J'ai moi même un diagnostic d'autisme de haut niveau reçu par une psychologue puis une psychiatre ayant travaillé avec le CRA.
J'ai passé le WAIS IV
Des entretiens dirigés avec la psychologue, puis des entretiens dirigés avec la psychiatre, séparément
Un test sur ma façon d'analyser une image
Sur ma façon de classer des images
Sur mon analyse de l'émotion exprimée par des pictogrammes
Sur mon analyse de l'émotion exprimée par des photos
Un test où m'a demandé d'essayer d'exprimer moi même des émotions sur mon visage
Sur mon analyse de situations sociales sur dessins
Sur ma capacité à expliquer des expressions imagées
Sur ma théorie de l'esprit d'après plusieurs histoires (Sally et Anne est le premier niveau)
Sur mon analyse logique de textes courts sans dialogues
Sur mon analyse de textes courts avec des dialogues
Au niveau de la duré les entretiens avec la psychologue ont duré quatre fois quarante cinq minutes, les entretiens avec la psychiatre deux fois une heure, puis les tests ont été fait en trois sessions d'une heure (sans compter le WAIS qui a été fait séparément avec une autre psy).
J'ai lu pratiquement tout le topic, à par des passages que j'ai survolé, j'avoue.
Du coup j'ai envie de donner des exemples pour expliquer ce truc de “les difficultés sont compensées au point que ça ne se voit pas”.
Par exemple, je reconnais rarement les gens hors contexte.
- Ça m'est arrivé dernièrement de ne pas reconnaître quelqu'un que je n'avais rencontré qu'une seule fois parce que la seule chose dont je me souvenais était la façon dont il était habillé (mais il avait changé de fringues d'une semaine sur l'autre, c'est pas ma faute si les gens sont inconstants, non ?!)
La personne ne s'en est absolument pas rendu compte puisque nous n'étions pas qu'à deux et que je n'ai mit que quelques minutes à voir que les gens reprenaient une conversation dont je me souvenais (j'ai donc resitué qui était la personne par rapport à son discourt).
- ça m'est arrivé de ne pas reconnaître un collègue qui prenait sa pause au travail, parce que je ne reconnais mes collègues que quand ils sont à leur poste.
Les gens ne soupçonnent absolument pas que je ne les reconnaisse pas, ils pensent que je suis dans la Lune ou que je les ignore parce que je ne les aime pas.
- A partir de les 7 ans (à mon souvenir) j'ai commencé à avoir des réflexions récurrentes des adultes dans la veine “Et tu ne pleure même pas ?!”
Jusqu'à ce que j'ai terminé le collège les adultes ont régulièrement dit qu'ils étaient outrés que je n'ai pas de réaction émotionnelle au fait d'être grondé. Ils ne le supportaient tellement pas que je me suis toujours retrouvée dans la situation qu'aucun règlement ne s'applique à moi puisque plus aucun adulte n'osait se confronter à moi et tous me laissaient juste vivre ma vie en m'ignorant.
Là les choses sont un peu complexe, dans un premier temps personne n'a pensé que j'étais alexithymique, ils ont pensé que j'étais une gamine vraiment odieuse. Mais rapidement la situation est devenue auto-réalisatrice.
- Quand j'ai passé le WAIS la psy m'a fait remarqué que je n'étais pas fatigable et a considéré que je n'avais pas besoin de pause.
Ce qui est juste lié au fait que je n'exprime aucune émotion sur mon visage mais ça personne ne s'en doute, ça coule juste sous le sens que si je n'exprime rien je ne ressens rien, donc techniquement “ça ne se voit pas”
Pareil quand je n'ai pas été diagnostique de l’appendicite jusqu'au dernier moment, ou d'une otite qui m'a causé une perte d'audition, parce que je n'exprimais pas assez de douleur. Justement si je ne l'exprime pas ben “ça se voit pas”.
- J'ai failli être violée deux fois parce que je n'avais pas comprit les demandes préalables des mecs, donc pour eux j'étais d'accord
ça “ça ne se voit pas” dans le sens où je passe simplement pour une fille bourge, sainte mitouche, une oie blanche
- Comme ma voix change très peu quand je suis en colère je n'arrive jamais à être prise au sérieux quand je veux exprimer mon désaccord
Les gens pensent que j'ai une humeur très stable, que je ne suis pas susceptible et que je ne me mets jamais en colère.
- J'ai des hypersensibilités auditive, visuelles, et au touché
ça ne se voit pas parce que depuis que je suis enfant les gens ne se gênent pas pour m'affirmer que je mens quand je me plains d'avoir mal. J'ai tellement bien intégré que les autres étaient plus légitimes que moi pour décider quand j'ai mal ou pas que j'ai mit un an à analyser que quand mon petit ami refusait mes demande de ne pas baiser au prétexte que j'avais mal en me disant qu'il n'y avait pas de rougeur sur mon sexe et que j'allais donc la fermer et qu'on allait remettre ça parce que j'étais pas légitime à dire non … ben c'était pas cool mais ça correspondait tellement à la façon dont j'avais été traitée depuis le début de ma vie:
_ Ce tissus te fait mal ? C'est impossible, tu mens, tu porte ce vêtement et tu ferme ta gueule
_ ça te fait mal quand je t'embrasse ? C'est impossible, t'es méchante, tu t'excuse et tu te soumets
_ ça te fait mal quand je te tiens la mains ? C'est impossible, tu mens, puisque t'es méchante je vais la tenir plus fort
…
Voilà pourquoi mes hypersensibilités sensorielles “ne se voient pas”
Les signes peuvent très bien être présents, n'être absolument pas compensés, et que ça ne se voit pas quand même.
D'ailleurs je n'arrive même pas à imaginer comment ça se voit quand il est jugé par les gens non-autistes que “ça se voit”
Je sais pas comment ça se passe dans leur tête pour que je sois à la fois une personne très douce qui ne se met pas en colère et une horrible personne snob qui les ignore et se fou de leur gueule et que ça forme un tout cohérent.
Le fait est que malgré le diagnostic les gens de mon entourage (notamment familial) ne croient pas en ce diagnostic et restent sur leurs positions que “ça ne se voit pas” et que tout est dans ma tête et que j'ai même faussé les tests avec mes délires sur moi même.