Introduction
Poser un diagnostic sur des comportements qui sont normaux chez des personnes surdouées ou talentueuses constitue un problème significatif et courant. Ces erreurs de diagnostics tiennent principalement au fait que les professionnels de santé ignorent le plus souvent les caractéristiques et besoins émotionnels et sociaux des enfants et adultes surdoués.
Les diagnostics liés à la santé mentale sont le plus souvent établis sur la seule présence de caractéristiques comportementales, sans guère s'occuper de l'origine de ces comportements, comportements pouvant être considérés comme normaux au regard du vécu de la personne et de son environnement. Cette dépréciation résulte d'une dissonance entre le comportement de l'individu et les attentes de l'environnement.
Au cours de 10 dernières années, voire plus, les auteurs ont été confrontés à de nombreux patients qui leur avaient été envoyés avec des diagnostics tels que TDA(H), trouble obsessionnel-compulsif, trouble d’Asperger, trouble oppositionnel avec provocation, ou encore trouble bipolaire. Après examen, il est ressorti que nombre de ces patients avaient sérieusement été mal diagnostiqués. Il s'agissait de personnes surdouées qui évoluaient dans un environnement non propice à l'expression de comportements inhérents à la douance.
Ces erreurs de diagnostic sont le fait de professionnels bien intentionnés et bien formés à leur profession. Cela s'explique en grande partie par l'absence ou l'insignifiance de formation en matière de douance dans les cursus initiaux des professionnels de la santé aussi bien que dans ceux des éducateurs.
Les surdoués constituent ils une catégorie à risques?
Il existe aujourd'hui deux écoles de pensée sur le sujet. L'un des groupes d'auteurs pensent que les surdoués sont sujets à problèmes et nécessitent une prise en charge spécifique afin de prévenir et de surmonter leurs difficultés. L'autre groupe estime que les enfants surdoués sont capables de bien s'en sortir seuls, et que les enfants surdoués ayant des problèmes nécessitant une intervention sont une minorité. En fait, une récente publication de la National Association for Gifted Children (2002) conclut, qu'en tant que groupe, les enfants précoces n'ont ni plus ni moins de risques que les autres enfants de souffrir de difficultés sociales ou émotionnelles. Cependant, les auteurs du rapport du NAGC ont noté quelques facteurs de risque tels que le perfectionnisme ou le développement asynchrone, et ils mentionnent qu'il faudrait développer les études sur le sujet.
Il existe encore moins de données concernant les adultes surdoués, et ce que l'on connaît provient principalement des observations cliniques.
Ces deux écoles de pensée ne sont pas si divergentes qu'elles semblent l'être au premier abord. Les auteurs qui pensent que les enfants surdoués s'en sortent relativement bien ont basé leurs recherches sur des élèves faisant partie de programmes académiques spécifiquement conçus pour des enfants précoces. Les élèves retenus pour de tels programmes ne présentent pas de problèmes sociaux ou émotionnels.
A l'opposé, les auteurs qui observent des problèmes sociaux et émotionnels chez les enfants surdoués utilisent des données issues des environnements cliniques, ce qui induit une surestimation des incidences liées aux difficultés sociales et émotionnelles.
Les deux points de vue sont valables: les enfants reconnus évoluent dans un environnement adapté, tandis que les surdoués non identifiés, ou dont la douance n'est pas prise en compte, développent des difficultés du fait d'une inadaptation scolaire et sociale à leurs besoins.
Selon les auteurs, certains enfants surdoués sont plus enclins à recevoir certains diagnostics. En effet, certains aspects de la douance peuvent être associés à des éléments clés de certains diagnostics, comme les troubles Asperger et les dépressions existentielles. Il existe encore trop d'erreurs de diagnostic, et il est important de rappeler à quel point de nombreux problèmes de comportement pourraient être anticipés ou résolus en reconnaissant l'enfant surdoué pour ce qu'il est et en lui fournissant un environnement adapté.
Pourquoi tant d'enfants précoces reçoivent ils autant de diagnostics erronés?
Il y a à cela deux raisons. La première tient au manque de formation initiale des professionnels qui induit que certaines caractéristiques de la douance sont perçues comme troubles.
La deuxième raison est qu'il existe des troubles, comme la dépression existentielle ou l'anorexie mentale, qui ont plus de probabilités de se produire dans certains groupes d'enfants et d'adultes surdoués, et les diagnostics de ces troubles sont précis. Toutefois, beaucoup de ces troubles sont liés à l'environnement et en modifiant ce dernier, on peut agir sur dessus.
[tabs: Caractéristiques de la douance]
CHAP 1 - Caractéristiques de la douance.
Le terme "douance" est utilisé pour décrire un large éventail de personnes qui, selon la National Association for Gifted Children, présentent un haut potentiel dans l'une des catégories suivantes:
- Une efficience intellectuelle
- Des capacités académiques spécifiques
- Une pensée créative
- Des aptitudes à diriger
- Un don pour les arts visuels ou du spectacle.
Une personne pourra être précoce dans une ou plusieurs de ces caractéristiques. Bien que l'on puisse retrouver ces notions chez les adultes, elles sont le plus souvent appliquées aux enfants et à leur éducation. Reste à déterminer à partir de quel stade on peut définir les habiletés comme étant liées à un haut potentiel. La plupart des spécialistes estiment que les enfants présentant des habilités les situant dans les 3 à 5% de la population peuvent être considérés comme précoces, pourcentage équivalent à celui que l'on retrouve pour les personnes présentant une déficience mentale.
Concernant les THQI, la douance ne constitue pas une simple entité mais plutôt un spectre à multiples dimensions. Les caractéristiques spécifiques listées précédemment sont présentes à un degré plus élevé. La stimulation intellectuelle et/ou la créativité chez les THQI sont liées à un besoin émotionnel que l'on peut considérer aussi intense que des besoins physiologiques tels que la faim ou la soif.
Les raisons pour lesquelles on retrouve autant de personnes dépassant les tables normatives n'est pas clair. Certains parlent d'appariements spécifiques, d'inadaptation des échelles de mesure à ce qui n'est pas normatif, voire de l'hypothèse suivant laquelle l'intelligence ne suivrait plus, à partir d'un certain seuil, l'extrême douceur de la courbe de Gauss.
Du fait que la plupart des psychologues et des spécialistes de la santé se focalisent sur les tests de mesure de l'intelligence, comme les tests de Weschler ou de Stanford-Binet, il semble plus simple de parler en terme de QI lorsque l'on aborde le sujet des enfants surdoués.
Toutefois, de même que les scores de QI ne peuvent être à eux seuls synonymes d'un retard mental, il en va de même pour la douance. Par exemple, les mesures de la créativité démontrent une très basse corrélation avec les mesures de l'intelligence au-delà d'un QI de 120. De même, les mesures d'intelligences peinent à mettre en exergue des talents particuliers tels que la musique, l'activité physique ou la capacité à diriger. Un score global de QI, en tant que composite, pondère entre elles les habilités et peut masquer, artificiellement, les monts et vallées de ces performances.
Par le passé on séparait sémantiquement les personnes surdouées des personnes talentueuses. Aujourd'hui les deux tendent à devenir synonymes.
Caractéristiques comportementales.
Les caractéristiques comportementales sont considérées comme liées à la douance quand elles apparaissent assez souvent chez les enfants surdoués pour que l'on puisse dire que la plupart des enfants précoces présentent ces caractéristiques dans la majorité des cas.
- Richesse du vocabulaire et de la syntaxe en regard de la tranche d'âge
- Grande compréhension des subtilités du langage
- Capacité d'attention importante, persévérance
- Intensité et susceptibilité
- Centres d'intérêts variés
- Grande curiosité et questionnement ininterrompu
- Besoin d'expérimenter et de faire les choses différemment
- Tendance à manipuler les idées et les objets de manière inhabituelle, non prévue, et de manière créative (pensée divergente)
- Apprentissage rapide des bases, avec peu de pratique
- Apprentissage personnel de la lecture et de l'écriture fréquent dès la maternelle
- Capacité à retenir de nombreuses informations, mémoire inhabituelle
- Compagnons de jeu imaginaires
- Sens de l'humour inhabituel
- Volonté d'organiser les personnes et les choses, tout d'abord à travers l'invention de jeux complexes.
Nombre de ces caractéristiques peuvent amener à consulter un professionnel de la santé en pensant qu'elles sont une manifestation d'un trouble. Le manque d'attention, du à l'ennui ou à la surstimulation sensorielle, conduit à un potentiel TDA(H), les questionnements incessants sur la vie/la mort à la possibilité d'une dépression, l'inadaptation aux enfants de son âge et le refuge dans les livres à évoquer des troubles autistiques, etc.
Ces caractéristiques peuvent induire de réels problèmes, mais la manière de l'appréhender, de le traiter diffèrera complètement dans le cadre de la douance. Malheureusement de nombreux professionnels se contentent de poser un diagnostic sur un ensemble de traits, en méconnaissant leur lien avec le surdon.
Bien entendu, les enfants précoces ne sont pas à l'abri de troubles émotionnels ou du comportement. Mais il faut rappeler que souvent les caractéristiques de la douance amènent à parler de pathologie là où il n'y en a pas. Nous souhaitons que les parents, les professionnels de santé, les éducateurs et autres intervenants, quand ils sont face à des comportements jugés normaux dans le cadre de la douance, reformulent les problèmes comportementaux afin de permettre à la personne surdouée de s'approprier ses caractéristiques et d'influer sur ses comportements, plutôt que de l'étiqueter avec un diagnostic dont le résultat impliquera de traiter ces fameuses caractéristiques jusqu'à leur extinction.
Intensité / susceptibilité / hyperexcitabilité
L'une des caractéristiques les plus universelles de la douance est celle de l'intensité.
Au cours des années 90, l'intensité et la susceptibilité des enfants et adultes surdoués ont été mieux comprises grâce à Kasimierz Dabrowski, un psychiatre polonais. Une partie de sa théorie et de ses recherches se réfère aux "hyperexcitabilités", un concept qui a permis de mettre en lumière l'intensité et la susceptibilité si souvent affichées par les personnes ayant des capacités mentales hors normes.
Dabrowski se base sur la manière dont les enfants appréhendent le monde à travers leurs sens depuis leur venue au monde. Ils sont excités par la stimulation de leur environnement. Plus récemment, les chercheurs les plus à la pointe au niveau de l'éducation des surdoués ont observé que les enfants et adultes HQI présentaient une plus grande susceptibilité dès leur naissance, générant une réponse élevée aux stimuli, ce qu'on nomme "hyperexcitabilité".
Dabrowski et les chercheurs qui ont travaillé sur sa théorie ont mis en lumière 5 types d'hyperexcitabilités:
- l'hyperexcitabilité intellectuelle
- l'hyperexcitabilité imaginative
- l'hyperexcitabilité émotionnelle
- l'hyperexcitabilité psychomotrice
- l'hyperexcitabilité sensorielle
Les susceptibilités accrues et les erreurs de diagnostics
Les hyperexcitabilités sont particulièrement marquées chez les individus surdoués. Il est compréhensible que certaines susceptibilités puissent être interprétées comme faisant partie d’un syndrome. Un enfant présentant une hyperexcitabilité intellectuelle et psychomotrice recevra facilement un diagnostic de TDA(H): bien que son comportement ne l’empêche aucunement d’apprendre, il peut perturber les autres ce qui oriente vers une prise en charge. Si en plus, il s’ennuie, il tiendra encore moins en place, ce qui renforcera les éléments en faveur du diagnostic.
Certains adultes présentent des caractéristiques similaires et ont trouvé comme solution de s’occuper la bouche ou les mains afin de rester plus attentifs. Etre attentif ne signifie pas être immobile; l’immobilité forcée peut interférer dans les processus d’attention, notamment chez les enfants hyperexcitables.
Modes de pensée et d’apprentissage:
Pendant des années, éducateurs et autres professionnels ont pensé en terme de « cerveau droit », « cerveau gauche », non pas du fait de leurs connaissances en neurobiologie mais du fait de la forte portée métaphorique permettant de mieux comprendre les différences individuelles au niveau des processus de pensée et d’apprentissage (Ornstein, 1997). Plus récemment, ces styles ont été reconceptualisés en apprentissage « auditif-analytique » et « visuo-spatial » (Lovecky, 2004; Silverman, 2002).
Aussi simplistes que soient ces conceptualisations, la plupart des personnes ont un style de fonctionnement de prédilection bien qu’il soit rarement exclusif. Certains individus vont jusqu’à pousser à l’extrême cette manière de fonctionner, et c’est cet extrême, propre aux personnes surdouées, qui peut conduire à l’attribution incorrecte d’une psychopathologie.
Les personnes fonctionnant selon le modèle auditif-analytique poussé à l’extrême ont tendance à être orientée vers un possible trouble d’Asperger.
Problèmes associés aux styles de pensée et d’apprentissage visuo-spatial / non-linéaire :
La société actuelle, de plus en plus centrée sur la technologie, les systèmes et institutions et sur l’interdépendance, favorise principalement les personnes fonctionnant sur le mode auditif-analytique. Le modèle visuo-spatial, combiné à certaines caractéristiques de la douance, peut entrainer des problèmes de schémas comportementaux. Ainsi l’enfant ou l’adulte qui ne s’intéressera pas aux détails ou à l’exécution de certaines tâches sera qualifié de fainéant ou de non investi, et son fonctionnement de pensée conduira à des diagnostics tel que celui de « trouble oppositionnel avec provocation ». Les enfants fonctionnant sur un tel modèle auront tendance à tester les limites et à vouloir identifier les paramètres exacts d’un fait social, incluant ses limites, permutations et exceptions, avec peu de considération pour des structures consacrées comme l’école ou le monde du travail.
L’adulte éprouvera souvent le manque de cohérence de sa structure de travail, sera celui qui questionne les règles, qui se moque des traditions de l’entreprise, et qui sera souvent mécompris et ostracisé par ses collègues. Sa tendance à laisser les tâches non achevées ne sera guère considérée comme acceptable, d’autant moins par des supérieurs méticuleux.
Problèmes associés au style de pensée et d’apprentissage audio-analytique / linéaire :
Les enfants et adultes surdoués ayant un mode de fonctionnement audio-analytique poussé à l’extrême ont tendance à avoir des schémas comportementaux qui pourront être mal interprétés et considérés comme des troubles. Le sérieux qu’ils mettent à faire les choses, le manque de spontanéité et de joie dans leur vie, font qu’ils sont considérés comme rigides, inquiétants ou déprimés, même si eux se sentent à l’aise avec cela.
Certains sont perfectionnistes, et environ 20% d’entre eux y sont à un point considéré comme handicapant, que l’on nomme « perfectionnisme dysfonctionnel » et qui peut conduire les professionnels de la santé à y voir un symptôme d’un trouble obsessionnel-compulsif.
Certains adultes ont tendance à être considérés comme sérieux et intolérants aux autres. Il est souvent difficile, pour ces personnes surdouées de concevoir le point de vue des autres et d’être patients avec eux. Ils sont exigeants envers eux-mêmes et appliquent ces mêmes critères aux autres. Ils n’ont pas développé de notion de « normalité » et pensent que les autres fonctionnent de la même façon qu’eux: ce qui est facile à faire pour eux doit l’être également pour les autres. Et si les autres ne le font pas, c’est donc que c’est délibéré.
Idéalisme :
L’idéalisme tend à apparaître précocement chez les enfants surdoués, ce qui est une bonne chose, mais qui peut être source de peine dans certains cas, quand la distance séparant ce qui est de ce qui devrait être ne semble pas résorbable.
Cynisme, colère, dépression peuvent en résulter et se traduire par de l’autosabotage et être perçu comme un trouble de la conduite sociale.
Relations aux pairs :
Il s’agit du problème rencontré le plus fréquemment par les familles et éducateurs opérant avec les enfants surdoués. Des mauvaises relations avec les pairs sont fortement corrélées à l’échec scolaire et à l’instabilité émotionnelle pendant l’adolescence. Il est difficile pour les enfants précoces de se faire des amis de leur âge du fait de leur décalage. Frustration et intolérance devant la lenteur des autres ou leur difficulté à assimiler les règles de jeux complexes sont fréquentes, et le refuge dans les livres est monnaie courante chez ces enfants.
L’enfant précoce peut trouver, chez des plus âgés, des individus du même niveau que lui ou partageant les mêmes centres d’intérêt. Toutefois, les adultes ont tendance à décourager de telles relations, préférant que l’enfant reste avec des camarades de son âge plutôt qu’avec des personnes qu’il trouve intéressantes.
Sauf qu’il est nécessaire de considérer ce que l’enfant considère lui comme étant un pair.
