Atelier d'écriture

Ici, partagez vos passions, vos dadas, vos marottes, documentez si possible, mettez-y de la vie!
Steph

Re: Atelier d'écriture

Message par Steph »

Ah? Et bien, tu as bien fait d'écrire et de nous faire partager tes mots. j'aime bien ton écriture.

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Givré
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Re: Atelier d'écriture

Message par Givré »

Miss dans la lune a écrit : ... un battement de cils et j’entrevois vos faiblesses, vos malices, fourberies et autres lâchetés. Mille fois vous avez manqué, félons …

J'ai été, Miss de Lune, vraiment très fort touché,
lorsque j'ai lu ton texte, ses révélations,
de c'qui en toi résonne, toute cette mélancolie,
ce désabusement, vraiment insoupçonnés,
lorsque à l'I.R.L., dernièr'ment à Bruxelles,
je te vis enjouée, en convivialité !

Un jour tu as eu mal, dans un lointain passé...
Tu as été trahie, et t'as pas oublié...

A présent par ailleurs, t'as dit être heureuse,
et je l'ai bien compris, que ce s'ra pour toujours,
que ton homme et ton fils f'ront ce bonheur durer,
que s'ra enfin comblée cette douloureuse béance,
que sera éloignée, à jamais cette souffrance,
afin que le Soleil toujours réchauffe la Lune !

- - - - - - - - - - :angel11: - - - - - - - - - -
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hazy
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Re: Atelier d'écriture

Message par hazy »

hier j'ai lu Dabrowsky. Cette nuit j'ai pensé aux implications éventuelles.

je vous livre un ptit pitch, que j’hésite à épaissir. J'ai pas particulièrement envie de creuser trop les énergies que j'y ai vu ....



Une sociéte ou la norme est devenue une alternance de périodes ou tout réussi aux gens, avec un risque maniaque, et des périodes ou rien ne va, avec tendances dépressives/sucidaires.

Monde parfait. Transmission du savoir directement dans le cerveau, en fonction de tests, pour aboutir à l'être efficient pour le métier efficient.

Plus de chômage. 3 e monde. Energie libre, alimentation parfaite, médecine curative efficiente. Blabla bla

les statistiques sont de plus en plus pointues. On sait statistiquement que la période 15/22 ans est une période ou les sujets sont très réceptifs, très motivés, mais présentent un risque maniaque de 11 %.

Les écoles

22/28 ans est statistiquement une période d'accalmie avec risque dépressif.

Etc... périodes neutres, bla bla bla.

Connaissance assez fine des épiphénomènes psychostatistiques. Épipsy.

On sait qu'un sujet qui est en écart significatif et répété de son faisceau statistique est imprévisible.

Les épipsys sont utiles mais dangereux. Certaines sociétés les utilisent. D'autres les écartent dès détection pour préserver l'équilibre établit.

La statistique est tellement puissante, qu'elle est devenue prédictive.

Un chef d'entreprise va par exemple licensier tous les sujets mâles de 38/44 ans qui ont eu une période dépressive adolescente de stade II ou supérieur. La probabilité d'un burn out ou d'une baisse de productivité due à un phase introspective du sujet étant de 40 % sur la population cible.

Cette psychiatrie statistique de l'existence devient ainsi autoréalisatrice.

La population des 53/57 ans est un bon exemple. Près de 40 % de suicide. 80 % des déphasés de la population de 38/44 ans se sucident entre 53 et 57 ans.

Le suicide est le dernier fléau de la civilisation.

Depuis le plus jeune age, les statistiques sont là. 3 tares physiques, un accident de vie, un retard statistique de 6 mois dans la vie amoureuse et vous avez 70 % de chance d'être un 38/44 déphasé.

Tellement vrai statistiquement que tous les gens qui auront de l'influence sur votre vie par leurs choix vont vous canaliser inconsciemment vers cette case statistique.

La statistique a raison. La psychiatrie a raison. Tellement raison que les entreprises ont commencé à les utiliser pour leur RH. Le souci, c'est que pour faire de bonnes statistiques, il faut de bonnes informations . On a donc fait signer aux candidats des acceptations d'interrogatoires, rapidement désignées comme les confessions. Puis, détecteurs de mensonges . Puis hypnose. Puis enquêtes de voisinages, enquêtes dans le passé. Les sommes en jeu étaient tellement colossales que le budget confession des RH est vite devenu illimité.

