Hors-sujet
choubidou wouah a écrit : ↑mer. 13 févr. 2019 21:59
Evidemment souvent provocatrice.
Ah, oui, c'est ça le mot juste: provocatrice (-teur).
Mais ce que je veux provoquer, c'est juste une idée ou une réflexion inhabituelles. Rien de plus méchant que ça.
Merci encore choubidou wouah pour ta clarté.
J'ai attrapé au vol un lien proposé par Grabote et du coup, j'en ai un autre à proposer, où s'exprime Amandine Gay la réalisatrice d'
Ouvrir la voix :
https://www.youtube.com/watch?v=9aXQUWz6IDo
Je dis juste : énorme. On devrait tous entendre cela dès l'école.
Grabote a écrit :@Belgha Au delà du fond que je trouve intéressant et avec lequel je suis plutôt d'accord, ça me gêne que tu dises "les noirs" et "les hommes blancs" ...
Je n'ai pas tout à fait écrit cela mais : "les femmes et les hommes noirs", et non pas les noirs tout court.
Et comment dit Amandine Gay ?
Oh, et zut, encore une question. Décidément, c'est un vice
Allez, on va y revenir tout doucement, à ce sujet.
Dans les études du développement de l'enfant, on parle de zone proximale de développement (ZPD). TourneLune parle aussi de zones (verte, orange ou rouge), ça me parle. La ZPD peut se représenter comme une zone. Il y a ce que l'enfant peut faire sans être aidé, il y a ensuite ce qu'il peut faire en étant aidé (c'est cela la ZPD), puis ce qu'il ne peut pas (encore) faire même en étant aidé. On pourrait imaginer, dans la continuité de TourneLune, qu'il y ait donc également trois zones : une facile où l'on n'apprend rien (quoique tu n'évoques pas explicitement l'apprentissage), une zone un peu plus risquée où l'on s’aventure vers du nouveau, de l'inhabituel, et enfin, au-delà de cette zone, la cata, l'extinction, la situation tellement impossible qu'on est dans la distorsion, la négation de soi-même. J'ai lu ici des sujets sur la profession de chacun, certains se disaient militaires et désespérés par cet univers dans lequel il leur était impossible de s'intégrer. J'y ai cru voir une illustration de la situation rouge de TourneLune. Est-ce que je me trompe ?
Bien sûr, tout cela serait très variable, d'une personne à l'autre, d'un contexte à l'autre, d'un âge à l'autre, même, j'en reparle plus loin.
J'ai évoqué la ZPD parce qu'il s'agit d'une zone en perpétuel avancement, alors que l'enfant apprend. Et je crois que ça peut être un peu pareil avec la manière de s'adapter : plus on s'adapte, plus on peut s'adapter (et inversement).
On peut ainsi passer de la zone orange à la zone rouge, très progressivement, au fil des ans, et finir pas s'oublier.
Inversement, lorsqu'on commence à refuser de s'adapter à une chose, très progressivement, on finit pas trouver d'autres choses que l'on ne veut plus trouver normales, puis qu'on ne veut plus trouver exceptionnelles, puis que l'on ne veut plus tolérer, puis qu'on veut voir disparaitre complètement pour tout le monde (ce pourquoi j'ai parlé d'esclavage). Cela ne signifie pas nécessairement devenir totalement inadapté. Ça peut aussi signifier "renaitre de ses cendres", retrouver son énergie vitale, et reconstruire un univers - y compris toutes les formes d'échanges possibles avec l'environnement.
Bien sûr j'étais carrément caricatural dans mon affirmation initiale, mais j'avais tout de même écrit qu'il ne s'agissait que de
commencer à mourir. Je voulais parler du début de la pente.
Beaucoup de gens aimeraient bien que je m'adapte, et que toi aussi tu t'adaptes, et que tout baigne. Ne rencontre-t-on pas cette situation dans le couple, par exemple ?
