Salut à tous et à toutes.
Une petite contribution qui, j'espère, apportera un plus réel à tous ceux et celles qui sont encore dans l'étourdissement des questionnements fondamentaux.
Enfant intellectuellement précoce, je fus testé très tôt et donc, en conséquence, je n'ai pas exactement le même profil que certains d'entre vous, aujourd'hui. Pour moi, beaucoup d'interrogations sont tombées relativement vite au regard de vos parcours et de vos découvertes tardives. Cependant, ces troubles, je les ai connu également à une époque bien antérieure de mon existence, justement même au moment où l'élaboration d'une personnalité sert de strate primaire à toute l'architecture d'une vie, tant sociale qu'intellectuelle.
De mon souvenir, j'avais d'ailleurs témoigné il y a de cela une petite dizaine d'années sur, feu, le forum de précoce.org pour me mettre volontairement en rupture avec le ton général des autres témoignages que très peu de positif habitait. Lol, je me souviens encore plutôt bien du titre

: « Témoignage positif. Comment bien vivre avec sa douance. » Et, j'avais été plutôt très content de voir par la suite que nombreux furent les membres touchés par la douance à l'avoir lu et à s'en être emparé pour s'en faire un outil d'analyse supplémentaire.
En vis à vis de mon quotidien actuel et de ma manière de me démêler aujourd'hui avec ma propre douance, je serais plutôt au regret de vous dire que ce témoignage ne vous apporterait plus rien.

Car, la vie m'a fait parcourir beaucoup de chemin et, ainsi, mes anciennes recettes dédiées à équilibrer les différents pans de ma personnalité se sont étrangement enrichies d'ingrédients auxquels je n'aurais pas forcément pensé initialement.
Ce que je vais vous expliquer présentement couvre donc une parabole qui va bien au-delà de ce simple témoignage déposé sur précoce.org, puisque que le temps semble déjà avoir partiellement fossilisé...
Au début était l'enfant. Seul souvent. Enfant unique aussi. Pénétré par des questions et des idées étranges et déjà amoureux des sciences et des concepts pré-philosophiques. A 5 ou 6 ans, j'avais besoin de savoir comment brillait le filament de l'ampoule ; ce qui était à l'origine des gisements de pétrole ; ce qui faisait que les humains, les chats, les chiens et les poissons rouges étaient des êtres d'apparence symétrique ; et même ce qui poussait les flics des films et des séries télévisuelles à porter leur pistolet sur le flanc de la poitrine, dans une singulière coque de cuir sanglée ( je sais depuis que ça s'appelle un holster ), et non pas de part et d'autre d'une ceinture lourdes et épaisse, comme tous les fabuleux cowboys des autres films et des autres séries.
Puis vers 8 ans, j'avais saisi par l'essentiel l'esprit contestataire de Brassens, ce bonhomme à la moustache blanche, au col roulé, dont j'avais notamment vu les photos de la mise en bière, peu de temps auparavant, et dont les ondes commémoratives arrosaient nos oreilles d'histoires presque interdites de gorilles en rut et de paratonnerre. J'ai aussi pleuré devant la télé quand la navette Challenger s'était désintégrée inopinément dans le ciel

, pensant non pas à la destruction absurde d'un rutilant astronef mais bel et bien à la mort cruelle de ceux et celles qui venaient d'y embarquer pour tenter de tutoyer les étoiles. Dès lors, le phénomène de mon empathie m'est devenu totalement conscient.
Peu de temps après, vers 10 ans, j'ai eu des désirs de corps de femmes. Des femmes noires exclusivement. La raison ? J'avoue que je ne l'ai jamais compris. Mais, je désirais la peau mate, le sein lourd et la cambrure en plein érotisme sans comprendre quoi même en faire de mes jeunes menottes. Semble-t-il que l'intelligence passait alors au second plan pour laisser grandement la place à un champs émotionnel beaucoup plus prépondérant.
A 15 ans, Challenger, c'est moi. Paf !