Le fait que l’enfant passe, en classe, une bonne partie de son temps à attendre que les autres comprennent ce qu’il a compris rapidement génère un sentiment d’aliénation et de rejet qui conduit à des problèmes sociaux et émotionnels qui peuvent être qualifiés de troubles mentaux. Et quand l’enfant tente à tout pris de se fondre dans le moule, c’est au détriment de son développement intellectuel, créatif ou artistique.
Et ce sentiment d’aliénation, de mise à distance des pairs, est aussi valable pour les adultes.
Développement asynchrone :
Le développement asynchrone est considéré comme caractéristique de la douance (Silverman, 1997). Si le développement intellectuel est précoce, il n’en va pas forcément de même pour le développement d’autres habiletés telles que la motricité ou les acquis sociaux. On peut également trouver une asynchronie au sein des compétences intellectuelles. Et il en va de même pour les adultes.
Les enfants sont souvent frustrés par ces décalages.
Décalage entre le développement du jugement et celui de l’intellect :
Cette asynchronie se manifeste notamment lorsque les enfants (ou adultes) ont des questions, commentaires ou actes jugés déplacés par rapport à ce qui se fait ou dit en société (par exemple, l’enfant qui est dans un ascenseur et qui demande aux adultes quel est leur poids - afin de calculer une éventuelle surcharge). En effet, le jugement ne se construit pas sur la logique et la raison, mais davantage sur l’observation des pratiques sociales.
A partir de 25 ans, chez les personnes surdouées, le jugement a tendance à rattraper l’intellect, mais ce n’est nullement systématique et encore moins corrélé au degré d’intelligence.
Le jugement est lié au développement biologique et ce n’est qu’entre 16 et 20 ans que les aires liées à la projection, au jugement, à l’inhibition des impulsions et à l’attention deviennent matures.
L’intelligence précoce et la maturité ne sont pas synonymes, que ce soit sur le plan des comportements ou sur le plan neurologique.
Enfin on notera également de nombreux cas dans lesquels la curiosité intellectuelle prend le pas sur le jugement (ce qui pose particulièrement problème dans le monde du travail).
Les champs d’intérêts :
La plupart des enfants et adultes surdoués ont une large palette de champs d’intérêts, sans qu’il paraisse forcément y avoir cohérence, surtout dans le cas des individus fonctionnant sur le mode visuo-spatial. Ils passent d’une passion à une autre, sans jamais pousser leur étude ou pratique jusqu’au bout, ce qui peut être difficile à comprendre pour les autres. Ce potentiel multiple conduit l’enfant comme l’adulte à vouloir explorer de nombreux domaines, exercer de nombreux métiers, et changer d’orientation et de métier plus souvent que les autres.
A contrario, certains se focalisent à tel point sur un sujet donné qu’il est très difficile de les faire s’intéresser à autre chose, encore plus si ce sont des enfants.
Les filles et garçons surdoués sont généralement plus androgynes que les autres enfants (Kerr, 1997; Kerr & Cohn, 2001), ce qui créé des avantages et inconvénients. Les champs d’intérêts ne sont pas socialement sexués, et leur androgynie peuvent provoquer des inquiétudes concernant leur identité sexuelle.
Chez les adultes, ces changements de centre d’intérêt entrainent une difficulté à programmer une carrière stable. Les autres les jugent superficiels et instables.
Créativité:
La créativité des enfants précoces, du fait de leur particularité, leur permet d’appréhender le monde différemment. Ils imaginent ainsi des manière différentes de faire ou penser les choses. Leur façon de faire, pas comme les autres, peut quelques fois être considéré comme de la rébellion.
Lorsque les personnes n’agissent pas de manière traditionnelle, elles en paient souvent le prix dans la mesure où leurs comportements créatifs mettent les autres dans une position inconfortable.
Problèmes liés aux erreurs éducatives ou au manque de compréhension de la famille:
Il y a peu d’éléments, dans les caractéristiques qui viennent d’être décrites, pouvant signifier que les personnes surdouées ont plus de risques de développer des troubles que la moyenne. En tant que groupe, les surdoués sont d’ailleurs considérés comme présentant un risque moindre si leurs besoins intellectuels, émotionnels et sociaux sont respectés.
Les adultes sont également concernés, mais dans la mesure où ils peuvent plus facilement quitter un environnement inconfortable, il est plus aisé de réduire leur stress.
Diagnostics et douance:
Comme nous l’avons vu, les schémas de comportement abordés précédemment ressemblent aux configurations sociales et émotionnelles typiques de plusieurs sortes de diagnostics. Le chapitre suivant comparera les comportements affichés par les personnes surdouées à ceux de personnes souffrant de troubles diagnostiqués et permettra de mettre en lumière les conditions dans lesquelles un chevauchement peut exister entre douance et troubles spécifiques.
Ce double diagnostic doit être pris en compte tant au niveau de l’éducation que des traitements à adapter à ces personnes doublement exceptionnelles.
Il est également nécessaire de rappeler qu’un décalage prononcé entre un individu et son environnement peut conduire à certains troubles plus ou moins graves et que dans la plupart des cas les diagnostics sont posés sur des symptômes qui dérangent les parents ou les professeurs mais pas les enfants. Les professionnels qui ne sont pas suffisamment informés auront tendance à tenter de changer la personne plutôt que d’agir sur la situation ou l’environnement.
Les diagnostics sont davantage des feuilles de routes que des fins en soi. Les catégories (DSM IV-TR), ainsi que les critères permettant de poser un diagnostic sont imprécises. Une grande latitude est laissée aux professionnels pour qu’ils usent de leur jugement clinique, le DSM étant par nature très descriptif. C’est leur travail d’analyser les origines des comportements et les facteurs environnementaux impliqués. Malheureusement quand un ensemble de comportements est identifié, un diagnostic est posé. Et trop souvent, les comportements qui sont normaux pour des surdoués sont jugés comme si c’était des affections et des tentatives sont prises pour les réduire par la médication. Cette dernière peut influencer positivement les comportements ou sentiments, mais peut amener à la conclusion erronée que le diagnostic posé est le bon.
Il est bon de rappeler que dans le DSM IV-TR aucune catégorie de diagnostic ne prend en considération les caractéristiques de la douance. Par contraste, certains critères de diagnostic considèrent l’impact du fonctionnement intellectuel comme critère d’exclusion, et seulement s’il n’y a pas d’asynchronie.
[tabs: Le TDA(H)]
CHAP 2 - Le trouble du déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité.
Le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, ou TDA(H) est bien connu du grand public et constitue l’un des principaux motifs de consultation des professionnels de la santé. Le nombre d’enfants concernés, selon les médias, ne cesse d’augmenter.
Bien que les études démontrent une occurence relativement faible du TDA(H), ce trouble, devenu le trouble de la dernière décade, doit sa très grande popularité aux enfants surdoués. En parallèle, la médication utilisée pour soigner ce trouble a significativement augmenté pendant les 20 dernières années.
Par nature, les enfants surdoués présentent des caractéristiques très proches de celles d’enfants souffrant d’un TDA(H). Le DSM IV-TR reconnait que l’inattention en classe peut aussi surgir quand des enfants d’intelligence supérieure sont placés dans un environnement scolaire non stimulant.
Toutefois, le diagnostic de TDA(H) est encore posé trop souvent, et à tort, pour les enfants précoces. Les critères-types de ce trouble sont l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Il concerne 3 à 7% d’une classe d’âge, et touche principalement les garçons.
TDA(H), douance, ou les deux?
Les enfants qui souffrent réellement d’un TDA(H) présentent un déficit de l’attention associé à des anomalies neurologiques spécifiques ainsi qu’un léger retard de développement. Le diagnostic n’est censé être posé qu’en dernier recourt, après avoir éliminé les autres possibilités de troubles ou de problèmes: dépression, anxiété, problèmes d’apprentissage, problèmes personnels, attentes irréalistes, situations difficiles, ennui généré par un décalage entre les habiletés et les attentes, déficit des processus auditifs, commotion ou léger traumatisme cérébral, problèmes de santé, toxicomanie, fatigue liée à des problèmes de sommeil, manque d’énergie lié à une mauvaise alimentation ou à des troubles alimentaires, problèmes liés à la prise de médicaments.
Ces nombreux facteurs à prendre en compte font qu’il est difficile de poser un diagnostic de TDA(H). Dans la réalité, le diagnostic est souvent posé en 10 minutes par le médecin de famille ou les enseignants.
Bien sur, un enfant précoce peut également souffrir d’un TDA(H), même si certains professionnels pensent que le cumul n’est pas possible. La douance peut même masquer un déficit de l’attention et retarder la pose du diagnostic et sa prise en charge.
On estime qu’environ la moitié des enfants surdoués à qui l’on diagnostique un TDA(H) ne sont pas concernés par ce trouble.
Souvent, le diagnostic est posé rapidement, et si le traitement médicamenteux ne fonctionne pas, on en essaie un autre ou on augmente les doses, sans remettre en cause le postulat initial. Certaines fois, la médication semble corriger les problèmes comportementaux, mais c’est oublier que le médicament fonctionne sur l’attention que les personnes souffrent ou non d’un TDA(H).
Bien que la précocité de l’enfant soit souvent reconnue, son fonctionnement spécifique est rarement pris en compte dans l’équation alors qu’il s’agit là d’un élément-clé.
De plus, la prise de médicament est loin d’être triviale, et ils ne doivent pas être prescrits et administrés à la légère. Il reste clair que si les comportements de l’enfant posent soucis, il est nécessaire de consulter un spécialiste; si l’enfant est précoce, il faut se tourner vers une personne qui connaisse bien cette spécificité.
Difficultés:
Le niveau de handicap rencontré par l’enfant constitue un critère important à prendre en compte pour poser le diagnostic et établir un possible traitement. Il s’agit cependant d’un critère subjectif qui dépend énormément de l’environnement de l’enfant: des problèmes d’inattention attribuables à l’ennui scolaire ne pourront pas être abordés de la même manière.
Niveau d’activité:
« Hyperactif » est un terme qui est couramment employé autant par les parents d’enfants précoces que par les parents d’enfants souffrant d’un TDA(H). Les parents d’enfants surdoués utilise le terme pour décrire une énergie considérable mise en branle par l’enfant pour atteindre ses objectifs, et non de manière désorganisée.
Les enfants surdoués sont souvent très actifs, et au moins 25% d’entre eux ont besoin de peu de sommeil. A la différence d’enfants souffrant d’un TDA(H), ils peuvent soutenir leur attention de longues périodes sur un sujet qui les intéresse.
Les critères de diagnostic:
Sur les 18 critères de diagnostic mentionnés par le DSM IV-TR, 9 sont relatifs aux problèmes d’inattention et 9 aux problèmes d’hyperactivité et d’impulsivité. Il existe 4 restrictions:
- au moins 6 critères sur 9 dans chaque catégorie doivent être présents
- les symptômes sont apparus avant l’âge de 7 ans
- ils doivent être présents depuis au minimum 6 mois dans au moins 2 cadres différents
- ils doivent affecter l’individu de manière négative à un degré inadapté ou incohérent par rapport au niveau de développement.
Sur ce dernier point, on notera bien sur le problème causé par l’asynchronie souvent présente chez l’enfant surdoué.
Il existe 4 types de trouble de l’attention: le déficit de type inattention prédominante, le déficit de type hyperactivité/impulsivité prédominante, le type mixte ou combiné et le type TDA(H) sans critères spécifiques.
Les critères permettant de définir le trouble de l’attention sont les suivants:
- oublie souvent de prêter attention aux détails, fait des fautes d’inattention à l’école, au travail, ou dans d’autres activités
- a des difficultés à maintenir son attention, que ce soit pour des tâches ou pour des activités ludiques
- semble souvent ne pas écouter quand on lui parle directement
- ne suit pas, de manière fréquente, les consignes et ne finit pas son travail scolaire, ses corvées ou ses tâches professionnelles, sans que cela soit dû à un comportement d’opposition ou à des difficultés de compréhension des instructions
- a souvent des difficultés pour organiser ses tâches et activités
- évite souvent ou est réticent à s’engager dans des tâches qui nécessitent un effort mental soutenu
- perd souvent ses affaires
- est souvent distrait par des stimuli externes
- oublie souvent ce qu’il doit faire dans la vie quotidienne
Les critères concernant l’hyperactivité sont les suivants:
- remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur sa chaise
- se lève souvent en classe ou dans d’autres situations qui nécessitent de rester assis
- court ou grimpe souvent dans des situations dans lesquelles ce n’est pas approprié
- a des difficultés pour jouer ou s’engager dans des tâches qui requièrent le calme
- est constamment mobile, comme poussé par un moteur
- parle souvent excessivement
Les critères concernant l’impulsivité sont les suivants:
- a tendance à répondre aux questions avant qu’elles ne soient posées entièrement
- a des difficultés à attendre son tour
- interrompt souvent les autres ou s’immisce dans des conversations
Démarche traditionnelle pour poser un diagnostic de TDA(H):
La distinction entre TDA(H) et douance n’est pas aisée à faire et requiert souvent d’observer l’enfant dans plusieurs environnements sur une période donnée.
Les échelles de mesure:
Les échelles les plus fréquemment utilisées pour identifier les comportements liés à un TDA(H) sont celles remplies directement par les parents ou enseignants comme la Conner’s Parents and Teachers Rating Scales-Revised (1997), ou Child Behavior Check-list (Achenbach, 2001).
Ces échelles, qui reprennent les listes du DSM IV-TR ne permettent pas d’établir une distinction entre les comportements liés à un TDA(H) et les comportements spécifiques à la douance. Les questionnaires présentent des séries d’items pour lesquels les parents doivent répondre Toujours, Fréquemment, Parfois, Rarement ou Jamais, chaque réponse donnant un certain nombre de point dans chaque sous-échelle: attention, niveau d’activité, dépression, anxiété et impulsivité.
Ce type d’échelle de mesure ne tient absolument pas compte de la cause des comportements qui posent soucis; c’est en théorie le travail du professionnel de santé d’étudier les différentes causes pouvant amener à un tel comportement. Dans la pratique, la cause est rarement prise en considération et la conclusion d’un TDA(H) s’impose encore trop rapidement.
Lorsqu’on étudie les problèmes de comportement à l’aune de la douance, on élimine rapidement les caractéristiques liées au TDA(H):
L’inattention en classe est du à l’ennui, ou à un manque de stimulation intellectuelle. L’enfant est très attentif quand il est investi dans une tâche qui lui plait
Le fait de ne pas paraître écouter tient souvent à l’hyperexcitabilité imaginative: l’enfant est perdu dans ses pensées ou dans un livre au point de faire totalement abstraction de ce qui l’entoure
Ne pas suivre les instructions est plus compréhensible quand on se rend compte que l’enfant ne voit pas l’intérêt d’expliquer pas à pas son raisonnement alors qu’il a la bonne réponse de manière intuitive
Etre distrait pas les stimuli extérieur s’explique parfaitement par une susceptibilité sensorielle accrue (bruits, odeurs, étiquettes qui grattent, lumière des néons qui dérange, etc). La médication n’a aucune action sur cette hyperstimulabilité.
Les difficultés à organiser les tâches et activités, le fait de perdre régulièrement ses affaires, d’oublier, est caractéristique des enfants fonctionnant sur le mode visuo-spatial: les enfants n’adhèrent tout simplement aux conventions sociales.
Certains spécialistes maintiennent que ces problèmes d’inattention pourraient être le reflet d’un TDA(H). Nous pensons qu’il est important de considérer avant tout l’explication la plus simple et la moins négative pour l’enfant et de tenir compte du niveau de difficulté qu’il rencontre réellement: un diagnostic ne doit pas être posé sur la seule présence de quelques comportements.
Le déficit d’attention, comme de nombreux troubles, se positionne dans le continuum d’un comportement jugé normal. Le diagnostic de TDA(H) ne doit être posé qu’en cas de handicap pathologique avéré.
Quand les comportements d’un enfant surdoué ne correspondent pas à la norme et sont perçus comme problématiques, changer l’environnement, plutôt que l’enfant, est plus utile et surtout moins préjudiciable.
Hyperactivité et impulsivité:
La précocité verbale de l’enfant surdoué, combinée à son intensité de vie et à sa curiosité, est souvent corrélée aux problèmes d’hyperactivité ou d’impulsivité liés au TDA(H). Le besoin de remuer constamment n’est que le simple reflet d’une hyperexcitabilité psychomotrice et leur enthousiasme supplante leur jugement. Ce ne sont pas pour autant des indicateurs d’un TDA(H).
Tests d’intelligence, de compétences et de neuropsychologie:
Ces tests peuvent aider à déterminer si un enfant surdoué souffre d’un TDA(H) ou si ses comportements sont juste le reflet d’une douance sans TDA(H). Lors de la passation de tels tests, un enfant précoce aura une nette tendance à s’investir totalement contrairement à un enfant présentant des troubles de l’attention. Toutefois, le seul examen d’un test de QI comme la WISC ne sera pas suffisant pour poser ou écarter un éventuel TDA(H). L’approche doit être globale.