Business. Trouver les candidats avec un QI > 170 et une probabilité statistique de stabilité à 70 ans supérieure à 80 % est devenu un monstrueux business. Les humains sont devenus cotés. Les cotes ont commencées à s'échanger. Le jour où ces côtes humaines ont été découverte par le grand publique, le scandale a été énorme. Puis le business à reprit le dessus. Par ces cotes, chacun avait une valeur officielle.

Rapidement devenue une lutte sans merci, sans aucune autre règle que d'avoir le meilleur cours sur la bourse aux sujets.

Sont alors apparues des écoles privées. Assermentées, sous contrôles d'entreprise indépendantes d'expertise psychiatriques. Tous les dossiers étaient enregistrés depuis la naissance. Ont a ainsi obtenu une fiabilité statistique maximum.

Mais plus la statistique était censée être fiable, plus elle devenait autoréalisatrice. Les épipsys étaient la hantise des ces sociétés de cotations de sujet (scs) . Si un tracé de vie statistique était tracé, il devait se réaliser. Absolument. Sinon, quand trop d'écarts étaient constatés, la cotation était vite déclarée non fiable.

Et une cotation non fiable, c'est la merde. L'entreprise ayant acheté le tracé et le sujet qui va avec a investit des sommes parfois énorme sur la foi de ce tracé. Si le sujet dévie, l'entreprise peut perdre un investissement de 30, 40 ans, pour les sujets dont le tracé a été acheté à l'ouverture du cours, la 10e année du sujet. Donc, les entreprises ont vraiment intérêt à tout faire pour que les tracés soient respectés.

Les scs y ont aussi tout intérêt.

En fait, la moindre personne ayant un pouvoir décisionel utilise les tracés de sujets pour prendre ses décisions. Les écarts de tracés sont donc surveillés de près. De nombreux petits écarts peuvent faire dévier le tracé d'une population cible. C'est très génant. A 37 ans, tous les sujets à risque sont jetés. Personne ne veut les assumer. Ansi, quelqu'un qui va bien a 37 ans va perdre son boulot. Il n'en retrouvera aucun. Il a beau connaître sa cote, les dossiers sont absolument secrets. Business oblige. Il faut pouvoir les vendre aux entreprises. Et l'entreprise doit pouvoir le revendre en revendant le sujet. On en est arrivé à un stade ou il est devenu quasiment impossible de se faire embaucher par une société qui n'a pas votre tracé. Donc, la possession du tracé vaut possession du sujet.

Un gars qui a 37 ans perds son boulot et n'en retrouve pas, c'est un coup classique. Les gens les savent. Le conjoint part en courant. La probabilité qu'il fasse un burn out ou une dépression longue est de près de 90 %.... Qui resterait avec son conjoint dans ces conditions ?? Sachant qu'un burn out de 40 ans sera statistiquement un suicidé de 55 …

Résultat les taux de suicides augmentent. Les 38 / 44 ans ont un taux de suicide en augmentation de 6 % par an. Eux aussi comprennent le message.

Cette réalité statistique est devenue le pilier central de la vie sociale. Les désaccords violents, les retards horaires, bref, tous les écarts statistiques sont des signes d'écart de tracé. Et les écarts de tracé, c'est dangereux.Il ne faut pas faire partie des 38/44. Ou pire. Des épipsys.
La matière n'est qu'une conséquence.

Steph

Re: Atelier d'écriture

Message par Steph »

