Bonjour, à toutes et à tous,
Je viens ici sur les conseils d'un membre qui se reconnaîtra afin d'apporter mon témoignage vis à vis de l'école et en faire ainsi le point.
J'ai l'impression en écrivant ces lignes que ça va être douloureux, bien plus que je ne le pensais.
J'ai commencé ma scolarité à l'âge de deux ans, âge auquel je ne parlais pas. Je n'ai pas souvenir de cette première année, mes premiers souvenirs remontent à l'année suivante.
Nous venions d'emménager dans une petite ville, la veille de la rentrée. J'ai eu une maîtresse très gentille, qui a très vite compris que j'étais différent, à cette époque, j'étais réellement handicapé par ma vision, elle m'a donc apporté une grande aide à cette époque. A la fin de cette année scolaire, j'avais rattrapé le retard accumulé jusque là, je parlais au moins aussi bien que mes autres camarades, et l'année s'était plutôt bien déroulée, bien que la maîtresse avait signalé à ma mère : "De bonnes capacités, mais un sacré caractère! :p".
L'année suivante, le calvaire a débuté, mes tentatives d'intégration étaient vaines, les autres avaient tendance à me rejeter, car déjà à cette époque je m'acharnais à tout vouloir comprendre, et j'avais la mauvaise manie de les corriger dans leurs erreurs. Mes années de maternelle se sont donc pas trop mal passées par rapport à la suite, j'en garde un souvenir de paix relative, mais aussi de frustration vis à vis des apprentissages, je me fichais de colorier ou d'écouter des histoires, je voulais apprendre à lire moi...

J'ai porté de nombreux espoirs lors de mon entrée en primaire, la maîtresse de CP était très compréhensive, c'était une dame déjà d'un certaine âge, très vite j'ai su lire de manière fluide et autonome.

J'avais l'impression d'avoir devant moi un monde vraiment merveilleux, je lisais tout et n'importe quoi, cela m'a d'ailleurs valu quelques bricoles.

Cependant, l'année de CP a été aussi une année où j'ai réellement pris conscience de ma différence, je passais mes récréations seul, personne ne venait me voir, mais ça ne me dérangeait pas.
L'année suivante fut un peu moins agréable, en CE1, je suis tombé sur une professeur dans sa première année, cette dernière était fort gentille, mais a eu beaucoup de mal à me comprendre. Pour moi, cette année rime avec ennui, et frustrations, je me souviens encore de m'amuser à siffler dans mes bouchons de bic pour pailler à cet ennui.

Mes parents ont souvent été convoqués, et les punitions tombaient également... Mes parents ne comprenaient pas mon comportement, très vite, les punitions des parents sont aussi tombées...
L'année s'est donc achevé sur un bon ensemble mais un élève trop dispersé, trop bavard...
L'année suivante, ce fut totalement différent, la maîtresse, une dame encore d'un certain âge, a très vite compris quel genre de moustique j'étais, elle m'a donc placé seul contre son bureau.

Je me souviens de longues conversations avec elle quand j'avais achevé mon travail. Cette année s'est très bien déroulée d'un point de vu scolaire, avec mes camarades, le décalage était de plus en plus intense., et leur violence se faisait sentir de plus en plus.
L'année du CM1 n'a rien de particulier à part que j'étais agité, et isolé...
L'année de CM2 m'a éprouvé, mes camarades se faisaient violence, ils devenaient méchants, et la maîtresse ne semblait pas réellement m'apprécier, dès que je levais le doigt, je voyais son agacement... J'étais incompris, et je le voyais, de plus, j'étais révolté par son hypocrisie , étant donné qu'elle affirmait à mes parents que tout se passait bien, et qu'il n'y avait pas de souci, pour moi il y en avait un gros... Cependant, à cette époque, j'étais très renfermé, peu communicatif.
L'année suivante fut mon entrée en sixième, cette année fut terrible d'un point de vu social, mes jeunes camarades se faisaient un plaisir de m'humilier, de me demander de quel planète je sortais, me traiter de mongole... Les professeurs le voyait, mais affirmaient que ça passerait, et naïvement, je les croyais. Cette année, je me suis fais bien malmener par mes camarades autant psychologiquement que physiquement... J'étais perdu je ne comprenais pas, d'autant plus que j'en étais venu à me défendre en poussant un de mes camarades dans une flaque de glace. J'ai été sanctionné, mais je ne comprenais pas mon geste si violent pourtant inhabituel pour moi...
L'année suivante, ce fut bien pire, je ne pouvais plus lever le doigt en cours sans qu'on vienne me voir à la sortie pour me dire : "mais ferme ta ...., tu parles trop, tu es débile, tu n'es pas capable de faire court ou quoi, tu cherches qu'à faire ton intéressant...." message reçu... Les autres années de collège sont similaires, avec une apothéose en quatrième où en plus des camarades, la professeur de français s'y mettait et faisait accentuer ces harcèlements, tu es bizarre, tu es tout seul, tu n'es pas net... Dans mes bulletins, il était dit, bon élève, mais devrait apprendre à se canaliser au plus vite.
Vient ensuite l'entrée en seconde au lycée, au vu des années de collège, mes parents avaient soumis l'idée d'un collège privé, je ne voulais pas, c'était hors de question!
J'ai donc fait mon entrée au lycée, l'année de seconde fut différente, je ne me suis pas fait des tas d'amis, mais j'étais relativement tranquille, bien que j'attirais la curiosité de mes camarades par ma "bizarrerie". Mais cette année, j'ai rencontré un élève un peu "bizarre", au bout de quelques moi, j'ai appris qu'il était HPI, et il a fait parti des gens qui ont déclenché en moi les murmures, et tout le reste.

Dans l'ensemble, je n'en veux pas à l'école, je comprends qu'il est difficile de nous y intégrer, je sais aussi que beaucoup de professeurs avaient interprétés ma singularité par un haut potentiel, cela dit, je suis en colère vis à vis des jeunes de mon âge qui n'ont pas su m'intégrer avec ma différence, bien que je conçoive également, que j'ai une grande part de responsabilité aussi, cependant, je n'ai jamais réussi à rentrer dans le moule, maintenant, je joue une sorte de rôle non pas pour me faire des amis, mais pour tenter de passer inaperçu.
Je vais m'arrêter ici car je constate un roman, j'espère avoir été clair, et pas trop ennuyant, je vous remercie si vous êtes parvenus à me lire jusqu'au bout.
Au plaisir de vous lire.