Les tests de personnalité:
Ils peuvent aider à mettre en avant de possibles problèmes émotionnels à l’origine des comportements incriminés. En effet, comme le mentionne le DSM IV-TR, les conditions alternatives, telles que l’anxiété ou la dépression, doivent être examinées. Ces tests permettront de savoir si les problèmes de comportement sont dus à des l’hyperexcitabilités (sensibilité, intensité) générant de fortes émotions. La nécessité de faire appel à un psychologue qui connaisse bien la douance est essentielle afin de ne pas détecter de pathologie dans les réponses données (l’imagination accrue des enfants précoce, sur des tests comme celui de Rorschach ou ceux de récits d’histoires, malgré l’excellence de la structuration et de l’organisation des réponses, peut vite être jugée inquiétante par méconnaissance).
Les réponses données par l’enfant doivent toujours être placées dans un contexte donné et non généralisées.
L’hyperfocalisation:
Certains professionnels pensent que si une personne avec un TDA(H) est capable, dans certaines conditions, de se concentrer réellement, c’est qu’elle fait preuve de ce que l’on appelle « l’hyperfocalisation ». Il est important de noter qu’il n’existe aucune donnée mentionnant que l’hyperfocalisation constitue un aspect du TDA(H).
Chez les enfants avec un TDA(H), l’hyperfocalisation se manifeste lorsqu’ils sont engagés dans des tâches qui changent constamment, comme les jeux informatiques ou la télévision. Le TDA(H) se caractérise davantage par des difficultés à réguler son attention pour passer d’une tâche à une autre que par l’incapacité à avoir une attention soutenue. C’est ce que l’on nomme la persévération : l’enfant n’est pas hyper concentré sur ce qu’il fait, il n’arrive pas à changer et continue à faire ce qu’il faisait alors que les conditions ont changé.
Ainsi, ce n’est pas non plus parce que l’enfant peut se concentrer dans certains cas qu’il faut éliminer la possibilité d’un TDA(H).
Différentiation entre les comportements propres au TDA(H) et ceux propre à la douance:
Les problèmes de comportement, chez les enfants surdoués, se cantonnent le plus souvent à un environnement donné, tandis qu’ils sont assez généralisés chez les enfants présentant un TDA(H).
Dans un nouvel environnement, un enfant souffrant d’un TDA(H) ne présentera pas de déficit d’attention jusqu’à ce que l’effet de nouveauté s’estompe. Il est donc important pour le professionnel de ne pas se contenter de voir l’enfant une seule fois.
Un enfant avec un TDA(H) a besoin d’avoir un environnement structuré, de cadres, et s’adaptera bien dans ces conditions. Un enfant surdoué sera performant dans une situation structurée uniquement s’il est assez stimulé.
Un troisième critère à prendre en considération pour distinguer le TDA(H) de la douance n’est pas tant le temps passé à effectuer une tâche, que le temps qui sépare deux tâches. Un enfant souffrant d’un TDA(H) mettra du temps à passer à une autre activité alors qu’un enfant précoce s’investira rapidement.
Enfin, on notera qu’un enfant précoce pourra s’investir pendant de très longues périodes dans une activité, oubliant totalement ce qui l’entoure, sans avoir besoin de bouger ou de remuer, ce que l’on ne retrouvera pas chez des enfants ayant des troubles de l’attention (le temps passé devant un écran ne devant pas être pris en considération).
Enfants surdoués présentant un TDA(H):
Certains enfants précoces peuvent également avoir un TDA(H). Ces enfants requerront autant un traitement médicamenteux pour traiter leur trouble, que d’accommodations éducatives pour leur douance. Le diagnostic peut être difficile à poser dans ce cas, la douance pouvant masquer partiellement les troubles.
La médication:
Certaines fois, le diagnostic de TDA(H) est dur à poser et le professionnel propose de tester la médication, comme la prise de Ritalin; si le traitement fonctionne, cela conforte le diagnostic. Ces médicaments ne doivent pas être donnés à la légère puisqu’ils font décroitre l’activité motrice aussi bien que les temps de réactions même s’ils améliorent les performances lors de tests cognitifs chez nombre d’enfants. La plupart des enfants, soumis aux molécules de la Ritalin se concentreront beaucoup mieux sur leurs activités, mais il en va de même avec la caféine! Chez les enfants précoces, la prise de tels médicaments peut leur permettre d’endurer temporairement une situation scolaire inappropriée.
Similarités et différences:
Les enfants avec un TDA(H) et les enfants surdoués peuvent avoir des problèmes dans l’environnement scolaire, mais ceux souffrant d’un TDA(H) auront des problèmes dans d’autres environnements. De même, les deux groupes peuvent présenter des problèmes pour compléter un travail ou à s’y remettre. Alors que les enfants avec un TDA(H) oublieront leur activité ou les consignes, l’enfant surdoué choisira volontairement de ne pas tout faire ou de faire les choses d’une autre façon.
L’enfant précoce remettra en question les règles et traditions, surtout si elles ne prennent pas sens pour lui, tandis que l’enfant avec un TDA(H) ignorera les règles du fait de son impulsivité. Encore une fois, le comportement de l’enfant surdoué constituera un choix conscient.
Les deux groupes ont tendance à éprouver des difficultés avec leurs pairs. Les enfants avec TDA(H), du fait de leur impulsivité et de leur inattention, sont souvent perçus comme étant plus agressifs ou inconstants. Les enfants surdoués sont perçus comme agressifs parce qu’ils parlent mieux et qu’ils ont tendance à corriger les autres ou à les sermonner. Leurs intérêts et leur niveau de discussion ne sont pas adaptés aux enfants de leur âge, ce qui fait que ces derniers les rejettent assez fréquemment.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
Certaines caractéristiques propres à l’enfant précoce ne se retrouvent pas chez les enfants avec un TDA(H):
- les problèmes surgissent quand l’enfant commence l’école
- il montre une habilité sélective à s’atteler aux tâches qui l’intéressent et à délaisser celles qui ne l’intéressent pas
- il fait montre d’une concentration intense pour des tâches qui le stimulent sans attendre une récompense immédiate
- il est inconscient de son environnement quand il s’aborde dans une tâche
- il est rapidement distrait par son environnement quand il s’ennuie, mais évite d’ennuyer les autres
- il retarde souvent sa réponse quand on le questionne, mais donne ensuite une réponse pertinente
- il ne termine pas certaines tâches volontairement
ses réponses impulsives sont généralement correctes
- il interrompt les conversations pour corriger une erreur entendue
- il peut facilement se focaliser sur une nouvelle tâche d’intérêt égal, ou reprendre son activité s’il a été interrompu
Sharon Lind (2002) a mis en place un questionnaire de 15 items sur le thème « avant de soumettre un enfant surdoué à une évaluation de TDA(H) », accessible sur le site http://www.sengifted.org
Il permet notamment d’agir sur le milieu en premier recours.
Conclusion:
Le TDA(H) constitue la principale raison pour laquelle les enfants surdoués consultent un professionnel de la santé. Plus de la moitié de ces enfants reçoivent ce diagnostic à tort, et certains autres compensent si bien leur TDA(H) qu’il faudra plusieurs années pour que le diagnostic soit correctement posé. Il reste encore de nombreuses études cliniques à mener afin de valider les observations de terrain.
Il est important pour le professionnel de ne pas se contenter des seuls témoignages des parents et enseignants, et de pousser l’examen beaucoup plus loin afin de ne pas confondre les comportements liés au TDA(H) et ceux liés à la douance.
[tabs: Idéation et anxiété]
CHAP 4 - Les troubles liés à l'idéation et à l'anxiété.
Une partie des diagnostics incorrects attribués aux surdoués est liée aux concepts de peur/anxiété et d’idéation, les deux concepts fonctionnant souvent de paire comme dans les troubles obsessionnels-compulsifs (ruminations anxieuses centrées sur soi-même), dans les troubles de personnalité schizoïde ou schizotypique (anxiété centrée sur les relations interpersonnelles), ou dans des troubles du spectre autistique (pensée/réflexion coupée des émotions et générant de l’inconfort et souvent de l’anxiété dans les interactions sociales).
Les troubles obsessionnels-compulsifs:
Il s’agit d’une erreur fréquente de diagnostic concernant les enfants précoces. Il faut dire qu’il existe un chevauchement entre les TOC et l’intelligence (les TOC ne sont guère observés chez les personnes dont l’intelligence est altérée). Concernant ce trouble, le DSM IV-TR spécifie bien qu’il débute toujours pendant l’adolescence ou au début de l’âge adulte, bien qu’il soit possible, dans de rares cas, qu’il débute pendant l’enfance.
Le DSM IV-TR décrit l’obsession ainsi:
- Des pensées, pulsions ou images récurrentes et persistantes dont la survenue est intrusive et inappropriée et qui provoque du stress ou de l’anxiété.
- Des pensées, pulsions ou images qui ne constituent pas juste de simples inquiétudes excessives par rapport aux problèmes de la vie courante.
- La personne tente d’ignorer ou de supprimer de telles pensées, pulsions ou images, ou de les neutraliser avec d’autres pensées ou actions.
- La personne reconnaît que ces pensées, pulsions ou images obsessionnelles sont issues de son propre esprit.
La compulsion est définit comme suit:
- Des comportements ou actes mentaux répétitifs que la personne se sent poussée à effectuer en réponse à une obsession.
- Les comportements ou actes mentaux sont destinés à réduire le stress ou à prévenir des situations ou évènements anxiogènes; toutefois, ces comportements ou actes mentaux ne sont pas adaptés à la réalité de l’évènement qu’ils sont censés prévenir ou neutraliser, ou alors de manière clairement excessive.
- La personne reconnaît que ces obsessions et compulsions sont excessives ou déraisonnables (cela ne s’applique pas aux enfants).
- Ces obsessions ou compulsions sont sources de stress et coûteuses en temps, ou interfèrent significativement avec la routine quotidienne, avec les occupations, fonctions ou activités sociales et professionnelles.
Les enfants souffrant d’un TOC diffèrent des autres enfants dans le sens où leurs croyances déforment et impactent leur vie quotidienne: leur TOC devient une activité en soi. Ils peuvent ainsi vouloir refaire le trajet entre l’école et la maison parce qu’ils n’ont pas compté le bon nombre d’horodateurs sur le chemin. De tels comportements sont qualitativement différents des engagements fervents que l’on peut observer chez les enfants surdoués dans leur « passion du moment ». Les activités sont alors tournées vers un but. Au contraire, les actions compulsives sont motivées par la peur et l’anxiété, plutôt que par la curiosité et l’engouement. L’obsession caractéristique de la douance est qualitativement, et non quantitativement, différente d’un trouble obsessionnel-compulsif.
Les troubles de la personnalité obsessionnelle-compulsive (TPOC) :
Selon le DSM IV-TR, est qualifiée de personnalité obsessionnelle-compulsive une personne qui est préoccupée par l’ordre, le perfectionnisme, le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens de l’ouverture, de la flexibilité et de l’efficience. Les personnes présentant un TPOC sont souvent qualifiées de trop rigides, disciplinées, méthodiques, fastidieuses, obstinées, méticuleuses, critiques, inflexibles, ayant une pensée binaire et étant obsédées par les infractions et manquements moraux qu’elles perçoivent chez les autres. On remarquera que ces traits présentent de nombreuses similitudes avec ceux que l’on retrouvent chez les perfectionnistes surdoués, bien que des différences notables soient observables.
Le DSM IV-TR définit le TPOC ainsi:
- La personne est préoccupée par les détails, règles, listes, ordres, organisations, schémas, au point de perdre de vue le but de l’activité.
- Elle fait preuve d’un perfectionnisme qui interfère avec le fait de mener l’activité à terme.
- Elle fait preuve d’une dévotion excessive pour son travail ou activité aux dépends du reste et des autres (ne tient pas compte par exemple des contraintes budgétaires).
- Elle est très consciencieuse, scrupuleuse et inflexible concernant les aspects moraux, éthiques ou liés à ses valeurs.
- Elle est incapable de jeter des objets usés ou inutiles, même quand ils n’ont pas de valeur sentimentale.
- Elle est réticente à déléguer des tâches ou du travail à d’autres personnes sans être sûre que celles-ci feront les choses exactement telles qu’elles doivent être faites.
- Elle est avare dans ses dépenses, que ce soit pour elle ou pour les autres, considérant la monnaie comme devant être thésaurisée en vue de futures catastrophes.
- Elle fait preuve de rigidité et d’entêtement.
Les relations avec la douance:
Les troubles obsessionnels-compulsifs concernant les personnes ayant au minimum une intelligence dans la norme, il n’est pas étonnant de les voir associés au concept de douance, particulièrement depuis que les études ont démontré le lien entre douance et perfectionnisme. Les personnes ayant un TOC ou un TPOC sont également perfectionnistes dans le sens où elles ont peur de laisser voir leurs insuffisances et imperfections, ce qui entraine des sentiments de honte et d’anxiété. Les personnes surdouées et celles souffrant de TOC ou de TPOC essaient de réguler leur perfectionnisme, leur honte et leur anxiété en intellectualisant et contrôlant leur environnement.
Les personnes surdouées passent de longs moments à penser, ce sont des idéalistes qui se sentent investis par la victoire du bon sur le mauvais, qui ont un sens de la justice et des valeurs élevées et qui veulent améliorer le monde. Ils réfléchissent à comment ils pourraient être, comment le monde devrait être. Mais ils voient également clairement comment eux et le monde peuvent être éloignés de leurs idéaux.
Les enfants surdoués développent très jeunes un tel idéalisme, dès qu’ils expérimentent les notions de bien, d’amélioration de soi-même et de l’environnement, mais sont vite confrontés à leurs propres limitations. Chez la plupart d’entre eux, cela conduit à un sentiment de responsabilité personnelle. Ils sont bouleversés lorsqu’ils voient des SDF ou des images d’enfants affamés. Certains enfants précoces ont des difficultés à dormir en pensant au terrorisme et à toutes les personnes qui sont blessées ou tuées dans le monde. D’une manière similaire aux personnes souffrant de TOC, les enfants surdoués peuvent être effrayés de manière continue et excessive et ressentir des sentiments de culpabilité et de responsabilité. La réassurance ne les allègent pas de ces pensées persistantes, perturbantes, qui s’accompagnent couramment de sentiments de détresse.
Il est important de rappeler également que cette anxiété est contagieuse et que les enfants la reçoivent souvent de leurs parents. Les enfants doivent apprendre petit à petit à gérer leurs frustrations et doivent être encouragés à accroître graduellement leur autonomie.
Quand des enfants sont confrontés à de nouvelles situations, leur anxiété est considérée comme légitime, même si elle peut sembler excessive. Tout dépend à travers quels filtres on perçoit la situation.
Une personne avec un TOC qui effectuent certains rituels afin de faire décroître sa peur reconnaît le plus souvent que son comportement est excessif et déraisonnable. A contrario, une personne surdouée ne considèrera pas certains rituels comme étant excessifs ou déraisonnables et sera capable d’élaborer des scénarios élaborés afin d’expliquer en quoi ses pensées et comportements sont non seulement raisonnables mais surtout appropriés et rationnels au vu de la situation. Elle pourra ainsi amener son interlocuteur à comprendre son point de vue.
De fait, le niveau de handicap différera entre une personne souffrant d’un TOC et une personne surdouée: une personne souffrant de TOC sera incapable d’être fonctionnelle, tandis que la personne surdoué s’épanouira dans cette quête visant à résoudre ses problèmes personnels ou ceux de la société à l’origine de son mal-être.
Le syndrome d’Asperger :
Bien que le DSM IV-TR propose un descriptif du syndrome d’Asperger, il persiste encore une grande variabilité selon les auteurs pour définir les caractéristiques inhérentes à ce trouble.
Le syndrome d’Asperger est de plus en plus fréquemment diagnostiqué depuis une dizaine d’années et il est maintenant utilisé pour décrire ce que l’on appelle l’autisme de haut niveau. Malheureusement, des cliniciens bien intentionnés mais mal informés, tendent à poser ce diagnostic à toute personne rencontrant des problèmes de socialisation, ayant des difficultés à capter les signaux interpersonnels ou étant simplement trop réservée dans un contexte social.
En fait, le trouble d’Asperger a des répercutions significativement handicapantes pour celles et ceux qui en sont affectés; il ne s’agit pas d’une simple étiquette à poser sur des personnes qui sont simplement maladroites, excentriques ou ayant des difficultés de socialisation.
Alors que la plupart des personnes avec autisme présentent d’importants handicaps tant au niveau intellectuel qu’au niveau des apprentissages, les personnes avec le syndrome d’Asperger ne présentent pas de telles difficultés. Bien que ces personnes montrent souvent des inégalités significatives au niveau de leurs compétences, elles peuvent obtenir un résultat élevé aux tests d’intelligence, quelques fois au delà de 140 et réussissent particulièrement bien les tâches verbales et relatives à la mémoire.
