de jeu, vous avez déjà utilisé ( en gros hein, pas facile de faire des calculs sur des niveaux de 15 minutes, il y a plein de facteurs, mais disons en gros ) 150+150+250+700 = 1250.
Bref, il vous reste 3750 jetons après 75 minutes de jeu. Comme le blind monte rapide, une heure plus tard vous n'avez plus rien.
Donc, il faut jouer. Obligé, pas le choix. Et on se retrouve assez vite dans une position de push-fold. C'est à dire ? Soit vous jetez vos cartes, soit vous allez all-in. Pourquoi ?
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Disons qu'on en est là, au début du 6e niveau, donc blinds 200-400, ante 50. Et ils vous reste donc 3750 jetons. Vous êtes à ce moment, quasiment dans une position de push-fold. Pourquoi ? Eh bien simplement parce que vous n'avez plus assez de jetons pour faire une relance, et aller voir un flop. Avec un blind a 400, la relance minimum est de 800. Disons que vous êtes payé une fois, et que la grande blind complète. Ce qu'elle va faire assez facilement si elle a des jetons, simplement parce que elle doit mettre 400 dans un pot où il y a : 600 ( petite et grosse blind ) + 500 ( les antes ) + vos 800 + 800 de celui qui a payé. Soit 2700. Donc elle doit mettre 400 dans un pot ou il y aura 3100 au final pour allez voir le flop. Autant dire que très souvent, la grosse blind va compléter. Mais votre problème maintenant, c'est qu'il y a préflop 3100 dans le pot, et que vous n'avez plus que ( 3750-800 ) 2950, soit moins que le pot. C'est quasi impossible à jouer. On ne peut pas miser 25% de son tapis préflop avec une main que soit on ne peut pas défendre au flop parce que plus assez de jetons, soit on se voit battu au flop, et donc on doit jeter.
Donc voilà pourquoi on est dans une situation de push-fold. En étant à tapis préflop, d'abord on a pas de prise de tête au flop si on ne touche pas le flop, ensuite, on voit les 5 cartes, ( exemple, vous avez As Roi, qui est une très bonne main. Vous avez 50% de chance de gagner cette main contre une paire. Pas d'as ni de rois bien sûr, les paires. Mais 50%, avec les 5 cartes du board... SI le flop tombe 10-9-8, et que quelqu'un mise, que faire ? Vous êtes probablement battu,vous n'avez...rien ) et surtout, on fait passer ceux qui auraient été tentés de payer avec une main plus que moyenne ( c'est à dire ici principalement la grosse blind ), voir ceux qui ont une main meilleure que la vôtre. Disons que vous poussez préflop avec une paire de 8, vous pouvez faire passer une paire de 9, une paire de 10. Ils auraient eux-même pu pousser, mais ils ont très difficile à payer. De même si quelqu'un a poussé avant vous, vous allez probablement jeter votre paire de 8. C'est ce dont parlait Asdf dans son post, c'est la fold equity.
Exemple concret.
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En fait, dans ces exemples, on voit : la fold equity, l'expected value, et la situation de push-fold. ( pour ceux qui ont eu la flemme de lire

)
Bon reprenons nos tournois.
Donc, on a vu la structure d'un tournois turbo.
Quels sont les autres tournois : hyper turbo, ben oui, il n'y a pas de raisons. Les blinds sont similaires quasi, mais au lieu de commencer avec 5000 jetons, on commence avec 3000. Autant dire qu'on est en push-fold quasi depuis le début.
Il y a le deep-stack. Ca, c'est mon tournois à moi. Avec un deep stack comme son nom l'indique, on reçoit beaucoup de jetons au départ, et les niveaux de blinds sont très lents.
Et puis, il y a le tournois dit ' normal ', moins de jetons départ qu'un deep stack, et structure lente.
Exemple d'un deep - stack.
Les DSO. Chilipoker Deep Stack Open.
Buy -in, 550 euros. 50 partent en frais, 500 vont dans la gagnotte.
50.000 jetons départ.
Niveaux de blinds, 1 heure.
