@Judith Pour ma part, j'ai aussi lu les 4 livres d'Edouard Louis que tu cites :
En finir avec Eddy Bellegueule, Histoire de la violence, Qui a tué mon père? et Combats et métamorphoses d'une femme
En effet, j'adhère assez au personnage et aux idées qu'il défend ...et je trouve d'ailleurs qu'il défend / vend bien son concept littéraire. Ainsi, à chaque fois que le vois / le lis en interview, cela me donne envie de découvrir ce qu'il a écrit. Pour autant, au niveau de mon ressenti de lectrice, je ne retrouve pas en lisant ses livres la satisfaction que j'ai à l'entendre en parler. J'aimerais bien, pourtant... Mais au bout du 4è livre, j'ai parfois l'impression qu'il tourne un peu en rond (et je ne les ai pas lus directement les uns à la suite des autres, pourtant...). Je sais qu'il varie le motif, mais autant je trouve que cela sert ses idées, autant je trouve que cela dessert un peu son style.
J'en avais parlé un peu plus haut dans le fil, mais en spoiler (ça m'apprendra), je me permets donc de m'auto-citer. Je me rends compte d'ailleurs que j'englobe Edouard Louis et Annie Ernaux, mais comme je l'explique, ils me font un peu le même effet, et la filiation littéraire est clairement assumée.
Rune a écrit : ↑lun. 29 nov. 2021 22:32
Pour ma part, ce n'est pas ce que je lis en ce moment précis, mais j'ai fait une petite thématique autour de la mère ces derniers mois avec :
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Une mort très douce, de Beauvoir
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Une femme, d'Ernaux
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Combat et métamorphoses d'une femme, d'Edouard Louis
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Sous les bouclettes, roman graphique de Mélaka, la fille de Gudule, avec des dessins de cette dernière
Devinez quoi ?
Beauvoir gagne haut la main dans mes préférences. Je mets à part le roman graphique, sincère et dur (Gudule était atteinte d'un cancer du cerveau, ça raconte sa maladie du point de vue de sa fille...). Sinon les trois autres textes ont le même thème, et sont tous assez courts. Edouard Louis et Annie Ernaux, surtout cette dernière, m'ont un peu déprimée. Même pas par le thème de leur récit, mais par leur écriture ''sèche'', qui me fait me demander à chaque fois (j'avais eu le même sentiment au sujet de leur bouquin à propos de leur père...) : comment peut-on résumer une vie à cela ? C'est comme si leurs personnages se résumaient à une condition sociale et à une suite de ''faits'', sans intériorité aucune, ou alors très fruste. Je crois que c'est ce qu'ils cherchent à montrer, ce poids de la condition sur une vie, mais ça me file le vague à l'âme. Beauvoir quant à elle réussit au moins à offrir à sa mère une forme de douceur qui la sort justement un peu de sa condition d'origine, je trouve cela plus réconfortant... Réconforter n'est pas le but de la littérature, me direz-vous, mais quand même...
Tu vois, Ishiguro m'avait un peu filé du vague à l'âme aussi (ceci dit, avec le recul,
Les Vestiges du jour est sûrement ce que j'ai lu de mieux depuis un moment...), mais au moins il se donne la peine de donner une consistance à ses personnages, une vraie ''épaisseur'' littéraire. Je sais bien que le propos d'Edouard Louis est de montrer le peu de consistance que la société permet à ses personnages, mais je me suis parfois demandé à quel point point il n'y avait pas une forme de ''facilité'' là-dedans.
Bref, cela m'intéresse aussi de savoir ce qui te laisse dubitative dans son oeuvre

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