Ucralo a écrit :Admettons qu'il y ait des gens qui souhaitent que l'éducation nationale soit inefficace. Si j'essaie de me mettre dans la tête d'une de ces personnes, la première préoccupation qui me viendrait à l'esprit, ce serait d'offrir à mes enfants une meilleure éducation que l'éducation sabotée des autres.
Sans parler de gens (je rejoindrais Euthyphron sur sa réponse, même si la politique étant faite par des individus la distinction me semble mince) pour rebondir sur l'éducation que ces personnes veulent / peuvent offrir à leur progéniture :
Nul besoin d'imaginer qu'ils compenseraient à la maison (souvent de toute manière ils n'en auraient nullement le temps et pas mal de politiques ont des soucis avec leurs enfants qu'ils se sont contentés de mettre au monde).
Ils sont "hors circuit" normal. Ecoles privées, cours particuliers, jeunes filles au pair bilingues dès le plus jeune âge... Même des établissements réputés élitistes (Henri IV, Louis le grand, Lakanal, Hoche, le lycée du parc à Lyon et j'en passe) ne le sont plus assez réellement maintenant pour eux (simplement parce qu'ils sont pour l'instant encore soumis aux programmes et réformes de l'éducation nationale).
En cas de trop grande déviance, les "copains" et relations permettent de "tenir" la progéniture ratée sur le droit chemin. Il n'y a qu'à voir la famille Fabius (même si eux justement sont passés à HIV).
L'argent paye ce que l'on n'a plus, ce rêve brisé qu'avaient les classes non possédantes. d'avoir un ascenseur social.
Pour te répondre, Ucralo, sur les points que j'ai évoqués en maths et sciences.
Être à la fois en terminale S et ne pas savoir résoudre "ax=b" est quelque chose que j'ai du mal à concevoir. Sont-il si nombreux que ça dans ton lycée ?
Je me demande de quelle manière ils ont appris à résoudre. Je présume que, sans comprendre, ils ont appris par cœur que "ax=b" => "x=b/a" et que "x+a=b" => "x=b-a", puis que tout s'est mélangé dans leur esprit.
Mais que s'est-il passé dans leur formation, quand ils étaient plus jeunes ? Est-ce que leur enseignant a sauté la démonstration "x+a=b" => "x+a-a=b-a" => "x=b-a" ? Est-ce que les enseignants suivants n'ont pas rappelé la démonstration aux élèves qui étaient perdus avec les fondamentaux (car pas assez de temps) ?
Dans mon précédent lycée, les élèves étaient triés sur dossier et petit concours d'entrée. Une partie des places était réservée à l'aide à la famille. Donc population très variée, aussi bien très aisée que en grande difficulté, élèves allant d'un excellent niveau à des problèmes sérieux.
Cette année je suis en BTS, et une bonne filière dans un lycée réputé normalement pour ça. Les élèves ont donc eu le bac (généralement S, quelques uns viennent de bac pro mais ils sont très peu nombreux, et pas mal sont ici après réorientation, ils sortent de première année de médecine, de DUT mesures physiques etc...)
Dans les deux cas la manipulation des équations de base n'est pas acquise.
Exemples en plus de ceux déjà proposés :
1/a = 1/b + 1/c, alors .... a = b + c (oui oui, et c'est régulier ce n'est pas une erreur isolée, la bonne réponse est rare)
(x+a)/a = x forcément on simplifie par a...
a(x+b) = c alors... x = c+b-a (pareil, la bonne réponse est dure à trouver sur une copie...)
Et je ne parle que de celles dont je me souviens à l'instant. Je n'insiste pas sur l'impossibilité de résoudre des systèmes d'équations en isolant une variable et l'injectant dans la deuxième équation par ex...
J'ai l'impression qu'il se mélange deux problèmes :
--> confusion totale entre soustraction et division (la manière de les voir en primaire, couplée au manque d'entrainement lors de l'apprentissage en est la cause pour moi)
--> apprentissage de "solutions toutes faites" type "quand on voit ax = b alors x = b/a, sans démonstration de quoique ce soit (les démonstrations souvent passent à la trappe, par manque de temps, manque de capacités des élèves qui arrivent déjà sans avoir les bases, et
surtout abandon des démonstrations dans les programmes modernes).
Pour les sciences physiques, mon domaine propre, voici ce qui nous est demandé exactement :
Programme de terminale S
Extraits commentés de la présentation du programme :
Dans une société où des informations de tous ordres arrivent dans l’immédiateté et de toutes parts, la priorité est donnée à la formation des esprits pour transformer cette information en une connaissance. L’enseignant doit être un
accompagnateur de chaque élève dans l’acquisition de compétences qui ne peuvent être opérationnelles sans connaissances, qui sont à la fois la base et l’objectif de la didactique, notamment scientifique. Formation des esprits et
acquisition de connaissances sont deux facettes indissociables de l’activité éducative.
Bon on parle de connaissances, encore, mais avec cette idée qui me dérange que l'on doit s'adapter à la vitesse d'arrivée des informations... Ne semblerait il pas plus intéressant de donner des bases solides pour être armé face à la qualité moyenne d'un flot d'informations non triées, afin de faire le tri en connaissance de cause ? Enfin il semble y avoir des connaissances patientons...
Ainsi le programme de physique-chimie de terminale S se situe dans le prolongement de celui de première S en approfondissant la formation à la démarche scientifique. Il permet de mieux installer les compétences déjà rencontrées, de les compléter et de faire acquérir des connaissances nouvelles.
