Que lisez-vous en ce moment ?

[Balalaïka]

C'est comme de bons amis que l'on croise au détour d'une rue et avec qui on va boire un café en terrasse.

Oui, c'est très vrai, le commerce qu'on entretient avec des auteurs familiers relève d'une forme d'amitié. Un peu intimidante parfois quand l'écrivain est un génie , mais toujours infiniment réconfortante.

Et puis il y a les rencontres foudroyantes...l'auteur qu'on découvre au détour d'un hasard total...et qui nous emporte "corps et âme" dans quelquechose de merveilleux..."Une année à la campagne" de Sue Hubbell m'a été offert par une personne qui ne me connaissait pas (ou du moins, le pensais-je...). J'ai trouvé ce livre est d'une richesse inouïe sur plusieurs plans : le rythme qui est celui des saisons, l'écriture à la fois très dépouillée et riche, le sujet qui convoque à la fois la poésie, la réflexion philosophique et d'autres choses...je ne suis pas très douée pour parler de mes lectures...surtout après des rencontres "fortes". J'ai essayé à une époque, mais j'ai toujours eu l'impression que tout ce que je pourrais en dire sera toujours pauvre par rapport à ce que j'ai capté...

[Invité]

Et puis il y a les rencontres foudroyantes

C'est vrai, le coup de foudre en littérature est un événement magique.
Je note le titre du livre, que je ne connais pas, merci. Tu donnes bien envie de le découvrir.

[InMedio]

Je viens de terminer Dune (de Frank Herbert).
Je suis vraiment content de la façon dont l'histoire est racontée, rien n'est laissé au hasard, rien n'est superflu, les mots sont beaux et grands et les personnages sont magnifiques.
J'y crois du début à la fin et maintenant je suis en attente de la sortie au cinéma le 23 décembre de la version de Villeneuve.
Il faudra que je me procure les autres tomes du cycle, mais d'abord je pense que je vais retourner à mes Pratchett. Ou alors je vais enfin essayer Dracula.

P.S j'ai détesté l'édition Pocket de Robert Laffont (pour Dune, hein) traduction de 1970 - 72 par Michel Demuth. Dé-tes-té.
Visiblement, personne, absolument personne n'a fait l'effort de se concentrer pour taper ce texte et personne ne l'a relu. Franchement : dans tant de pages il y a des coquilles évidentes, notamment sur les noms propres qui m'ont fait sauter au plafond, parfois dans la même phrase (exemple : Jamis est aussi écrit Jarvis, puis Jamis à nouveau...) c'est tout simplement à s'énerver.

[enufsed]

"Une année à la campagne" de Sue Hubbell m'a été offert par une personne qui ne me connaissait pas (ou du moins, le pensais-je...). J'ai trouvé ce livre est d'une richesse inouïe sur plusieurs plans

Amusant, il m'a été offert il y a quinze ans par une cliente, j'en avais trouvé la lecture très agréable (sans être bouleversé pour ma part). On est dans la grande tradition des environnementalistes américains qui célèbrent le wilderness. À ce titre je te conseille fortement la lecture des maîtres fondateur : Emerson et Thoreau

[Miss souris]

Pour paraphraser l'algorithme d'Amazon, si vous aimez le wilderness, vous aimerez peut être Dans la forêt, de Jean Hegland...
Livre offert par ma soeur, qui est ma grande dealeuse de livres claques, vu que quand il y a trop d'émotion ou de vie dans un livre j'évite de l'acheter par peur d'être accompagnée à vie par les impressions produites. Mais je fais une exception pour les claques de ma soeur ... Celle là a été particulièrement forte.
https://www.babelio.com/livres/Hegland- ... ret/888010

[altima]

Sur ma pile à lire depuis deux-trois mois, merci pour le rappel Miss souris.
Cette vidéo avec Jean Hegland, que j'avais trouvée chouette: https://www.youtube.com/watch?v=Xc8QpW9GcEQ&t=23s

En ce moment: Oeuvres d'Ingeborg Bachmann, chez Actes Sud. Ou quand tu veux juste emprunter un recueil et que tu te retrouves avec un pavé de 800 pages incluant oeuvres de jeunesse, nouvelles, et conférences de chaire poétique... hé bien gros coup de bol de tomber sur ce qu'au final j'avais besoin de lire. Pas fini mais je suis bien prise dedans, intéressant de lire que déjà en 60 on (elle) constatait que la littérature n'existait plus que comme copiés-collés rentabilisés pour et par le marché, avec assez peu de recherche expérimentale.