J'éclate en plein vol bien que je sais déjà par le résultat global des tests ( encéphalo + neuro + QI + psy ) que je suis hors des normes. Je suis en parfaite rupture avec l'école qui est pour moi le terrain de tous les dangers.

J'en deviens même malade somatiquement à force me sentir si mal compris, si mal adapté à toute forme de vie en communauté. Je rejette beaucoup de matières scolaires, tourne résolument le dos à l'apprentissage de l'anglais et du latin qui me débectent et ne me consacre véritablement qu'aux arts plastiques par lesquels je tire à moi tout seul la moyenne de la classe vers le haut. C'est décidé, un jour je serais auteur de bandes dessinées. Déjà, je m'attaquais à l'élaboration de mes premières planches dans l'étroitesse de ma chambre de môme.
A la vingtaine, les Beaux-Art sont derrière moi ( 3 ans sur les 5 ) et je m'engage enfin dans une voie purement graphique que je compte bien transformer d'ici quelque temps en profession durable. Mes parents qui, au désespoir, « ne savaient pas quoi faire de moi » et qui n'avaient ( ...n'ont toujours !... ) qu'une compréhension peu approfondie du paramètre de la douance, sont plutôt très heureux car enfin le rejeton unique fait des efforts tangibles pour prendre son envol.

Une autre école professionnelle s'en suit alors et je tente comme je peux de trouver le point d'équilibre harmonieux entre la normalité sociale et l'expression non refoulée de mon tempérament.
Mais cela ne fonctionne pas très bien.

Véritablement, une seule personne sincère va s'attacher à saisir ma singularité. Une personne proche. Un amour.

Une personne qui, à ce jour, malheureusement n'est plus...

Il me faudra rencontrer mon épouse dix ans plus tard pour retrouver enfin chez quelqu'un d'autre ce même degrés de compréhension.
De cette lointaine époque jusqu'à aujourd'hui, la suite va s'écrire entre recherches intimes d'authenticité et tromperie relative. Car, je suis devenu avec le temps un fieffé menteur autant qu'un cachotier !

Quelque part, heureusement que mon caractère ne m'a jamais porté vers l'escroquerie. L'expérience venant avec la force de la pratique, je serais dès lors sûrement un bien mauvais citoyen. Mais reprenons...
Face au miroir du matin et face à l'amour propre, j'ai été comme vous en état de basculement. C'est à dire, à me demander comment bien faire accepter des autres mon « câblage » intellectuel et pouvoir vivre ainsi en étant tout à fait raccord avec la foule des anonymes. Cela aurait pu fonctionner, oui je pense, si je ne portais pas depuis toujours une sorte de guigne éternelle et tenace sur laquelle je n'ai en définitive que très peu d'emprise malgré le sérieux des rides qui me viennent. Pire encore, cet égarement de perception s'est presque souvent manifesté sur un mauvais jugement d'apparence à mon encontre. Comme quoi, quand on n'est ni beau, ni riche, ni surfeur ( petit jeu : Prenez ces 3 termes et mettez ce que vous voudrez à la place. Tant que c'est surfait, ça marchera aussi

