Le fait de devenir parent a-t-il toujours été seulement une affaire de femme ? Oui et non. (Et quid de l'enfant dans tout cela ? Ladyspace en a très justement parlé et je ne rajouterai rien.)
Si on sait depuis longtemps que l'on peut avoir plus ou moins une influence sur les naissances, le « choix » de devenir parent est plus récent.
Je mets volontairement « choix » entre guillemets, du fait qu'il y a des cas où cela reste des « non choix » — conscients, j'entends — : mauvaise pratique / accident / ignorance de la méthode de contraception, insuffisance de cette dernière, dangers d'une contraception, viols, infertilité, problématiques inconscientes qui exposent les femmes à une grossesse non consciemment souhaitée…
À l'heure actuelle, malgré les progrès en matière de maîtrise et de contrôle de la fertilité, poser que l'on pourrait juste choisir ou ne pas choisir consciemment d'avoir un enfant n'est pas si évidente.
Ensuite, oui, admettant qu'il y ait désir d'enfant et possibilité de le faire sans un cadre de choix conscient, de qui est-ce l'affaire ?
Il me paraît abusif de dire que ce devrait être uniquement un choix exclusif des femmes. Le fait de porter l'enfant ne donne pas le droit de réduire l'homme à son sperme et son potentiel fécondant. Et les femmes qui agissent de façon à faire un enfant dans le dos de leur conjoint rompent clairement un contrat de confiance. (Je ne parle pas de celles qui ont un accident de contraception.)
De la même façon, lorsque surgit une grossesse non désirée et que se pose la question de garder ou non l'enfant, qui a le droit de décider ? Et si les deux ne sont pas en accord, qui doit avoir le dernier mot ? L'homme ou la femme ?
Il y a une inégalité fondamentale entre l'homme qui, certes, peut subir des grossesses qu'il ne souhaitait pas (a-t-il ensuite fait en sorte de se protéger lui-même ? a-t-il été abusé par la promesse de confiance d'une femme ?) et payer (au propre) toute sa vie une paternité subie, mais qui ne la souffrira jamais directement dans son corps, et une femme qui elle peut celle peut-être plus facilement contrôler sa fertilité (et encore…), qui portera l'enfant, qui subira les examens cliniques et paracliniques, l'accouchement ou une IVG.
Je ne doute absolument pas qu'il y ait des pères meurtris, qui paient cher cet état de fait, même si certains peuvent choisir après-coup de devenir d'excellents pères.
Le Renard a écrit :Mais justement, techniquement, quelles contraceptions non-définitives existent pour les hommes ? La première qui répond "le préservatif", je lui demande si elle n'est pas aussi heureuse que son nouveau copain le jour où ils décident ensemble de l'enlever.
Je ne suis pas bien au courant des avancées de la recherche en matière de contraception masculine réversible, sinon que c'est peu avancé, que les effets secondaires sont nombreux (sont-ils plus nombreux que pour les femmes, ceci dit ? on a tellement pris l'habitude de les minimiser pour les femmes) et la recherche peu motivée (pour x, y et z raisons)…
Par contre, je suis plutôt bien au courant des effets secondaires et des contre-indications de la contraception féminine, et… oui, parfois, pour une femme (et un homme), la seule contraception non définitive qui existe est le préservatif (féminin ou masculin). Et parfois pour une femme, retirer le préservatif, ça veut dire tout simplement prendre le risque de tomber enceinte.
La contraception hormonale comporte de nombreuses contre-indications (surtout pour les œstro-progestatives) et les effets secondaires, selon chacune, peut être plus ou moins nombreux. Le DIU n'est pas toujours possible ni bien toléré. (Pilules et DIU sont quand même les moyens de contraception les plus sûrs à l'heure actuelle, hormis la contraception définitive.)
Je connais des femmes qui répondraient « préservatif ». Probablement pas la majorité, et même que la majorité doit se trouver dans le cas de figure que tu évoques justement. Mais voilà, pour certaines, c'est quand même la dernière chose qui reste.
(Et seul le préservatif protège des IST.)
À qui le choix de devenir parent ? Un enfant n'aura jamais son mot à dire dans ce choix, mais c'est lui qui souffrira d'un abus maternel ou paternel. (Ça ne vaut pas condamnation à vie.)
Oui, la question d'un enfant non prévu est toujours difficile. Il y a des décisions à prendre, certaines plus douloureuses que d'autres, et des choix à assumer. Faut-il punir une femme qui a fait un enfant dans le dos d'un homme et si oui, comment ?
Pour moi, la notion d' « avortement judiciaire » est une abomination. Forcer une femme à avorter confine pour moi au viol. En revanche faire en sorte que, par exemple, elle puisse ne pas avoir d'aide financière de l'homme qu'elle a abusé, aucune reconnaissance de paternité de ce dernier s'il ne le souhaite pas, pourquoi pas.
Autre question : de ces femmes qui font un enfant dans le dos de leur conjoint, il y a celles qui sont dans une démarche « consciente », « affirmée » et puis celles pour qui c'est moins clair, qui se croyaient infertiles, ne se sont pas protégées, ou encore se croyaient comme « au-dessus du lot commun » en pensant qu'à elles, ça ne leur arriverait pas, ou que sais-je…
J'avoue ne pas comprendre ce qui se joue dans la tête une femme qui place tellement son désir d'enfant au-dessus de tout qu'elle en vient à ne pas respecter l'homme de qui elle conçoit. Mais est-ce une mère perverse, est-ce une mère perdue… ? Que se passe-t-il dans la tête d'une telle femme à ce moment-là ?
Beaucoup de choses ont été dites. Ce serait fastidieux voir impossible de revenir sur tout et mes propos ne sont peut-être qu'une redite malgré eux et moi de nombre d'échanges ici.
Il y a plein d'ouvertures que l'on peut faire autre que le strict cas restreint de la femme qui fait un enfant dans le dos (ensuite, il y a en plus plein de cas de figures) : quid des femmes qui se font inséminer à l'étranger faute d'avoir pu fonder un couple et qui voient le temps courir ? quid de tous ces cas où le désir d'enfant n'est pas réciproque ? quid des grossesses et des enfants non désirés ? (Entre le désir de grossesse et le désir d'enfant, il y a une différence, aussi.) Etc., etc.
Du coup, je m'arrête là.