J'en ai vu des hommes fraichement mariés qui continuaient à sortir tous les soirs avec les copains et boire des canons jusqu'au petit matin, pendant que la dame s'adaptait à son sort tant bien que mal, par amour pour lui, pour leurs enfants, par pure gentillesse, je dirais même par totale oblation. Et faisait vivre le foyer avec seulement son salaire à elle.
Au départ, elle était seulement en zone orange. C'était admirable. J'aurais bien voulu avoir une petite femme comme ça, moi ! Et puis au fil des ans, c'est devenu super rouge, même pas à cause d'elle. Très progressivement. Et le jour où elle s'est effondrée, vidée de tout courage, et qu'elle a dit faiblement mais très en colère "STOP", ce jour-là personne n'a rien compris. Bin qu'est-ce qui lui prend ? Elle travaille trop… etc.
Finalement, lorsqu'on s'adapte, je crois qu'il y a toujours une "bonne raison". Entre guillemets car je voudrais dire que cette "bonne raison" est trop souvent archi-mauvaise, à commencer par la mauvaise opinion que l'on peut avoir de soi-même.
Je distribue le courrier (j'ai été facteur, c'était sympa, à une époque), il suffit de savoir lire, même pas compter, savoir lire de tout petits textes genre haïkus sans poésie, et conduire. On l'aime bien, le facteur, il est un peu givré. On ne sait pas qui je suis et on s'en fout. J'écris des romans, je compose des musiques, je construis mille choses avec mes mains, mais non, en fait je suis facteur. Je m'adapte. Je ne me sers pas de ce que je suis pour être ce que je suis mais pour n'être plus personne : qui est ce facteur qui n'est qu'une si petite partie de moi que ça pourrait être celle de n'importe qui d'autre ? Je finis par focaliser sur mon salaire, les petites tâches en plus que la hiérarchie ne se prive pas d'exiger chaque mois, puis chaque semaine. Je taris. Ma musique devient merdique, mes idées de roman se cassent la gueule parce que je n'ai plus la tête à ça. De toutes façons je n'écris que de la merde. Voilà, ouf, je me suis adapté. Ça coule maintenant tout seul.
Je ne crois pas que ce soit cela que tu veuilles appeler évolution, TourneLune ? Je n'ai pas bien compris ce que tu veux dire.
Et puis tiens, encore une (avalanche de) question(s) qui me brule les lèvres, hum :
Pour reprendre l'expression très parlante de choubidou wouah :
Un pas de côté ?
Ou deux ?
Ou une petite balade ?
Ou le trip de la mort ?
C'est t'où n'à quel moment qu'il faut-il commencer d'arrêter les conneries ?
Et si au lieu de m'adapter à une profession et à un mode de vie donné, je m'étais plutôt acharné à travailler l'écriture, à écrie des pages et des milliers et des dizaines de milliers, peut-être qu'alors j'aurais fini par écrire de temps en temps autre chose que de la merde, hein ?
Comment savoir ?
Je découvre que ça dépend aussi de l'âge. Ça dépend de ce qu'il reste devant, si on commence à entrevoir qu'il y a un horizon, là-bas, et que merde, pour le coup, on va peut-être arrêter trop de
pas de côté. Mais "trop", c'est combien, au juste ? À quel prix et en échange de quoi ?
Mais je ne souhaite pas non plus que ce topic devienne le lieu exclusif de toutes les malheureuses tentatives d'adaptation. J'ai souvent entendu des gens dire qu'ils pouvaient s'adapter à toutes les situations. C'est ici l'endroit où ils peuvent en parler !
Voilà.
C'est juste que par petites touches, deux pas en avant et un en arrière, questions, provocations (pas méchantes ni méprisantes !), exemples et contre-exemples, on fait avancer la zone proximale de compréhension (ZPC, je viens de l'inventer - ou ça existe déjà ?), la mienne et celles des autres en même temps.