Cette dernière partie de transcriptions de conférence aborde en premier lieu la question du pourquoi de l'écriture, et j'ai trouvé marrant de retrouver cité un auteur, qui relate sa consternation face aux platitudes des conversations-commérages.

[enufsed]

J'avais acheté sa poésie au hasard d'une librairie. j'aime beaucoup

[Balalaïka]

Amusant, il m'a été offert il y a quinze ans par une cliente, j'en avais trouvé la lecture très agréable (sans être bouleversé pour ma part).

Pour revenir sur "une année à la campagne" de Sue hubbell et surtout au sentiment que j'ai eu pendant et après la lecture de ce bouquin, je ne dirais pas que j'ai été "bouleversée", mais plutôt touchée d'une façon inattendue et juste...inattendu car le livre ne m'aurait pas attiré spontanément. Et pourtant, j'ai adhéré instantanément, je suis entrée dedans comme si cette "dame aux abeilles" m'avait invitée dans son monde pour un temps très spécial...juste car ce livre m'a interpellé au bon moment, comme un "ami" discret et sûr qui serait venu à l'improviste pour nourrir mes questionnements...
Tout ceci pour dire que mes rencontres avec les livres ont parfois une double résonance...le plaisir de lire quelquechose d'agréable...et de véritables croisements, plus profonds : l'impression que les propos de l'auteur font écho à quelquechose d'important...

On est dans la grande tradition des environnementalistes américains qui célèbrent le wilderness. À ce titre je te conseille fortement la lecture des maîtres fondateur : Emerson et Thoreau

Merci pour le conseil...Je note.

[Fu]

Je viens de terminer Dune (de Frank Herbert).
Je suis vraiment content de la façon dont l'histoire est racontée, rien n'est laissé au hasard, rien n'est superflu, les mots sont beaux et grands et les personnages sont magnifiques.
J'y crois du début à la fin et maintenant je suis en attente de la sortie au cinéma le 23 décembre de la version de Villeneuve.
Il faudra que je me procure les autres tomes du cycle, mais d'abord je pense que je vais retourner à mes Pratchett. Ou alors je vais enfin essayer Dracula.

Dune, je n’y arrive pas. Mon dernier essai remonte à l’an dernier : je n’apprécie pas du tout les personnages que je trouve très caricaturaux, sans aucune demi-teinte, quasiment aucune émotion et pas crédibles une minute. Lors de mon dernier essai je suis allé un peu plus loin que l’évasion de Paul avec sa mère, leur première rencontre avec les fremens et l’attaque de la base, nettement plus loin que lors de mon essai précédent. C’est le baron Harkonnen qui a remporté la palme de la caricature et qui m’a fait abandonner le livre. Je croise régulièrement des gens qui encensent cette série et me donnent envie d’y retourner, mais à chaque fois c’est l’échec.

Dracula c’est bien, je l’ai lu après avoir vu le film de Coppola que j’avais beaucoup apprécié. Le format épistolaire du roman lui donne un cachet particulier que j’aime bien. Pas trop de surprise au niveau de l’histoire, je crois que tout le monde la connaît déjà, mais c’est chouette de lire la source.  Un peu comme quand on lit Frankenstein, mille fois adapté lui aussi.

[altima]

.juste car ce livre m'a interpellé au bon moment, comme un "ami" discret et sûr qui serait venu à l'improviste pour nourrir mes questionnements...
Tout ceci pour dire que mes rencontres avec les livres ont parfois une double résonance...le plaisir de lire quelquechose d'agréable...et de véritables croisements, plus profonds : l'impression que les propos de l'auteur font écho à quelquechose d'important...