Un "petit" morceau de ce que j'écris:
► Afficher le texte
" (...)
Un pas en arrière et il revient.
Trois nuits, deux journées, comme une année.
Des coups résonnent entre les montagnes. Le prétexte d'une chasse l'a conduit au creux de nos rendez-vous, son impatience m'en informe bruyamment.
Peut-être est-il venu les jours précédents. Peut-être n' a t-il pas relevé ma retenue. Si j'étais sortie, l'aurais-je trouvé au hasard attendu d'une flânerie ?
Peut-être que l'envie de me voir ne surgit que maintenant et qu'il exige. Peut-être ne devrais-je pas me précipiter. Lui ai-je manqué ?
Je me pose ces questions et bien d'autres, ramifie des scénarios à l'infini mais mes jambes sont décidées. J'avance vite et sans peine.
Je l’aperçois bientôt, trapu tapit à l'ombre des massifs. Il se retourne, me fixe, il est immense. A chaque retrouvailles notre simplicité se pare d'embarras et de défiance. Au fil des mots et des rires nous nous délesterons de ces ornements. Nous nous saluons en évaluant nos distances comme nous le faisons toujours. Une chorégraphie tourbillonnante décrivant un cercle au diamètre acceptable.
— Tu viens de ton refuge ? me demande Pál.
— Peux-être... 1025 pas ! Ma réponse lui décroche un grand sourire.
— Même pas un détour ? Tu étais donc si pressée de me voir ?
Je soupire, force une moue, il éclate de rire.
Pál peut-être si léger et profond à la fois. Il peut-être comme cela, lorsqu'il n'a pas décidé de figer soudainement tout signe de vie autour de lui. J'envie parfois sa souplesse d'esprit, son habileté relationnelle. Je me faufile mal parmi les autres. Même face à lui, je ressemble à un roc, une présence imposante. Les pieds ancrés au sol, arrachant des plaintes rauques et grinçantes à la neige écrasée sous le poids de ma gravité, je ne suis guère plus encourageante que la paroi d'un glacier. Pál n'a pas froid aux yeux, le récit des tempêtes qu'il a traversées ferait frissonner la plupart des gens. Je ne l'impressionne pas.
— Tu faisais la tête ?
Je m'agace :
— Non...
Je le fixe, le regard teinté de cette fierté que je place souvent mal.
— J'étais occupée.
— Ah ? Raconte !
Je sens qu'il me devine déjà et que je vais devoir être convaincante. Ne surtout pas aborder le tout et le rien, le sommeil qui s'enfuit de longues heures...
J'offre peu de moi et l'essentiel ne s'intègre pas dans une communication triviale. Pál semble plus ouvert, ce qui laisse entrevoir ses prisons.
Je m'entends lui répondre :
— J'ai écrit et beaucoup lu.
Je lui parle de ces mots que je considérais comme les geôliers de la pensée, ces mots depuis peu apprivoisés, de mes émotions délivrées. J'évoque la plume de ces poètes aériens, de leurs magnifiques envolées, comme les mots me font chanter. Lui aussi sait que les sentiments rythment des mélodies, qu'ils colorent des paysages. A son tour, il raconte ses journées qu'il détaille, des détails insignifiants ou si significatifs. De petites choses insinuant ce que nous sommes. Nous marchons, tournons, nos pieds frottent la neige tassée par nos cent pas et sûrement plus. Brusquement Pál s'assoie sur un rocher, il me fait signe, je le rejoins. Nos tissus se frôlent. La superposition de mes couches de vêtements me protège, pas seulement du froid, elle me permet de mesurer encore une distance, 3...5 centimètres, des chiffres rassurants, mais aussi ceux qui s'enlacent, 4 centimètres serait plus indiqué...
— Tu m'écoutes ?!
Je sursaute :
— Désolée, je rêvais.
(...) "

Invité

Re: Atelier d'écriture

Message par Invité »

Salut tout le monde, j'aimerais si possible un avis sur le début d'un de mes écrits, merci! :) (Une petite précision, si mon pseudo figure dans ce texte ce n'est absolument pas par mégalomanie, le texte ayant été écrit bien avant que je ne m'inscrive sur ce site, et ayant inventé ce nom encore avant d'avoir écrit ce texte)

Vous est-il déjà arrivé de vous ennuyer au quotidien et de ne plus savoir quoi faire pour briser cette routine? Très certainement, il n'est vraiment pas aisé de vivre sans tomber dans un rythme métro-boulot-dodo dont on reporte indéfiniment au lendemain le jour où l'on en sortira, il est difficile de se sortir d'un cycle qui peut se perpétuer sans fin.
Un jour, un individu pris au cœur d'une routine flagrante, voulu comme n'importe quelle autre personne qui aurait remarqué son quotidien trop quotidien, y mettre fin. Le nom de cette personne importe peu, de même que son apparence, mais afin d'avoir des repères donnons lui un pseudo quelconque, disons Nahkmal, et admettons que ce soit un homme.
Et donc, quand Nahkmal vit que ses « aujourd'hui » étaient en tout point pareils à ses « hier », il décida qu'ils ne seront plus égaux à ses « demains », c'est pourquoi il se prépara comme l'on peut se préparer lorsque l'on part en randonnée, puis il avança droit devant lui sans savoir ce qu'il cherchait ou ce qu'il allait devenir dans cette voie, étant un individu quelconque invisible dans la foule, peu lui importait, rien ne lui importait, il n'était personne...