Tout comme les personnes avec autisme, les personnes ayant le syndrome d’Asperger présentent de grandes difficultés au niveau des relations interpersonnelles: elles manquent d’empathie et des capacités permettant de lire et d’interpréter les signaux interpersonnels ainsi que leurs nuances. Elles ont une forte prédilection pour les routines et structures et sont souvent fascinées par les rituels, quelque fois au point de les faire passer pour des compulsions ou obsessions. Leurs centres d’intérêts sont souvent excentriques ou peu attrayants pour les autres. Ces personnes se basent sur les éléments concrets plutôt que sur l’abstrait, ce fait qu’il leur est difficile de tirer des généralités d’une situation. De même, il leur est difficile de comprendre les métaphores car elles prennent tout au premier degré, de manière littérale.
Cet aspect concret de leur pensée les fait paraître différents, et il est possible que ce soit cette particularité qui fasse penser à un manque d’empathie.
A l’école, la faible conscience sociale caractérisant les enfants ayant un trouble d’Asperger constitue un handicap dans leurs relations aux pairs et ils sont souvent perçus comme bizarres ou différents. Parce que leur pensée est si concrète, littérale et sérieuse, les autres enfants les taquinent, les raillent, les ridiculisent ou leur jouent de mauvaise tours. Les enfants avec un trouble d’Asperger constituent souvent de parfaites victimes à harceler. En dépit de leurs capacités verbales élevées, ils ont souvent des retards au niveau de leur développement moteur par rapport aux autres enfants de leur classe d’âge qui les qualifient de maladroits ou stupides.
Le fait de penser différemment et d’avoir des difficultés à saisir les relations interpersonnelles a également des répercussions au niveau du travail scolaire. Le fait d’avoir du mal à généraliser à partir d’une situation rend difficile les tâches d’abstraction: si l’on ne peut adopter la perspective d’une autre personne, il est impossible d’argumenter. Ces enfants ont besoin qu’on les aide à reconnaître les émotions et perspectives des autres personnes.
Les critères à prendre en compte pour le diagnostic initial dans le DSM IV - TR sont:
a) Un handicap qualitatif au niveau des interactions sociales qui se manifeste au moins par les deux aspects suivants:
- un handicap à saisir et utiliser le langage non verbal
- un échec à developper des relations appropriées avec les pairs
- un manque de spontanéité à partager l’engouement, l’intérêts et les réalisations des autres
- un manque de réciprocité sociale et émotionnelle
b) Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités, comme en témoigne au moins un des éléments suivants :
- préoccupation circonscrite à un ou plusieurs centres d'intérêts stéréotypés et restreints, anormale au niveau de l'intensité ou de l'orientation
- adhésion apparemment inflexible à des routines ou rituels spécifiques et non fonctionnels
maniérismes moteurs stéréotypés et répétitifs
- fascination pour certaines parties d’objets
c) La perturbation cause des handicaps cliniquement significatifs au niveau des aires de fonctionnement sociales, professionnelles, ou d’importances équivalentes.
d) Il n’y a pas de retard significatif au niveau du développement du langage.
e) Il n’y a pas de retard significatif au niveau du développement cognitif, de l’acquisition d’aptitudes liées à l’autonomie, du comportement adaptatif (autre que celui lié aux interactions sociales) et de la curiosité vis-à-vis de l’environnement.
f) Ces critères ne doivent pas être repris dans un autre trouble spécifique du développement généralisé ou dans la schizophrénie.
Similitudes entre le trouble d’Asperger et la douance:
Il semble qu’il y ait une réelle relation entre les troubles d’Asperger et la douance. Il existe des caractéristiques similaires comme une excellente mémoire ou la fluidité verbale. Les deux peuvent parler ou poser des questions de manière incessante. Ils intellectualisent beaucoup et le font précocement. Les deux groupes s’absorbent dans un ou plusieurs centres d’intérêts, approfondissant considérablement leurs connaissances. Ils sont tous deux fortement concernés par les notions de justice et d’équité, même si chez les personnes ayant un troubles d’Asperger cela se manifeste sur un plan moins émotionnel, plus logique.
Les deux groupes — les enfants ayant un trouble d’Asperger et les enfants surdoués sans trouble d’Asperger — ont fréquemment des problèmes d’attention car ils ne veulent se concentrer que sur ce qui les intéresse. Du fait qu’ils n’anticipent pas habituellement les choses, ils ont des difficultés à s’adapter aux changements et résistent aux tentatives d’attirer leur attention. Les deux possèdent un sens de l’humour décalé, inhabituel, et font souvent preuve d’une hypersensibilité (hyperexcitabilité) envers les stimuli tels que le bruit, les lumières, les odeurs, les textures et saveurs. Les enfants avec un trouble d’Asperger seront toujours perçus par les adultes et par leurs pairs comme différents, bizarres, contrairement aux enfants surdoués sans trouble d’Asperger qui ne seront pas forcément perçus ainsi. Cela peut venir de leur développement asynchrone, d’un contexte éducatif pauvre, d’une introversion prononcée ou d’une gêne sociale. Dans le cas des enfants surdoués avec trouble d’Asperger, le développement asynchrone peut être extrême, entraînant des comportements qui semblent déroutants, étranges.
Caractéristiques différentielles:
Il peut être difficile de différencier des enfants surdoués d’enfants ayant un trouble d’Asperger. En fait, on pourrait davantage parler de gradation plutôt que de considérer le trouble d’Asperger comme une catégorie distincte. Le trouble d’Asperger constituerait un handicap final dans un processus croissant de comportements caractéristiques. De plus, on notera que les enfants ayant un trouble d’Asperger peuvent souffrir également de TDA(H) ou de TOC.
Il est important d’établir un diagnostic correct. Si les enfants ayant un trouble d’Asperger sont simplement considérés comme des enfants bizarres, excentriques, surdoués, ils seront sous-diagnostiqués et ne recevront pas de traitement adapté. De même, un enfant surdoué - habituellement ceux dont l’éducation est inadaptée - pourra être étiqueté à tort Asperger et recevoir des interventions qui ne seront ni nécessaires ni utiles et qui ne leur offriront pas les possibilités éducatives lui permettant de s’épanouir.
Il semble y avoir deux éléments permettant d’établir une différentiation. Le premier consiste à observer le comportement de l’enfant lorsqu’il se trouve en compagnie d’autres personnes partageant sa passion intellectuelle. Les enfants ayant un trouble d’Asperger manquent d’empathie et continueront à avoir un comportement inadapté avec la plupart de leurs pairs. Les enfants qui ont été diagnostiqués à tort Asperger auront un contact plus facile avec certains de leurs pairs et éprouveront de la satisfaction lors de certaines interactions sociales.
Le second élément consiste à examiner la perception de l’enfant sur la façon dont les autres réagissent à son comportement. Les enfants surdoués ont une bonne perception intellectuelle des situations sociales et savent de quelle manière les autres les perçoivent, contrairement aux enfants ayant un réel trouble d’Asperger.
Ces derniers tendent à parler de ce qui les intéresse d’une manière pédante, d’une voix monotone, tandis que les enfants surdoués parleront de leur passion d’une manière enthousiaste, passionnée, même si le sujet peut sembler rébarbatif pour les autres. Si l’enfant n’est pas capable de percevoir chez les autres les signaux non verbaux d’ennui, qu’il n’est pas capable de trouver une autre manière d’interagir, il y a de fortes probabilités que l’enfant souffre du trouble d’Asperger.
D’un autre côté, certains surdoués peuvent présenter plusieurs de ces caractéristiques pouvant amener un spécialiste non informé à établir un diagnostic erroné.
Chez nombre d’enfants surdoués, il y a une distanciation établit vis-à-vis de leurs pairs, non pas du fait d’un manque d’empathie, mais plutôt d’une faible tolérance envers celles et ceux qui ne partagent pas la rapidité de leur processus mental. Le manque d’empathie ne concerne que certaines situations chez l’enfant surdoué. On notera d’ailleurs que ce dernier fera preuve d’une remarquable compréhension et d’une forte empathie envers les personnes souffrantes ou moins fortunées.
Le trouble de la personnalité schizoïde:
Le trouble de la personnalité schizoïde est caractérisé par un manque d’intérêt pour les relations sociales. Les activités sont solitaires, mécaniques ou abstraites (ordinateur, jeux mathématiques…). Les personnes souffrant de ce trouble font largement preuve d’indifférence envers ce que les autres peuvent penser d’elles, que ce soit positif ou négatif.
Le trouble se manifeste très tôt: l’enfant n’est pas stimulé par les autres, se réfugie dans son monde intérieur. Une fois adultes, ces personnes préfèreront un travail de nuit ou des occupations solitaires leur permettant d’être seules avec leurs pensées. Ces personnes sont souvent perçues comme étant molles, sans émotions, dépourvues d’ambition. Ce type de personnalité est associé à un haut risque de schizophrénie et se retrouve fréquemment dans les familles ayant des cas de schizophrénie.
Le DSM IV-TR décrit les troubles de la façon suivante:
Un comportement généralisé de détachement social, une palette d’expression des émotions réduite dans le cadre des relations interpersonnelles, comportement émergeant précocement chez l’adulte et présent dans de nombreux contextes, dans au moins quatre des aspects suivants:
- ne désire jamais ou n’apprécie pas les relations sociales, y compris les relations familiales
- choisit toujours des activités solitaires
- porte peu d’intérêt, voire aucun, aux activités sexuelles avec une autre personne
- prend plaisir dans peu d’activités, voire aucune
- n’a pas d’amis proches ou de confidents
- semble indifférent aux demandes ou critiques des autres
- montre une froideur émotionnelle, un détachement affectif.
Les similitudes avec la douance:
Un diagnostic erroné de trouble de la personnalité schizoïde est facilement posé dans le cas d’une introversion marquée. Ce n’est pas rare pour les adultes et enfants surdoués d’apprécier d’être avec d’autres personnes, mais beaucoup reconnaissent que cela est fatiguant. Il leur est alors nécessaire de s’isoler pour se ressourcer. Au contraire, une personne schizoïde sera incapable de choisir entre l’isolement et l’interaction sociale. Choisir d’être seul, de ne pas côtoyer longtemps d’autres personnes n’indique pas nécessairement un trouble de la personnalité schizoïde.
Il ne faut pas oublier que les troubles de la personnalité se situent sur un continuum avec les types normaux de personnalité. La pathologie se caractérise par l’inflexibilité et par le degré de handicap que cela entraîne dans la vie quotidienne.
Le DSM IV-TR ne mentionne pas la nécessité de prendre en considération les éléments liés à la douance dans l’établissement du diagnostic du trouble de la personnalité schizoïde, bien que plusieurs caractéristiques présentent des similitudes. Les personnes surdouées, et encore plus les THQI, tendent à être plus introverties que la norme, à avoir besoin de recharger leurs batteries en s’isolant. Le fait d’avoir besoin de passer du temps seul ne constitue pas seulement une caractéristique liée à la douance, mais également un aspect essentiel du développement personnel.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
Certaines caractéristiques peuvent permettre d’établir un diagnostic différentiel. Comme pour chacun des autres cas présentés, il est possible de poser un double diagnostic, une personne surdouée pouvant également présenter un trouble de la personnalité schizoïde. Les éléments listés ci-dessous doivent interroger sur la réalité un tel trouble:
- présence d’amis proches ou d’accointances en dehors des liens familiaux
- affect approprié aux situations, même si la personne minimise son expression si elle pense que son intensité ne sera pas acceptée par les autres
- capacité nette à expérimenter le plaisir et à le faire avec les autres
- recherche active de personnes partageant des intérêts communs, et l’individu apprécie leur présence
- réactions notables envers les demandes et critiques qui influencent ses comportements
- existence de cas dans lesquels la curiosité intellectuelle de la personne n’a pas été bien accueillie
- comportements et apparences inappropriés qui sont le fruit d’une rébellion ou d’un désir d’indépendance plutôt que d’un manque de soin ou de conscience.
- plusieurs de ces éléments sont présents dans des portions significatives de la vie de l’individu.
Rappelons encore que plusieurs signes et symptômes du trouble de la personnalité schizoïde peuvent être présents chez les personnes introverties et chez les personnes faisant une dépression. La combinaison de la douance et d’un environnement inapproprié peuvent mener à la dépression. Une longue dépression chronique doit être envisagée avant de poser un diagnostic du trouble de la personnalité schizoïde.
Le trouble de la personnalité schizotypique:
Suivant le DSM IV-TR, les personnes ayant ce trouble présentent un inconfort notable au niveau des interactions sociales et interpersonnelles. Elles sont excentriques et font aussi preuve d’une pensée inhabituelle, distordue. Elles peuvent interagir avec les autres mais préfèrent rester seules car elles sentent qu’elles sont différentes. Souvent ces personnes pensent avoir des dons ou pouvoirs spéciaux - comme prédire les évènements ou lire dans la pensée des autres - et sont sensibles aux critiques. Leur excentricité peut se manifester au niveau vestimentaire, gestuel, ou dans un manque d’égard au niveau de leur apparence ou des conventions sociales.
Le trouble de la personnalité schizotypique est quelques fois surnommée « schizophrénie éclairée » car il s’agit de la personnalité la plus commune conduisant à la schizophrénie. Superstition, croyances inhabituelles ou irrationnelles sont communes et influencent en profondeur leur vie et leur personnalité.
Le DSM IV-TR décrit les troubles de la façon suivante:
Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des capacités réduites à avoir des relations de proximité, par des distorsions cognitives et perceptives, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l'âge adulte et se retrouve dans divers contextes, comme en témoignent au moins 5 des manifestations suivantes:
- idées de référence (à l'exception des idées délirantes de référence) c'est-à-dire, croyances erronées selon lesquelles les événements, les objets ou les autres personnes de l'environnement immédiat du sujet ont une signification particulière et inhabituelle.
- croyances bizarres ou pensée magique qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d'un sous-groupe culturel (par exemple superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un "sixième" sens; chez les enfants et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres)
- perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles
- pensée et langage bizarres (par exemple vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés)
- pensées de suspicion ou de paranoïa
- inadéquation ou pauvreté des affects
- comportements ou apparences étranges, excentriques, singuliers
- absence d'amis proches ou de confidents en dehors des parents du premier degré
- anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes de persécutions plutôt qu'à un jugement négatif de soi-même
- Ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques, d'un autre trouble psychotique ou d'un trouble envahissant du développement.
Similitudes avec la douance:
Etablir des caractéristiques différentielles avec la douance est difficile, d’autant que le DSM IV-TR indique que le trouble de la personnalité schizotypique est assez commun (environ 3% de la population), et qu’il peut apparaître dès l’enfance ou l’adolescence, se caractérisant par la solitude, des relations sociales pauvres, une anxiété sociale, l’échec scolaire, l’hypersensibilité, des pensées singulières, inhabituelles, bizarres, fantasques. Des particularités très proches de celles que l’on retrouve dans des cas de douance. Dans ce cas, il est nécessaire pour le spécialiste de bien être informé sur la douance pour ne pas établir de diagnostic erroné.
La douance n’immunise bien sur pas contre un trouble de la personnalité schizotypique, d’autant que certains troubles, comme la bipolarité, la dépression, voire le suicide, sont plus communs chez les personnes hautement créatives.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
- affect approprié aux situations, même si la personne minimise son expression si elle pense que son intensité ne sera pas acceptée par les autres
- absence générale de pensées de suspicion ou de paranoïa
- recherche active de personnes partageant des intérêts communs, et l’individu apprécie leur présence
- l’échec scolaire est variable; si la personne apprécie le sujet ou l’enseignant, les résultats sont élevés
- les adultes bien éduqués ne considèrent pas les pensées comme étant singulières, mais comme profondes et créatives
- existence de cas dans lesquels la curiosité intellectuelle de la personne n’a pas été bien accueillie
- comportements et apparences inappropriés qui sont le fruit d’une rébellion ou d’un désir d’indépendance plutôt que d’un manque de soin ou de conscience.
