C'est vrai que je n'avais pas vu la chose sous cet angle-là : si on n'élève plus d'animaux pour les manger, on n'entretient plus les races et d'une certaine façon, on perd en biodiversité. D'un autre côté, les races destinées à la consommation n'ont à mon avis plus grand'chose à voir avec des races "naturelles", tellement elles ont été trafiquées... Mais là n'est pas la question. Si on est végétarien parce qu'on "aime les animaux", on ne peut pas vouloir les voir disparaitre.Tournesol a écrit :Le végétarisme est une solution individuelle pour contrer le déséquilibre dans lequel est l'élevage aujourd'hui, tant au niveau éthique qu'environnemental, mais il ne l'est pas au niveau global, pas à lui tout seul en tous cas.
C'est dans cette contradiction que je vois un élément important : je considère le végétarisme comme un extrême, un absolu (on ne mange pas de viande du tout). En ce sens, il a une fonction de moteur, de signal d'alarme, il permet (ou peut permettre) une prise de conscience. Mais en tant qu'extrême, il n'a pas selon moi vocation à devenir la règle. Je pense que si davantage de gens étaient végétariens, ou si davantage de gens mangeaient moins de viande, tout le monde s'en porterait mieux (et là encore, attention à l'anthropomorphisme : c'est pas parce qu'il y aurait deux fois moins de poulets que maintenant que les poulets seraient malheureux ou menacés d'extinction). Mais il ne me semble pas ni souhaitable ni possible que toute la population de la planète se mette au végétarisme, et encore moins que ça se fasse du jour au lendemain...
C'est un peu comme en politique : les extrêmes mènent la bataille, permettent les changements, tirent les foules vers l'avant pendant un temps et puis, une fois le changement effectué, on revient à une forme de modération, de régulation, on ne peut pas faire la révolution en permanence. Et je ne dis pas ça pour dénigrer les végétariens, je serais bien mal placée pour le faire. Je salue les gens qui ont le courage de faire partie de cet extrême, je les encourage autant que je peux, mais pour ma part, tout à fait individuellement, j'ai choisi le parti de la modération - pour l'instant, du moins...
D'autre part, la présence des animaux sur Terre n'est pas à voir uniquement comme pourvoyeuse de notre alimentation. À mon époque de végétarisme militant, j'ai rencontré des végétaliens (d'ailleurs, si on peut m'expliquer la différence entre végétalien et végan, je suis preneuse - cette distinction n'existe qu'en français, à ma connaissance, pas en allemand ni en anglais, par exemple), notamment une jeune femme fière de ses toutes nouvelles chaussures "aspect cuir mais sans cuir". D'abord, je trouve ça un peu débile de "faire comme si", de manger des "saucisses" de tofu, du "fromage" de soja... J'ai même été dans un resto viet à Paris où toute la carte est rédigée comme un resto viet normal, avec du canard laqué, du boeuf au gingembre et du porc au caramel, sauf que toutes les viandes sont remplacées par des substituts (soja, tempeh, tofu, seitan, etc.). Pour moi, il y a là une contradiction : si on ne mange pas de viande, on sort de cette culture de viande et on n'y rentre pas par une porte détournée. Je trouve ça un peu hypocrite... Mais bon, la question n'est pas tellement là...
Revenons à ces fameuses chaussures "sans cuir" : elles sont faites en quoi, si ce n'est en un dérivé de plastique, donc de pétrole ? Et les fibres textiles non-animales, quelles sont-elles ? Le coton et le chanvre, certes, mais après ? Polyester, donc pétrole. Et l'exploitation du pétrole, perso, je serais contente de la voir diminuer plutôt qu'augmenter... Là aussi, je salue l'engagement des anti-spécistes qui luttent pour qu'on arrête de considérer les animaux comme des machines à notre service. Mais je pense aussi qu'il peut exister une voie du milieu (déformation bouddhiste...), dans laquelle on côtoie les animaux, dans le respect de leur nature mais aussi de la nôtre : on peut manger leur viande, utiliser leur peau, leur cuir, leurs plumes, leurs os, que sais-je, si tant est que cela soit fait avec respect. Bon, c'est sûr qu'aujourd'hui, dans beaucoup de situations, on est trèèèès loin de cette situation de respect. Encore que... Le modèle que nous avons sous le nez est celui des pays occidentaux hyper-productivistes - mais il y a encore plein d'endroits dans le monde où les poulets que l'on mange sont ceux qui couraient parmi les cases une heure avant (et du coup, ben on n'en mange pas tous les jours, du poulet...), le lait que l'on boit est celui de la vache de la famille qui pait tranquillement dans le champ d'à côté, etc.
Enfin bon, tout ça pour dire que la voie du milieu, personnellement, j'y crois.