Voici ce que Kant disait :
Kant a écrit :le moyen de m'instruire le plus rapide, tout en étant infaillible, c'est de me demander à moi-même : accepterais-je bien avec satisfaction que ma maxime (de me tirer d'embarras par une fausse promesse) dût valoir comme une loi universelle (aussi bien pour moi que pour les autres) ? Et pourrais-je bien me dire : tout homme peut faire une fausse promesse quand il se trouve dans 1'embarras et qu'il n'a pas d'autre moyen d'en sortir? Je m'aperçois bientôt ainsi que si je peux bien vouloir le mensonge, je ne peux en aucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir; en effet, selon une telle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse, car il serait vain de déclarer ma volonté concernant mes actions futures à d'autres hommes qui ne croiraient point à cette déclaration ou qui, s'ils y ajoutaient foi étourdiment, me payeraient exactement de la même monnaie : de telle sorte que ma maxime, du moment qu'elle serait érigée en loi universelle, se détruirait elle-même nécessairement.
(copié-collé depuis
ici)
Dans mon message, je vais dire :
-de quelle manière je prends en compte ce que dit Kant et
-pourquoi malgré cela je pense que, même quand on ne se tait pas, je ne pense pas qu'il faille toujours dire la vérité.
Parfois, l'émetteur d'un message désire pouvoir convaincre facilement le destinataire que ce message est sincère.
Dans certains cas, l'existence de ce pouvoir est souhaitable. Or, un moyen efficace que ce pouvoir existe est qu'il existe un devoir qui, dans ces cas, oblige à être sincère.
Prenons un exemple.
Lors des élections présidentielles, au 2nd tour, il y a deux candidats : Truc et Chose. Soit un groupe dont la plupart des membres veulent voter pour Chose. Un premier membre du groupe demande à un deuxième "Pour qui vas-tu voter ? Truc ou Chose ?". Le deuxième répond sincèrement "Je ne sais pas.". Le premier affirme à tout le groupe que, en réalité, ce deuxième veut voter pour Truc mais n'ose pas le dire car son choix diverge de l'opinion majoritaire du groupe. Le deuxième, embarrassé, aurait bien aimé pouvoir convaincre les autres membres du groupe qu'il ne sait sincèrement pas encore pour qui voter. Or, c'est difficile à prouver.
Ce deuxième membre aurait eu ce pouvoir s'il existait dans le groupe une règle selon laquelle il faudrait dire la vérité quand on accepte de répondre à la question "Pour qui vas-tu voter ?" et si tout les membres du groupe suivaient les règles du groupe.
Sans cela, même si ce deuxième membre promet de ne pas savoir pour qui voter, il sera difficilement cru. En faisant un parallèle avec Kant, on peut dire que, si on autorise à se tirer de l'embarras par une fausse promesse, comme il aurait été embarrassant pour le deuxième membre du groupe de dire vouloir voter pour Truc, alors même si ce deuxième membre promet qu'il serait faux de dire qu'il veut voter pour Truc, sa promesse sera ignorée.
Si pouvoir prouver facilement que l'on est sincère était toujours absolument plus important que tout le reste, alors il faudrait inculquer le plus possible un devoir de sincérité, car c'est un moyen efficace pour offrir ce pouvoir.
Mais pouvoir prouver facilement que l'on est sincère n'est pas la seule chose importante dans la vie.
Par exemple, au collège, admettons qu'un collégien casse-pied demande à un autre collégien "Désires-tu sortir avec Machin ?" et se moque en cas de réponse affirmative. La convention logique serait de refuser de répondre. Hélas, la grande majorité de ceux qui pensent "Non." répondent "Non.", ce qui implique qu'un refus de réponse sera interprété comme "Oui.". Donc, pour se protéger, il faut répondre "Non.". Mais, dans le cas particulier où on pense "Oui." alors, pour se protéger, il faut mentir.
Mais alors, du coup, répondre "Non." ne garantit pas que l'on pense "Non.". Si on pense "Non.", on perd la possibilité de le prouver facilement.
Mais, au final, ce n'est pas forcément une mauvaise chose. Il faut mettre en balance la protection contre les casse-pieds (si on pense "Oui.") et le pouvoir de garantir d'être sincère (si on pense "Non.").