Le trouble de la personnalité évitante :
Les personnes souffrant de ce trouble évitent les situations qui peuvent entrainer la critique, la désapprobation ou le rejet. A cause de ces peurs, elles tendent à être timides, calmes et inhibées, et ont tendance à éviter les relations sociales à moins d’être sûres de ne pas être jugées. Bien qu’elles recherchent des relations profondes, elles craignent le rejet et s’isolent des autres. Elles peuvent refuser des responsabilités par peur d’échouer. Ce trouble concernerait 0,5% à 1% de la population, trouble que le DSM IV-TR décrit ainsi :
Schéma de comportement présentant une inhibition sociale, des sentiments d’inadéquation et une hypersensibilité aux situations négatives, commençant au début de l’âge adulte et présent dans de nombreux contextes, et caractérisé par au moins 4 des éléments suivants:
- évitement des activités pouvant impliquer un contact interpersonnel important, par peur de la critique, de la désapprobation ou du rejet
- réticence à s’impliquer avec d’autres personnes à moins d’être sûr d’être apprécié
- la personne montre de la retenue dans les relations intimes par peur de la honte ou du ridicule
- forte préoccupation envers les possibles situations de jugement ou de rejet
- inhibition présente lors des nouvelles relations à cause de sentiments d’inadéquation
- la personne se perçoit comme socialement inapte, inintéressante, inférieure aux autres
- la personne est souvent réticente à l’idée de prendre des risques personnels ou à s’engager dans de nouvelles activités de peur de se retrouver dans des situations embarrassantes.
Similitudes avec la douance :
Les enfants surdoués n’ont pas seulement l’impression d’être continuellement évalués par les autres, ils sont également victimes de la part de leurs pairs et d’enseignants de taquineries, de moqueries et sont ridiculisés du fait de leurs caractéristiques. L’exposition à un tel environnement fait que l’enfant devient un adulte ayant des comportements d’évitement, évitant toute évaluation publique. Le perfectionnisme conduit également à des situations d’évitement, d’autant plus pour l’enfant surdoué qui rencontre précocement des succès rapides et faciles et craindra les situations d’échec. Risquer de ne pas être le meilleur ou de ne pas être celui qui sait peut ébranler la construction de l’identité de l’enfant surdoué.
Dans le trouble de la personnalité évitante, la peur d’échouer est liée au regard de l’autre, alors que chez le perfectionniste, c’est le jugement intérieur qui est craint. Pour un observateur extérieur non averti, les deux individus semblent similaires, alors que la façon d’aborder le problème est significativement différent.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
La prise en compte de la douance n’est encore une fois pas abordée dans le DSM IV-TR, mais le manuel précise que le trouble de la personnalité évitante ne se rencontre pas avant le début de l’âge adulte. Etablir la genèse de l’apparition des troubles permet le plus souvent de discriminer la douance du trouble d’évitement.
CHAP 1 - Caractéristiques de la douance.
Le terme "douance" est utilisé pour décrire un large éventail de personnes qui, selon la National Association for Gifted Children, présentent un haut potentiel dans l'une des catégories suivantes:
- Une efficience intellectuelle
- Des capacités académiques spécifiques
- Une pensée créative
- Des aptitudes à diriger
- Un don pour les arts visuels ou du spectacle.
Une personne pourra être précoce dans une ou plusieurs de ces caractéristiques. Bien que l'on puisse retrouver ces notions chez les adultes, elles sont le plus souvent appliquées aux enfants et à leur éducation. Reste à déterminer à partir de quel stade on peut définir les habiletés comme étant liées à un haut potentiel. La plupart des spécialistes estiment que les enfants présentant des habilités les situant dans les 3 à 5% de la population peuvent être considérés comme précoces, pourcentage équivalent à celui que l'on retrouve pour les personnes présentant une déficience mentale.
Concernant les THQI, la douance ne constitue pas une simple entité mais plutôt un spectre à multiples dimensions. Les caractéristiques spécifiques listées précédemment sont présentes à un degré plus élevé. La stimulation intellectuelle et/ou la créativité chez les THQI sont liées à un besoin émotionnel que l'on peut considérer aussi intense que des besoins physiologiques tels que la faim ou la soif.
Les raisons pour lesquelles on retrouve autant de personnes dépassant les tables normatives n'est pas clair. Certains parlent d'appariements spécifiques, d'inadaptation des échelles de mesure à ce qui n'est pas normatif, voire de l'hypothèse suivant laquelle l'intelligence ne suivrait plus, à partir d'un certain seuil, l'extrême douceur de la courbe de Gauss.
Du fait que la plupart des psychologues et des spécialistes de la santé se focalisent sur les tests de mesure de l'intelligence, comme les tests de Weschler ou de Stanford-Binet, il semble plus simple de parler en terme de QI lorsque l'on aborde le sujet des enfants surdoués.
Toutefois, de même que les scores de QI ne peuvent être à eux seuls synonymes d'un retard mental, il en va de même pour la douance. Par exemple, les mesures de la créativité démontrent une très basse corrélation avec les mesures de l'intelligence au-delà d'un QI de 120. De même, les mesures d'intelligences peinent à mettre en exergue des talents particuliers tels que la musique, l'activité physique ou la capacité à diriger. Un score global de QI, en tant que composite, pondère entre elles les habilités et peut masquer, artificiellement, les monts et vallées de ces performances.
Par le passé on séparait sémantiquement les personnes surdouées des personnes talentueuses. Aujourd'hui les deux tendent à devenir synonymes.
Caractéristiques comportementales.
Les caractéristiques comportementales sont considérées comme liées à la douance quand elles apparaissent assez souvent chez les enfants surdoués pour que l'on puisse dire que la plupart des enfants précoces présentent ces caractéristiques dans la majorité des cas.
- Richesse du vocabulaire et de la syntaxe en regard de la tranche d'âge
- Grande compréhension des subtilités du langage
- Capacité d'attention importante, persévérance
- Intensité et susceptibilité
- Centres d'intérêts variés
- Grande curiosité et questionnement ininterrompu
- Besoin d'expérimenter et de faire les choses différemment
- Tendance à manipuler les idées et les objets de manière inhabituelle, non prévue, et de manière créative (pensée divergente)
- Apprentissage rapide des bases, avec peu de pratique
- Apprentissage personnel de la lecture et de l'écriture fréquent dès la maternelle
- Capacité à retenir de nombreuses informations, mémoire inhabituelle
- Compagnons de jeu imaginaires
- Sens de l'humour inhabituel
- Volonté d'organiser les personnes et les choses, tout d'abord à travers l'invention de jeux complexes.
Nombre de ces caractéristiques peuvent amener à consulter un professionnel de la santé en pensant qu'elles sont une manifestation d'un trouble. Le manque d'attention, du à l'ennui ou à la surstimulation sensorielle, conduit à un potentiel TDA(H), les questionnements incessants sur la vie/la mort à la possibilité d'une dépression, l'inadaptation aux enfants de son âge et le refuge dans les livres à évoquer des troubles autistiques, etc.
Ces caractéristiques peuvent induire de réels problèmes, mais la manière de l'appréhender, de le traiter diffèrera complètement dans le cadre de la douance. Malheureusement de nombreux professionnels se contentent de poser un diagnostic sur un ensemble de traits, en méconnaissant leur lien avec le surdon.
Bien entendu, les enfants précoces ne sont pas à l'abri de troubles émotionnels ou du comportement. Mais il faut rappeler que souvent les caractéristiques de la douance amènent à parler de pathologie là où il n'y en a pas. Nous souhaitons que les parents, les professionnels de santé, les éducateurs et autres intervenants, quand ils sont face à des comportements jugés normaux dans le cadre de la douance, reformulent les problèmes comportementaux afin de permettre à la personne surdouée de s'approprier ses caractéristiques et d'influer sur ses comportements, plutôt que de l'étiqueter avec un diagnostic dont le résultat impliquera de traiter ces fameuses caractéristiques jusqu'à leur extinction.
Intensité / susceptibilité / hyperexcitabilité
L'une des caractéristiques les plus universelles de la douance est celle de l'intensité.
Au cours des années 90, l'intensité et la susceptibilité des enfants et adultes surdoués ont été mieux comprises grâce à Kasimierz Dabrowski, un psychiatre polonais. Une partie de sa théorie et de ses recherches se réfère aux "hyperexcitabilités", un concept qui a permis de mettre en lumière l'intensité et la susceptibilité si souvent affichées par les personnes ayant des capacités mentales hors normes.
Dabrowski se base sur la manière dont les enfants appréhendent le monde à travers leurs sens depuis leur venue au monde. Ils sont excités par la stimulation de leur environnement. Plus récemment, les chercheurs les plus à la pointe au niveau de l'éducation des surdoués ont observé que les enfants et adultes HQI présentaient une plus grande susceptibilité dès leur naissance, générant une réponse élevée aux stimuli, ce qu'on nomme "hyperexcitabilité".
Dabrowski et les chercheurs qui ont travaillé sur sa théorie ont mis en lumière 5 types d'hyperexcitabilités:
- l'hyperexcitabilité intellectuelle
- l'hyperexcitabilité imaginative
- l'hyperexcitabilité émotionnelle
- l'hyperexcitabilité psychomotrice
- l'hyperexcitabilité sensorielle
Les susceptibilités accrues et les erreurs de diagnostics
Les hyperexcitabilités sont particulièrement marquées chez les individus surdoués. Il est compréhensible que certaines susceptibilités puissent être interprétées comme faisant partie d’un syndrome. Un enfant présentant une hyperexcitabilité intellectuelle et psychomotrice recevra facilement un diagnostic de TDA(H): bien que son comportement ne l’empêche aucunement d’apprendre, il peut perturber les autres ce qui oriente vers une prise en charge. Si en plus, il s’ennuie, il tiendra encore moins en place, ce qui renforcera les éléments en faveur du diagnostic.
Certains adultes présentent des caractéristiques similaires et ont trouvé comme solution de s’occuper la bouche ou les mains afin de rester plus attentifs. Etre attentif ne signifie pas être immobile; l’immobilité forcée peut interférer dans les processus d’attention, notamment chez les enfants hyperexcitables.
Modes de pensée et d’apprentissage:
Pendant des années, éducateurs et autres professionnels ont pensé en terme de « cerveau droit », « cerveau gauche », non pas du fait de leurs connaissances en neurobiologie mais du fait de la forte portée métaphorique permettant de mieux comprendre les différences individuelles au niveau des processus de pensée et d’apprentissage (Ornstein, 1997). Plus récemment, ces styles ont été reconceptualisés en apprentissage « auditif-analytique » et « visuo-spatial » (Lovecky, 2004; Silverman, 2002).
Aussi simplistes que soient ces conceptualisations, la plupart des personnes ont un style de fonctionnement de prédilection bien qu’il soit rarement exclusif. Certains individus vont jusqu’à pousser à l’extrême cette manière de fonctionner, et c’est cet extrême, propre aux personnes surdouées, qui peut conduire à l’attribution incorrecte d’une psychopathologie.
Les personnes fonctionnant selon le modèle auditif-analytique poussé à l’extrême ont tendance à être orientée vers un possible trouble d’Asperger.
Problèmes associés aux styles de pensée et d’apprentissage visuo-spatial / non-linéaire :
La société actuelle, de plus en plus centrée sur la technologie, les systèmes et institutions et sur l’interdépendance, favorise principalement les personnes fonctionnant sur le mode auditif-analytique. Le modèle visuo-spatial, combiné à certaines caractéristiques de la douance, peut entrainer des problèmes de schémas comportementaux. Ainsi l’enfant ou l’adulte qui ne s’intéressera pas aux détails ou à l’exécution de certaines tâches sera qualifié de fainéant ou de non investi, et son fonctionnement de pensée conduira à des diagnostics tel que celui de « trouble oppositionnel avec provocation ». Les enfants fonctionnant sur un tel modèle auront tendance à tester les limites et à vouloir identifier les paramètres exacts d’un fait social, incluant ses limites, permutations et exceptions, avec peu de considération pour des structures consacrées comme l’école ou le monde du travail.
L’adulte éprouvera souvent le manque de cohérence de sa structure de travail, sera celui qui questionne les règles, qui se moque des traditions de l’entreprise, et qui sera souvent mécompris et ostracisé par ses collègues. Sa tendance à laisser les tâches non achevées ne sera guère considérée comme acceptable, d’autant moins par des supérieurs méticuleux.
Problèmes associés au style de pensée et d’apprentissage audio-analytique / linéaire :
Les enfants et adultes surdoués ayant un mode de fonctionnement audio-analytique poussé à l’extrême ont tendance à avoir des schémas comportementaux qui pourront être mal interprétés et considérés comme des troubles. Le sérieux qu’ils mettent à faire les choses, le manque de spontanéité et de joie dans leur vie, font qu’ils sont considérés comme rigides, inquiétants ou déprimés, même si eux se sentent à l’aise avec cela.
Certains sont perfectionnistes, et environ 20% d’entre eux y sont à un point considéré comme handicapant, que l’on nomme « perfectionnisme dysfonctionnel » et qui peut conduire les professionnels de la santé à y voir un symptôme d’un trouble obsessionnel-compulsif.
Certains adultes ont tendance à être considérés comme sérieux et intolérants aux autres. Il est souvent difficile, pour ces personnes surdouées de concevoir le point de vue des autres et d’être patients avec eux. Ils sont exigeants envers eux-mêmes et appliquent ces mêmes critères aux autres. Ils n’ont pas développé de notion de « normalité » et pensent que les autres fonctionnent de la même façon qu’eux: ce qui est facile à faire pour eux doit l’être également pour les autres. Et si les autres ne le font pas, c’est donc que c’est délibéré.
Idéalisme :
L’idéalisme tend à apparaître précocement chez les enfants surdoués, ce qui est une bonne chose, mais qui peut être source de peine dans certains cas, quand la distance séparant ce qui est de ce qui devrait être ne semble pas résorbable.
Cynisme, colère, dépression peuvent en résulter et se traduire par de l’autosabotage et être perçu comme un trouble de la conduite sociale.
Relations aux pairs :
Il s’agit du problème rencontré le plus fréquemment par les familles et éducateurs opérant avec les enfants surdoués. Des mauvaises relations avec les pairs sont fortement corrélées à l’échec scolaire et à l’instabilité émotionnelle pendant l’adolescence. Il est difficile pour les enfants précoces de se faire des amis de leur âge du fait de leur décalage. Frustration et intolérance devant la lenteur des autres ou leur difficulté à assimiler les règles de jeux complexes sont fréquentes, et le refuge dans les livres est monnaie courante chez ces enfants.
L’enfant précoce peut trouver, chez des plus âgés, des individus du même niveau que lui ou partageant les mêmes centres d’intérêt. Toutefois, les adultes ont tendance à décourager de telles relations, préférant que l’enfant reste avec des camarades de son âge plutôt qu’avec des personnes qu’il trouve intéressantes.
Sauf qu’il est nécessaire de considérer ce que l’enfant considère lui comme étant un pair.
Le fait que l’enfant passe, en classe, une bonne partie de son temps à attendre que les autres comprennent ce qu’il a compris rapidement génère un sentiment d’aliénation et de rejet qui conduit à des problèmes sociaux et émotionnels qui peuvent être qualifiés de troubles mentaux. Et quand l’enfant tente à tout pris de se fondre dans le moule, c’est au détriment de son développement intellectuel, créatif ou artistique.
Et ce sentiment d’aliénation, de mise à distance des pairs, est aussi valable pour les adultes.
Développement asynchrone :
Le développement asynchrone est considéré comme caractéristique de la douance (Silverman, 1997). Si le développement intellectuel est précoce, il n’en va pas forcément de même pour le développement d’autres habiletés telles que la motricité ou les acquis sociaux. On peut également trouver une asynchronie au sein des compétences intellectuelles. Et il en va de même pour les adultes.
Les enfants sont souvent frustrés par ces décalages.
Décalage entre le développement du jugement et celui de l’intellect :
Cette asynchronie se manifeste notamment lorsque les enfants (ou adultes) ont des questions, commentaires ou actes jugés déplacés par rapport à ce qui se fait ou dit en société (par exemple, l’enfant qui est dans un ascenseur et qui demande aux adultes quel est leur poids - afin de calculer une éventuelle surcharge). En effet, le jugement ne se construit pas sur la logique et la raison, mais davantage sur l’observation des pratiques sociales.
A partir de 25 ans, chez les personnes surdouées, le jugement a tendance à rattraper l’intellect, mais ce n’est nullement systématique et encore moins corrélé au degré d’intelligence.
Le jugement est lié au développement biologique et ce n’est qu’entre 16 et 20 ans que les aires liées à la projection, au jugement, à l’inhibition des impulsions et à l’attention deviennent matures.
L’intelligence précoce et la maturité ne sont pas synonymes, que ce soit sur le plan des comportements ou sur le plan neurologique.
Enfin on notera également de nombreux cas dans lesquels la curiosité intellectuelle prend le pas sur le jugement (ce qui pose particulièrement problème dans le monde du travail).
Les champs d’intérêts :
La plupart des enfants et adultes surdoués ont une large palette de champs d’intérêts, sans qu’il paraisse forcément y avoir cohérence, surtout dans le cas des individus fonctionnant sur le mode visuo-spatial. Ils passent d’une passion à une autre, sans jamais pousser leur étude ou pratique jusqu’au bout, ce qui peut être difficile à comprendre pour les autres. Ce potentiel multiple conduit l’enfant comme l’adulte à vouloir explorer de nombreux domaines, exercer de nombreux métiers, et changer d’orientation et de métier plus souvent que les autres.