Avec environ les mêmes blinds que cités plus haut, la différence intervient un peu plus tard dans les levels, quand en turbo ils vont en sauter. Exemple, ils peuvent passer direct de 2000-3000 a 3000-6000, quand en deep stack il y aura un niveau intermédiaire de 2500-5000. ( je dis ça au hasard, ils sautent effectivement des levels, mais peut-être pas celui la précisément ).
On voit vite que la différence avec le turbo est énorme. Ici, on a le temps de '' raconter des histoires '' comme le dit Asdf. Il est possible de perdre un pot sans être mort, on a droit à l'erreur, et on a le temps d'installer, de construire une image.
Parce que le poker, c'est quoi.... à part ce que j'ai dit dans le premier post.
C'est quoi, en tournois.
Eh bien c'est construire une image. Cette image doit être consciente. C'est vous qui la créez de toute pièce.
Il y a plusieurs types de joueurs. Le joueur très standart et basique. Il joue les maths, il joue la personne parfois, mais pas dans tous les cas. Il est dans un couloir assez étroit, et n'en bouge pas. Il gagne, mais jamais vous ne vous dites : waw !!
Non. Il n'est pas dans le whaow ! Il s'en fout. Ce qu'il veut, c'est gagner. Point. Pas faire le show, pas faire des coups de fou, pas faire des ''hero call'' comme on dit, c'est à dire payer - je parle de gros pots bien sûr, pas de petits pots faciles à payer - avec pas grand chose à la river, parce que on sait que l'autre joueur est en bluff, ou en carnaval. Il ne fait pas de bluffs, enfin très très rarement. Un joueur ennuyeux, quoi, mais qui ramène les sous à la maison.
Et puis, il y a l'autre joueur.
Celui qui fait le show. Qui se trouve impliqué dans des mains de dingues, et qui passe son temps à réfléchir.
En fait, il y a plusieurs niveaux de jeu.
Quand on commence à jouer, on joue les cartes. Pas bonnes cartes ? Jeter. Bonnes cartes ? Jouer. Facile.
Puis, on passe au niveau 2, qui est : les cartes de l'autre. Pas oublier que quand on est 10 à une table, les cartes de l'autres, ce sont celles des 10 autres. Pas tous en même temps bien sûr, mais un pot en europe se joue souvent multiway, donc plusieurs joueurs préflop, et puis surtout, on ne sait pas à l'avance contre qui on va jouer un pot, donc on a besoin d'infos sur tous les joueurs. ( Aux etats unis, on est souvent que 2, parfois 3 dans le coup ). Bref. Le niveau 2, c'est se dire : mais quelles sont ses cartes à lui ?
Ca a l'air évident comme ça, mais quand on débute, on y pense pas trop. Tout est nouveau, c'est stressant, il faut gérer plein de choses, et on a déjà bien assez à faire avec ses propres cartes.
Donc : ça c'est mes cartes, et lui, qu'est ce qu'il a ? Et donc de se souvenir de ce qu'il a fait précédemment dans la partie, et de quelle façon il a joué quelles mains.
Ensuite, on passe au niveau 3, qui est : mais que pense-t-il que moi j'ai ? Ca devient plus compliqué déjà. On lui suppose une main, en fonction de tout un tas de facteurs, et lui nous en suppose une, évidement. L'idée, c'est de lui donner une fausse idée de notre main, ou bien, de varier tellement son jeu, qu'il ne peut avoir aucune idée de ce que l'on a en main....
Et les niveaux bien sûr, continuent... Un historique se crée entre les joueurs. Haha ! Je sais que tu sais que je sais... eh bien tu sais quoi ? Je vais te la jouer à l'envers. Ou pas. Parce que je sais que tu crois que je vais te la jouer à l'envers, ok, je vais la jouer à l'endroit. Ou pas.
Mais cet historique est valable pour tout le monde, c'est à dire que dès qu'il y a abattage des cartes, tout le monde a l'information, et ceux qui n'étaient pas dans le coup l'ont eu gratuite... Et vous pouvez décider de jouer de telle façon contre un joueur, et d'une autre contre un autre joueur. C'est pour cela qu'il est extrêmement important d'être concentré tout le temps, et de toujours savoir ce qu'il se passe, qui a fait quoi. Au plus vous avez d'information, au mieux vous pouvez jouer.
Un tournois, c'est tout juste épuisant.
