a paumé son "quick draft" de 50 lignes de la semaine dernière et pleure la perte de réflexions brillantes mouvement browniens intra-craniens qu'elle ne sera pas capable de ré-écrire parce qu'elle a tout oublié poisson rouge qu'elle est
Entre les
premiers murmures et le moment ou je me suis décidée à entamer les démarches pour me faire tester il s'est passé quasiment un an et demi. Effectivement j'ai beaucoup hésité, pour beaucoup de raisons, plus ou moins pertinentes, et qui ne seront pas toutes applicables au plus grand nombre... J'imagine que certains se contentent très bien d'un auto-diagnostic, mais comme le doute est ma religion et la science mon métier, pour moi point de conclusion sans test

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Tout d'abord les 3 raisons listées par [mention]Gouttedeau[/mention] en début de sujet me concernent bel et bien. Clairement mon plus gros frein pour entamer les démarches était
la peur du résultat l

. L'idée que je me fais de l'annonce du non dépend de si je suis dans une phase ou je pense que le résultat sera négatif. Dans ces phases je me dis que ce sera une bonne douche froide pour l'estime de soi déjà bien cabossée, mais qu'il est bien possible que cela donne plus de 115 et ça ce serait déjà top de me dire que je ne suis pas plus bête que la moyenne et même un peu au dessus (tout en restant consciente des limites d'un score de QI, que ça ne résume pas toute l'intelligence/la connerie de quelqu'un). Pendant de brefs instants je passe en phase "c'est vaguement plausible quand même", après avoir rassemblé les arguments qui poussent dans ce sens (tous fragiles et non pertinents, j'en suis consciente, mais si on les met tous bout à bout peut-être ça veut dire quelque-chose, non? non? oui ok je sais que c'est non) : les 145-150 sur mon-qui.com, les caractéristiques cochées, les
23 critères de casse-couillitude sur 29, les brèves lueurs d'intelligence au boulot
hé ho ça va les chevilles? n'importe qui d'autre aurait pu le faire. Après environ 5 millisecondes en phase "c'est plausible", j'imagine l'effet que me ferait un non dans cet état d'esprit, et là c'est la terreur absolue, comment je me remettrais de ça, le parpaing dans la tête. retour phase "ce sera négatif".
Il y a aussi le fait de devoir
me confronter à un psychologue/neuropsychologue. Mon expérience en la matière n'a pas été positive. Ma mère m'a trainée au CMPP de mes 11 à 16 ans pour me "remettre les idées en place" (comprendre me rendre docile et me faire avoir de bonnes notes

enfin à l'époque je ne trouvais pas ça drôle). Pour le dire succinctement, ça n'a pas accroché entre moi et cette vieille dame très maquillée et aux gros bijoux qui font gling gling quand elle prend des notes. Je n'ai jamais eu envie de me confier à elle, sa manière de faire ne risquait pas de me faire sortir de ma coquille. Je crois que je ne l'ai jamais entendue dire autre chose que "hum hum", "oui c'est a dire?", "et donc?", "tu as fait des rêves cette semaine? raconte-moi

". Les silences de 15 min montre en main me mettaient terriblement mal à l'aise. J'ai beau savoir que c'était une psy parmi des milliers, et qu'en aucun cas un individu ne peut être considéré comme représentatif de toute une profession, mais bon, la perspective de tomber sur le même genre de spécimen me tentait peu. J'ai essayé de prévenir le problème en contactant un centre spécialisé dans la douance. Évidemment cela ne fait pas tout, mais il m'a semblé que cela diminuait la probabilité qu'on me serve des silences et qu'on essaie de m'extirper mes rêves. J'ai été rassurée au premier entretien, le monsieur est cool

. Indépendamment de si le psy est bien ou pas, il y a le fait de se sentir jugée, même si c'est purement imaginaire. Je sais bien que ce n'est pas le rôle du psy de juger, mais derrière le psy je pense toujours qu'il y a un être humain qui a un avis et qui peut potentiellement me prendre pour une grosse cruche imbue de sa personne...
Classé ex æquo dans la liste des freins à se lancer dans la démarche :
douter de la légitimité de la démarche, ne pas réussir à l'assumer. J'y vois deux aspects : le premier étant que les raisons qui mènent à se poser la question ne sont pas bonnes/solides (voir arguments qui font passer en phase "c'est plausible"