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Aluan
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Re: Atelier d'écriture

Message par Aluan »

Tu en affiches trop peu, Nahkmal, j'aimerais lire la suite ;)

Un texte écrit il y a deux semaines:
Mascarade
Si ce sourire n'était qu'un masque, si ces souvenirs n'étaient que rêves? Qu'une illusion laissée intacte, pour laisser croire, et croire ensuite. Porter ce masque familier, est-ce le courage, ou l'abandon? Mais y renoncer, n'est-ce pas mourir, d'une certaine façon?

Sourire impuissant, ou colère illégitime. L'un ne suffit pas, l'autre est incongru. J'ai les mots qui pensent, mais pas le nez qu'il faut. Est-ce pourtant une raison de vivre par procuration? Certaines choses demeurent absolues. On meurt, ou on est plus. Jusqu'à rester emmurée le reste d'une vie, pour ne pas avoir cédé à la tyrannie. Aux dilemnes cornéliens, je réagis par la raison. "Mais elle n'est plus!" me crie le Cid, "Alors crée-là!" je lui répond. Mais ce serait la fin de sa chanson.

Qu'ils rient, qu'ils pleurent, ces masques de théâtre, ils sont laids au fond, isolés de leurs projections. Que ce sourire ne soit qu'un masque, que ces souvenirs ne soient qu'un rêve construit, au dernier jour d'un condamné je préfère l'homme qui rit.
"Yes, I'm alone, but I'm alone and free"

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Re: Atelier d'écriture

Message par Xav' »

Une chanson?

Seul sur le sable, les yeux dans l'eau
Des rêves sans doute trop gros, courir après le point d'origine
Celui où s'épanouirait les racines, toujours plus loin
En avant vers les pressentiments, s'impatienter de ne pas se sentir bien
Les mêmes attentes qui reviennent sans fin, toujours incandescent

Partir, sans regarder derrière, pourquoi ne pas poursuivre des chimères
Plutôt que d'attendre plus que tu ne dois, en attente d'hôtes plus que d'un endroit
Se couper le souffle à ne pas sortir de l'ornière, exister malgré les autres plutôt qu'à travers
Un peu comme un gant retourné d'eux à l'envers, se couper le souffle pour ne pas regarder derrière

Seul sur le sable, les yeux dans l'eau
Mais vouloir Troie plutôt qu'Hélène, plutôt voir trop que rester figé
Aller entendre les sirènes chanter, toujours plus loin qu'un triste résigné
Mais même à l'endroit tellement désiré, toujours plus trouble que l'image pressentie
Quand tes envies te doublent, toujours plus vite vers la panacée

Rejoindre Ithaque par tous les temps, bander la vie comme son arc
Plutôt affronter Charybde que le renoncement
Courir après le point où l'on se sentirait digne, vers quel où diriger ses racines?
Le semblant d'être heureux ou le feu dans les yeux

Partir, sans regarder derrière, pourquoi pas poursuivre des chimères
Plutôt que d'attendre ce que tu n'auras pas, en attente d'hôtes plus que d'un endroit

A couper le souffle, à suivre le soleil jusqu'à sa course
Hay que bailar, hay que ser, con cada amanecer
He entendido eso, es el sol que me lo dijo

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Re: Atelier d'écriture

Message par alicesmartise »

(un vieux vieux texte, 'ai juste corrigé les fautes d'ortho)

Assise dans un lit au fond de la salle, elle semble se détacher ce qui l’entoure.
Son visage rond. Sa peau de porcelaine. Ses cheveux noir de jais.

Elle pose son regard inexpressif sur les blessés. Les infirmières qui tentent désespérément d’arrêter les hémorragies, d’amputer ce qui doit l’être. Mais des dizaines de victimes agonisent encore, et elles ne sont que trois.

Des pleurs d’enfants. Des hurlements de douleur. L’odeur du sang dans l’air.

Et elle, dans son coin, regarde. De loin, on lui donne facilement une bonne vingtaine d’années. En se rapprochant un peu, elle n’a que seize ans. Ses deux jambes sont paralysées.