Oh je pense que c'est un sentiment partagé par de nombreux bibliophiles, non?
Si intime cependant qu'on se croit à chaque fois les seuls bénéficiaires de telles grâces.
Précisément, c'est ce qui m'est arrivé avec ce pavé des oeuvres de Bachmann: un an au moins que je voulais lire sa poésie, et plus de recueil disponible à la bibliothèque; je me suis rabattue sur ce pavé histoire de quand même, enfin, lire quelque chose de cette auteure; un pavé qui ne contient pas un vers mais pourtant me parle tellement au coeur - et parle beaucoup de poésie- que j'ai reçu exactement ce dont j'avais besoin. L'avoir lu il y a deux mois n'aurait sûrement pas eu le même écho, dans deux mois ça ne m'aurait peut-être pas plus parlé.
On a des rendez-vous avec les mots des autres, c'est évident.

Sinon, j'ai achevé un recueil (plutôt une anthologie) de chez Bateau ivre intitulé "Muse toi-même" et constitué d'extraits de recueils de 6 -7 poètes, femmes donc (cf le titre). J'ai adoré lire leurs textes mais plus encore les présentations qu'elles font de leur travail et de leur participation à cet ouvrage. Toutes ont été unanimes sur le non sens que représente le terme "poésie féminine", le fait qu'écrire n'a pas de sexe et qu'elles ne souhaitent pas être enfermées dans une idée de la femme écrivant comme une femme, voire pour des femmes... J'ai bu du petit lait et découvert des auteures dont je n'avais jamais entendu parler. Vivant et rafraîchissant, inspirant et réconfortant.

[Le Styx]

L'âme et la vie de Carl Jung. Bien plus facile à lire qu'escompté, et très intéressant. Un pied dans la psycho, un dans la philo et un orteil dans le mysticisme. La pensée est authentique, originale, audacieuse, claire et clairvoyante. Et ça a décidément bien viellit.

[Invité]

Je croise régulièrement des gens qui encensent cette série et me donnent envie d’y retourner, mais à chaque fois c’est l’échec.

C'est toujours râlant d'échouer à pénétrer dans un univers littéraire, je compatis. Moi, ça m'est arrivé avec Alexandre Dumas : j'en ai lu les principaux titres, et impossible de l'apprécier. Je trouve ça maladroit, répétitif, vulgaire, je m'endors régulièrement dessus. C'est pourtant un génie, il a fait vibrer des générations de lecteurs, créé de véritables mythes populaires, et moi je reste à la porte de tout ça. Je me sens bête dans ce cas-là : qu'ai-je de moins que les autres lecteurs?
Mais c'est comme ça, il y a des fois où on ne trouve pas de clef.

[Fu]

J’ai un très bon souvenir du Comte de Monte-Cristo, pour son histoire, je ne rappelle plus de l’effet que m’avait produit l’écriture mais elle ne m’avait pas entravée en quoi que ce soit. Je l’ai lu comme un classique du XIXe, en m’attendant à certain style d’écriture, et sans surprise de ce côté-là.

[Invité]

Hé, je m'en doute bien : tu es dans le cas de l'immense majorité des lecteurs de Dumas et c'est toi qui as raison.
Je me dis que peut-être un jour, je referai une tentative et que ça marchera. On verra bien, pas cet été en tout cas.

[Brunehilde]

Il faudra que je me procure les autres tomes du cycle, mais d'abord je pense que je vais retourner à mes Pratchett. Ou alors je vais enfin essayer Dracula.

Ah Pratchett... l'unique auteur qui arrive à me faire rigoler à haute voix en pleine lecture . J'en ai lu une petite vingtaine, il faut que je les lise tous, mais je les étale entre d'autres livres pour garder le plaisir intact.
"Une bonne librairie n'est qu'un trou noir distingué qui sait lire"

Dracula est effectivement un classique qui vaut sa réputation, je le trouve même assez moderne pour l'époque. Mince ça y est je veux le relire

[Fu]

J’ai bien entamé Le Déchronologue, de Stéphane Beauverger, et je suis un peu déçu. Comme le nom le suggère, c’est un roman dans lequel le temps a une grande importance : un mélange de SF (avec des abbhérations temporelles) et d’historique (avec des pirates, dans les Caraïbes). Je devrais aimer ! Pourtant je décroche un peu à cause du style d’écriture, avec l’impression que l’auteur met trop d’effort dans le texte, au détriment d’un certain naturel. Mais, surtout, les chapitres sont livrés dans un ordre achronologique, sans que le roman en tire partie (et tout pas au premier tiers, où j’en suis), juste pour jouer un peu plus avec cette idée de temps. C’est donc du style pour du style, le lecteur y perd en confort et n’y gagne rien en échange. En tirer partie, ce serait par exemple un chapitre flashback qui nous fait complètement revoir la situation présente. Par exemple dans Memento, le gars boit dans son verre et se demande pourquoi tout le monde se marre, à la scène suivante on découvre que quelqu’un a, juste avant, craché dans le verre.