A contrario, certains se focalisent à tel point sur un sujet donné qu’il est très difficile de les faire s’intéresser à autre chose, encore plus si ce sont des enfants.
Les filles et garçons surdoués sont généralement plus androgynes que les autres enfants (Kerr, 1997; Kerr & Cohn, 2001), ce qui créé des avantages et inconvénients. Les champs d’intérêts ne sont pas socialement sexués, et leur androgynie peuvent provoquer des inquiétudes concernant leur identité sexuelle.
Chez les adultes, ces changements de centre d’intérêt entrainent une difficulté à programmer une carrière stable. Les autres les jugent superficiels et instables.
Créativité:
La créativité des enfants précoces, du fait de leur particularité, leur permet d’appréhender le monde différemment. Ils imaginent ainsi des manière différentes de faire ou penser les choses. Leur façon de faire, pas comme les autres, peut quelques fois être considéré comme de la rébellion.
Lorsque les personnes n’agissent pas de manière traditionnelle, elles en paient souvent le prix dans la mesure où leurs comportements créatifs mettent les autres dans une position inconfortable.
Problèmes liés aux erreurs éducatives ou au manque de compréhension de la famille:
Il y a peu d’éléments, dans les caractéristiques qui viennent d’être décrites, pouvant signifier que les personnes surdouées ont plus de risques de développer des troubles que la moyenne. En tant que groupe, les surdoués sont d’ailleurs considérés comme présentant un risque moindre si leurs besoins intellectuels, émotionnels et sociaux sont respectés.
Les adultes sont également concernés, mais dans la mesure où ils peuvent plus facilement quitter un environnement inconfortable, il est plus aisé de réduire leur stress.
Diagnostics et douance:
Comme nous l’avons vu, les schémas de comportement abordés précédemment ressemblent aux configurations sociales et émotionnelles typiques de plusieurs sortes de diagnostics. Le chapitre suivant comparera les comportements affichés par les personnes surdouées à ceux de personnes souffrant de troubles diagnostiqués et permettra de mettre en lumière les conditions dans lesquelles un chevauchement peut exister entre douance et troubles spécifiques.
Ce double diagnostic doit être pris en compte tant au niveau de l’éducation que des traitements à adapter à ces personnes doublement exceptionnelles.
Il est également nécessaire de rappeler qu’un décalage prononcé entre un individu et son environnement peut conduire à certains troubles plus ou moins graves et que dans la plupart des cas les diagnostics sont posés sur des symptômes qui dérangent les parents ou les professeurs mais pas les enfants. Les professionnels qui ne sont pas suffisamment informés auront tendance à tenter de changer la personne plutôt que d’agir sur la situation ou l’environnement.
Les diagnostics sont davantage des feuilles de routes que des fins en soi. Les catégories (DSM IV-TR), ainsi que les critères permettant de poser un diagnostic sont imprécises. Une grande latitude est laissée aux professionnels pour qu’ils usent de leur jugement clinique, le DSM étant par nature très descriptif. C’est leur travail d’analyser les origines des comportements et les facteurs environnementaux impliqués. Malheureusement quand un ensemble de comportements est identifié, un diagnostic est posé. Et trop souvent, les comportements qui sont normaux pour des surdoués sont jugés comme si c’était des affections et des tentatives sont prises pour les réduire par la médication. Cette dernière peut influencer positivement les comportements ou sentiments, mais peut amener à la conclusion erronée que le diagnostic posé est le bon.
Il est bon de rappeler que dans le DSM IV-TR aucune catégorie de diagnostic ne prend en considération les caractéristiques de la douance. Par contraste, certains critères de diagnostic considèrent l’impact du fonctionnement intellectuel comme critère d’exclusion, et seulement s’il n’y a pas d’asynchronie.
[tabs: Le TDA(H)]
CHAP 2 - Le trouble du déficit de l'attention, avec ou sans hyperactivité.
Le trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, ou TDA(H) est bien connu du grand public et constitue l’un des principaux motifs de consultation des professionnels de la santé. Le nombre d’enfants concernés, selon les médias, ne cesse d’augmenter.
Bien que les études démontrent une occurence relativement faible du TDA(H), ce trouble, devenu le trouble de la dernière décade, doit sa très grande popularité aux enfants surdoués. En parallèle, la médication utilisée pour soigner ce trouble a significativement augmenté pendant les 20 dernières années.
Par nature, les enfants surdoués présentent des caractéristiques très proches de celles d’enfants souffrant d’un TDA(H). Le DSM IV-TR reconnait que l’inattention en classe peut aussi surgir quand des enfants d’intelligence supérieure sont placés dans un environnement scolaire non stimulant.
Toutefois, le diagnostic de TDA(H) est encore posé trop souvent, et à tort, pour les enfants précoces. Les critères-types de ce trouble sont l’inattention, l’impulsivité et l’hyperactivité. Il concerne 3 à 7% d’une classe d’âge, et touche principalement les garçons.
TDA(H), douance, ou les deux?
Les enfants qui souffrent réellement d’un TDA(H) présentent un déficit de l’attention associé à des anomalies neurologiques spécifiques ainsi qu’un léger retard de développement. Le diagnostic n’est censé être posé qu’en dernier recourt, après avoir éliminé les autres possibilités de troubles ou de problèmes: dépression, anxiété, problèmes d’apprentissage, problèmes personnels, attentes irréalistes, situations difficiles, ennui généré par un décalage entre les habiletés et les attentes, déficit des processus auditifs, commotion ou léger traumatisme cérébral, problèmes de santé, toxicomanie, fatigue liée à des problèmes de sommeil, manque d’énergie lié à une mauvaise alimentation ou à des troubles alimentaires, problèmes liés à la prise de médicaments.
Ces nombreux facteurs à prendre en compte font qu’il est difficile de poser un diagnostic de TDA(H). Dans la réalité, le diagnostic est souvent posé en 10 minutes par le médecin de famille ou les enseignants.
Bien sur, un enfant précoce peut également souffrir d’un TDA(H), même si certains professionnels pensent que le cumul n’est pas possible. La douance peut même masquer un déficit de l’attention et retarder la pose du diagnostic et sa prise en charge.
On estime qu’environ la moitié des enfants surdoués à qui l’on diagnostique un TDA(H) ne sont pas concernés par ce trouble.
Souvent, le diagnostic est posé rapidement, et si le traitement médicamenteux ne fonctionne pas, on en essaie un autre ou on augmente les doses, sans remettre en cause le postulat initial. Certaines fois, la médication semble corriger les problèmes comportementaux, mais c’est oublier que le médicament fonctionne sur l’attention que les personnes souffrent ou non d’un TDA(H).
Bien que la précocité de l’enfant soit souvent reconnue, son fonctionnement spécifique est rarement pris en compte dans l’équation alors qu’il s’agit là d’un élément-clé.
De plus, la prise de médicament est loin d’être triviale, et ils ne doivent pas être prescrits et administrés à la légère. Il reste clair que si les comportements de l’enfant posent soucis, il est nécessaire de consulter un spécialiste; si l’enfant est précoce, il faut se tourner vers une personne qui connaisse bien cette spécificité.
Difficultés:
Le niveau de handicap rencontré par l’enfant constitue un critère important à prendre en compte pour poser le diagnostic et établir un possible traitement. Il s’agit cependant d’un critère subjectif qui dépend énormément de l’environnement de l’enfant: des problèmes d’inattention attribuables à l’ennui scolaire ne pourront pas être abordés de la même manière.
Niveau d’activité:
« Hyperactif » est un terme qui est couramment employé autant par les parents d’enfants précoces que par les parents d’enfants souffrant d’un TDA(H). Les parents d’enfants surdoués utilise le terme pour décrire une énergie considérable mise en branle par l’enfant pour atteindre ses objectifs, et non de manière désorganisée.
Les enfants surdoués sont souvent très actifs, et au moins 25% d’entre eux ont besoin de peu de sommeil. A la différence d’enfants souffrant d’un TDA(H), ils peuvent soutenir leur attention de longues périodes sur un sujet qui les intéresse.
Les critères de diagnostic:
Sur les 18 critères de diagnostic mentionnés par le DSM IV-TR, 9 sont relatifs aux problèmes d’inattention et 9 aux problèmes d’hyperactivité et d’impulsivité. Il existe 4 restrictions:
- au moins 6 critères sur 9 dans chaque catégorie doivent être présents
- les symptômes sont apparus avant l’âge de 7 ans
- ils doivent être présents depuis au minimum 6 mois dans au moins 2 cadres différents
- ils doivent affecter l’individu de manière négative à un degré inadapté ou incohérent par rapport au niveau de développement.
Sur ce dernier point, on notera bien sur le problème causé par l’asynchronie souvent présente chez l’enfant surdoué.
Il existe 4 types de trouble de l’attention: le déficit de type inattention prédominante, le déficit de type hyperactivité/impulsivité prédominante, le type mixte ou combiné et le type TDA(H) sans critères spécifiques.
Les critères permettant de définir le trouble de l’attention sont les suivants:
- oublie souvent de prêter attention aux détails, fait des fautes d’inattention à l’école, au travail, ou dans d’autres activités
- a des difficultés à maintenir son attention, que ce soit pour des tâches ou pour des activités ludiques
- semble souvent ne pas écouter quand on lui parle directement
- ne suit pas, de manière fréquente, les consignes et ne finit pas son travail scolaire, ses corvées ou ses tâches professionnelles, sans que cela soit dû à un comportement d’opposition ou à des difficultés de compréhension des instructions
- a souvent des difficultés pour organiser ses tâches et activités
- évite souvent ou est réticent à s’engager dans des tâches qui nécessitent un effort mental soutenu
- perd souvent ses affaires
- est souvent distrait par des stimuli externes
- oublie souvent ce qu’il doit faire dans la vie quotidienne
Les critères concernant l’hyperactivité sont les suivants:
- remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur sa chaise
- se lève souvent en classe ou dans d’autres situations qui nécessitent de rester assis
- court ou grimpe souvent dans des situations dans lesquelles ce n’est pas approprié
- a des difficultés pour jouer ou s’engager dans des tâches qui requièrent le calme
- est constamment mobile, comme poussé par un moteur
- parle souvent excessivement
Les critères concernant l’impulsivité sont les suivants:
- a tendance à répondre aux questions avant qu’elles ne soient posées entièrement
- a des difficultés à attendre son tour
- interrompt souvent les autres ou s’immisce dans des conversations
Démarche traditionnelle pour poser un diagnostic de TDA(H):
La distinction entre TDA(H) et douance n’est pas aisée à faire et requiert souvent d’observer l’enfant dans plusieurs environnements sur une période donnée.
Les échelles de mesure:
Les échelles les plus fréquemment utilisées pour identifier les comportements liés à un TDA(H) sont celles remplies directement par les parents ou enseignants comme la Conner’s Parents and Teachers Rating Scales-Revised (1997), ou Child Behavior Check-list (Achenbach, 2001).
Ces échelles, qui reprennent les listes du DSM IV-TR ne permettent pas d’établir une distinction entre les comportements liés à un TDA(H) et les comportements spécifiques à la douance. Les questionnaires présentent des séries d’items pour lesquels les parents doivent répondre Toujours, Fréquemment, Parfois, Rarement ou Jamais, chaque réponse donnant un certain nombre de point dans chaque sous-échelle: attention, niveau d’activité, dépression, anxiété et impulsivité.
Ce type d’échelle de mesure ne tient absolument pas compte de la cause des comportements qui posent soucis; c’est en théorie le travail du professionnel de santé d’étudier les différentes causes pouvant amener à un tel comportement. Dans la pratique, la cause est rarement prise en considération et la conclusion d’un TDA(H) s’impose encore trop rapidement.
Lorsqu’on étudie les problèmes de comportement à l’aune de la douance, on élimine rapidement les caractéristiques liées au TDA(H):
L’inattention en classe est du à l’ennui, ou à un manque de stimulation intellectuelle. L’enfant est très attentif quand il est investi dans une tâche qui lui plait
Le fait de ne pas paraître écouter tient souvent à l’hyperexcitabilité imaginative: l’enfant est perdu dans ses pensées ou dans un livre au point de faire totalement abstraction de ce qui l’entoure
Ne pas suivre les instructions est plus compréhensible quand on se rend compte que l’enfant ne voit pas l’intérêt d’expliquer pas à pas son raisonnement alors qu’il a la bonne réponse de manière intuitive
Etre distrait pas les stimuli extérieur s’explique parfaitement par une susceptibilité sensorielle accrue (bruits, odeurs, étiquettes qui grattent, lumière des néons qui dérange, etc). La médication n’a aucune action sur cette hyperstimulabilité.
Les difficultés à organiser les tâches et activités, le fait de perdre régulièrement ses affaires, d’oublier, est caractéristique des enfants fonctionnant sur le mode visuo-spatial: les enfants n’adhèrent tout simplement aux conventions sociales.
Certains spécialistes maintiennent que ces problèmes d’inattention pourraient être le reflet d’un TDA(H). Nous pensons qu’il est important de considérer avant tout l’explication la plus simple et la moins négative pour l’enfant et de tenir compte du niveau de difficulté qu’il rencontre réellement: un diagnostic ne doit pas être posé sur la seule présence de quelques comportements.
Le déficit d’attention, comme de nombreux troubles, se positionne dans le continuum d’un comportement jugé normal. Le diagnostic de TDA(H) ne doit être posé qu’en cas de handicap pathologique avéré.
Quand les comportements d’un enfant surdoué ne correspondent pas à la norme et sont perçus comme problématiques, changer l’environnement, plutôt que l’enfant, est plus utile et surtout moins préjudiciable.
Hyperactivité et impulsivité:
La précocité verbale de l’enfant surdoué, combinée à son intensité de vie et à sa curiosité, est souvent corrélée aux problèmes d’hyperactivité ou d’impulsivité liés au TDA(H). Le besoin de remuer constamment n’est que le simple reflet d’une hyperexcitabilité psychomotrice et leur enthousiasme supplante leur jugement. Ce ne sont pas pour autant des indicateurs d’un TDA(H).
Tests d’intelligence, de compétences et de neuropsychologie:
Ces tests peuvent aider à déterminer si un enfant surdoué souffre d’un TDA(H) ou si ses comportements sont juste le reflet d’une douance sans TDA(H). Lors de la passation de tels tests, un enfant précoce aura une nette tendance à s’investir totalement contrairement à un enfant présentant des troubles de l’attention. Toutefois, le seul examen d’un test de QI comme la WISC ne sera pas suffisant pour poser ou écarter un éventuel TDA(H). L’approche doit être globale.
Les tests de personnalité:
Ils peuvent aider à mettre en avant de possibles problèmes émotionnels à l’origine des comportements incriminés. En effet, comme le mentionne le DSM IV-TR, les conditions alternatives, telles que l’anxiété ou la dépression, doivent être examinées. Ces tests permettront de savoir si les problèmes de comportement sont dus à des l’hyperexcitabilités (sensibilité, intensité) générant de fortes émotions. La nécessité de faire appel à un psychologue qui connaisse bien la douance est essentielle afin de ne pas détecter de pathologie dans les réponses données (l’imagination accrue des enfants précoce, sur des tests comme celui de Rorschach ou ceux de récits d’histoires, malgré l’excellence de la structuration et de l’organisation des réponses, peut vite être jugée inquiétante par méconnaissance).
Les réponses données par l’enfant doivent toujours être placées dans un contexte donné et non généralisées.
L’hyperfocalisation:
Certains professionnels pensent que si une personne avec un TDA(H) est capable, dans certaines conditions, de se concentrer réellement, c’est qu’elle fait preuve de ce que l’on appelle « l’hyperfocalisation ». Il est important de noter qu’il n’existe aucune donnée mentionnant que l’hyperfocalisation constitue un aspect du TDA(H).
Chez les enfants avec un TDA(H), l’hyperfocalisation se manifeste lorsqu’ils sont engagés dans des tâches qui changent constamment, comme les jeux informatiques ou la télévision. Le TDA(H) se caractérise davantage par des difficultés à réguler son attention pour passer d’une tâche à une autre que par l’incapacité à avoir une attention soutenue. C’est ce que l’on nomme la persévération : l’enfant n’est pas hyper concentré sur ce qu’il fait, il n’arrive pas à changer et continue à faire ce qu’il faisait alors que les conditions ont changé.
Ainsi, ce n’est pas non plus parce que l’enfant peut se concentrer dans certains cas qu’il faut éliminer la possibilité d’un TDA(H).
Différentiation entre les comportements propres au TDA(H) et ceux propre à la douance:
Les problèmes de comportement, chez les enfants surdoués, se cantonnent le plus souvent à un environnement donné, tandis qu’ils sont assez généralisés chez les enfants présentant un TDA(H).
