sourizeante a écrit :C'est une des remarques que j'ai faite à ma psy. Si je suis HP (ce que le test doit encore confirmer), alors comment se fait-il que je ne remarque pas de différences avec mes amis très proches, qui me semblent souvent bien plus brillants que moi. Sa réponse m'a laissée perplexe : souvent, les amis, on les choisit...
[...]
Bref, comment accepter qu'on est "doué" et soit-disant statistiquement hors norme quand on est entouré d'autres personnes présentant les mêmes caractéristiques..
Elle a raison, ta psy. Dans mes relations, les non-HP sont rares... Voire inexistants, j'ai quelques cas douteux. J'ai fini par comprendre que c'est bel et bien moi qui ait fait le tri, depuis tout petit. Les autres, je ne les comprenais pas, et j'ai développé naturellement des stratégies pour repérer les surdoués. Maintenant, je ne comprends pas mieux les autres, mais au moins, je sais pourquoi.
Pour en revenir au sujet, qui ne m'avait pas interpellé jusqu'ici (ça doit être le titre

), mon histoire pourrait ressembler aux autres : tout ceux qui ont essayé de me mettre la douance sous le nez pendant 33 ans ont lamentablement échoué. Depuis mes profs, en passant par les collègues, jusqu'aux tests de recrutement, ou l'instit de ma fille qui n'avait "jamais vu ça" (hé, elle est normale ma fille, la preuve, elle me ressemble

), les indices ont été nombreux. Mais non, y'a pas pire sourd que celui qui veut pas entendre. Papa, il avait dit que j'en étais pas quand j'avais posé la question petit (suite à une lecture dans un magazine) et que j'avais juste "des facilités", et papa avait toujours raison, et tout le monde il est pareil et unique et égal et beau et gentil, sauf moi, mais c'est normal, je suis un moins que rien.
Jusqu'au jour, il y a trois ans, où tout a explosé. Séparation, suivi de râteaux, situation professionnelle en dégringolade, je me suis retrouvé dans une crise qui m'a mis nez à nez avec une faille dans ma vision du monde : un truc que je croyais savoir, qui était faux, et que je ne pouvais plus ignorer parce que ça faisait mal. Donc, comme je suis curieux, j'ai regardé dans la brèche et, j'ai dû tirer un peu fort sur les côtés, parce que tout l'édifice s'est effondré. Papa s'était trompé ! Le monde il est pas comme il a dit ! Han ! Impossible ! Et pourtant... Donc, pendant deux ans, j'ai réappris tout ce que je croyais savoir des femmes, des sentiments et émotions, puis des hommes, de leurs relations, de la société, du monde, de ses mécanismes, de Dieu, de l'évolution, de l'univers... Arrivé là, j'ai fait le constat suivant : ma nouvelle vision était très éloignée du consensus, très globale et abstraite et en même temps, je ne percevais pas la faille. Et comment se faisait-il que moi, je doive comprendre tout ça pour vivre à peu près normalement, alors que les autres ne semblaient pas en avoir besoin ? Je me suis donc dit qu'il y avait un problème à peu près en ces termes : "ou je suis complètement fou, ou je suis intelligent, mais y'a un truc. Si je décris ça à mes voisins ou collègues, ils me font interner sur le champ". Donc je me suis mis à parcourir les pathologies psy, me suis barnumisé bipolaire, cyclothymique, etc. et de fil en aiguille, depuis un article sur le TDAH, je suis tombé sur un extrait de JSF.
Et je me suis pris une grande claque dans la figure. C'était il y a un an. Depuis, j'ai encore dû réapprendre un tas de trucs.
Il avait tort papa, mais ce qu'il avait pas compris à l'origine, c'est que lui-même est gravement atteint.

A la recherche de l'imperfection parfaite.