Janikest, je pense que tu restes leurré par les mythes sur la douance.
Je réfute le caractère inné et donc "essentialiste" de la douance
Sans aucune animosité, quand je lis ça, je pense: "Bééééh, en fait, c'est pas vraiment toi qui décide!". A moins que tu ne présentes une étude sérieuse montrant l'absence de lien avec l’innée, ta remarque ressemble un peu à un créationniste qui dirais "je réfute l'évolution darwinienne". Si on ne s’embarrasse pas d'une recherche de vérité scientifique, on peut penser ce qu'on veut. Mais le débat devient totalement gratuit.
On retombe sur un des premiers mythes de la douance: elle est influencée par l'innée, mais elle n'est pas déterminée dans son expression par l'innée. Ce qui implique deux choses:
- que l'innée n'est qu'une part de l'explication. C'est comme pour le physique: Je suis plutôt petit, c'est lié à mes gènes, je ne gagnerais jamais de marathon. Mais je peux, par mon alimentation, mon exercice physique, garder une bonne santé. C'est la différence entre
influencer (il y a une corrélation) et
déterminer (impossible de sortir du chemin tracé). Mis à part quelques aspects très simples (la couleur des yeux), les gènes ne déterminent jamais totalement nos caractéristiques. C'est d'ailleurs le sujet central du film "Gattaca": plutôt que de nier l'influence génétique, le film conteste qu'il faille s'en servir pour déterminer l’avenir des individus.
- que l'intelligence n'est qu'un potentiel, et que son expression n'est pas automatique. C'est pour ça qu'on préfère parfois utiliser des expressions lourdaudes comme "haut potentiel intellectuel" que le plus simple "surdoué". Tu peux être très intelligent sans que ça se remarque.
Pour revenir à la scolarité, j'ai moi aussi eu une scolarité sans histoire. Je n'ai jamais ressenti de décalage avec mes camarades. Pour une raison simple: jusqu'à l’adolescence au moins, je n'ai jamais cherché à évaluer l'intelligence des autres. On jouait ensemble, on se disputait, on redevenait potes. Mais jamais on n'utilisait cette évaluation inconsciente des performances intellectuelles de l'autre, chose qui vient plus tard quand on a besoin de transmettre de l'information complexe, et d'évaluer le degré de compréhension de l'interlocuteur.
Avec le recul, je retrouve bien quelques signes de douance dans mon enfance, mais ça reste anecdotique. Si la douance se voyait comme le nez au milieu de la figure, on n'aurait pas inventé le WISC ou le WAIS. Ajoute à ça l'oubli avec les années qui passent et la subjectivité des souvenirs qu'on garde, et tu comprendras qu'il est normal de se percevoir comme "normal" au cours de son enfance, et que ça n’infirme en rien une hypothèse de douance.
Ça rejoint un autre mythe décrit par Sandrinef: l'enfant turbulent qui met le boxon dans la classe parce qu'il s'ennuie (et le mythe corollaire: tout enfant qui met le boxon est un surdoué ignoré). Ce profil existe, et c'est celui qu'on remarque. On remarque aussi le premier de la classe myope comme une taupe et qui faillote. Mais l'enfant surdoué qui reste sage, qui suit une scolarité tranquille sans jamais fournir d'effort, lui, personne ne le remarque. On ne va pas faire passer le WISC à un gamin qui n'a ni gros problèmes scolaires ni soucis de sociabilité.
C'est amusant parce que j'ai été particulièrement hérissé de sa façon de présenter les choses, pour ma part !
Pareil!
Cécile Bost semble différencier les surdoués à profil hétérogène et les gens très intelligents, mais avec un profil homogène, qui ne seraient pas surdoués. Sauf que pour moi, c’est jouer sur les mots. Je préfère considérer qu’il s’agit toujours de surdoués (ou très intelligents, ou HQI – pas de distinction), et considérer qu’il y a plusieurs profils de surdoués. La réalité reste la même, c’est juste une histoire de quel mot on utilise pour décrire quoi. Ce n’est pas que mon opinion personnelle, c’est la tendance actuelle. Je ne vois pas l’intérêt de modifier les termes, ça rend les choses plus confuses sans rien apporter de plus.
Quelle est la différence entre être très intelligent et être surdoué ? L'intelligence, c'est un peu la définition même de la douance à la base.
Les gens avec un QI de 130 et un profil laminaire serait seulement le haut du panier des neurotypiques ? Mais alors les gens avec un profil laminaire et un QI de 150, ils sont le très haut du panier neurotypique ? Soit dit en passant, le WAIS est construit de telle manière que les gens à très haut QI (THQI) ont nécessairement un profil relativement homogène. On peut avoir un QI de 134 avec des profils homogène ou hétérogène. Mais pour atteindre les highscores, il faut réussir tous les subtests.
Cécile Bost parle d’un mélange de profils homogène et hétérogène entre 130 et 140 (ce qui est vrai). Mais il y a aussi des profils hétérogènes en dessous de 130, non ? L’hétérogénéité n’est pas l’apanage des surdoués, il me semble.
Il me semble qu’on retombe encore sur un mythe de la douance : le biais des profils qui vont en consultation. Ceux qui n’ont pas de gros problèmes ne consultent pas. Du coup, les psy sont amenés à considérer que les surdoués qu’ils voient passer sont atteints de troubles dys en tous genres. Et ce sont ces profils là qu'on retrouve dans la littérature scientifique.