Je ne pense pas continuer la lecture, bien que ma curiosité soit piquée par certains éléments de l’histoire.

[InMedio]

J'ai dit que je ferais des choses et finalement ç'en sont d'autres :
Je lis "Tout sur l'économie (ou presque)..." de Gilles "Heu?reka" Mitteau. C'est un youtubeur ancien trader (on écrit bien youtubEUR et tradER, n'est-ce pas ? Comme c'est bizarre...) qui explique un tas de choses sur la macro économie avec un talent de vulgarisation de haut niveau. J'avais appris plein de choses grâce à lui dans ses vidéos, j'en comprends beaucoup dans son livre.

On sent qu'il a croisé le chemin de Jean-Marc Jancovici à un moment. Aussi, le livre est sorti en juin 2020 mais écrit entre octobre 2019 et janvier 2020 et l'auteur a pu se permettre un petit postface "et avec le virus, ça change quoi ?" que je n'ai pas encore lu.

Et avec tout ça, vous m'avez donné envie d'embrayer sur Dracula, alors j'y vais !

[O'Rêve]

Pour paraphraser l'algorithme d'Amazon, si vous aimez le wilderness, vous aimerez peut être Dans la forêt, de Jean Hegland...
Livre offert par ma soeur, qui est ma grande dealeuse de livres claques, vu que quand il y a trop d'émotion ou de vie dans un livre j'évite de l'acheter par peur d'être accompagnée à vie par les impressions produites. Mais je fais une exception pour les claques de ma soeur ... Celle là a été particulièrement forte.
https://www.babelio.com/livres/Hegland- ... ret/888010

J'avais bien aimé aussi ce livre. Dans la même veine, je viens de lire :
Et toujours les forêts de Sandrine Collette
https://www.editions-jclattes.fr/et-tou ... 2709666152
Je suis assez fascinée par ces livres qui relatent des vies après un effondrement/catastrophe. J’aime y retrouver les pulsions « presque » animales de survie : respirer, boire, manger, se reproduire. Y palper notre grande vulnérabilité et notre lien aux autres vivants (humains, végétaux, animaux sauvages et domestiques). Et puis aussi y lire notre humanité (et lorsqu’on en perd toute étincelle, le basculement vers la barbarie).
Le premier livre que j’avais lu, dans cet esprit, était Le mur invisible de Marlen Haushofer (j'avais bien aimé aussi).
https://ledevorateur.fr/le-mur-invisible/

Et mes autres lectures de cet été :

L’élégance du hérisson de Muriel Barbery
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLI ... u-herisson
Les commentaires déjà laissés sur ce fil m’ont donné envie de le lire. Et je ne regrette pas. J’ai aimé les questionnements existentiels des personnages, les interrogations sur la beauté et l’Art, les réflexions sur ce qu’est la rencontre à l’autre.

Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard
http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre ... 1-0-1.html
Ça raconte deux amantes. Ça raconte la fougue éprouvante, aliénante en la présence, ça raconte l’obsession dévorante en l’absence. Ca raconte l’attirance et l’épuisement du corps sous la passion. Ca raconte un basculement vers l’incontrôlable, vers la dérive.
C’est terrible et en même temps, j'ai trouvé l'écriture intense et très belle.

Novencento : pianiste et Mr Gwyn d’Alessandro Baricco
Deux histoires qui mettent en scène des artistes : un pianiste pour le premier, un écrivain pour le second.
Le premier, c’est un petit livre (en nombre de pages), mais le texte est riche. J’ai aimé le décalage, l’étrangeté, et derrière l’histoire «contée», entrevoir la liberté. Je trouve qu’André Dussollier qui a proposé une adaptation française du texte au théâtre en parle très bien.