Dans un nouvel environnement, un enfant souffrant d’un TDA(H) ne présentera pas de déficit d’attention jusqu’à ce que l’effet de nouveauté s’estompe. Il est donc important pour le professionnel de ne pas se contenter de voir l’enfant une seule fois.
Un enfant avec un TDA(H) a besoin d’avoir un environnement structuré, de cadres, et s’adaptera bien dans ces conditions. Un enfant surdoué sera performant dans une situation structurée uniquement s’il est assez stimulé.
Un troisième critère à prendre en considération pour distinguer le TDA(H) de la douance n’est pas tant le temps passé à effectuer une tâche, que le temps qui sépare deux tâches. Un enfant souffrant d’un TDA(H) mettra du temps à passer à une autre activité alors qu’un enfant précoce s’investira rapidement.
Enfin, on notera qu’un enfant précoce pourra s’investir pendant de très longues périodes dans une activité, oubliant totalement ce qui l’entoure, sans avoir besoin de bouger ou de remuer, ce que l’on ne retrouvera pas chez des enfants ayant des troubles de l’attention (le temps passé devant un écran ne devant pas être pris en considération).
Enfants surdoués présentant un TDA(H):
Certains enfants précoces peuvent également avoir un TDA(H). Ces enfants requerront autant un traitement médicamenteux pour traiter leur trouble, que d’accommodations éducatives pour leur douance. Le diagnostic peut être difficile à poser dans ce cas, la douance pouvant masquer partiellement les troubles.
La médication:
Certaines fois, le diagnostic de TDA(H) est dur à poser et le professionnel propose de tester la médication, comme la prise de Ritalin; si le traitement fonctionne, cela conforte le diagnostic. Ces médicaments ne doivent pas être donnés à la légère puisqu’ils font décroitre l’activité motrice aussi bien que les temps de réactions même s’ils améliorent les performances lors de tests cognitifs chez nombre d’enfants. La plupart des enfants, soumis aux molécules de la Ritalin se concentreront beaucoup mieux sur leurs activités, mais il en va de même avec la caféine! Chez les enfants précoces, la prise de tels médicaments peut leur permettre d’endurer temporairement une situation scolaire inappropriée.
Similarités et différences:
Les enfants avec un TDA(H) et les enfants surdoués peuvent avoir des problèmes dans l’environnement scolaire, mais ceux souffrant d’un TDA(H) auront des problèmes dans d’autres environnements. De même, les deux groupes peuvent présenter des problèmes pour compléter un travail ou à s’y remettre. Alors que les enfants avec un TDA(H) oublieront leur activité ou les consignes, l’enfant surdoué choisira volontairement de ne pas tout faire ou de faire les choses d’une autre façon.
L’enfant précoce remettra en question les règles et traditions, surtout si elles ne prennent pas sens pour lui, tandis que l’enfant avec un TDA(H) ignorera les règles du fait de son impulsivité. Encore une fois, le comportement de l’enfant surdoué constituera un choix conscient.
Les deux groupes ont tendance à éprouver des difficultés avec leurs pairs. Les enfants avec TDA(H), du fait de leur impulsivité et de leur inattention, sont souvent perçus comme étant plus agressifs ou inconstants. Les enfants surdoués sont perçus comme agressifs parce qu’ils parlent mieux et qu’ils ont tendance à corriger les autres ou à les sermonner. Leurs intérêts et leur niveau de discussion ne sont pas adaptés aux enfants de leur âge, ce qui fait que ces derniers les rejettent assez fréquemment.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
Certaines caractéristiques propres à l’enfant précoce ne se retrouvent pas chez les enfants avec un TDA(H):
- les problèmes surgissent quand l’enfant commence l’école
- il montre une habilité sélective à s’atteler aux tâches qui l’intéressent et à délaisser celles qui ne l’intéressent pas
- il fait montre d’une concentration intense pour des tâches qui le stimulent sans attendre une récompense immédiate
- il est inconscient de son environnement quand il s’aborde dans une tâche
- il est rapidement distrait par son environnement quand il s’ennuie, mais évite d’ennuyer les autres
- il retarde souvent sa réponse quand on le questionne, mais donne ensuite une réponse pertinente
- il ne termine pas certaines tâches volontairement
ses réponses impulsives sont généralement correctes
- il interrompt les conversations pour corriger une erreur entendue
- il peut facilement se focaliser sur une nouvelle tâche d’intérêt égal, ou reprendre son activité s’il a été interrompu
Sharon Lind (2002) a mis en place un questionnaire de 15 items sur le thème « avant de soumettre un enfant surdoué à une évaluation de TDA(H) », accessible sur le site http://www.sengifted.org
Il permet notamment d’agir sur le milieu en premier recours.
Conclusion:
Le TDA(H) constitue la principale raison pour laquelle les enfants surdoués consultent un professionnel de la santé. Plus de la moitié de ces enfants reçoivent ce diagnostic à tort, et certains autres compensent si bien leur TDA(H) qu’il faudra plusieurs années pour que le diagnostic soit correctement posé. Il reste encore de nombreuses études cliniques à mener afin de valider les observations de terrain.
Il est important pour le professionnel de ne pas se contenter des seuls témoignages des parents et enseignants, et de pousser l’examen beaucoup plus loin afin de ne pas confondre les comportements liés au TDA(H) et ceux liés à la douance.
[tabs: Idéation et anxiété]
CHAP 4 - Les troubles liés à l'idéation et à l'anxiété.
Une partie des diagnostics incorrects attribués aux surdoués est liée aux concepts de peur/anxiété et d’idéation, les deux concepts fonctionnant souvent de paire comme dans les troubles obsessionnels-compulsifs (ruminations anxieuses centrées sur soi-même), dans les troubles de personnalité schizoïde ou schizotypique (anxiété centrée sur les relations interpersonnelles), ou dans des troubles du spectre autistique (pensée/réflexion coupée des émotions et générant de l’inconfort et souvent de l’anxiété dans les interactions sociales).
Les troubles obsessionnels-compulsifs:
Il s’agit d’une erreur fréquente de diagnostic concernant les enfants précoces. Il faut dire qu’il existe un chevauchement entre les TOC et l’intelligence (les TOC ne sont guère observés chez les personnes dont l’intelligence est altérée). Concernant ce trouble, le DSM IV-TR spécifie bien qu’il débute toujours pendant l’adolescence ou au début de l’âge adulte, bien qu’il soit possible, dans de rares cas, qu’il débute pendant l’enfance.
Le DSM IV-TR décrit l’obsession ainsi:
- Des pensées, pulsions ou images récurrentes et persistantes dont la survenue est intrusive et inappropriée et qui provoque du stress ou de l’anxiété.
- Des pensées, pulsions ou images qui ne constituent pas juste de simples inquiétudes excessives par rapport aux problèmes de la vie courante.
- La personne tente d’ignorer ou de supprimer de telles pensées, pulsions ou images, ou de les neutraliser avec d’autres pensées ou actions.
- La personne reconnaît que ces pensées, pulsions ou images obsessionnelles sont issues de son propre esprit.
La compulsion est définit comme suit:
- Des comportements ou actes mentaux répétitifs que la personne se sent poussée à effectuer en réponse à une obsession.
- Les comportements ou actes mentaux sont destinés à réduire le stress ou à prévenir des situations ou évènements anxiogènes; toutefois, ces comportements ou actes mentaux ne sont pas adaptés à la réalité de l’évènement qu’ils sont censés prévenir ou neutraliser, ou alors de manière clairement excessive.
- La personne reconnaît que ces obsessions et compulsions sont excessives ou déraisonnables (cela ne s’applique pas aux enfants).
- Ces obsessions ou compulsions sont sources de stress et coûteuses en temps, ou interfèrent significativement avec la routine quotidienne, avec les occupations, fonctions ou activités sociales et professionnelles.
Les enfants souffrant d’un TOC diffèrent des autres enfants dans le sens où leurs croyances déforment et impactent leur vie quotidienne: leur TOC devient une activité en soi. Ils peuvent ainsi vouloir refaire le trajet entre l’école et la maison parce qu’ils n’ont pas compté le bon nombre d’horodateurs sur le chemin. De tels comportements sont qualitativement différents des engagements fervents que l’on peut observer chez les enfants surdoués dans leur « passion du moment ». Les activités sont alors tournées vers un but. Au contraire, les actions compulsives sont motivées par la peur et l’anxiété, plutôt que par la curiosité et l’engouement. L’obsession caractéristique de la douance est qualitativement, et non quantitativement, différente d’un trouble obsessionnel-compulsif.
Les troubles de la personnalité obsessionnelle-compulsive (TPOC) :
Selon le DSM IV-TR, est qualifiée de personnalité obsessionnelle-compulsive une personne qui est préoccupée par l’ordre, le perfectionnisme, le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens de l’ouverture, de la flexibilité et de l’efficience. Les personnes présentant un TPOC sont souvent qualifiées de trop rigides, disciplinées, méthodiques, fastidieuses, obstinées, méticuleuses, critiques, inflexibles, ayant une pensée binaire et étant obsédées par les infractions et manquements moraux qu’elles perçoivent chez les autres. On remarquera que ces traits présentent de nombreuses similitudes avec ceux que l’on retrouvent chez les perfectionnistes surdoués, bien que des différences notables soient observables.
Le DSM IV-TR définit le TPOC ainsi:
- La personne est préoccupée par les détails, règles, listes, ordres, organisations, schémas, au point de perdre de vue le but de l’activité.
- Elle fait preuve d’un perfectionnisme qui interfère avec le fait de mener l’activité à terme.
- Elle fait preuve d’une dévotion excessive pour son travail ou activité aux dépends du reste et des autres (ne tient pas compte par exemple des contraintes budgétaires).
- Elle est très consciencieuse, scrupuleuse et inflexible concernant les aspects moraux, éthiques ou liés à ses valeurs.
- Elle est incapable de jeter des objets usés ou inutiles, même quand ils n’ont pas de valeur sentimentale.
- Elle est réticente à déléguer des tâches ou du travail à d’autres personnes sans être sûre que celles-ci feront les choses exactement telles qu’elles doivent être faites.
- Elle est avare dans ses dépenses, que ce soit pour elle ou pour les autres, considérant la monnaie comme devant être thésaurisée en vue de futures catastrophes.
- Elle fait preuve de rigidité et d’entêtement.
Les relations avec la douance:
Les troubles obsessionnels-compulsifs concernant les personnes ayant au minimum une intelligence dans la norme, il n’est pas étonnant de les voir associés au concept de douance, particulièrement depuis que les études ont démontré le lien entre douance et perfectionnisme. Les personnes ayant un TOC ou un TPOC sont également perfectionnistes dans le sens où elles ont peur de laisser voir leurs insuffisances et imperfections, ce qui entraine des sentiments de honte et d’anxiété. Les personnes surdouées et celles souffrant de TOC ou de TPOC essaient de réguler leur perfectionnisme, leur honte et leur anxiété en intellectualisant et contrôlant leur environnement.
Les personnes surdouées passent de longs moments à penser, ce sont des idéalistes qui se sentent investis par la victoire du bon sur le mauvais, qui ont un sens de la justice et des valeurs élevées et qui veulent améliorer le monde. Ils réfléchissent à comment ils pourraient être, comment le monde devrait être. Mais ils voient également clairement comment eux et le monde peuvent être éloignés de leurs idéaux.
Les enfants surdoués développent très jeunes un tel idéalisme, dès qu’ils expérimentent les notions de bien, d’amélioration de soi-même et de l’environnement, mais sont vite confrontés à leurs propres limitations. Chez la plupart d’entre eux, cela conduit à un sentiment de responsabilité personnelle. Ils sont bouleversés lorsqu’ils voient des SDF ou des images d’enfants affamés. Certains enfants précoces ont des difficultés à dormir en pensant au terrorisme et à toutes les personnes qui sont blessées ou tuées dans le monde. D’une manière similaire aux personnes souffrant de TOC, les enfants surdoués peuvent être effrayés de manière continue et excessive et ressentir des sentiments de culpabilité et de responsabilité. La réassurance ne les allègent pas de ces pensées persistantes, perturbantes, qui s’accompagnent couramment de sentiments de détresse.
Il est important de rappeler également que cette anxiété est contagieuse et que les enfants la reçoivent souvent de leurs parents. Les enfants doivent apprendre petit à petit à gérer leurs frustrations et doivent être encouragés à accroître graduellement leur autonomie.
Quand des enfants sont confrontés à de nouvelles situations, leur anxiété est considérée comme légitime, même si elle peut sembler excessive. Tout dépend à travers quels filtres on perçoit la situation.
Une personne avec un TOC qui effectuent certains rituels afin de faire décroître sa peur reconnaît le plus souvent que son comportement est excessif et déraisonnable. A contrario, une personne surdouée ne considèrera pas certains rituels comme étant excessifs ou déraisonnables et sera capable d’élaborer des scénarios élaborés afin d’expliquer en quoi ses pensées et comportements sont non seulement raisonnables mais surtout appropriés et rationnels au vu de la situation. Elle pourra ainsi amener son interlocuteur à comprendre son point de vue.
De fait, le niveau de handicap différera entre une personne souffrant d’un TOC et une personne surdouée: une personne souffrant de TOC sera incapable d’être fonctionnelle, tandis que la personne surdoué s’épanouira dans cette quête visant à résoudre ses problèmes personnels ou ceux de la société à l’origine de son mal-être.
Le syndrome d’Asperger :
Bien que le DSM IV-TR propose un descriptif du syndrome d’Asperger, il persiste encore une grande variabilité selon les auteurs pour définir les caractéristiques inhérentes à ce trouble.
Le syndrome d’Asperger est de plus en plus fréquemment diagnostiqué depuis une dizaine d’années et il est maintenant utilisé pour décrire ce que l’on appelle l’autisme de haut niveau. Malheureusement, des cliniciens bien intentionnés mais mal informés, tendent à poser ce diagnostic à toute personne rencontrant des problèmes de socialisation, ayant des difficultés à capter les signaux interpersonnels ou étant simplement trop réservée dans un contexte social.
En fait, le trouble d’Asperger a des répercutions significativement handicapantes pour celles et ceux qui en sont affectés; il ne s’agit pas d’une simple étiquette à poser sur des personnes qui sont simplement maladroites, excentriques ou ayant des difficultés de socialisation.
Alors que la plupart des personnes avec autisme présentent d’importants handicaps tant au niveau intellectuel qu’au niveau des apprentissages, les personnes avec le syndrome d’Asperger ne présentent pas de telles difficultés. Bien que ces personnes montrent souvent des inégalités significatives au niveau de leurs compétences, elles peuvent obtenir un résultat élevé aux tests d’intelligence, quelques fois au delà de 140 et réussissent particulièrement bien les tâches verbales et relatives à la mémoire.
Tout comme les personnes avec autisme, les personnes ayant le syndrome d’Asperger présentent de grandes difficultés au niveau des relations interpersonnelles: elles manquent d’empathie et des capacités permettant de lire et d’interpréter les signaux interpersonnels ainsi que leurs nuances. Elles ont une forte prédilection pour les routines et structures et sont souvent fascinées par les rituels, quelque fois au point de les faire passer pour des compulsions ou obsessions. Leurs centres d’intérêts sont souvent excentriques ou peu attrayants pour les autres. Ces personnes se basent sur les éléments concrets plutôt que sur l’abstrait, ce fait qu’il leur est difficile de tirer des généralités d’une situation. De même, il leur est difficile de comprendre les métaphores car elles prennent tout au premier degré, de manière littérale.
Cet aspect concret de leur pensée les fait paraître différents, et il est possible que ce soit cette particularité qui fasse penser à un manque d’empathie.
A l’école, la faible conscience sociale caractérisant les enfants ayant un trouble d’Asperger constitue un handicap dans leurs relations aux pairs et ils sont souvent perçus comme bizarres ou différents. Parce que leur pensée est si concrète, littérale et sérieuse, les autres enfants les taquinent, les raillent, les ridiculisent ou leur jouent de mauvaise tours. Les enfants avec un trouble d’Asperger constituent souvent de parfaites victimes à harceler. En dépit de leurs capacités verbales élevées, ils ont souvent des retards au niveau de leur développement moteur par rapport aux autres enfants de leur classe d’âge qui les qualifient de maladroits ou stupides.
Le fait de penser différemment et d’avoir des difficultés à saisir les relations interpersonnelles a également des répercussions au niveau du travail scolaire. Le fait d’avoir du mal à généraliser à partir d’une situation rend difficile les tâches d’abstraction: si l’on ne peut adopter la perspective d’une autre personne, il est impossible d’argumenter. Ces enfants ont besoin qu’on les aide à reconnaître les émotions et perspectives des autres personnes.
