S'il y a bien un film à voir en cette année cinématographiquement fructueuse, c'est
Demain de Mélanie Laurent et Cyril Dion : la première fois que l'on peut regarder un film qui nous parle de l'humanité, de la planète, d'écologie, d'agriculture, d'économie, d'éducation et d'urbanisation, bref, de notre avenir, sans avoir envie de pleurer. Au contraire, on a envie de crier bravo du début à la fin ! De fait, le film reçoit des applaudissements bien mérités de tous les spectateurs à la fin de la séance.
Il vient de sortir, ne le ratez pas, emmenez vos enfants, et regardez comment l'avenir est entre nos mains, maintenant, à notre niveau, et comment des milliers de personnes et de collectivités agissent déjà en ce sens.
Mon unique point négatif, il en faut bien un, c'est le niveau sonore trop élevé de la musique, et parfois aussi, l'image qui bouge, même pendant des interviews, mais bon, cela n'ôte rien au contenu qui est exaltant !
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http://www.youtube.com/watch?v=BmTySqG7yf8[/BBvideo]
Une autre fascinante nouveauté :
Ixcanul (en Maya, "volcan"), de Jayro Bustamante.
Voici encore un film inclassable : une immersion dans la culture maya actuelle, avec ses croyances et ses coutumes, dans la réalité du quotidien d'une famille pauvre d'ouvriers agricoles itinérants au Guatemala. On pourrait se croire devant un documentaire ethnographique, si ce n'était également l'histoire captivante de cette jeune fille maya qui apporte une dimension sociale, politique, et artistique au film, tout en évitant le misérabilisme.
Il est étonnant, pourtant, de voir certains articles qui parlent de ce film et qui mentionnent le mot "avortement" au lieu de "trafic d'enfants"... Si l'histoire vraie à l'origine du scénario était un avortement clandestin, il est ici question de trafic d'enfants (le Guatemala étant le premier pays exportateur de bébés), pas d'avortement, ainsi que de la condition féminine et du fossé culturel entre la population latino parlant espagnol et celle maya (60% de la population totale) sous son contrôle.
Ce film est encore au programme des "petits" cinéma, pour la bande-annonce :
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http://www.youtube.com/watch?v=gW9YXzaKkTI[/BBvideo]
Pour terminer sur ce programme cinématographique riche en histoires et en couleurs, le film
Béliers a attiré mon attention, mais je ne l'ai pas encore vu. Ce film islandais de Grímur Hákonarson parle d'éleveurs de moutons en Islande.
Critique de Christophe Brangé :
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Touche pas à mon bélier !
Cela commence par un concours de beauté un peu particulier, les participants n’étant pas des femmes à la beauté sculpturale mais des béliers. Car oui, dans le froid islandais, on aime bien savoir celui qui a élevé le plus beau mouton, surtout pour les deux personnages principaux du métrage qui ne prennent pas du tout à la légère cette pratique. Eux, ce sont Gummi et Kiddi, deux frères vivant à 50 mètres l’un de l’autre, tous deux fermiers, qui ne se parlent plus depuis 40 ans. Alors lorsque l’un remporte ledit concours sous le nez et la longue barbe de l’autre, forcément la jalousie et l’énervement vont remplacer l’indifférence. Pourtant, les deux devront essayer de s’unir pour affronter l’inéluctable : l'abattage de tous les béliers de la région suite à une pandémie de tremblante.
Dans les sublimes paysages de l’île de feu et de glace, le réalisateur nous offre une chronique familiale rude et froide, à l’image de ces grandes étendues enneigées qui entourent les bergeries. Mais au-delà du drame fraternel, le film esquisse le quotidien de ces villages reculés, où la solitude est omniprésente dans ces chaumières, où l’on vit et l’on meurt au même endroit sans jamais avoir cherché à le quitter. Sauf que le cinéaste porte un regard bienveillant sur ce microcosme rural, sur ces êtres qui sacrifient tout pour leur bétail et qui donnent tant d'amour à leurs animaux.
Touchant et sensible, "Béliers" est un joli conte nordique, une histoire épineuse d’amour fraternel traitée comme une histoire d’amour tout court. Sous leur dégaine de gros barbus vikings, les personnages débordent d’affection et ne cherchent qu’à soigner leurs blessures intérieures. En refusant la contemplation passive des décors pour se focaliser sur l’essentiel, le réalisateur parvient à fluidifier et renforcer la dramaturgie de son récit. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est un vaste sentiment de chaleur qui s’empare de nous à la sortie de la salle…
Christophe Brangé
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http://www.youtube.com/watch?v=sJZ58TFUjMU[/BBvideo]