► Afficher le texte

« Novecento est l’histoire d’un enfant qui est né sur un bateau, qui a
 été abandonné par ses parents. Novecento grandit sur ce bateau dans les années vingt et trente, il est au carrefour de plusieurs courants musicaux, il entend autant Bach et Debussy que le jazz, qui vient des États-Unis.
Il s’inspire de tout, et il joue, avec une aisance et une liberté d’écriture, de rythme, d’improvisation. Novecento peut jouer Bach en jazz et il incarne le rêve d’une certaine liberté, d’une certaine fantaisie, il raconte qu’il est possible de vivre dans ce monde en échappant à la forme établie.
Novecento, c’est l’enfant du siècle 1900.
Au fil du temps les cloisons se sont intensifiées, les fossés énormes se sont creusés, entre les gens, entre les classes, entre les personnes... Novecento entend tout sans jamais descendre à terre, les musiques des troisièmes classes, les ritournelles espagnoles des migrants, celles très sophistiquées des premières classes, le jazz, le ragtime... Il s’approprie, il réinvente. On pense souvent qu’en formatant les sujets on élargit l’audience. C’est en étant soit même qu’on a des chances de surprendre et de toucher le plus grand nombre. Novecento incarne cette liberté du créateur qui s’est affranchi en autodidacte de tous les codes… »
https://www.theatremontparnasse.com/novecento/

La lecture du deuxième (Mr Gwyn) a été agréable. J’ai aimé l’atmosphère que cherche à créer le personnage principal dans son atelier. J’ai été embarquée par sa douce folie. Pourtant, ce livre m’a moins transportée que le précédent.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLI ... er/Mr-Gwyn

Le chœur des femmes de Martin Winckler
http://www.pol-editeur.com/index.php?sp ... 4682-267-1
J’ai lu ce livre après l’Ecole des soignantes, pourtant écrit quelques année après. (Mais ce n’est pas à proprement parlé la suite. On y retrouve le personnage principal du Choeur des femmes, Jean Atwood. Mais le personnage principal de L’école des soignantes n’est pas Jean ; c’est aussi l’histoire d’une autre soignante).
A vrai dire, j’ai bien aimé découvrir le passé/la jeunesse de Jean Attwood dans Le chœur des femmes, après l’avoir découverte plus âgée dans l’Ecole des soignantes. Ca n’a pas été gênant et je dirais même que c’était plutôt plaisant.
Globalement j’ai apprécié la lecture. Il y a quelques longueurs, je trouve (certains chapitres ressemblent à des catalogues de cas cliniques, et j’ai sauté certaines pages par ennui). Je n’ai pas été touchée par les poèmes/chants insérés entre certains chapitres. J’ai été parfois agacée par le « ton moralisateur » qui se dessine dans le discours/les paroles de certains de ses personnages.
Et pourtant, je me suis laissée embarquée une nouvelle fois par un de ses romans. J’aime chaque fois y lire le respect dans le soin.

[Invité]

Et pourtant, je me suis laissée embarquée une nouvelle fois par un de ses romans. J’aime chaque fois y lire le respect dans le soin.

Tu as de la chance d'y arriver : Martin Winckler fait partie des écrivains auxquels mon cerveau, ou mon âme, je ne sais pas , oppose une résistance inébranlable. Je n'en suis pas frustrée ni gênée, car ce n'est certainement pas un grand écrivain donc je me sens légitime à détester ce qu'il fait, mais bref, j'ai conservé un souvenir horrifié du Chœur des femmes. Je suis entièrement d'accord avec le fond politique de ses bouquins, et je trouve d'autant plus douloureux le massacre littéraire qu'il fait de sujets brûlants de notre époque.

Bon, moi j'ai fini ma relecture d'Absalon, Absalon! et je suis toujours aussi pantoise devant le génie de Faulkner. C'est presque surhumain de beauté. Je suis évidemment obligée de relire Le Bruit et la Fureur, qui est le premier Faulkner que j'aie lu, à l'adolescence, et l'un des plus grands chocs littéraires de ma vie : j'en salive d'avance.

Hors-sujet

Je sais que mon avis est emphatique et un peu ridicule, mais je l'assume.

Et j'ai lu un très bon manga, Le mari de mon frère de Gengoroh Tagame. C'est léger comme tout sur un thème délicat (l'acceptation difficile de l'homosexualité dans la société japonaise) et très réussi, simple et touchant sans pathos.