En cash game, on peut ne pas tout regarder. Il y a pas mal de joueurs qu'on connaît, pas besoin de les regarder si intensément. Et puis quand on est fatigué, hop on se lève, on va faire un petit tour, fumer une clope, on peut s'absenter jusque 30 minutes de la table avant que vos jetons soient enlevés, et qu'un autre joueur prenne votre place. En tournois ? La, on peut s'absenter toute la journée si on veut, les blinds et les antes le croupier les met à votre place. Mais, en dehors du fait que l'argent sort de votre tapis, vous n'avez pas intérêt à perdre une seule main. Ni au niveau de l'information, ni au niveau de vos propres mains, ( les cartes sont distribuées pour vous même si vous n'êtes pas là ), ni surtout, au niveau de l'image que vous donnez à table.
Et en fait, tout ceci est extrêmement important en tournois. Autant en cash game, le joueur basique qui ramène les sous joue facilement, sans se prendre la tête, puisqu'il peut fold toute la nuit, comme expliqué plus haut. En tournois, ce joueur va souvent se faire manger. Parce que il joue trop les cartes, pas assez le joueur, la position, le bon spot, le vol de pot ( obligatoire comme déjà dit), etc.
Donc on a vu les différents tournois au niveau de leur structure.
Il y a aussi une autre différence, c'est celle du freeze out, ou du re-entry, ou encore du re-buy et addon.
Tous les tournois, à un moment donné, deviennent des freeze-out.
Le freeze-out, c'est simple. Quand on a plus de jetons, on est dehors. Tous les tournois deep-stack sont freeze out.
Le re - entry, ça veut dire que quand on est dehors, eh bien on peut ré-entrer. On rachète une place comme si on était un nouveau joueur. Ca marche une seule fois, et pas à n'importe quel moment du tournois, seulement au début. ( c'est assez nouveau comme concept. Peut-être ça existe depuis longtemps, mais ce qui est en tous cas nouveau, c'est que ça se généralise ). Ca, c'est pour les tournois ' normaux ', ou bien normaux à tendance turbo.
Et puis le rebuy. La, pendant 3 ou 4 niveaux de blind, ça dépend, on peut racheter des jetons tant de fois qu'on veut. A la fin du 3e level ( ou du 4e ), on peut avoir un addon, tous les joueurs peuvent le faire, et pour le même montant que le buy-in du tournois, on reçoit le double de jetons que le nombre de jetons initial. Ca, c'est le type de tournois turbos, ou hyper turbos. ( pas tous bien sûr ).
Personnellement, j'ai déjà joué tous les types de tournois. Je déteste le tournois turbo. Encore plus l' hyper turbo. C'est juste la chance. Pousser ses jetons, et prier pour que ça passe. J'en ai fait, pour me défouler comme déjà dit, pour passer le temps quand on est sorti d'un autre tournois et que justement !! il ne faut surtout surtout pas s'asseoir à une table de cash game parce que on est pas en état de jouer correctement, ( le nombre de joueurs de cash game qui suivent les tournois dans l'espoir d'attraper un joueur de tournois qui vient de se faire éliminer, qui est en semi-tilt, c'est impressionnant. En plus du semi-tilt, on est plein d'adrénaline, la tête est encore dans le tournois, et le cash game est une façon tellement différente de jouer qu'on est quasi assuré de perdre) - ou bien qu'on est plusieurs potes et allez allez viens, on sait jamais, de toute façon il pleut dehors. et en plus il est 8 heures du soir, alors que faire d'autre jusqu'au lendemain quand on est venus dans cette ville justement pour jouer au poker. A part aller boire un verre. Ce qu'on fera plus tard de toutes façons.
Le 'normal ' , je ne l'aime pas non plus, et en plus il m'énerve, parce que souvent il fait semblant d'être deep-stack. Combien de fois on ne m'a pas dit : mais siiii c'est deep stack on commence avec 30.000 jetons ! Je ne réponds rien, ou à côté, mais deep stack ça n'est pas seulement le nombre de jetons qui compte... c'est aussi la structure lente.
Et c'est là que je me sens bien, à l'aise, dans mon élément. Lentement mais sûrement, hein.
