Pour faire suite à ma longue présentation version courte, je vais continuer le récit de ma petite vie ici. Navrée si mes tendances à m'éparpiller et à "pondre des romans" reprennent le dessus. Je lutte mais, elles gagnent toujours. Parce que quand j'écris, c'est un moyen de canaliser mon cerveau et c'est un moyen de pouvoir m'exprimer sans barrières.
Les premiers murmures. J'aime cette expression. Comme cette idée en boucle dans ma tête depuis bientôt deux mois, mais à peine susurrée, comme si c'était un secret ou peut être, une bêtise? Alors pour ne pas alerter les autres, (comme si les autres pouvaient lire dans ma tête!) elle est murmurée cette idée, doucement, tranquillement. Je crois qu'elle n'a jamais été criée. Jamais. Alors qu'avec le recul, peut être que les "signes" étaient là. Mais personne n'a rien vu.
Rétrospective
D'aussi loin que je me souviennes, j'ai toujours été ce qu'on peut appeler une petite fille fragile. Toujours dans la Lune, à toujours chantonner, à rêvasser. Tellement dans la Lune qu'en promenade avec ma famille, je me prenais tous les poteaux et/ou boîtes au lettres en pleine face. Hypersensible et hyperémotive. La moindre petite réflexion provoquait un ras de marée émotionnel et je fondais en larmes. Encore aujourd'hui, d'ailleurs, mais je vais y revenir plus tard. Mon tout premier souvenir, c'est une crise de panique. Je devais avoir environ 2 ans, je me souviens avoir déposé mon grand frère à l'école avec ma mère. Et je pleurais fort car j'avais peur d'y aller aussi. Je me souviens aussi des motifs de la tapisserie du couloir de la maternelle à ce moment là, ça m'avait marqué mais ça on s'en fout
Toujours très curieuse de tout, pleine de questions, avec cette volonté innocente de vouloir sauver le monde quand "je serais grande". J'ai appris à lire en Grande Section de maternelle, seule. Seulement, j'ai reçu une éducation assez stricte et cette émotivité exacerbée, cette curiosité à toute épreuve, ça gonflait vite mes parents, surtout mon père. Déjà, petite, j'ai du réprimer tout ça, mais comment ne plus pleurer, comment ne plus s’émerveiller et rêver, comment ne plus se mettre dans une colère noire alors que tout explose littéralement et qu'on ne contrôle absolument rien? Et puis, j'ai toujours eu cette pression parentale sur les épaules, celle de réussir, de ne pas les décevoir. Et évidemment, la pression que je me collais en plus.
Scolarité
- L'école. J'aimais y aller. Je me rappelle qu'au CP, la maîtresse était surprise de ma capacité à lire si bien, mais en même temps elle pestait de mon écriture. Des pattes de mouches de partout, des tâches d'encre partout, elle s'arrachait les cheveux en me relisant. Elle m'avait surnommée "Cendrillon souillon". Le reste de la primaire, j'étais plutôt bonne élève. Brillante, curieuse, mais pas celle qu'on pourrait appeler l'intello de la classe. J'adorais les poésies, que j'apprenais par cœur en seulement deux lectures, j'adorais en écrire aussi. J'adorais la SVT et j'adorais la musique - j'ai cassé les oreilles de mes parents avec la flûte à bec jusqu'à la fin du collège d'ailleurs. On m’appelait "Madame je sais tout", on me disait "Arrête de ramener ta science". Je pense que c'est pour ça que les autres élèves me rejetaient. Ils inventaient des excuses ("tu pues!" ou "t'as des poux!") pour ne jamais jouer avec moi. J'avais des copines, oui, mais pas beaucoup. Ça me blessait dans le fond mais, tant que j'avais mon monde à moi, avec mes chansons, mes documentaires animaliers et mes poupées, ça allait.
- Le collège a été une catastrophe. En 6° et 5°, j'étais carrément exclue. Toujours bonne élève, j'étais "victime" du syndrome du "peut mieux faire, se repose sur ses acquis". Mais j'étais la risée des autres. Je ne comprenais pas leur manière de penser, je n'avais pas les mêmes centres d'intérêts. J'étais en décalage. En plus de ça, cette co***sse de Dame Nature m'a fait le don d'une puberté précoce. En 5° on me surnommait "Chaussettes" parce que tout le monde pensait que je rembourrais mes soutifs. J'adorais toujours les mêmes matières, j'ai découvert la Physique Chimie avec un grand intérêt, surtout la chimie. Et j'adorais les langues vivantes.
