Rapport Fondation de France CNRS : surdoues, etat de la recherche
Document rédigé sous la responsabilité de Jacques Lautrey par les membres de l'équipe « Cognition et Différenciation ». L'essentiel de ce rapport a été publié dans un numéro spécial de la revue "Psychologie Française" en 2004 (Volume 49, n°3).
C'est avec l'accord de Mr Lautrey que nous pouvons le reprendre ici.
Introduction
Le présent rapport a été élaboré dans le cadre d'un contrat de recherche passé entre la Fondation de France et l'équipe « Cognition et Différenciation », qui est une des équipes du Laboratoire « Cognition et Développement » (UMR CNRS n° 8605, Université de Paris 5). Sa préparation a été financée par le Fonds Inkermann. Le souhait du fondateur du Fonds
Inkermann était d'encourager des recherches sur les problèmes particuliers que posent les enfants dits « surdoués ». Dans l'ignorance des travaux existants sur cette question précise - il n'existe pas de tradition de recherche sur les enfants « surdoués » en France - la proposition de l'équipe a été de faire, dans un premier temps, une analyse de la littérature scientifique sur la psychologie et l'éducation des enfants ayant des capacités intellectuelles exceptionnelles. Le premier objectif de cette analyse bibliographique était d'identifier dans cette littérature des questions entrant dans les compétences de notre équipe et susceptibles de donner lieu, ultérieurement, à des recherches empiriques. Le second objectif était de mettre à la disposition des psychologues et éducateurs de langue française, un état des connaissances - et des ignorances - actuelles sur le sujet. Le présent rapport rend compte de cette recherche bibliographique.
La méthode suivie pour réaliser ce travail a consisté à faire un premier balayage de la littérature pour identifier les thèmes entrant dans nos compétences et nos intérêts, puis à répartir ensuite le travail de telle sorte que chacun prenne un de ces thèmes en charge. Les membres de l'équipe partants pour ce travail se sont ensuite réunis périodiquement pour exposer et discuter les informations recueillies. Parallèlement, les chercheurs de la communauté internationale identifiés comme des spécialistes reconnus de la question ont été invités à venir présenter leurs travaux dans des séances d'atelier (cf annexe).
La suite de l'introduction est consacrée à la présentation du cadre conceptuel général dans lequel s'inscrivent les différentes contributions au rapport. Les points successivement abordés ont trait au choix de la terminologie, aux définitions des notions d'intelligence et de haut potentiel intellectuel, et à une présentation des différents thèmes abordés dans le rapport.
- Les thèmes traités dans le rapport
Comme on le verra dans le rapport, l'évolution des idées sur le haut potentiel n'a pas encore eu beaucoup d'effet sur la pratique de la recherche dans ce domaine. Dans la plupart des travaux qui ont été passés en revue, l'identification des enfants à haut potentiel a été faite en faisant passer un test de QI ou en retenant les enfants qui sont dans les 3% supérieurs dans la distribution des notes à un test standardisé de connaissances scolaires. Une des directions de recherche à privilégier dans l'avenir est donc de faire passer la conception élargie du haut potentiel dans la pratique de la recherche. C'est la raison pour laquelle nous avons donné une large place, dans le choix des thèmes, à l'analyse des travaux sur d'autres formes de capacité intellectuelle que l'intelligence générale (par ex. compétence en mathématique, créativité, intelligence sociale, intelligence émotionnelle).
Le rapport est divisé en huit chapitres centrés chacun sur un thème différent.
Le premier traite de l'identification des enfants à haut potentiel, un préalable à toute recherche sur cette question, ainsi qu'à toute mesure éducative. Dans ce chapitre, Xavier Caroff recense les différentes méthodes d'identification utilisées dans les recherches sur les enfants à haut potentiel et discute les problèmes psychométriques que posent ces méthodes. Le chapitre 2 traite de la variabilité intra-individuelle des performances chez les enfants à haut potentiel. Maria Pereira y passe en revue les informations disponibles sur l'hétérogénéïté des capacités intellectuelles de ces enfants selon les domaines, et sur la variation de leurs caractéristiques au cours du temps. Dans le troisième chapitre, Isabelle Jambaqué fait le point sur les apports de la neuropsychologie à la compréhension des diverses formes de développement précoce ou atypique de l'intelligence. Todd Lubart et Asta Georgsdottir traitent des rapports entre haut potentiel et créativité dans le chapitre 4. Il est souvent fait état des difficultés particulières que rencontreraient les enfants à haut potentiel intellectuel dans le domaine social et dans le domaine émotionnel. Il existe encore peu de recherches fiables sur ces questions, mais celles qui existent sont passées en revue dans les deux chapitres suivants. Christophe Mouchiroud traite du développement de l'intelligence sociale chez ces enfants dans le chapitre 5, Jacques-Henri Guignard et Fanck Zenasni traitent de leur développement émotionnel dans le chapitre 6. Les deux chapitres suivants traitent du haut potentiel dans le domaine scolaire. Valérie Camos aborde le cas des compétences exceptionnelles en mathématiques dans le chapitre 7 et, dans le huitième et dernier chapitre, Jacques Lautrey passe en revue les recherches sur les effets des différentes modalités de scolarisation des enfants à haut potentiel intellectuel. Sur chacun de ces thèmes, les auteurs se sont efforcés de dégager, dans leurs conclusions, des pistes de recherche susceptibles de faire avancer les connaissances dans ce domaine.
Bibliographie:
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