Alors les tournois, ceux qui passent à la télé, ceux qui font courir les joueurs, c'est lesquels.
En vrac, plein d'initiales, il y a : les WSOP, les WPT, les EPT, le PCA, les LAPT.... Ce sont tous des deep-stack ( ou quasi )
WSOP : World Series Of Poker.
WPT : World Poker Tour
EPT : European Poker Tour
PCA : Pacific Caribbean Adventure
LAPT : Latin American Poker Tour
Celui que tout le monde veut jouer une fois dans sa vie ? Les WSOP évidement. LE tournois auquel on veut participer au moins une fois. C'est LE tournois de légende. C'est le tournois où vous recevez un bracelet si vous gagnez.
Ca se passe à Las Vegas. Il y a un main-event pour chaque, enfin quasi chaque jeu de poker. Stud, Omaha, Texas Holdem, HORSE, mais aussi les différents types de stud, de Omaha, de texas holdem, etc. Ca fait un paquet de tournois, sans compter tous les tournois annexes. ( Oui, Patrick Bruel a bien été champion du monde, il a reçu un bracelet, mais pas en NLTH. C'était en texas holdem limit. )
Celui qui passe à la télé, c'est le Texas Holdem No Limit. Le buy in, 10.000 $.
Cette série de tournois a commencé en 1970 je pense. Ils étaient pas nombreux à l'époque. Ce qui a fait éclater le nombre de joueurs, ce sont deux choses. D'abord, la télé. Le poker maintenant n'est plus un jeu que l'on joue dans des salles sombres enfumées avec un revolver dans la poche.
Le nombre de joueurs était inférieur a 1000 en 2003, et supérieur à 2000 en 2004. LA meilleure année, c'est 2006, avec 8773 joueurs. En 2012, ils étaient 6598. L'explosion est phénoménale, 10 fois plus de joueurs entre 2003 et 2006. C'est juste énorme.
Ensuite, internet. Beaucoup, beaucoup de joueurs, très jeunes souvent, ont commencé à jouer sur internet de petites sommes, qu'ils ont réussi à transformer en grosses sommes. ( en fait ce beaucoup de joueurs est comparativement peu par rapport à ceux qui essayent. Je suis assez d'accord avec Asdf pour dire que moins de 10% des joueurs sont des joueurs gagnants ).
Donc oui, il y a plus de gens qui ont cette somme pour aller s'affronter dans un tournois, et aussi, ou surtout, il y a moyen, pour chacun des tournois que j'ai cité un peu plus haut, il y a moyen de se qualifier. Soit sur internet, parfois pour de petites sommes, soit en life, avant le tournois, il y a des tournois qualificatifs. L'idée est simple, on joue un tournois qualificatif à par exemple 1000 euros. Ca veut dire qu'il y a une place tous les 10 joueurs. Si le tournois est à 500, une place tous les 20 joueurs. On joue ces tournois un peu différemment, c'est à dire que si il y a par exemple 23 places, et qu'on a une montagne de jetons, et qu'il reste 30 joueurs, eh bien on ne joue tout simplement plus... on attend. L'idée, c'est d'être dans les 23, pas d'être premier. Donc on attend que les autres s'entre tuent, et que les petits tapis se fassent éliminer.
A ce propos, c'est très mignon de voir ces joueurs internet qui se sont qualifiés, et qui viennent jouer leur premier tournois '' en vrai ''. Ils sont repérables à mille kilomètres, et assez faciles à jouer, non pas parce qu'ils sont de mauvais joueurs, mais par ce que ils sont socialement et émotionnellement complètement à l'ouest.
Aux Etats-Unis, en Europe aussi d'ailleurs, il faut 21 ans pour entrer dans un casino. Mais dans certains pays, il n'en faut que 18. Donc vous voyez arriver plein de petits jeunes, maladroits, genre un geek plein de bouton, tout pâle, qui met le pied hors de sa chambre pour la première fois de sa vie. Bien sûr ils ne sont pas tous comme ça, mais tout de même.
Ils ne savent pas quoi faire, ils sont perdus à table, alors que derrière leur écran, ce sont des bêtes. Ce sont les rois du monde. Ici, ils sont juste complètement dépassés, et n'arrivent pas à gérer. Ils sont impressionnés, quoi. ( c'est d'ailleurs le cas de tout le monde lors d'un premier tournois life).
