Je vous remets le contexte, vous connaissez sûrement. Avant, sur les emballages alimentaires cartonnés, on ne se souciait pas trop de l'ouverture : l'utilisateur ou l'utilisatrice déchirait tout avec les dents, à coups de ciseaux ou au lance-roquette, selon l'outil à portée de main. C'était le bon temps. Mais un jour, une personne machiavélique a inventé le concept d'ouverture facile. Sur les mêmes emballages, il y a maintenant des petites lignes prédécoupées, des lignes de pliage, des indications obscures en deux ou trois étapes avec des flèches qui pointent n'importe où. Il va sans dire que chaque produit différent dispose d'une ouverte facile différente, sinon ce serait trop facile.
J'ai longtemps essayé de suivre les instructions, avec de piteux résultats. En général ça finit avec une boîte déchirée, comme au temps d'avant l'ouverture facile, mais avec en plus un indicible sentiment d'échec. C'était une ouverture facile mais je n'ai rien compris, je suis un raté, un nul. Je pensais que l'erreur venait de moi mais, depuis, j'ai compris : c'est un complot pour rabaisser le consommateur, lui faire croire qu'il est débile, lui faire perdre du temps à essayer d'utiliser une ouverture facile qui, de un, ne fonctionne pas, de deux, n'est pas facile et, de trois, est plus lente que la bonne vieille méthode du lance-roquette. Mais dans quel intérêt, ce complot ? Qui cela peut-il satisfaire ? Un frustré quelconque qui, à défaut de pouvoir s'élever, a décidé de rabaisser le reste de la population.
Maintenant, je suis un rebelle, je me fais un plaisir d'arracher l'ouverture facile et tout ce qu'il y a autour, en hurlant « Hulk smash ! » in peto. Ça fait du bien.
Voici donc la question tant attendue : est-ce que vous y arrivez, vous, avec les ouvertures faciles ?
Sur les lignes prédécoupées, en général, j'y arrive à moitié puis ça part en cacahuète.
Mais, mon pire ennemi, c'est le petit fil rouge censé permettre d'ouvrir paquets de choco et autres Kinder Pingui. Là, ça vire franchement au massacre...
Ça embrouille mais c'est pas si bête, ça met des grelots dans la tête
Les Elles - Milo
"Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même."
Oui mais Babybel ça date d'avant le Machiavel dont il est question plus haut.
Les petits fils rouges pour découper le paquet, aussi. À l'époque on ne parlait pas d'ouverture facile, juste d'ouverture. Depuis on a inventé « l'ouverture facile donc tu dois forcément y arriver sinon tu es un ou une moins que rien. »
Fu a écrit : ↑mer. 19 août 2020 22:14
est-ce que vous y arrivez, vous, avec les ouvertures faciles ?
Non, bien sûr : il y a longtemps que j'ai renoncé à employer ce type de système. Je fais comme toi, je déchire tout, mais je n'avais pas pensé au mantra intérieur, c'est une bonne idée.
En réfléchissant bien au p... de b... de sens dans lequel l'ingénieur "fils naturel de sa mère célibataire" ( trouvé dans un Wodehouse, m'a beaucoup plus, je sais, c'est au mieux suranné...) a prévu que le consommateur allait spontanément tirer, oui. Car il y a le sens où tout fonctionne, et celui où tout part en cahuete et où je finis de détruire le paquet avec les dents. Ledit sens étant aisément repérable au microscope. Avertissement : ça peut ralentir le petit déjeuner de quelques heures, le temps de se calmer, voire de se soigner en cas de mauvaise manipulation du lance roquette...
Je sais pas si vous avez fait attention mais sur certains emballage s, tout le concept des ouvertures faciles est repris mais sans le.mot "facile". On va trouver la flèche et les pointillés, mais point de prédécoupage, par exemple.
J'ai tendance à négliger l'ouverture facile et à sortir les ciseaux. Ensuite, la dite ouverture se venge et d'auto ouvre à la faveur d'un mouvement maladroit, et je me retrouve avec un paquet ouvert sur le fond ET sur le côté, impossible à refermer.
Du coup je bouffe tous les gâteaux, j'ai plus le choix
merci [mention]Fu[/mention] c'est bon de se sentir moins seule.
Je suis persuadée que le super ingénieur qui a pondu le système "d'ouverture facile" n'a jamais rien ouvert de sa vie !
Ni le film avec un petit coin non encollé pour ouvrir la barquette, qui refuse de se laisser attraper et qui glisse entre les doigts, ni le paquet de pâtes, riz, où les deux bords refusent absolument de se séparer et finissent par se déchirer lamentablement avec une fuite désordonnée de riz, pâtes etc....
Ni le paquet de gâteau sensé conserver la fraîcheur du produit si l'on utilise "l'ouverture facile" pour pouvoir ensuite refermer convenablement...
