OuLiPo

[GraineDeNana]

       vanité des jours
x  que devient 
          ton souvenir ? Blanc.

[GraineDeNana]

       os pointus, ténus 
x   loin de moi
           tu guettes la vie      

[GraineDeNana]

à la fin des fins sinon
au-dessus des villes grises
un essaim d'anges tout en armes
circule
dans un apparent désarroi
d'ailes dorées murmurantes

       plus loin je les vois 
x   épuisés 
         ternes, poussiéreux            

[Pascalita]

Je vous lis avec beaucoup d'intérêt et je trouve vos tridents très beaux ! Merci !
Par contre, je n'arrive pas toujours bien à voir en quoi le deuxième vers est un pivot... et à comprendre la notion - dans l'exemple donné par PointBlanc déjà, je ne comprends pas.

[Invité]

Par contre, je n'arrive pas toujours bien à voir en quoi le deuxième vers est un pivot...

PointBlanc te répondra sans doute mieux que moi, mais je pense que le terme "pivot" est employé au sens d'élément fondamental, ou de "coeur" du texte, pour changer d'analogie. Le contenu sémantique le plus important doit être dans le deuxième vers.
Sinon, le poème dessine un trident couché, et le cercle croisé initial du deuxième vers constitue l'attache des trois "dents" formées par les vers (d'où l'importance des retraits). C'est aussi, me semble-t-il, un sens possible de "pivot".
Il y a peut-être d'autres explications que je n'imagine pas.
En lisant l'historique de la forme, je m'aperçois qu'en principe, il doit y avoir un titre -et je découvre aussi que Roubaud a inventé le trident suite à des problèmes de mémoire de travail, qui lui interdisaient de composer des poèmes longs. C'est intéressant.

[Pascalita]

Merci Judith !
Oui, j'avais vu que le poème devait avoir une forme de trident ; c'est en effet la correspondance sur le plan sémantique que j'ai du mal à saisir. L'idée du cœur du texte me parle plus. Merci !

[PointBlanc]

PointBlanc répond avec un peu de retard : oui, j'avais manqué la contrainte du titre. Concernant le trissyllabe et son caractère axial/nodal, j'avoue qu'après lecture d'un certain nombre de tridents composés par Roubaud, ça ne me semble souvent perceptible qu'autant qu'on le veut bien : placé dans cette position centrale, tout est susceptible de ressembler à un point de bascule.
Pour le coup, je trouve cette dimension axiale autrement mieux définie dans les "petites boîtes" de Jacques Jouet.
Mais ça n'empêche, j'aime beaucoup cette forme, et je me demandais s'il y aurait assez d'autres amateur pour justifier l'ouverture d'un nouveau fil.

En attendant, un trident pour aujourd'hui :

Let down

      kudarizaka
⊗ et le poids
     sans poids de tes jours

[Invité]

je me demandais s'il y aurait assez d'autres amateur pour justifier l'ouverture d'un nouveau fil.

Je participerai si tu en ouvres un, mais je risque de ne pas y être beaucoup plus régulière que dans le fil sur le haïku. Par ailleurs, c'est une forme très proche et je me demande si ce ne sera pas un peu redondant.
Mais pourquoi pas?

Vanité

      Fumée de fumée
⊗ Le brouillard
      Efface les jours

[GraineDeNana]

J'aime bien cette forme, je me sens plus libre que dans le haïku (surtout après avoir parcouru le Petit manuel pour écrire des haïku de Costa ).
Il y a moins de background culturel que dans les haïku, en tout cas l'Oulipo me paraît plus facile à appréhender que la culture japonaise (pour des raisons évidentes).
En outre, on peut aussi facilement le mettre en oeuvre sur un smartphone (mais le haïku aussi, je pense).

[PointBlanc]

@GraineDeNana a été plus rapide que moi. Cette contrainte qui, dans le haïku, m'apparaît moins formelle que culturelle et thématique, est absente ici. On peut vraiment tout essayer dans la limite de ces treize syllabes.

[Invité]

Aucun problème en ce qui me concerne : ouvre le fil, on verra bien. Je participerai sporadiquement, si je trouve du temps.

[GraineDeNana]

Tri-dents

     Pointues, elles poussent.
x  Ce bébé 
       est un vampire.