Les critères à prendre en compte pour le diagnostic initial dans le DSM IV - TR sont:
a) Un handicap qualitatif au niveau des interactions sociales qui se manifeste au moins par les deux aspects suivants:
- un handicap à saisir et utiliser le langage non verbal
- un échec à developper des relations appropriées avec les pairs
- un manque de spontanéité à partager l’engouement, l’intérêts et les réalisations des autres
- un manque de réciprocité sociale et émotionnelle
b) Caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités, comme en témoigne au moins un des éléments suivants :
- préoccupation circonscrite à un ou plusieurs centres d'intérêts stéréotypés et restreints, anormale au niveau de l'intensité ou de l'orientation
- adhésion apparemment inflexible à des routines ou rituels spécifiques et non fonctionnels
maniérismes moteurs stéréotypés et répétitifs
- fascination pour certaines parties d’objets
c) La perturbation cause des handicaps cliniquement significatifs au niveau des aires de fonctionnement sociales, professionnelles, ou d’importances équivalentes.
d) Il n’y a pas de retard significatif au niveau du développement du langage.
e) Il n’y a pas de retard significatif au niveau du développement cognitif, de l’acquisition d’aptitudes liées à l’autonomie, du comportement adaptatif (autre que celui lié aux interactions sociales) et de la curiosité vis-à-vis de l’environnement.
f) Ces critères ne doivent pas être repris dans un autre trouble spécifique du développement généralisé ou dans la schizophrénie.
Similitudes entre le trouble d’Asperger et la douance:
Il semble qu’il y ait une réelle relation entre les troubles d’Asperger et la douance. Il existe des caractéristiques similaires comme une excellente mémoire ou la fluidité verbale. Les deux peuvent parler ou poser des questions de manière incessante. Ils intellectualisent beaucoup et le font précocement. Les deux groupes s’absorbent dans un ou plusieurs centres d’intérêts, approfondissant considérablement leurs connaissances. Ils sont tous deux fortement concernés par les notions de justice et d’équité, même si chez les personnes ayant un troubles d’Asperger cela se manifeste sur un plan moins émotionnel, plus logique.
Les deux groupes — les enfants ayant un trouble d’Asperger et les enfants surdoués sans trouble d’Asperger — ont fréquemment des problèmes d’attention car ils ne veulent se concentrer que sur ce qui les intéresse. Du fait qu’ils n’anticipent pas habituellement les choses, ils ont des difficultés à s’adapter aux changements et résistent aux tentatives d’attirer leur attention. Les deux possèdent un sens de l’humour décalé, inhabituel, et font souvent preuve d’une hypersensibilité (hyperexcitabilité) envers les stimuli tels que le bruit, les lumières, les odeurs, les textures et saveurs. Les enfants avec un trouble d’Asperger seront toujours perçus par les adultes et par leurs pairs comme différents, bizarres, contrairement aux enfants surdoués sans trouble d’Asperger qui ne seront pas forcément perçus ainsi. Cela peut venir de leur développement asynchrone, d’un contexte éducatif pauvre, d’une introversion prononcée ou d’une gêne sociale. Dans le cas des enfants surdoués avec trouble d’Asperger, le développement asynchrone peut être extrême, entraînant des comportements qui semblent déroutants, étranges.
Caractéristiques différentielles:
Il peut être difficile de différencier des enfants surdoués d’enfants ayant un trouble d’Asperger. En fait, on pourrait davantage parler de gradation plutôt que de considérer le trouble d’Asperger comme une catégorie distincte. Le trouble d’Asperger constituerait un handicap final dans un processus croissant de comportements caractéristiques. De plus, on notera que les enfants ayant un trouble d’Asperger peuvent souffrir également de TDA(H) ou de TOC.
Il est important d’établir un diagnostic correct. Si les enfants ayant un trouble d’Asperger sont simplement considérés comme des enfants bizarres, excentriques, surdoués, ils seront sous-diagnostiqués et ne recevront pas de traitement adapté. De même, un enfant surdoué - habituellement ceux dont l’éducation est inadaptée - pourra être étiqueté à tort Asperger et recevoir des interventions qui ne seront ni nécessaires ni utiles et qui ne leur offriront pas les possibilités éducatives lui permettant de s’épanouir.
Il semble y avoir deux éléments permettant d’établir une différentiation. Le premier consiste à observer le comportement de l’enfant lorsqu’il se trouve en compagnie d’autres personnes partageant sa passion intellectuelle. Les enfants ayant un trouble d’Asperger manquent d’empathie et continueront à avoir un comportement inadapté avec la plupart de leurs pairs. Les enfants qui ont été diagnostiqués à tort Asperger auront un contact plus facile avec certains de leurs pairs et éprouveront de la satisfaction lors de certaines interactions sociales.
Le second élément consiste à examiner la perception de l’enfant sur la façon dont les autres réagissent à son comportement. Les enfants surdoués ont une bonne perception intellectuelle des situations sociales et savent de quelle manière les autres les perçoivent, contrairement aux enfants ayant un réel trouble d’Asperger.
Ces derniers tendent à parler de ce qui les intéresse d’une manière pédante, d’une voix monotone, tandis que les enfants surdoués parleront de leur passion d’une manière enthousiaste, passionnée, même si le sujet peut sembler rébarbatif pour les autres. Si l’enfant n’est pas capable de percevoir chez les autres les signaux non verbaux d’ennui, qu’il n’est pas capable de trouver une autre manière d’interagir, il y a de fortes probabilités que l’enfant souffre du trouble d’Asperger.
D’un autre côté, certains surdoués peuvent présenter plusieurs de ces caractéristiques pouvant amener un spécialiste non informé à établir un diagnostic erroné.
Chez nombre d’enfants surdoués, il y a une distanciation établit vis-à-vis de leurs pairs, non pas du fait d’un manque d’empathie, mais plutôt d’une faible tolérance envers celles et ceux qui ne partagent pas la rapidité de leur processus mental. Le manque d’empathie ne concerne que certaines situations chez l’enfant surdoué. On notera d’ailleurs que ce dernier fera preuve d’une remarquable compréhension et d’une forte empathie envers les personnes souffrantes ou moins fortunées.
Le trouble de la personnalité schizoïde:
Le trouble de la personnalité schizoïde est caractérisé par un manque d’intérêt pour les relations sociales. Les activités sont solitaires, mécaniques ou abstraites (ordinateur, jeux mathématiques…). Les personnes souffrant de ce trouble font largement preuve d’indifférence envers ce que les autres peuvent penser d’elles, que ce soit positif ou négatif.
Le trouble se manifeste très tôt: l’enfant n’est pas stimulé par les autres, se réfugie dans son monde intérieur. Une fois adultes, ces personnes préfèreront un travail de nuit ou des occupations solitaires leur permettant d’être seules avec leurs pensées. Ces personnes sont souvent perçues comme étant molles, sans émotions, dépourvues d’ambition. Ce type de personnalité est associé à un haut risque de schizophrénie et se retrouve fréquemment dans les familles ayant des cas de schizophrénie.
Le DSM IV-TR décrit les troubles de la façon suivante:
Un comportement généralisé de détachement social, une palette d’expression des émotions réduite dans le cadre des relations interpersonnelles, comportement émergeant précocement chez l’adulte et présent dans de nombreux contextes, dans au moins quatre des aspects suivants:
- ne désire jamais ou n’apprécie pas les relations sociales, y compris les relations familiales
- choisit toujours des activités solitaires
- porte peu d’intérêt, voire aucun, aux activités sexuelles avec une autre personne
- prend plaisir dans peu d’activités, voire aucune
- n’a pas d’amis proches ou de confidents
- semble indifférent aux demandes ou critiques des autres
- montre une froideur émotionnelle, un détachement affectif.
Les similitudes avec la douance:
Un diagnostic erroné de trouble de la personnalité schizoïde est facilement posé dans le cas d’une introversion marquée. Ce n’est pas rare pour les adultes et enfants surdoués d’apprécier d’être avec d’autres personnes, mais beaucoup reconnaissent que cela est fatiguant. Il leur est alors nécessaire de s’isoler pour se ressourcer. Au contraire, une personne schizoïde sera incapable de choisir entre l’isolement et l’interaction sociale. Choisir d’être seul, de ne pas côtoyer longtemps d’autres personnes n’indique pas nécessairement un trouble de la personnalité schizoïde.
Il ne faut pas oublier que les troubles de la personnalité se situent sur un continuum avec les types normaux de personnalité. La pathologie se caractérise par l’inflexibilité et par le degré de handicap que cela entraîne dans la vie quotidienne.
Le DSM IV-TR ne mentionne pas la nécessité de prendre en considération les éléments liés à la douance dans l’établissement du diagnostic du trouble de la personnalité schizoïde, bien que plusieurs caractéristiques présentent des similitudes. Les personnes surdouées, et encore plus les THQI, tendent à être plus introverties que la norme, à avoir besoin de recharger leurs batteries en s’isolant. Le fait d’avoir besoin de passer du temps seul ne constitue pas seulement une caractéristique liée à la douance, mais également un aspect essentiel du développement personnel.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
Certaines caractéristiques peuvent permettre d’établir un diagnostic différentiel. Comme pour chacun des autres cas présentés, il est possible de poser un double diagnostic, une personne surdouée pouvant également présenter un trouble de la personnalité schizoïde. Les éléments listés ci-dessous doivent interroger sur la réalité un tel trouble:
- présence d’amis proches ou d’accointances en dehors des liens familiaux
- affect approprié aux situations, même si la personne minimise son expression si elle pense que son intensité ne sera pas acceptée par les autres
- capacité nette à expérimenter le plaisir et à le faire avec les autres
- recherche active de personnes partageant des intérêts communs, et l’individu apprécie leur présence
- réactions notables envers les demandes et critiques qui influencent ses comportements
- existence de cas dans lesquels la curiosité intellectuelle de la personne n’a pas été bien accueillie
- comportements et apparences inappropriés qui sont le fruit d’une rébellion ou d’un désir d’indépendance plutôt que d’un manque de soin ou de conscience.
- plusieurs de ces éléments sont présents dans des portions significatives de la vie de l’individu.
Rappelons encore que plusieurs signes et symptômes du trouble de la personnalité schizoïde peuvent être présents chez les personnes introverties et chez les personnes faisant une dépression. La combinaison de la douance et d’un environnement inapproprié peuvent mener à la dépression. Une longue dépression chronique doit être envisagée avant de poser un diagnostic du trouble de la personnalité schizoïde.
Le trouble de la personnalité schizotypique:
Suivant le DSM IV-TR, les personnes ayant ce trouble présentent un inconfort notable au niveau des interactions sociales et interpersonnelles. Elles sont excentriques et font aussi preuve d’une pensée inhabituelle, distordue. Elles peuvent interagir avec les autres mais préfèrent rester seules car elles sentent qu’elles sont différentes. Souvent ces personnes pensent avoir des dons ou pouvoirs spéciaux - comme prédire les évènements ou lire dans la pensée des autres - et sont sensibles aux critiques. Leur excentricité peut se manifester au niveau vestimentaire, gestuel, ou dans un manque d’égard au niveau de leur apparence ou des conventions sociales.
Le trouble de la personnalité schizotypique est quelques fois surnommée « schizophrénie éclairée » car il s’agit de la personnalité la plus commune conduisant à la schizophrénie. Superstition, croyances inhabituelles ou irrationnelles sont communes et influencent en profondeur leur vie et leur personnalité.
Le DSM IV-TR décrit les troubles de la façon suivante:
Mode général de déficit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des capacités réduites à avoir des relations de proximité, par des distorsions cognitives et perceptives, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l'âge adulte et se retrouve dans divers contextes, comme en témoignent au moins 5 des manifestations suivantes:
- idées de référence (à l'exception des idées délirantes de référence) c'est-à-dire, croyances erronées selon lesquelles les événements, les objets ou les autres personnes de l'environnement immédiat du sujet ont une signification particulière et inhabituelle.
- croyances bizarres ou pensée magique qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d'un sous-groupe culturel (par exemple superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un "sixième" sens; chez les enfants et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres)
- perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles
- pensée et langage bizarres (par exemple vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés)
- pensées de suspicion ou de paranoïa
- inadéquation ou pauvreté des affects
- comportements ou apparences étranges, excentriques, singuliers
- absence d'amis proches ou de confidents en dehors des parents du premier degré
- anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes de persécutions plutôt qu'à un jugement négatif de soi-même
- Ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques, d'un autre trouble psychotique ou d'un trouble envahissant du développement.
Similitudes avec la douance:
Etablir des caractéristiques différentielles avec la douance est difficile, d’autant que le DSM IV-TR indique que le trouble de la personnalité schizotypique est assez commun (environ 3% de la population), et qu’il peut apparaître dès l’enfance ou l’adolescence, se caractérisant par la solitude, des relations sociales pauvres, une anxiété sociale, l’échec scolaire, l’hypersensibilité, des pensées singulières, inhabituelles, bizarres, fantasques. Des particularités très proches de celles que l’on retrouve dans des cas de douance. Dans ce cas, il est nécessaire pour le spécialiste de bien être informé sur la douance pour ne pas établir de diagnostic erroné.
La douance n’immunise bien sur pas contre un trouble de la personnalité schizotypique, d’autant que certains troubles, comme la bipolarité, la dépression, voire le suicide, sont plus communs chez les personnes hautement créatives.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
- affect approprié aux situations, même si la personne minimise son expression si elle pense que son intensité ne sera pas acceptée par les autres
- absence générale de pensées de suspicion ou de paranoïa
- recherche active de personnes partageant des intérêts communs, et l’individu apprécie leur présence
- l’échec scolaire est variable; si la personne apprécie le sujet ou l’enseignant, les résultats sont élevés
- les adultes bien éduqués ne considèrent pas les pensées comme étant singulières, mais comme profondes et créatives
- existence de cas dans lesquels la curiosité intellectuelle de la personne n’a pas été bien accueillie
- comportements et apparences inappropriés qui sont le fruit d’une rébellion ou d’un désir d’indépendance plutôt que d’un manque de soin ou de conscience.
Le trouble de la personnalité évitante :
Les personnes souffrant de ce trouble évitent les situations qui peuvent entrainer la critique, la désapprobation ou le rejet. A cause de ces peurs, elles tendent à être timides, calmes et inhibées, et ont tendance à éviter les relations sociales à moins d’être sûres de ne pas être jugées. Bien qu’elles recherchent des relations profondes, elles craignent le rejet et s’isolent des autres. Elles peuvent refuser des responsabilités par peur d’échouer. Ce trouble concernerait 0,5% à 1% de la population, trouble que le DSM IV-TR décrit ainsi :
Schéma de comportement présentant une inhibition sociale, des sentiments d’inadéquation et une hypersensibilité aux situations négatives, commençant au début de l’âge adulte et présent dans de nombreux contextes, et caractérisé par au moins 4 des éléments suivants:
- évitement des activités pouvant impliquer un contact interpersonnel important, par peur de la critique, de la désapprobation ou du rejet
- réticence à s’impliquer avec d’autres personnes à moins d’être sûr d’être apprécié
- la personne montre de la retenue dans les relations intimes par peur de la honte ou du ridicule
- forte préoccupation envers les possibles situations de jugement ou de rejet
- inhibition présente lors des nouvelles relations à cause de sentiments d’inadéquation
- la personne se perçoit comme socialement inapte, inintéressante, inférieure aux autres
- la personne est souvent réticente à l’idée de prendre des risques personnels ou à s’engager dans de nouvelles activités de peur de se retrouver dans des situations embarrassantes.
Similitudes avec la douance :
Les enfants surdoués n’ont pas seulement l’impression d’être continuellement évalués par les autres, ils sont également victimes de la part de leurs pairs et d’enseignants de taquineries, de moqueries et sont ridiculisés du fait de leurs caractéristiques. L’exposition à un tel environnement fait que l’enfant devient un adulte ayant des comportements d’évitement, évitant toute évaluation publique. Le perfectionnisme conduit également à des situations d’évitement, d’autant plus pour l’enfant surdoué qui rencontre précocement des succès rapides et faciles et craindra les situations d’échec. Risquer de ne pas être le meilleur ou de ne pas être celui qui sait peut ébranler la construction de l’identité de l’enfant surdoué.
Dans le trouble de la personnalité évitante, la peur d’échouer est liée au regard de l’autre, alors que chez le perfectionniste, c’est le jugement intérieur qui est craint. Pour un observateur extérieur non averti, les deux individus semblent similaires, alors que la façon d’aborder le problème est significativement différent.
Les caractéristiques incompatibles ou contradictoires:
La prise en compte de la douance n’est encore une fois pas abordée dans le DSM IV-TR, mais le manuel précise que le trouble de la personnalité évitante ne se rencontre pas avant le début de l’âge adulte. Etablir la genèse de l’apparition des troubles permet le plus souvent de discriminer la douance du trouble d’évitement.