Donc par principe je me méfie de ces "ouvertures faciles" qui sont tout sauf faciles, mais source d'énervement, de perplexité, et de violence désespérée
À force de penser à ce que les autres pensent de nous, on en oublie de se penser soi-même.
Christophe André
J'me contente de me dire que si c'est une ouverture facile et que j'y arrive pas quand-même, c'est juste que je suis un gros nul.
Le bouquin "The Design of Everyday Things" a été écrit autour de ce genre de pensées. C'est un livre très sérieux, à l'intention des gens qui conçoivent les objets du quotidien. Il date de 1988. Il a été très lu. Mais j'imagine que ceux qui conçoivent les ouvertures faciles d'aujourd'hui ne lisaient pas en 1988. Et donc on est une nouvelle génération de gros nuls.
Moi je vous trouve très injustes...
L'ouverture facile m'a sauvée des pique-nique improvisés avec oubli de l'ouvre boite. Je n'en dirais pas tant des réchauds qui nécessitent un briquet juste au moment où on arrête de fumer..... Adieu café.... Un des moments les plus durs de ma vie ( j'ai bien essayé de faire du feu avec des pierres et du PQ, sans succès )
Heureusement, grâce à ces vaillants ingénieurs, j'ai pu me rabattre et finir la boite de pâté pour compenser!!
Pour illustrer mon propos ci-dessus:
Ceci est un plagiat d'ouverture facile, en effet, la mention facile n’apparait pas et il s'agit dans ce cas probablement d'une façon supplémentaire de briser le moral du consommateur afin qu'il compense son sentiment de nullité en consommant encore plus.
Quand on ne vous donne pas seulement des ordres impossibles à suivre:
J’imagine que chacun•e a son petit palmarès des emballages à ouverture facile, produit dont on a le malheur d’être friand•e et qui nous amènent à nous infliger la chose de manière répétée.
Or j’ai deux grands problèmes dans ma vie.
Le premier problème est peut-être lié à ma condition neurologique (qui sait ?) : c’est une fâcheuse tendance à suivre le mode d’emploi avec soin et patience (au début) en dépit de expériences multiples qui devraient m’inciter à passer immédiatement en mode Hulk. Je pense que cette condition neurologique s’appelle : la mémoire de poisson rouge.
Le second problème est le saumon fumé dont je fais pourtant une consommation modérée, c’est-à-dire rarement plus d’une fois par jour, donc bon ça reste extrêmement raisonnable et modéré, ce n’est pas une addiction totalement comparable au tabagisme.
Le saumon fumé dans la distribution courante, faute d’avoir à côté de chez soi un poissonnier qui le fait remonter en direct des fjords, c’est vendu dans une pochette plastique hermétique parfois recouverte d’un étui en carton. L’étui en carton pose peu de problème.
La pochette plastique est scellée sous vide. Dans le cas d’un emballage à ouverture facile, à un des angles, la bande de thermocollage a un pan coupé, ce qui est censé dégager un triangle de plastique non collé, il suffirait de séparer les deux coins et de tirer dessus pour ouvrir.
Là où ça se gâte, c’est que les deux épaisseurs de plastique au niveau de l’angle sont souvent elles-mêmes collées par le bord. Donc il faut déjà bien s’accrocher pour réussir à les saisir séparément.
Ensuite, dans certains cas, la bande de themocollage est tellement large que de toutes façons, après avoir galéré pour dégager les deux petits triangles de plastique et les avoir délicatement saisis chacun entre le pouce et l’index d’une main différente, on constate qu’on n’arrivera à rien sauf à être doté de la force physique et mentale de Chuck Norris. Ou alors, tirer comme une brute et produire certes un décollement, mais tellement anarchique qu’il présente d’importants risques d’envoyer votre tranche de saumon par terre. Bon, il va sans dire que pour des raisons compréhensibles, je n’hésite pas à consommer le saumon même tombé par terre et même à l’endroit où je venais de marcher dans une flaque de lessive et d’hydrocarbures accidentellement renversées, car même si ça fausse un peu le goût, c’est toujours préférable aux terribles séquelles d’une crise de manque (de saumon). Mais certaines personnes, surtout celles qui contrairement à moi ne sont pas des chats, ont tendance à hésiter à consommer le saumon une fois tombé à terre. C’est curieux mais c’est comme ça.
Et donc, quand d’aventure le collage veut bien céder d’une manière à peu près ordonnée, il se peut que ce soit le plastique lui-même qui, par ses piètres qualités, se déchire n’importe-comment. Ou que dans un sursaut d’orgueil, il préfère la déformation flasque à la déchirure franche et massive. Ce qui, après l’effort hulkonorissien produit juste avant, peut aussi avoir pour conséquence d’expédier le saumon par terre dans la trace de pas pleine d’essence et de Mir Express (non je blague : je n’ai pas de voiture donc je ne vais pas dans les stations service, et par ailleurs comme il se doit je n’utilise que la lessive Le Chat).
