Haïkus

[Cléo]

La tiédeur s'installe
Sans une ombre en ce midi
Juste un souffle doux

[Miss souris]

D'azur ou de pierre
Sur le chemin jusqu'au bout
Mon corps compagnon.

[wallcreeper]

Couleur de désert
poussières de Sahara
s'invitent dans l'air

[Miss souris]

La terre peut sécher.
Affaiblie n'est pas détruite.
La fleur renaîtra.

[Invité]

Sous le sirocco
Quelle fleur pourrait surgir
Sans être flétrie?

[Pascalita]

Imperturbable
droit sous la couche blanche
attend le crocus

[Invité]

Défiant la neige
Tisse en secret ses couleurs
Le bulbe en sommeil

Mais l'avril cruel
Quel sort réservera-t-il
Aux douces corolles?

Hors-sujet

L'hommage à TS Eliot est plutôt raté, mais ton texte m'y a fait penser, @Pascalita , alors tant pis...

[Miss souris]

L'espoir est permis
Pourquoi un avril cruel ?
Le printemps attend...

J'édite, je n'aime pas le dernier vers ...

L'espoir est permis
Pourquoi un avril cruel ?
Printemps est tapi.

[J'ai en tête une idée vague de printemps chat, prêt à bondir ... ]

[Pascalita]

Hors-sujet

L'hommage à TS Eliot est plutôt raté, mais ton texte m'y a fait penser, @Pascalita

Ben voilà, il va encore falloir que je me culture... De TS Eliot, je ne connais que le nom.

[Invité]

Hors-sujet

Ah zut, j'ai gaffé avec ma référence. C'est le début de la Terre vaine. Je cite (en anglais, je pense que ça ira pour tout le monde, si ce n'est pas le cas dites-le moi mais je n'aime pas trop les traductions existantes).

April is the cruelest month, breeding
Lilacs out of the dead land, mixing
Memory and desire, stirring
Dull roots with spring rain.
Winter kept us warm, covering
Earth in forgetful snow, feeding
A little life with dried tubers.

L'ensemble du poème est une vaste méditation sur le temps, dans le cadre du désespoir qu'avait pu susciter le chaos issu de la Première Guerre Mondiale. Mais le premier vers est devenu proverbial en anglais et peut renvoyer, même sans connaître le contexte d'ensemble, à la part de souffrance qu'entraînent la reviviscence printanière et ses changements. Bref, rien à voir avec nos petits poèmes.

[Pascalita]

Hors-sujet

Mais non, pas du tout ! Je suis contente d'apprendre quelque chose, et sans même avoir besoin de chercher.
Merci, j'aime beaucoup.

[Cléo]

Le ciel comme un talc
Etend sa tiédeur parfaite
Saisit l'étourneau

[Pascalita]

Bijou de l’hiver
cette lumière vermeil
sur les hêtres nus

mais le printemps doucement
les ornera d’émeraudes

[Pascalita]

Limpide levant
les oiseaux dans l’air doux – et
l’odeur du fumier

[Invité]

Décidément!

L'odeur du fumier
Rapporte sous le soleil
Un printemps lointain

[Pascalita]

Le rythme des saisons à la campagne...

[wallcreeper]

Noire et blanche
Cigognes au diapason
rythment l'après-midi

Fumier d'hiver
Fumier de printemps
rivières d'algues

[Miss souris]

Le gris de la perle
Et la nacre du soleil
Coquille de printemps.

[Invité]

Hors-sujet

Pour me distraire d'autres tâches plus astreignantes, je me suis lancée dans la traduction des poèmes d'Ono no Komachi, la grande poétesse du IXème siècle, auteur de waka considérés comme les plus parfaits de la langue japonaise. Inévitablement, je lis en même temps les œuvres des poètes de l'époque qui furent ses correspondants, et parmi eux, du seul à être reconnu comme son égal, Ariiwara no Narihira.
A partir d'une traduction d'un texte de Narihira sur le dépit amoureux, deux variations.

Plus trempé que les matins
Je rentre chez moi
Au travers des bambous nains -

Tant ont imprégné mes manches
Les nuits passées sans vous voir

Ariwara no Narihira




Dans l'aube imprégnée
De rosée je rentre seul
Au travers des champs

Cœur appesanti de givre
Au fil des nuits sans sommeil

***

Par l'impénétrable
Armoise à grands peine hélas
Je vais mon chemin

Plus alourdi de rosée
Que les tiges fléchissantes

[Pascalita]

J'aime beaucoup l'original, ainsi que tes deux versions. Merci de la découverte !

Je tente une variante aussi :


Les blés en herbe
aussi mouillés que mes yeux
de ces nuits sans vous

au vent ils se tourneront
attendant un nouveau soir


Je ne suis pas du tout contente du dernier vers, que je trouve plat. Je voudrais un verbe entre attendre et espérer... Pfff.

Et avec une substitution, mais qui s'éloigne un peu trop, je trouve :

Les blés en herbe
aussi mouillés que mes yeux
de ces nuits sans lune

au vent ils se tourneront
attendant un nouveau soir

[Invité]

J'ai une préférence pour ta première variation. Suggestion (pas terrible) pour le dernier vers : "dans l'espoir d'une autre nuit".

Allez, je mets un poème d'Ono no Komachi, cette fois. Elle est très difficile à traduire, j'ai fait de mon mieux. Pas de variation pour le moment mais si ça inspire quelqu'un, c'est bien. J'en rajouterai peut-être par la suite.
Je ne donne pas le japonais mais s'il y a des japonisants intéressés (@Fu peut-être?) je peux le faire.

C'est le premier poème du "canon" classique de Komachi, extrait du Kokinshu, 113, II, 2.

Le titre n'est pas d'elle, c'est un ajout tardif du compilateur, mais bon.

Contemplant les fleurs

La couleur des fleurs
La voici déjà passée
Sans laisser de trace

Ainsi ma vie coule en pleurs
Le temps d'une averse à peine

[nemo]

Je voudrais un verbe entre attendre et espérer... Pfff.

Veiller? Guetter?

Bravo à vous, j'aime bien vous lire.

[Mistenflute]

La fleur blanche s'évase,
neige montée du sol.

[Fugace]

Les sillons de nuit
Dans les herbes hautes
S'effacent au matin

Pourtant je reviens
L'arbre d'un printemps

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J'ai trouvé récemment un livre sur l'histoire du haïku, ses origines, la révolution irrévérencieuse apportée à la poésie classique et aristocratique de l'époque. Et l'origine du haïku serait un jeu de société, un jeu de poésie à plusieurs, le renga. Dès que j'ai un instant j'aimerais bien le proposer ici. Le haïku que l'on connait était le tout premier poème, celui qui lançait le jeu, puis quelqu'un répondait par une variation sur les thèmes proposés dans le poème précédent, et ainsi de suite

Édit : ce qui en fait est déjà exactement ce que nous sommes en train de faire

[Pascalita]

@Fugace, va voir aux pages 3 et 4, Judith avait expliqué les règles de base et donné un lien, et nous avions fait un renga dans les pages suivantes.

Pour ma part, je suis très partante pour un nouveau tour, si nous arrivons à trouver un créneau et des intéressés.