L'article date de 2007, ce n'est pas si vieux. La WISC V vient de sortir et la WAIS est toujours en version IV. De toute façon, IV ou V ne change rien à l'esprit de l'article: Le problème n'est pas d'avoir des formules pour calculer le QIT, le problème est de savoir s'il a un sens. Cela n'a pas changé entre la IV et la V.
Mon ressenti personnel:
Lautrey a parfaitement raison dans le cadre d'un bilan psychométrique destiné à
une personne. Pour établir un diagnostic, il ne sert à rien de sortir un chiffre global qui n'a pas vraiment de sens, alors qu'on dispose de plusieurs indices qui racontent bien plus de choses.
En revanche, le QIT conserve un intérêt pour les études sociologiques, si on regarde l'évolution du QI sur plusieurs décennies, ou entre des classes statistiques différentes. Le postulat implicite, c'est que si le QIT estime mal le facteur G, il l'estime toujours "aussi mal" au fil des ans ou dans les différentes classes. Les valeurs sont peut-être foireuses mais les écarts restent valides, ne remettant pas en cause les tendances.
d’un autre côté, ne permettrait pas de catégoriser les individus. Et cela pose problème, en sachant que ces tests conçus d'abord par l'armée, règlent tout un pan d’institutions.
Attention à ne pas tout mélanger. Certaines armées pratiquent des tests de QI systématiques au service militaire. Bien que sommaires, ces tests ont l'immense intérêt d'éviter les biais de recrutement. On les retrouve donc exploités dans de nombreuses études. Mais ce n'est pas le but premier, et encore moins pour "catégoriser".
Historiquement, le QI est un prédicteur de réussite scolaire (enfin... d'échec scolaire plutôt). La validation de la pertinence des tests de QI reste la bonne corrélation avec les performances scolaires (voir HS plus bas).
Je crois au contraire qu'il y a peu d'institutions qui exploitent le QI. A l'école, son rôle est anecdotique. Certaines entreprises le pratiquent au recrutement, mais c'est rare. J'imagine que ça sert aussi dans le cadre judiciaire mais ça ne concerne que peu de gens finalement. Quand on commence à s'intéresser aux histoires de douance, on a tendance à voir du QI partout, à croire que c'est un sujet qui préoccupe tout le monde. Je ne saurais pas dire quelle proportion de la population française est testée, mais ça doit pas peser lourd.
Pour les membres de ce forum qui passent généralement les tests à des fins personnelles, on est plutôt dans le cadre correspondant à l'article de Lautrey. Même s'il focalise l'attention, le QIT n'a pas beaucoup de pertinence scientifique à titre individuel.
Hors-sujet
Quand on veut valider une mesure, on procède en deux étapes:
1) est-ce que l'outil qu'on a créé a bien valeur de mesure au sens scientifique du terme ?
2) si oui, est-ce que cette mesure caractérise bien ce qu'on veut ?
La première étape est la plus facile, car elle est quasiment mécanique. Une mesure, c'est quelque chose qui est stable pour un sujet (on mesure plusieurs fois, on a à chaque fois la même valeur) et qui permet de discriminer les sujets (deux sujet différents donnent des mesures différentes).
Si je prend un système qui me répond un chiffre aléatoire, ce n'est pas stable, ce n'est pas une mesure.
Si je prend un système qui me répond 42 à tous les coups, c'est stable mais pas discriminant, ce n'est pas une mesure.
Exemple: Si je veux mesurer la circonférence du crâne, je prend un mètre ruban. Je me mesure plusieurs fois le crâne, j'ai plusieurs fois la même valeur. Je prend deux personnes avec des crânes différents, j'ai des circonférences différentes. Tout va bien, il s'agit bien d'une mesure.
La seconde partie est beaucoup plus délicate, notamment quand il s'agit d'une estimation indirecte. Si je suppose que la circonférence du crâne est un estimateur indirect de l'intelligence, au motif qu'un crâne plus gros héberge un cerveau plus gros, et qu'un cerveau plus gros apporte un gain d'intelligence, comment m'assurer que c'est vrai ? Je ne connais pas la valeur vraie de l'intelligence, je n'ai pas non plus d'étalon. La seule manière est de s'assurer que ma mesure corrèle bien avec d'autres estimateurs de l'intelligence. Sauf que si j'avais une autre mesure parfaite, ben j'utiliserais cette mesure parfaite. On est donc réduit à accepter qu'une bonne mesure de l'intelligence corrèle pas trop mal avec une autre mesure de l'intelligence dont on sait qu'elle est elle-même un peu foireuse. C'est comme cela qu'on valide le QI: il corrèle plutôt bien avec la réussite scolaire, et comme on se dit que l'intelligence entre en jeu dans la réussite scolaire, mais que ça ne fait pas tout, on est content d'avoir une corrélation partielle entre les deux. Au fond, on est sûr de rien, mais on est un peu rassuré. C'est une preuve assez faible scientifiquement, mais on n'a pas mieux.
Bon, valider un test de QI grâce à la corrélation avec la réussite scolaire, c'est long et coûteux. En pratique on le fait une première fois, et ensuite on vérifie que les nouvelles versions corrèlent bien avec les anciennes, elle-mêmes entretenant une bonne corrélation avec la réussite scolaire.
En revanche, si la circonférence du crâne corrèle très faiblement, voir pas du tout, avec la réussite scolaire, on a de bonnes chances d'être en train de faire n'importe quoi, ou d'avoir une mesure très médiocre.
De manière similaire, la taille d'un individu est une mesure au sens scientifique. La taille doit corréler un peu avec les performances sportives. Mais cette corrélation doit être tellement modeste que se baser sur la taille pour estimer les performances sportives doit être très, très imprécis. Ce qui revient à dire qu'on se plante souvent, en fait.