Un petit aperçu concernant les aspects neurologiques et génétiques, puisqu'ils ont peu été abordés sur ce forum et que ça me semble tout de même la base, notamment pour répondre à tous les sceptiques, les cons de touts bords qui nient l'existence même d'une différence.
Voici donc un passage important de ce document énorme (134 pages) que les plus acharnés/fous iront lire jusqu'au bout (je l'ai fait, c'est coton, mais je me tiens à disposition si des passages obscurs vous plongent dans l'incompréhension la plus totale) :
aspects neurophysiologiques et génétiques
Si des facteurs environnementaux contribuent largement à l'expression de la précocité intellectuelle, des caractéristiques biologiques - et particulièrement des facteurs génétiques - influencent vraisemblablement le développement de l'intelligence générale (facteur g).
Dès la naissance, la mesure du périmètre crânien est considérée comme cruciale pour apprécier la maturation du cerveau. Toutefois, s'il existe indiscutablement « un seuil minimal » du volume de la tête pour le développement cérébral, il s'agit par contre d'une mesure beaucoup trop primitive pour être prise en compte dans la quantification de l'efficience intellectuelle (Wickett et al. 1994, Andreason et al. 1993, Willerman et al. 1991). Le cerveau du sujet à haut potentiel se caractérise peut être davantage par son efficacité et sa plasticité cérébrales. La recherche actuelle s'intéresse ainsi aux corrélations physiologiques de l'intelligence et cherche à identifier des bases biologiques aux différences individuelles des habiletés cognitives. Par exemple, les enfants précoces bénéficient d'un taux de sommeil paradoxal particulièrement élevé (Grubar 1997, Huon 1981) ce qui suggère une relation entre cette particularité et leur facilité de mémorisation voire même une plus grande plasticité cérébrale (Jouvet 1972). De façon générale, l'intelligence supérieure est associée à une exécution plus rapide des processus cognitifs élémentaires (pour une revue, Neubauer et al.2002). Ainsi, les études électroencéphalographiques ont rapporté un rythme alpha EEG moins élevé chez les sujets à haut potentiel (Jausovec 1996, Joel et al. 1996) de même qu'une vitesse de conduction nerveuse plus rapide (Reed et Jensen 1992). Toutefois, les différences individuelles d'intelligence pourraient également être reliées à la façon dont les aires corticales sont activées durant les performances cognitives. Dans cette direction, plusieurs études ont mis en évidence une moindre cohérence de l'activité EEG inter-et intra-hémisphérique chez des sujets à haut potentiel (Gasser et al. 1987, Neubauer et al. 2002). De récents travaux d'imagerie fonctionnelle cérébrale ont, par ailleurs, montré une consommation de glucose plus faible en TEP (tomographie par émission de positons) chez les sujets à haut potentiel lors de la réalisation de différentes tâches verbales et non verbales (Haier et al. 1988, Parks et al.
1988). En fait, depuis les premiers travaux de Galton, le temps de réaction est considéré constituer une mesure possible de l'intelligence en évaluant la vitesse de transmission neuronale (Jensen et al. 1989, Kranzler et al. 1994). La conduction nerveuse plus rapide chez le sujet de haut potentiel serait compatible avec le rôle déterminant du taux de myéline (substance blanche) pour l'intelligence générale. Récemment, Thompson et al. (2001) ont rapporté par ailleurs une influence génétique sur le taux de matière grise - notamment dans les aires cérébrales de Broca et de Wernicke comme des régions frontales - et ont formulé l'hypothèse d'une corrélation possible entre la quantité de matière grise dans la zone frontale et les différences individuelles de QI. Finalement, Posthuma et al. (2002) ont réalisé une étude IRM (imagerie par résonance magnétique) dans un large groupe de sujets surdoués jumeaux homozygotes et hétérozygotes et défendent l'idée d'une double détermination du facteur g par les taux de substance blanche et grise dont l'origine serait génétique.