Mais le plus impressionnant, c'est passé les premiers jours. Maintenant, ils ont un peu plus l'habitude. En plus ils se sont reconnus entre eux, et ont sociabilisé un peu. Genre : salut, t'es qualifié internet toi aussi ? Oui, et toi ? ouais, moi aussi. C'est quoi ton pseudo ? Moi c'est KKkjdlskAA . Waw !! C'est toi KKkjdlskAA !! Suis trop content de te rencontrer ! On a déjà joué ensemble plein de fois ! Ah bon ? Pourquoi t'es qui toi ? Moi je suis Rock666. Ah génial, on va boire un coup ? Et les vla partis pour parler des heures de poker.
Donc je disais, passé les premiers jours, c'est là qu'on se rend compte de qui ils sont. Ils jouent tous les tournois possibles et imaginables. Dès qu'ils sont éliminés, pouf, ils rentrent dans un autre.
Parfois, il y a des sit and go organisés, à tous les prix. Hop, un SAG a 1000. Premier coup, all-in. Dehors ? Pas grave. Un autre ! Ils jouent ça comme ils achèteraient des bonbons.
Mais ce qu'il y a, c'est qu'ils n'ont aucune, mais alors aucune notion de l'argent. L'argent, c'est un numéro sur leur compte internet, ou alors des jetons. Un chiffre, ou du plastic. Le même qui a jeté 4000 dans l'après-midi à jouer des SAG, va râler parce que le café coûte trop cher. Quoi ? Combien ? 3,5 $ la bouteille d'eau ? Et donner 3,5 $ au serveur qui court toute la journée, pas un centime de plus.
Alors que le gars qui a économisé trois ans durant pour enfin pouvoir participer au WSOP, lui, quand il est dehors, rentre à la maison, et donne 5 dollars au serveur, parce que il sait lui, ce que veut dire courir toute la journée pour un salaire de misère.
Alors qui joue les tournois.
Les gens comme moi. J'aime ça, j'ai un peu de sous, je m'offre des tournois parce que j'adore l'ambiance, j'aime la compétition ( plus que l'argent ), et que en plus, je suis pas trop trop mauvaise, donc ce n'est pas toujours de l'argent perdu.
Les qualifiés internet. Faut savoir qu'en tant que qualifié, tout est payé. Non seulement le buy in du tournois, mais l'avion, et l'hôtel.
Et puis, les pros. Les pros des tournois. Eux, ils sont sponsorisés. Il faut savoir que jouer des tournois, ça coûte excessivement cher. Quand on ne fait que ça je veux dire, et que l'on participe à tous les gros tournois. Ca n'arrête pas.
Exemple 2013.
Du 7 au 13 janvier, PCA ( bahamas )
le 10, WPT à paris ( pour ceux qui ne sont pas aux bahamas )
le 17 UK&Ireland Poker tour à Edimbourg
le 27, WPT à Atlantic city
le 30, France Poker Series à deauville
Le 3 février, EPT à Deauville
le 8 WPT à Hollywood
le 14, WPT à Bruxelles
le 19 WPT à vienne
etc, etc,etc, ça n'arrête jamais.
Donc en fait, si on est pas sponsorisé, on ne s'en sort pas. Les frais sont beaucoup trop importants. On passe sa vie dans les avions, les hôtels. Sur place, tout est cher bien sûr. Parce que on a beau être le meilleur joueur du monde, le poker est tout de même dans une certaine mesure, un jeu de chance. Il faut de la chance, ou bien ne pas avoir de malchance, pour gagner le tournois. Dans le tournois dont je vous ai parlé plus haut, je gagne net environ 1700 euros, ça couvre tout juste les frais de l'hôtel et de l'avion.
Et donc je reviens à une chose dont j'ai parlé dans le premier post, et qui est vraiment un facteur décisif dans la gestion d'un tournois, c'est ce deal que l'on fait à chaque pot, cette proposition que l'on accepte ou que l'on refuse, ou que l'on propose. Ce que Asdf appelle très justement EV, c'est à dire Expected Value.
