Il y a quelques temps de cela, il m'était impossible de lâcher prise pour la simple raison que cette notion se trouvait aux antipodes de mon besoin permanent de contrôle.
_Contrôle de moi-même tout d'abord, incluant le contrôle de toute émotion, cette dernière étant vêcue comme un danger ou une faiblesse. Ce qui a entraîné un refoulement délétère et la construction rigide d'un magnifique faux-self.
Contrôler mes émotions était une réponse à une peur: qu'elles me submergent.
Je me suis peu à peu aperçue que je m'empoisonnais lentement...
Lâcher-prise, c'est pour moi s'accepter sans culpabilité excessive et toxique.C'est vivre ses émotions, s'aimer même lorsqu'on ne se sent pas "au top", parvenir à se laisser porter un peu par le courant de la rivière et non nager en sens contraire.
C'est aussi prioriser ses besoins en fonction de sa propre grille d'évaluation et non en fonction de ce que dicte le regard d'autrui.
Par exemple, si le matin j'ai envie de lire et que ma maison est en bazar: et bien je lis
Auparavant je faisais le ménage car une petite voix intérieure me disait que sinon j'étais une fainéante et que les autres me jugeraient comme telle...
Lâcher prise, c'est aussi ne plus être tributaire du jugement des autres.
Je me permets de citer qualques phrases de D.Loreau dans"l'art de la simplicité":
"Ne vous souciez pas de ce qu'ils pensent ou de ce qu'ils disent de vous. Vous n'en serez que plus libre. (...)Ne soyez pas la personne qu'on s'attend à ce que vous soyez, mais la personne que vous, vous voulez être."
_A ce besoin permanent de contrôle de moi, s'ajoutait le besoin de contrôle de mon environnement.
Je n'acceptais pas certaines situations, certaines réactions et alors la colère s'emparait de moi. Aujourd'hui, la colère est partie, il ne reste plus qu'un bref agacement... Lorsque je ne suis pas d'accord, j'exprime mon opinion mais je ne l'impose plus de manière forcenée.
Quand je vois que je n'ai pas de prise sur l'autre, qu'il n'entend pas, je ne m'énerve plus. Je parle bien sûr de discussions ou je suis persuadée d'avoir raison
Par exemple, hier quelqu'un me parle de l'euthanasie et comme je trouve ses arguments très simplistes, j'essaie de lui démontrer certaines failles dans son raisonnement qui aurait mérite à se nuancer davantage. Bon, ça n'a pas fonctionné...J'estime avoir donné une piste de réflexion différente, mais libre à l'autre d'en tenir compte ou pas. Je lâche prise et je ne suis pas en colère
Aujourd'hui je me dis simplement que, sans refuser le débat, je sais arrêter de m'impliquer quand c'est inutile. Je suis plus cool
D. Loreau: "N'essayez pas de changer les autres. Cela ne fait que compliquer votre vie. Cela sape votre énergie, vous laisse sans force et frustrée. arrêtez d'expliquer.(...)Résistez au besoin maladif d'avoir toujours raison. Abandonnez votre rôle de planificateur et d'horloge parlante. Agissez quand vous le jugez nécessaire, mais le reste du temps, ne faites rien. Ne dites rien. Vous n'en inspirerez que plus de respect.(...) Ce qui nous irrite chez autrui devrait nous amener à avoir une meilleure connaissance de nous-même. Laissez aux autres la satisfaction d'avoir raison."
_Concernant le fonctionnement spécifique de la pensée chez le surdoué, il permet plus difficilement à mon sens de lâcher prise ainsi que le souligne JSF (cf ce qu'a écrit Melle Rose précédemment).
Il me semble judicieux de canaliser cette "hyperactivité mentale" par une activité qui absorbe et qui permet une concentration très importante. Personnellement, c'est l'écriture qui me canalise. Peut-être le besoin de créativité sert-il de canal pour permettre le lâcher prise...
Pour conclure, je dirai que, dans mon cas, je suis en progrès concernant le lâcher prise, mais cela reste encore fluctuant. Je continue à m'entraîner tous les jours

"Écrire, c'est ranger le bordel qu'on a dans sa tête...
Écrire, c'est ranger le bord d'elle.
Ou pas.
Écrire, c'est embrasser son chaos.
D'abord."