Rôle du cortex préfrontal dans la vie intellectuelle
FJ Gall (1758-1828) a largement contribué à notre connaissance de l'anatomie du cerveau en concevant le cortex comme le siège du plus haut niveau de fonctionnement du système nerveux central. Il a également inauguré la cartographie cérébrale même si son oeuvre a suscité de multiples commentaires et critiques. Il considérait, en effet, que les os de la voûte crânienne se développaient comme le cortex qu'ils recouvraient, si bien que palper le crâne revenait presque à examiner le cortex. Ainsi, la phrénologie de Gall admettait la localisation de 27 facultés innées et indépendantes les unes des autres dont il reste la fameuse expression de « bosse des maths ». A la fin du XIXeme siècle, si la plupart des partisans des localisations cérébrales récusaient tout siège spécifique à l'intelligence, le rôle des lobes frontaux dans la vie intellectuelle a rapidement été sujet de controverse. Le cortex préfrontal est considéré, en effet, comme étant la région responsable des conduites adaptées les plus supérieures car permettant d'assurer l'intégration des diverses fonctions cognitives et la pensée abstraite (Luria 1978). Hebb et Penfield (1940) n'ont toutefois pas constaté de moins bonnes performances intellectuelles chez les patients ayant des lésions frontales en comparaison avec ceux ayant des lésions postérieures. Un peu plus tard, Teuber et al. (1966) ont néanmoins démontré que ces malades présentaient malgré tout des déficits spécifiques à certains subtests. De façon plus
récente, les nouvelles techniques d'imagerie fonctionnelle cérébrale ont permis d'envisager l'étude des bases neuronales de l'intelligence. Ainsi, Duncan et al. (2000), en utilisant la tomographie par émission de positons (TEP), ont rapporté l'activation de l'aire frontale latérale dans les deux hémisphères lors de tâches verbales et non verbales fortement saturées en facteur g. Un des buts des neurosciences cognitives est de mettre en relation les étapes du développement cognitif avec celles du développement cérébral afin de rendre compte des bases biologiques de la cognition. Le développement cognitif s'étale sur un grand nombre d'années entre la naissance et l'âge adulte et certaines fonctions cognitives arrivent à maturité plus tard que d'autres. Ainsi, les fonctions exécutives sont considérées connaître un lent développement s'étalant de la fin de la première année jusqu'à l'adolescence et l'imagerie cérébrale fonctionnelle a confirmé un gradient de maturation plus tardif du cortex préfrontal (Chugani et al. 1987, Chiron et al. 1997). Aujourd'hui, les psychologues du développement attribuent un rôle crucial au processus attentionnel d'inhibition dans le développement logique (Houdé et al. 2000). Les adultes comme les enfants peuvent du reste rencontrer des difficultés à inhiber la stratégie perceptive sans qu'il s'agisse pour autant d'un problème de logique. Chez l'adulte, les études par TEP sont ainsi en faveur d'un lien très étroit entre les compétences linguistiques et de déduction logique puisqu'elles impliquent l'activation du cortex préfrontal inférieur gauche (Goel et al. 1997, Houdé 2000). Chez l'enfant, Harnishferger et Bjorklund (1994) à partir de travaux sur apprentissage et rappel de mots ont souligné la compétence exceptionnelle des enfants précoces pour inhiber l'information inadéquate afin d'encoder et restituer les éléments pertinents pour traiter la tâche. En 1985, Planche , en utilisant la tour de Hanoï, a rapporté une capacité élevée de planification chez les enfants à haut potentiel avec un souci de respect des consignes et un haut niveau d'exigence personnelle lors de la résolution de problèmes. Arffa et al. (1995) ont comparé les performances d'enfants âgés de 9 à 14 ans d'intelligence supérieure et moyenne au test de Wisconsin. Les enfants ayant un QI > 130 se sont tous montrés capables d'effectuer le classement en six catégories et ont réalisé moins d'erreurs persévératives que les sujets contrôles y compris pour les plus jeunes d'entre eux. Les enfants à haut potentiel pourraient donc bien se caractériser par une plus grande efficacité de leur capacité d'inhibition qui leur permettrait de mieux focaliser leur attention sur les aspects pertinents de la tâche et d'éviter une perturbation par des distracteurs perceptifs (Houdé 2000).
Bon courage et bonne lecture à ceux qui suivront le lien.