Et puis en 4°, j'ai commencé à traîner avec des filles de ma classe absolument pas fréquentables. J'avais enfin des copines et en plus elles étaient populaires! Alors je les ai bêtement singé, pour faire partie de leur groupe. Je savais que c'était idiot, je ne cautionnais pas certains de leurs actes auxquels je ne prenais pas part d'ailleurs, mais, au moins, je me sentais normale, intégrée. Mes notes ont commencé à chuter, je suis passée des félicitations habituelles aux avertissements travail et comportement. J'ai eu mon brevet. Adieu collège et surtout pas merci.
- Le lycée a été bien différent. Une mentalité plus mûre qui me correspondait mieux. Mais toujours cette difficulté à comprendre les codes sociaux des autres et à me faire des amis. Je traînais avec des gens que j'appréciais oui, mais j'étais jamais vraiment moi même. Vous voyez la jeune fille effacée, sans réelle personnalité, qui suit le troupeau sans réelle conviction, naïve, manipulable à souhait : c'était moi. Heureusement, cette fois, la bande de potes en question était plus fréquentable et travailleuse. J'ai du m'orienter vers un bac L car mon niveau trop faible en Maths ne me permettait pas d'envisager la filière S que j'avais toujours souhaité (vraiment collège, pas merci!) : je ne pourrais jamais devenir médecin, ce dont je rêvais depuis gamine. Mais c'était pas grave, en L, y avait les langues, et ça ça me bottait carrément. J'ai eu mon BAC avec mention alors que j'y suis allée les mains dans les poches. De manière générale, je n'ai jamais eu besoin de réviser.
- La fac. Liberté, liberté chérie. J'ai choisis une filière en rapport avec les langues, mais je l'ai mal choisie. Un coup de tête. Encore et toujours. J'ai abandonné à ma seconde deuxième année. Cet échec a entraîné ma première dépression (la première d'une longue série), j'ai sombré dans l'addiction aux jeux vidéos, plus particulièrement les jeux de rôle : quand ma vie scolaire, amicale et amoureuse foutait le camp, je pouvais au moins contrôler la vie virtuelle que j'inventais. Ma mère s'en est rendue compte et m'a envoyée voir une psy. J'ai du faire 2 séances. Quand elle a essayé de creuser l'affect, je me suis renfermée. Merci, au revoir. Je ne l'ai plus revue.
- Le BTS. J'ai décidé de passer un BTS, sans conviction aucune, si ce n'est d'avoir au moins un diplôme. Je voulais garder les langues, par contre. J'ai décidé de le passer en alternance pour avoir un salaire et m'émanciper financièrement. Encore une fois, pas vraiment d'amies. Dans un monde de filles, les discussions sur les fringues, les mecs et les potins, ça ne m’intéressait clairement pas. Il y avait un seul garçon ne classe, un peu plus âgé. C'est devenu "mon pote de conneries". En cours, on faisait que de bavarder et de se marrer comme des baleines. Pourtant, je répondais toujours juste quand les profs m'interrogeaient pour me piéger car mon oreille traînait toujours. Ça attirait les jalousies et les rancœurs car j'avais des bonnes notes malgré mon attitude en classe. J'ai fait une seconde dépression à la fin de ma deuxième année, quand je me suis rendue compte que ce diplôme me dirigeait vers un métier que je n'appréciais pas. Antidepresseurs, jeux virtuels encore une fois... J'ai eu mon BTS sans me fouler, sans le bosser. Tant mieux. Au revoir système scolaire.
Vie professionnelle
Ca, ça va aller vite vu que je n'ai pas eu énormément d'expérience (là tu te réjouis, c'est toujours ça en moins à lire!

) Mais globalement, je ne me suis jamais sentie à ma place, là non plus. Je faisais mon job, sans grand intérêt. Même avec mes collègues, je n'ai jamais lié d'amitié. Toujours effacée, en retrait. Les seuls collègues avec qui ça passait bien était toujours bien plus âgés que moi. Avec eux, je pouvais discuter des plombes. Au niveau du travail, je bossais rapidement. Je devais parfois me ralentir sinon j'allais trop vite et je me retrouvais sans plus rien pour la journée. Et l'ennui, c'est terrible. Depuis 4 ans maintenant, je suis en congé parental. Il doit durer encore 1 an. Et j'angoisse déjà de la reprise. J'ai envisagé une reprise d'études en début d'année scolaire. Je n'ai pas pu. Sentiment d'échec = Nième dépression.
Alors maintenant qu'on a fini le premier chapitre.... Non, je déconne.

N'empêche, c'est à mon sens important pour comprendre la suite. Pour comprendre l'origine du déclic qui m'a amenée ici. Le premier vrai murmure quoi. J'y viens, j'y viens!