). Je me reconnais dans les caractéristiques énoncées un peu partout.
Oui, et quel pourcentage de la population se reconnait dedans à ton avis?. Je ne savais pas que cela s'appelait l'effet Barnum, mais j'ai tout de suite identifié l'écueil, je l'appelais l'effet horoscope. Sensible, décalée, curieuse, rêveuse à l'école,
ben oui et alors, comme plein de monde!. Les tests de qi sur internet disent que...
et tu crois une seconde que c'est fiable ces trucs-là?. Le deuxième aspect est que ce n'est pas bien de se poser la question et surtout de vouloir y répondre, avec dans mon cas
les proches qui poussent dans ce sens. En vous lisant sur divers topics il me semble que cela va de "hoho bha dis donc tu ne te prend pas pour de la merde à te dire que tu es peut-être surdouée" à "tu ne devrais pas avoir besoin d'un test et de cette étiquette pour atteindre ton épanouissement personnel", avec quelques phrases gnangnan sorties de femme actuelle du genre "il faut que tu t'acceptes comme tu es

". Mes proches ont été un facteur déterminant dans le fait que je ne me lance pas dans des recherches approfondies et dans la démarche de test dans la foulée des premiers murmures. Ils étaient si sincères et bienveillants en me disant "mais oui tu es intelligente bien sûr, mais qu'elle idée de vouloir te faire tester, il faut juste que tu aies une meilleure estime de toi-même", que j'y ai adhéré. Rétrospectivement je me dis que c'est dommage d'avoir perdu ce temps, que je sais bien que quand j'ai une idée dans la tête je ne l'ai pas ailleurs

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Cela n'a pas été mon cas, mais à vous lire j'ai aussi l'impression que pour ceux qui sont déjà en thérapie
leur psy a souvent tendance à les décourager d'explorer cette voie. Je me demande si c'est simplement que la douance n'a pas fait partie de leur cursus et que donc ils rejettent sans vraiment savoir de quoi il retourne, ou alors qu'ils pensent avoir cerné leur patient et pensent sincèrement que le/les problème(s) de leur patient n'est pas lié au fait d'être surdoué ou pas. Ou encore d'autres raisons? J'aurais tendance à dire à partir du moment ou le patient est demandeur, c'est quand même lui qui est maître de son destin, non

?
Comme le sujet du jour est l'hésitation à passer les tests, ça implique "comment sauter le pas"
heu il s'arrête quand ton pavé?. J'avoue que je me suis auto-piégée sur ce coup-là

. J'ai profité des millisecondes de la dernière phase "c'est plausible" pour prendre RDV (en ligne, faut pas déconner), et comme pour annuler il faut passer par le téléphone et que je déteste le téléphone he bien voila je suis coincée il faut y aller

. Pour remonter un peu avant la stratégie d'auto-piégeage, à chaque phase "c'est plausible", je regrettais de ne pas avoir entamé les démarches parce que je sais que cela va prendre du temps et que dans ces phases-là j'ai envie de savoir tout de suite. Là. Maintenant. De manière plus générale, si la question me revient en tête régulièrement pendant un an, c'est qu'elle ne partira jamais, elle touche quelque-chose d'important. Malgré ma sensibilité et tout le reste, j'ai un fond combatif, un peu hargneux même, déterminé à aller mieux et à m'accomplir dans la vie, à réaliser mon potentiel, aussi faible soit-il. Je veux dire, on va bientôt mourir, alors il faut que cette vie compte, non? et ne pas passer trop de temps bloquée dans cette situation inconfortable où je sais que cette étape est nécessaire pour évoluer en mieux mais où je n'ai pas encore réussi à sauter le pas. Et si le test dit non et qu'il faut en passer une semaine, un mois, un an à se rouler à poil dans du verre pilé et des orties avant de continuer en sachant sans doute possible que je ne suis pas HP, he bien j'y vais quand même.
qui c'est qui va être terrorisée et se demander ce qu'il lui a pris de se lancer là-dedans la veille du test? ben oui c'est moi pourquoi?