— J’en ai marre !

Le cri retentit dans tout le bâtiment, une usine désaffectée. C’est l’une des infirmières. Les yeux en larmes, les mains et le visage couvert de sang et de sueur, elle se lève, pointant une arme sur sa tempe.

— Lisa !
— Je n’en peux plus ! Il n’y pas d’espoir pour tous ces gens, il n’y en a jamais eu !
— Mais…
— Il y en a des centaines chaque jour, le massacre continue ! Regarde, ils souffrent tous ! A quoi bon les maintenir en vie si elle n’est que douleur ?

Son amie s’approche pour la réconforter. Mais avant qu’elle n’ait fait trois pas, Lisa détourne son arme vers elle.

— Que…

Coup de feu.
Soudain silence.
Elle tombe
Tombe
Tombe
Chaque seconde s’étire à l’infini
Dans la joue, un trou
Elle tombe
Tombe
Bruit sourd

La troisième infirmière accourt.
Secoue le corps inerte
Se tourne vers la tueuse
Qui rigole
Le regard fou

Elle pointe la mort sur d’autres personnes
Recharge son arme
Tire
Tue
Recharge
Tire
Tue
Recharge
Tire
Tue

Ça va
S’arrêter
Ça va
S’arrêter
Bientôt

bientôt

— Lisa !!

Les yeux
Déments
Elle se retourne
Vers celle qui était son amie
Elle presse sur la détente
Sans hésiter
La folie n’a aucun doute

L’odeur du sang dans l’air.
Et cette jeune fille de seize ans qui vieillit de seconde en seconde.

La folie s’explose finalement la tête
C’est ironique, non ?
Un vieillard rigole
Un rire noir

Il y a cette fille qui regarde. De loin, on lui donnerait quarante ans. En se rapprochant un peu, elle n’a que seize années et des larmes dans les yeux.

Zeus
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Re: Atelier d'écriture

Message par Zeus »

Je ne sais pas plus que vous s'il faut en rire ou quoi en dire. Car ce n'est point un solennel roman que je concocte en alignant des mots mais bel et bien ce qu'il advint quelquepart jadis, à quelques personnes, récits de nos destins si minuscules et qui nous semblaient pourtant si précieux.

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Fitzwilliam
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Petites Pensées

Message par Fitzwilliam »

Hello,

Je suis nouvelle sur ce forum, & me lance dans mon premier topic.
Je suis quelqu'un qui réfléchis beaucoup et j'aime utiliser des comparaisons et métaphores pour m'exprimer.
Voici un petit texte que j'ai écris il y a peu...
& à votre tour, vous pouvez partager des textes, des pensées, etc. :amour1:

Les blessures se referment. Elles guérissent avec le temps. Parfois, certaines blessures sont plus importantes que d'autres, alors on recoud. Les premières fois ça n'est jamais très propre, on veut aller vite, trop vite. C'est informe. Les points sautent et on recommence.
Les autres fois, on prend son temps. A son rythme. Sereinement, on avance le fil à travers la plaie. La main fatigue alors on fait une pause.

Plus la plaie est grande plus cela demande du temps. Alors par moment la main tremble et ça fait mal. Et puis, plus rarement, ceux qui nous ont causé ces plaies reviennent. Sourient. Et puis se retirent, en tirant légèrement sur le fil, arrachant quelques larmes... Et on recommence.

Fitzwilliam

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Zéro Janvier
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Re: Atelier d'écriture

Message par Zéro Janvier »

Je tente une résurrection de ce sujet, on verra si cela fonctionne :)

Je vous propose aujourd’hui un texte court que j’ai écrit il y a une grosse dizaine d’années. Je ne suis pas particulièrement fier de ce texte, loin de là, mais bizarrement j’y tiens tout de même, moins pour sa qualité que pour le plaisir que j’avais pris à l’écrire à l’époque. C'est donc celui-ci qui s'est imposé à moi quand il m'a fallu choisir quel texte publier le premier sur ce forum.

Dans le train

Hier, j’ai pris le train.

Pour passer le temps, je me suis amusé à observer les passagers qui voyageaient dans la même voiture que moi, pour essayer de deviner – ou d’imaginer – leur vie.