) et bien on n'échappe pas au délit de sale gueule, pas plus qu'à l'idée que la masse, sure de ses arguments et de se ses préjugés psychologiques, se fait obligatoirement de l'extraterrestre du village. Voyez plutôt...
Entre mille autres exemples, je n'ai jamais été considéré capable d'être apte à entrer dans le bureau d'une association ( Pour mémoire, un bureau = 1 président, 1 trésorier, 1 secrétaire ). Jamais capable de conduire un gros véhicule utilitaire au travail alors que j'en possède moi-même un exemplaire dans le creux de mon garage. Jamais considéré comme étant capable de gérer un bricolage conséquent bien que je sois le McGyver attitré de ma petite famille. Jamais considéré comme étant capable de comprendre le fonctionnement d'un ordinateur alors que, il fut un temps, j'ai travaillé chez un assembleur. « Jamais considéré... », car c'est bien ça l'association de mots qui blesse. Juste le fait de ne pas être considéré en rapport du véritable panel intellectuel tant de fois affiché !
En toute logique, ( vous vous en doutez déjà surement, intelligents comme vous êtes ), j'ai donc tenté - de prime abord - de faire démonstration rapide de mes prédispositions et talents. Seulement, à chaque fois l'échec cuisant m'attendait. Toutes les bonnes excuses m'ont été données, tous les prétextes furent écrits, si bien qu'à un moment, j'ai préféré arrêter définitivement de vouloir convaincre les idiots et les égarés qui se forgeaient de moi une image trompeuse.
Ce n'est seulement qu'ensuite que j'ai décidé de sortir des standards vestimentaires, de me laisser pousser la barbe ( que je retaille parfois quand-même pour plaire à ma belle ) et d'adopter certains codes supplémentaires plus en adéquation avec mon état d'esprit très porté sur le Rock n' Roll.

Serait-ce donc là une autre forme de tentative d'acceptation par le groupe humain ? ( par un autre groupe humain ? Une communauté ? ) N'étant jamais certain de disposer de toutes les vérités universelles, j'ai effectivement été tenté de le croire aussi à une époque. Puis est venu le temps d'envoyer toutes les formes de convenances analytiques au diable !

Parce que ça fatigue les neurones... Parce que ça fait somatiser. Et que, somatiser mine terriblement ma santé.
Aujourd'hui,
si j'avais à tirer une conclusion relative de mon état présent, juste au midi de ma vie, je dirais que je vis bien mieux avec l'éventail de mes capacités intellectuelles caché sous le manteau. J'use quotidiennement d'un masque qui ne me pèse pas trop, puisqu'il est déjà moulé pratiquement sur l'ensemble des fausses perceptions acquises abusivement en me regardant

. Également, je parle peu ( même parfois avec des très proches ). A entendre par là aussi que je débat peu tout autant que je reste muet quand je sais que la communication reste improbable

, puisque dès que je m'exprime, très vite la confusion s'installe dans les esprits de mes interlocuteurs d'un jour qui ne savent plus vraiment comment me caser dans leur profilage entendu du genre humain. Gros con barbu, mec zarbi borderline pour les vrais inconnus ? Ou bien, artiste alambiqué, poète rêveur, naïf bisounours pour ceux qui me portent dans leur coeur sans toutefois me connaître. ( vous pouvez d'emblée exclure ma femme de la liste, c'est bien la seule qui peut juger de ce que je suis vraiment puisque notre relation est plutôt très fusionnelle...

)
Parfois oui, j'avoue, je joue un peu de ce masque.

Je m'amuse même aux dépens de ceux et celles qui cumulent à mon goût toutes les tares culturelles qui exigent que l'on ne soient tous acceptables que selon une poignée de stupides stéréotypes.

Par exemple, je me ravis l'esprit à l'idée de parler avec une politesse infinie à la mamie ultra-patriote qui a en sa sainte horreur tous les petits bronzés de son quartier. Vite, vite Simulons !

Enfilons la capuche, courbons le dos et marchons avec le claudiquement caractéristique des gars de la cité. Les paroles choisies étant alors en profond décalage avec l'apparence, rien ne devient alors plus beau que le regard hébété de celui ou celle qui est en train de se noyer dans le trouble de sa perception.
Jeu sadique ?

Un peu.

Mais guère plus.

Car il faut bien de temps en temps expurger la face sombre pour mieux respirer au coeur de la frustration, celle de se dire que jamais personne ne pourra vous voir et vous accepter comme vous l'auriez souhaité.
La vie est ainsi. Inégale dans la répartition de ses reconnaissances sociales et de ses mises à l'index. Mais, c'est la vie, et il faut bien malgré tout la vivre. Non?...