Or, dans sa pochette plastique, le saumon est souvent disposé sur une planche de carton. Icelle se comporte comme une tartine de confiture, c’est-à-dire qu’observant docilement les principes de la physique, elle orbite un temps autour de son barycentre avant de plaquer contre le sol et contre le carburant mêlé de tensioactifs qui s’y trouvent la face portant la précieuse tranche de ma dro... heu, de saumon.
Honte soit sur les emballages de la marque Kristen qui, en général, s’ouvrent bien, nous privant de cette vie aventureuse et palpitante qui fait tout le sel de l’existence citadine.
Et mention spéciale aux emballages de saumon écossais Casino qui parviennent, avec une rare constance, à cumuler l’ensemble des avantages ci-dessus.
Morale de l’histoire, en fait on s’en tire toujours avec une bonne paire de ciseaux.
Effectivement. Le phénomène de torture lié au concept d'ouverture a juste évolué un peu depuis (le progrès, que voulez-vous) : il a suffi d'y accoler le mot « facile » pour ajouter la honte à la douleur, en bousillant l'estime de soi de la victime.
Je pense que le concept a inspiré le site d'énigmes du même nom Au début c'est simple, il suffit de cliquer partout comme quand on essaie de gentiment décoller la première feuille du rouleau de PQ (et qu'au final on se retrouve à en déchirer 4 ou 5 épaisseurs afin d'enfin dérouler ce £$#@§ de truc parce que bon, il y a urgence), et rapidement on se retrouve avec des sons .wav en finnois à écouter à l'envers et en vitesse accélérée pour obtenir un indice en écriture cunéiforme.
Mon cauchemar se situe au niveau des prédécoupages 17/38 en W à 21 points fixes certifiés ISO, ou plutôt à ces £$#@§ de cartons de biscottes censés créer une "fermeture facile" après ouverture du même nom. En vrai il se trouvera toujours un cuistre pour vous dire : "mais c'est pourtant facile, tu te positionnes en quatre cinquièmes, tu prends les extrémités A1 et A2 entre le pouce et l'index de chaque main, tu soulèves lentement les onglets B1 et B8 de chaque part longitudinale, tu relèves l'inclinaison du paquet du même angle de 30° que tu soulèves les feuillets non-déchirables Z81 à 86, tu effectues un Sūryanamaskāra un après-midi de nouvelle lune pas trop venteux, tu jettes les déchets dans la poubelle jaune et normalement ça se déchire sans encombre, je ne vois pas ce qui te gêne, t'es surdouay ou quoi ?". Généralement tout paquet à ouverture de ce style se retrouve éventré et éventé (et broyé), du fait que la cartonette est un matériau fourbe, falot et faussement comestible.
Mathematics is a game played according to certain simple rules with meaningless marks on paper. D.Hilbert
Tel Alexandre le Grand je résous vos difficultés d'ouverture avec une simple paire de ciseaux me permettant de trancher le noeud de vos pointillés et système d'ouverture géorgiens.
"Nous sommes tous des farceurs : nous survivons à nos problèmes"
Cioran
Fu a écrit : ↑mer. 19 août 2020 22:14
Voici donc la question tant attendue : est-ce que vous y arrivez, vous, avec les ouvertures faciles ?
(RALC)
En général, j'y arrive en ouvrant consciencieusement mais certains emballages (produits moins chers --> packaging moins évolué) me posent problème également et là, comme dit Swinn, la paire de ciseaux refait surface.
Je n'apprécie pas quand le paquet explose et que le contenant s'éparpille partout...
« Quand j'étais arriéré, j'avais des tas d’amis. Maintenant, je n'en ai pas un. »
« L'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher. »
« Tu ne sais pas ce que c'est d'avoir quelque chose qui se passe en toi, que tu ne peux ni voir ni contrôler, et de sentir que tout te file entre les doigts. »
« Qui peut dire que mes lumières valent mieux que ta nuit ? »
Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes
En général c'est assez théâtral chez moi :
La première approche est de regarder le paquets sous toutes les coutures (avec "ouverture facile" dans un coin, en rouge et en gras). je pose l'emballage sur la table non sans un soupir, car la suite arrive à 90%....
Tel un duel de cowboy, et résolu à en finir vite (histoire de bien manger ensuite ) je me saisis vigoureusement de la languette et tire d'un coup sec ! ...... pour que cette dernière me reste dans les doigts.
S'en suit en général un gros soupir suivit de la recherche avide d'un objet tranchant
Bref tout ça pour aboutir à la conclusion : "les vieux trucs sont les meilleurs trucs !"