[Pascalita]

Hors-sujet

ce n'est certainement pas un grand écrivain donc je me sens légitime à détester ce qu'il fait

Et donc tu ne te sentirais pas légitime à détester ce que fait un grand écrivain ?

[Invité]

Hors-sujet

Et donc tu ne te sentirais pas légitime à détester ce que fait un grand écrivain ?

Non : j'estime que la subjectivité doit avoir des limites. On peut être incapable d'apprécier une œuvre géniale, c'est mon cas par exemple pour Dumas (on en a parlé plus haut) mais la détester me semble être une marque de naïveté et d'infatuation.

[Pascalita]

Hors-sujet

Merci de m'avoir prise au mot ! C'était une taquinerie... très sérieuse.

Je comprends ton argument et les nuances que tu mets dans "détester". Il n'est effectivement pas pareil de dire qu'on déteste et de dire qu'on n'aime pas.
Pourtant l'intensité de la réaction, certes complètement subjective, existe et n'est pas forcément nuançable.

Et si on remplace par "trouver insupportable" ?

Bon, c'est du coupage de cheveux en quatre, je le reconnais. Et pourtant...

[Invité]

Bon, c'est du coupage de cheveux en quatre, je le reconnais.

Non, c'est un point intéressant. Tu as eu raison de relever ma formule, elle était un peu fautive : j'ai écrit trop vite (mais je plaide les circonstances atténuantes, il fait chaud et ce sont les vacances). Je vais reformuler un peu.

Pourtant l'intensité de la réaction, certes complètement subjective, existe et n'est pas forcément nuançable

C'est vrai. Toutefois le goût littéraire s'éduque comme le palais et sauf problèmes particuliers, on peut travailler sur des réactions de rejet ou d'adhésion excessives.
Mais en fait, j'aurais dû écrire que ce qui est illégitime, c'est de revendiquer crument sa détestation d'une œuvre géniale et surtout d'en faire un critère de valeur. Claironner "Je déteste Shakespeare" est une marque d'ignorance et/ou de mauvais goût (ou de malchance, si c'est parce qu'on n'en a lu que Titus Andronicus et Périclès ) ; bref, c'est une maladresse ou une provocation ; ajouter "Shakespeare, c'est nul" est carrément illégitime car c'est prendre son nombril pour le soleil.

Quand il s'agit d'un auteur plus modeste et plus sujet à discussion, il me semble moins gênant d'afficher sa subjectivité comme je l'ai fait pour le pauvre Winckler. Mais j'aurais dû être plus nuancée et simplement dire, comme tu le suggères très justement, qu'il me donne de l'eczéma.

[Balalaïka]

Avez-vous déjà eu le sentiment d'avoir lu un livre dans une autre langue que celle dans laquelle il a été écrit ? Je viens de finir "Âme brisée" de Akira Mizubayashi. J'ai particulièrement aimé ce livre qui m'a profondément touchée...L'histoire est dramatiquement simple. Le style et le rythme m'ont ramenée vers le monde du cinéaste Ozu...Quand j'ai refermé le livre, je me suis dit très clairement: "C'est bizarre, c'était en français, et pourtant, j'ai eu l'impression que c'était en japonais..."Sincèrement, ce genre de choses ne m'était jamais arrivée...Les mots sont en français, mais la façon d'être et de s'exprimer des personnages sont d'ailleurs...je m'y attarde car c'est important. J'ai été emportée par quelquechose qui allait au delà des mots...J'y ai découvert qu'un violon avait une âme...qu'il pouvait être terriblement blessé, souffrir...et être réparé. Autour de cet instrument doté d'une âme, au propre (je l'ai appris récemment) comme au figuré, quelquechose se tisse entre des êtres, la musique, un enfant, un chien...J'ai également découvert le quatuor à cordes en la mineur op.29 "Rosamunde "de Shubert que j'ai écouté après la lecture. C'est le morceau sur lequel un groupe de musiciens s'exerce avant le drame...Je m'arrête ici. Je pars un peu dans tous les sens. J'ai du mal à parler de mes lectures...J'avais envie d'essayer et de partager ma petite découverte.

[Miss souris]

Tu n'aimes pas Titus Andronicus ? C'est pourtant sa meilleure comédie ...