Fiou. Asdf, ce topic me touche beaucoup. En pleine face si je puis dire !
Je me retrouve dans chaque mot que tu décris, et plus encore dans cette image que tu as postée. Ca me bouleverse en un sens, parce que je me sens, comme toi, dans une impasse. Je suis à la fois consciente et ignorante de ce travers dont j'aurais bien de la peine à me débarrasser. Puis-je seulement le faire ?
asdf a écrit :C'est un vaste sujet, il s'agit d'accepter que nous ayons des pères, que nos souffrances sont supportables pour autrui, que malgré une forme d'intelligence avérée nous pouvons être compris, entendu, que nous ne sommes pas forcément les seuls maîtres à bords.
C'est très parlant ce que tu dis là.
Je me suis longtemps dit que les autres ne pouvaient pas comprendre ou ne le voudraient pas. A présent, je me demande si finalement, ce n'est pas moi qui me ferme avant même d'avoir essayé.
En même temps, j'ai tellement été déçue, notamment après m'être confiée (des personnes en ont fait mauvais usage et ça m'a vraiment brisée), qu'il m'est difficile d'accepter qu'une main tendue puisse être désintéressée ou totalement bienveillante. Cela rejoint exactement cette problématique du lâcher prise et de la confiance en l'autre dont vous parlez tous très bien.
Idem, Cox', tu parles à très juste titre de peur de l'abandon. C'est quasi-phobique chez moi. Je vis très mal l'idée de me confier à une personne qui ne sera que de passage. Parce qu'en me livrant, je confie des morceaux de moi, morceaux que j'estime certainement précieux.
Vraiment, je crois que ces notions de confiance, de lâcher prise, de crainte de l'abandon et de volonté de contrôle sur notre environnement direct s'imbriquent tellement bien que le démêlage est périlleux.
Cela dit, lots d'un fameux week-end avec quelques AS-iens -dont tu fais partie- je me suis rendue compte d'une chose : les personnes bienveillantes, désintéressées, et compréhensives elles existent. Ce fut un réel choc. Mais les bienfaits sont incommensurables. En cela, le forum est une réelle ressource pour moi.
C'est depuis là que je tente en quelque sorte de prendre le problème à l'envers. Le problème ne viendrait pas forcément des autres qui ne peuvent pas comprendre, mais de moi qui ne peut pas m'ouvrir !
Je n'en suis pas bien loin dans mes réflexions, car je ne sais pas comment changer la donne, quoi débloquer.
A dire vrai, j'ai toujours peur de prendre l'autre pour un seau à vomi, un déversoir à souffrances. Mais n'est-ce pas de la projection ?
Je m'explique. Je suis, comme nombre d'entre vous, profondément empathique. Partant de là, chaque confession qui m'est faite je l'absorbe comme l'éponge à émotions que je suis. J'aurais presque cette tendance à me laisser bouffer, ronger, par les malheurs des autres. Il me faut donc bien évidemment mettre un couvercle sur mes propres émotions, sinon ce n'est plus gérable. Et de là, je me dis : si je confiais mes souffrances à l'autre, ne serait-ce pas en quelque sorte lui imposer ma souffrance ? C'est sans compter, du coup, que certaines personnes savent se protéger, faire la part des choses, ou tout simplement ont l'empathie modérée.
Dans un même temps, quand je parviens à dépasser mon refus d'aide, voire à en demander, j'ai cette sale impression d'être toujours insatisfaite de l'épaule que l'on m'offre, ou plutôt de l'écoute et de la compréhension (plus encore des conseils !) qui me sont apporté(e)s.
Je suis comme déçue, parce qu'au fond, je n'attendais pas cela. Mais je ne sais même pas ce que j'attends. Peut-être est-ce parce que je n'attends en fait rien que je demeure une éternelle insatisfaite. Du coup, cela ne fait que me conforter dans mon isolement, et de nouveau, je me ferme, je m'emmure dans mon silence : mes cris de détresse redeviennent silencieux, mes hurlements aphones.
asdf a écrit :J'aimerai donc avoir les témoignages de personnes qui un jour ont traversées un océan de solitude face à une difficulté, un évènement de la vie. Qui n'ont pas trouvées d'épaule adéquate pour verser quelques larmes. Pas forcément "pas trouvé", mais qui n'ont pas acceptées les mains tendus, ou les appel du pied d'un proche pour se libérer du poids de la tristesse.
Au delà d'être très vrai (me concernant), c'est très beau ce que tu dis là asdf. Vraiment, je ne saurais trop le décrire, mais ça me touche profondément.
Je ne sais pas si vous avez noté cette propension qu'ont les gens à ne voir que ce qu'ils veulent. On trouvera plus normal que le type qui se plaint régulièrement traverse une passe difficile plutôt que d'accepter que celui qui est toujours guilleret (parfois en façade) aille mal.
C'est mon ressenti. J'ai le sentiment que mon côté jovial, enjoué, même frais, m'a prise à mon propre piège dans la mesure où je ne peux plus m'en déparer. C'est comme si je n'avais plus le droit.
Maintenant, je n'arrive plus bien à déceler si c'est moi qui me refuse cela, ou si c'est mon environnement qui exerce une pression consciente/inconsciente dans sa manière de me percevoir. Car régulièrement on me dit : "Toi tu es la fille qui est toujours heureuse/souriante" au point que je passe pour insouciante. Alors ma vie n'aurait pas le droit de prendre une autre teinte que le rose ?
Edit : navrée du pavé. Et j'en rajoute même une couche en disant que l'intervention de Pix' est très pertinente, et je me retrouve pas mal dans ce que tu dis et les réflexions que tu te fais. Tu es d'ailleurs bien plus structuré que moi. Sans doute est-ce parce que je me mets seulement à réfléchir à cette problématique, qui, disons le, est un bon morceau !