Dans l'exemple dont je parlais plus haut, ou j'ai As Roi, et l'autre, qui jette son jeu, à une paire de 10.
Son raisonnement, ( parce que il SAIT de façon certaine que jamais je n'aurai poussé tous mes jetons en étant première de parole sans avoir une vraie main ), c'est ceci : 80% du temps, j'ai As Roi en main. Et donc on joue un 50-50 plus ou moins. Mais 15% du temps, j'ai une main faite, donc une paire supérieure à la sienne. 5% du temps, j'ai une main inférieure, soit paire de 9, éventuellement de 8.
Son Ev est ici négative, puisque seulement 80% du temps on est à 50-50, et 15 % du temps, il est derrière.
Il va de soi que ce que vous voulez jouer, ce sont des coups EV positifs. Mais.... et là est toute la différence entre le pro et vous, c'est... à quel point EV positif ?
Pour mon exemple, imaginons que vous voyez les cartes de l'adversaire. Comme ça, pas d'erreur de jugement possible. Et vous êtes cette personne qui a économisé ses sous pour aller jouer un tournois. Et vous jouez depuis 2 jours déjà. On est à la fin du deuxième jour, et vous êtes pas trop mal. Dans la moyenne. Et tout d'un coup, vous tombe sur la tête un coup ou vous êtes devant.
Vous le savez, puisque vous voyez les cartes. Vous avez 55% de chance de gagner ce coup. 55, ça veut dire que théoriquement, vous devez jouer ce coup, puisque c'est un coup gagnant. Mais votre adversaire vous pousse à tapis, et il a plus de jetons que vous. Mais.. peut-être bien vous allez passer. Ce n'est pas suffisant pour mettre votre tournois en danger. 60% ? Pas encore assez peut-être... 70 ? Bon 70 là on ne discute plus trop, parce que c'est pas toutes les heures qu'on a un coup a 70%, il y a un moment où il faut y aller. Mais c'est en tremblant, vraiment pas envie, franchement, on préfère gagner des petits coup de ci de là et rester dans la moyenne.
Le pro ? RIEN A PETER. Il est dehors ? Pas grave, il prend l'avion et va jouer le suivant.
Ce qu'il veut le pro, c'est avoir un gros tapis, et arriver dans les premiers. Etre dans l'argent, ça ne l'intéresse pas. Alors que vous, si vous êtes dans l'argent, vous êtes déjà bien content.
Et c'est comme ça qu'on voit des joueurs qui, quand l'occasion est bonne bien sûr, c'est à dire pas en début de tournois, et seulement contre des joueurs qui ont un gros tapis, vont par exemple jouer des tirages. Vous rentrez dans une main avec As quelquechose de la même couleur, ça n'est pas pour toucher l'as, c'est pour toucher une couleur. Et partir à tapis au flop, avec.
Exemple.
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Alors au sujet des gains dans un tournois, ça dépend des tournois. Exemple d'un tournois à 5619 joueurs, buy in 10.000 $ le prizepool est de 52.819.610 $. Le premier a pris 7.500.000, le deuxième 4.250.000, le dixième 600.000.
Le 560e, jusqu'au 501e, ont pris 12.500. ET puis ça monte très lentement... Le 300e, 24.365... Le 100e, 77.000.
Donc on voit que oui, c'est chouette d'être dans les prix. En même temps, ce casser la tête comme ça pour juste revenir dans son argent, c'est pas super fun non plus, et parfois il vaut mieux prendre un peu de risque pour monter des places. D'ailleurs on voit bien après l'éclatement de la bulle ( ou bien la place en chocolat, c'est à dire ici le pauvre gars qui a terminé 561e ), qu'il y a un défoulement général, et que les gens prennent des risques qu'ils ne voulaient pas prendre avant d'être sûrs d'être dans l'argent, et pendant environ 40-45 minutes, les gens sautent boumboumboum dans tous les coins, c'est une explosion. ( d'ailleurs les joueurs expérimentés savent très bien exploiter ce phénomène de paralysie avant la bulle ).
Bref, ce post commence à faire long, donc je vais m'arrêter, et si j'ai oublié quelque chose, ou bien si il y a des questions ( ce qui m'étonnerait mais bon, on ne sait jamais ) je reviendrai dessus plus tard.