Sur les deux sièges situés juste devant le mien, un couple de retraités. Ils se plaignent, l’un comme l’autre, du confort insatisfaisant du train et critiquent le contrôleur dès qu’il a le dos tourné, comme si le pauvre homme avait commis un crime en osant leur demander leur titre de transport. Aigris, sans doute malheureux de devoir se supporter l’un l’autre après quarante ans d’un mariage forcé par leurs familles respectives. Madame aurait préféré partir en Amérique avec cet acteur qui lui faisait la cour quand les rides n’avaient pas encore déformé son visage alors joli. Monsieur, lui, fréquentait en secret la charmante Madeleine, la servante récemment engagée par sa mère pour l’assister dans ses tâches de maîtresse de maison. Quarante ans après, Monsieur et Madame sont mariés, dans ce train qui les mène dans la maison de campagne qu’ils ont achetée il y a quinze ans, dans l’espoir d’y accueillir pour les vacances leurs futurs petits enfants. Des petits enfants qui ne viennent que rarement, à contre-cœur, préférant aller en colonie de vacances avec des copains de leur âge, plutôt que de venir passer quelques jours à la campagne auprès de leurs grands-parents, qui auraient pourtant bien besoin de leur compagnie pour briser la monotonie de leur vie.

Un peu plus loin, un jeune garçon de onze ou douze ans, accompagné d’une femme, sa mère. Il se prénomme Maxime, du moins c’est ainsi que sa mère l’appelle. Il est bien élevé, calme. Il lit un livre. J’en suis presque étonné, c’est si rare de voir un gamin de son âge lire de nos jours. Sa mère regarde le paysage défiler, le regard vide. Divorcée, sans doute. Depuis plusieurs années. Peu d‘hommes dans sa vie depuis. Quelques aventures, rien de plus. Sa carrière et son fils passent avant tout. Elle est peut-être médecin, ses journées sont longues, son fils ne la voit pas tous les soirs. Parfois quand elle rentre de l’hôpital, elle le retrouve endormi sur le canapé. Elle le porte dans son lit, l’embrasse sur le front, et le borde comme elle le faisait chaque soir quand il était plus jeune encore.

Au milieu de la voiture, un jeune homme écoute de la musique, une paire d’écouteurs dans les oreilles. Dix-huit ans, dix-neuf peut-être. Cheveux bruns, courts. Mignon. Je l’observe de loin, il me remarque, sourit, et détourne le regard. Amusé, flatté de plaire. Une petite amie l’attend à Paris. Il me regardera passer à côté de lui quand il la prendra dans ses bras, et me sourira une dernière fois.

De l’autre côté du couloir, une dame d’un certain âge. Dès le départ du train, semblant ignorer le pictogramme représentant un téléphone éteint au-dessus de son siège, elle sort son portable et commence à hurler, avec un fort accent américain. Téléphoner est sa façon de passer le temps pendant le voyage. Car il s’agit bien de passer le temps, vu la banalité de sa conversation. « J’ai pris mon sac orange, assorti à ma veste », dit-elle en anglais à son interlocuteur. Quand le train arrive dans une zone où le portable ne capte plus le réseau, elle s’étonne, presque offusquée. « Quel pays de sauvages », semble-t-elle penser.

Et puis il y a cette fille. Elle doit avoir quelques années de plus que moi. Étudiante, elle relit des cours, parcourt un livre, prend quelques notes. Parfois elle s’arrête quelques secondes pour regarder par la fenêtre. Elle pense alors à son petit ami, qui n’a pas voulu l’accompagner. Il a préféré rester avec ses copains pour ce tournoi de football. Ce n’est pas cette fois qu’elle le présentera à ses parents. Elle se demande parfois à quoi cette relation la mène. Pour lui, ce n’est pas sérieux. Pourquoi rester alors ? Nos regards se croisent. Il y a comme un éclair de compréhension, comme si j’avais visé juste, comme si j’avais vraiment lu dans ses pensées.

Vous allez me dire que c’est une drôle d’idée que d’essayer d’imaginer la vie de parfaits inconnus, simplement en les observant. Je me suis certainement trompé en essayant de deviner leur vie et leurs pensées. Peut-être ai-je simplement transposé dans ce jeu de devinettes mes propres pensées, mes propres angoisses. Je ne le saurai jamais, je ne les reverrai jamais. Ils ont fait partie de ma vie, le temps d’un voyage en train, et ils sont repartis, avec leurs vies et leurs pensées.

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