Le premier murmure
Il est arrivé avec ma fille aînée. La période du terrible two a été plus qu'éprouvante. Enfin, on pensait que c'était ça. Une enfant qui remue tout le temps, qui piaille tout le temps, qui chante, qui danse, qui pose quinze millions de questions... et qui ne s'arrête que quand elle dort. Heureusement pour nous, c'était une grosse dormeuse. On nous a toujours dit qu'elle était très en avance sur bien des choses, mais comme c'était notre premier enfant, pour nous c'était normal. L'école a été salvatrice pour nous, mais pas pour elle. Rentrée début septembre. Première convocation, mi-octobre. "Votre fille ne tient pas en place madame, elle ne veut rien savoir des règles et fait ce qu'elle veut quand elle a fini son travail!". Ah... On pense alors à des troubles TDAH. Je lis, je me renseigne. Non, ça ne ressemble pas à ma fille. Deuxième convocation quelques semaines plus tard. "Votre fille n'écoute pas. Elle n'en fait qu'à sa tête. Mais vous savez... dans sa tête, ça carbure, ça va très très vite. Je n'ai pas le droit de poser de diagnostique car ce n'est pas mon métier. Mais vous devriez prendre rdv avec un psy". Ah bis... Là encore, je lis, je me renseigne. On me conseille le livre de JSF sur les petits équidés à rayures. Tiens... un écho aux premières pages. Bon, je n'ai pas lu entièrement je l'avoue. 2 rdv avec 2 psychologues n'ont rien donné de concluant. Puis, enfin, un rdv avec une pédopsychiatre a pu mettre des mots sur ce qu'il se passait après une grosse heure d’observation et de discussion avec elle. "Votre fille a des mécanismes psychiques différents sur beaucoup de points. Mais elle ne souffre pas. La tester maintenant ne serait pas utile.". Ok. On en reste là. La moyenne section s'est très bien passée, mais toujours cette avance, cette rapidité. Aujourd'hui elle est en Grand Section, nous pose toujours 36 millions de questions, est toujours dans la Lune, a une émotivité exacerbée, chantonne constamment, a des moments d'absence. Tiens? Ca vous rappelle pas quelqu'un? En tout cas, pour moi, ça a été flagrant. Et plus je vois ma fille, plus je me revois petite.
Suite à une Nième dépression, j'ai pensé que j'étais bipolaire. Je me suis renseignée, j'étais prête à aller consulter un psychiatre. Une amie qui bosse en psy et à qui j'en ai parlé m'a rassurée et m'a dit que c'était pas ça. Dépressive chronique, peut être. Alors mon ami Google et moi, on a fait des recherches. Et je suis tombée sur des vidéos sur YouTube, par hasard. Et là, la claque. "La dépression du surdoué". "La procrastination du surdoué". Mais pu***! C'est moi!!!! De là a commencé une boulimie au sujet de la douance : vidéos, livres, émissions radio... J'ai pleuré au moins 15 L de larmes, je me suis tellement reconnue. Moi, surdouée?

La grosse marrade! T'es folle, c'est tout! Mais l'idée à fait son chemin. Et le murmure est toujours présent, constamment, en bruit de fond. Et si c'était la clé? J'ai lu TIPEH, je l'ai dévoré. Il y a des passages qui m'ont juste cloué encore plus dans mon canapé, des passages qui mettent des mots sur des choses que j'ai toujours ressenti et dont je n'ai jamais parlé à personne, par pudeur mais aussi car je n'arrivais pas à mettre des mots dessus (notamment le sentiment d'omnipotence, celui là bouuuuh!). J'ai lu des bribes à mon mari. Il se marrait en me disant "mais c'est toi!". On a discuté pas mal, amenant souvent les "est-ce que ça te fait ça quand...?" ou "est-ce que tu penses comme ça?". On s'est rendu compte qu'on était carrément différents. Pas du tout la même manière de fonctionner, de penser. On a fini par en déduire que nos prises de becs quotidiennes et certains autres aspects de notre vie commune pouvaient probablement s'expliquer à cause de ça. De la probable douance que j'ignorais.
C'était il y a 1 mois et demi. Et depuis, j'ai pris un rdv avec une spécialiste. J'avoue que j'attends beaucoup de ce rdv. Qu'elle me dise que finalement je suis pas folle, que je vais bien et que je suis juste un peu différente.
Je sais bien qu'objectivement il n'y a pas d'enjeux réel, que ça ne devrait pas changer qui je suis ni ce que j'ai pu vivre et construire. Mais l'éternelle angoissée que je suis ne peut pas s'empêcher de stresser. Et d'envisager 15 millions de scénarii imaginaires. Reste à voir lequel se jouera pour de vrai.
Et désolée pour le pavé. Pardon. Pardon.
