Judith a écrit : ↑dim. 12 nov. 2023 10:41
C'est possible. L'épopée est inséparable des parodies et autres détournements dès ses origines (Aristote signale une
Deiliade, une épopée de la lâcheté (
deilia signifiant en grec la couardise) qui ne nous est pas parvenue, et la
Batrachomyomachie, le combat des rats et des grenouilles imitée elle aussi de l'
Iliade et que nous avons conservée, était attribuée à Homère dans l’Antiquité par des critiques sérieux - même si aujourd'hui on y reconnaît plutôt un texte hellénistique sur divers critères.
Donc pas de raison d'établir une césure forte entre l'épopée et la contre-épopée.
Don Quichotte est évidemment un cas un peu à part sur lequel il y aurait beaucoup à dire car il intègre énormément de genres (l'épopée, la chanson de geste, le roman pastoral, le roman picaresque) mais j'aurais pu le placer dans la liste.
Oui, le Quichotte est particulièrement difficile à définir en termes génériques... Si l'on part du principe que sa structure principale (celle du récit-cadre) est la parodie des romans de chevalerie, je te rejoins sur le fait qu'on peut le considérer comme une anti/contre-épopée. Néanmoins, les autres genres abordés dans (récits enchâssés) et par l’œuvre en font, comme tu l'as très bien résumé, un ouvrage assez inclassable, mais je suis contente qu'on puisse le mentionner ici tout de même, il vaut le détour...
Judith a écrit : ↑dim. 12 nov. 2023 10:41
Un peu pour rire... mais pas complètement car il y a bel et bien des emprunts au genre épique, ou au moins à l'épopée burlesque, chez Frédéric Dard. Bérurier est un héros qui en vaut bien d'autres en matière de démesure et de courage.
Ah... OK ! J'avais bien compris que la fin de la liste tendait vers l'humour mais je n'arrivais pas vraiment à savoir à quelle ligne tu quittais le domaine sérieux (sois tranquille, tu n'y es pour rien, j'ai beaucoup de mal à saisir le second degré, en particulier à l'écrit s'il n'y a pas d'indices évidents de sa présence). Bon, pour les aventures de la voisine de pallier, j'avais quand même compris !
Judith a écrit : ↑dim. 12 nov. 2023 10:41
Arepo a écrit : ↑sam. 11 nov. 2023 20:58
d'autres cycles de romans policiers pouvaient entrer dans ce critère générique.
Je ne me suis pas posé la question : tu as des suggestions?
Je me suis posé la question en voyant San Antonio dans ta liste. A première vue, je dirais que non.
Cela dit, il existe différents sous-genres dans le roman policier, et il me semble que celui du roman noir (centré autour de la figure d'un détective qui explore les méandres de la société qui l'entoure - à tel point que l'enquête semble, sans forcément perdre de son intérêt, être un prétexte pour mener cette exploration -) pourrait emprunter des traits à l'épopée, vue non comme une lutte concrète mais plutôt comme une lutte symbolique contre les "forces néfastes" d'une société donnée et dans une temporalité également délimitée. Dans ce cadre, je pense à la figure de Pepe Carvalho face à la corruption de la société espagnole du tardo-franquisme et de la transition ou à celle de Fabio Montale face à la mafia marseillaise. Je trouverais capillotracté de percevoir ces cycles romanesques comme des épopées, mais peut-être pourrait-on y voir certains emprunts ? Je laisse la question ouverte, je ne suis moi-même pas tout à fait convaincue par ce que je propose.