Comme pour la première S, une rédaction volontairement allégée des contenus, notions et compétences a été privilégiée, sans pour autant altérer la lisibilité et la précision des exigences telles qu’elles sont attendues en fin d’année scolaire et exigibles pour le baccalauréat.
Bon on approche un des soucis de ces réformes : programmes allégés... mais pourquoi ?
Deux compétences occupent une place centrale en terminale : «extraire» et «exploiter» des informations; elles seront mises en œuvre fréquemment, notamment dans les situations identifiées dans la colonne de droite du programme, en respectant l’esprit de la démarche scientifique.
Et c'est là que le bât blesse : que dans l'introduction d'un programme de TS, une fois passée la partie où oui oui mesdames messieurs on va vous mettre un petit saupoudrage de connaissances quand même ne râlez pas trop, le vrai début de l'introduction est ici et on va s'appesantir un long moment dessus dans la suite...
Les activités proposées aux élèves au sujet de la compétence «extraire» et leurs connaissances acquises doivent les conduire à s’interroger de manière critique sur la valeur scientifique des informations, sur la pertinence de leur prise en compte, et à choisir de façon argumentée ce qui est à retenir dans des ensembles où l’information est souvent surabondante et parfois erronée, où la connaissance objective et rationnelle doit être distinguée de l’opinion et de la croyance.
Les supports d’informations proposés aux élèves seront multiples et diversifiés : textes de vulgarisation et textes scientifiques en français et éventuellement en langue étrangère, tableaux de données, constructions graphiques, vidéos, signaux délivrés par des capteurs, spectres, modèles moléculaires, expériences réalisées ou simulées , etc...
L’exploitation sera conduite en passant par l’étape d’identification des grandeurs physiques ou chimiques pertinentes
et par celle de modélisation. Cette formalisation pourra conduire à l’établissement des équations du modèle puis à
leur traitement mathématique, numérique ou graphique.
Eh oui, POURRA conduire à l'établissement des équations du modèle... au final on ne peut pas, simplement parce que ce n'est pas exigible au bac, parce qu'ils n'ont pas les bases pour le faire (qui dans le fond de la salle a osé parler d'équation différentielle ? Qui ? déjà les derniers temps du dernier programme cela devenait dur, ils ne démontraient plus en maths les solutions aux équa diffs les plus simples qu'ils avaient au programme, et il fallait refaire ça en physique pour leur permettre de suivre), et parce que leur envie de "s’interroger de manière critique sur la valeur scientifique des informations" les a poussés à faire du programme un fourre tout où il faut balayer un thème par semaine pour boucler le programme. Donc exit les vrais modèles. Viva la discussion café du commerce sur des sujets qui les dépassent.
L’élève est ainsi amené à raisonner avec méthode et à mettre en œuvre avec rigueur l’ensemble des étapes qui lui
permettent de trouver la ou les solution(s) au problème posé. Le professeur aura cependant à l’esprit que le recours à des outils mathématiques n’est pas le but premier de la formation de l’élève en physique-chimie, même si cela peut être parfois nécessaire pour conduire une étude à son terme. Dans certains cas, le professeur utilisera des méthodes de résolutions graphique ou numérique, pratiques de plus en plus fréquentes en raison de la complexité des systèmes étudiés. Ce sera aussi l’occasion de souligner que les travaux de recherche sont souvent conduits par des équipes pluridisciplinaires.
Là c'est le ponpon. Les maths "peuvent être parfois nécessaires en physique... Juste parfois hein, et il ne faut surtout pas que le cours de physique serve à montrer l'intérêt de ce superbe outil pour la matière...
Bon je vais arrêter là pour la démolition de ce texte, je vous laisse exercer votre esprit critique que nos dirigeants n'ont pas encore réussi à atteindre (vous êtes trop vieux !

) sur la suite...
Je finirais juste sur une petite comparaison : Si vous avez le courage d'étudier un peu plus ce document, vous allez tomber (pour les non initiés, je ne fais pas l'injure aux autres de croire qu'ils ne connaissent pas la présentation d'un texte de programme !) sur des tableaux donnant les contenus, ce qu'ils faut exiger de l'élève à la fin de l'année, etc...
Pour l'ancien programme (celui de 2001, qui restait classique même si déjà peu fourni par rapport au précédent), voici le lien :
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/ ... yschim.pdf
Pour le nouveau programme, allez page 6 pour avoir le début des tableaux.
Pour l'ancien programme, allez page 6 également (qui se trouve p 78 du document complet).
On compare comme ça les ondes dans les deux cas.
Quelle est la différence majeure ?
Ancien programme, trois colonnes : exemples d'activités, contenus, connaissances et savoir-faire exigibles
Nouveau programme, deux colonnes : notions et contenus, compétences exigibles
Bah oui, entre les deux programmes les connaissances ont disparu au profit des compétences. Et c'est essentiel.
Voici deux exemples de sujets que cela peut donner, en physique et en chimie :
rayonnement cosmique
Synthèse d'un édulcorant (celui ci est en partie mélangé à des conseils pour le prof)
Bon courage pour vous plonger dedans... mais au final il n'y a rien comme contenu réel, et ce qui est proposé comme méthode (explication de la réactivité en chimie organique, ou cette fameuse histoire de muons) est partiellement fausse, aprce qu'ils ne peuvent comprendre ces problèmes qui nécessiteraient bien plus de bases...
Muons : abordés pour moi en Maitrise (master 1 maintenant)
Réactivité : en Licence (L3 maintenant)
Bon j'espère que ce pavé répondait aux questions !