Bonsoir coccinelle,
Je viens de lire ton post ! Merci de ce témoignage touchant...
Je partage avec toi des traits communs concernant l'éducation : maternage intensif, etc.
Je voulais juste rebondir rapidement sur ce que tu dis à propos de la grossesse et cet idéal comme quoi : la femme enceinte est épanouie forcément !!!
Je crois qu'en partie c'est un mythe.
Ma grossesse a été liée à une énorme fatigue + un blocage sacro-iliaque qui me rendait les nuits pénibles, je ne pouvais plus tourner dans le lit, une jambe et la hanche étaient bloquées + une névralgie intercostale, etc.
Bref, ma grossesse n'a pas été tout repos... Mais bon, je ne le prenais pas mal. Je faisais avec. Une sage-femme à la maternité, lors d'une visite où j'ai été très fatiguée, m'a dit : "oui , on abreuve les femmes enceintes de l'idée que la grossesse c'est tout bonheur, mais une grossesse ça fatigue, et c'est normal madame que vous soyez fatiguée..".
Il y a beaucoup de lieux communs et stéréotypes autour de la grossesse et la maternité... Genre les trucs qu'on voit dans les magazines pour femmes , futures mamans.. , des clichés !
@Fabs, concernant ce que tu dis sur ton vécu dans les derniers posts, je vis presque les mêmes choses, sous forme différente... d'autant plus que j'ai eu un séisme important dans ma vie compte tenu de ma vie en France sans ma famille que je n'ai pas vue depuis 10 ans. J'ai la sensation qu'un glissement identitaire s'est produit. Comment me situer dans tout cela vis-à-vis de ma fille ? Je ne peux pas par exemple lui parler dans ma langue maternelle.. que je sens "morte" dans ma tête mais vivante dans un souvenir lointain qui ne peut plus être dans mon présent.
La question du "sens" me préoccupe jour et nuit d'autant que j'ai été le moteur principal dans la décision de faire un enfant...
Portant en moi des souffrances, je savais d'emblée et depuis les premières semaines de ma grossesse, que je ne pourrais pas lui épargner une part "sombre" de moi... Mon principal souci c'est me rendre disponible à mon enfant pour l'accompagner malgré mes béquilles..
Par contre, ma préoccupation première et objectif principal c'est assurer à mon enfant un bagage affectif solide par l'amour que je lui porte , un amour basé sur l'écoute de ses sentiments, ses besoins, autant que faire se peut, le dialogue, quel que soit le langage qu'on emploie, afin qu'elle ait l'assurance suffisante pour aller vers les autres, la vie.
J'aimerais arriver avec elle à une base de confiance suffisante afin de pouvoir l'aider concrètement dans une forme de complicité ou de coopération qu'autre chose... J'aime pas les rapports de force et je n'ai pas été éduquée à cela.
J'ai peur que je sois en décalage avec son père sur ce point... Car j'ai une écoute différente je pense... Cela constitue l'un de mes principaux problèmes vis-à-vis d'elle et son avenir.
Dans mon expérience de parent, j'ai remarqué un point important : à quel point les gens se comportent avec les enfants sans vraiment les sentir.. Ils les voient parfois comme des poupées ! Ils ont des stéréotypes vis-à-vis des bébés... J'ai été outrée de voir comment ils me l'arrachaient des bras alors qu'elle dormait parfois pour satisfaire leurs besoins de pouponner... , comment ils imposent ce "bisou" que l'enfant ressent parfois comme une agression au lieu de se contenter d'un regard , d'un sourire qui apprivoise le bébé, je ne sais pas.
Je me suis sentie comme une martienne qui regarde les bébés en tentant d'abord d'être là pour eux, et non le contraire.. Combien de satisfaction égoïste ai-je trouvée autour de moi... ça m'a fait mal au coeur. Je déteste presque le monde adulte vis-à-vis de l'enfant.. Car ils s'émerveillent devant le bébé, mais ne savent même pas respecter une sieste lorsqu'ils partent à parler entre "adultes"... etc.
Ps : pour finir : j'avance en apprenant tous les jours. Mais comme toi Fabs , je trouve peu de personnes avec qui je puisse parler de tout cela profondément. Avoir une vraie réflexion.
Et comme toi coccinelle, les gens me parlent de leurs vécus de parents d'une façon banale. Je me sens une mère à part, qui s'émerveille toute seule depuis le début, et toute seule aussi se noie dans les doutes, et la fatigue quand cela pèse.. Pour les autres, tout est banal.. Sauf que le moindre sourire de ma fille est un moment de pure joie pour moi.. une sorte d'émerveillement vraiment.. etc.
Un enfant nous met face à nos limites aussi et face à nous-mêmes. Ne pas se remettre en question et revoir ses schémas de comportement risque de fausser le chemin... Ô combien je vois le père de ma fille répéter les mêmes schémas appris ailleurs sans les mettre en cause un instant... Et moi me creusant les neurones et la santé à aller m'instruire : forums, lectures, recours à une psychologue, etc. Je n'arrête pas !
Merci de ce dialogue...
J'ai posé mes pensées, ce soir, malgré la fatigue.. Désolée si le texte est peut-être mal structuré.. Mais ce sujet est profond, donc parfois on a du mal à faire une synthèse...