Le contact social en ville
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Le contact social en ville
Bonjour tout le monde
Récemment, j'ai replongé dans la collection de BD de mon père, et en ce moment je relis les Astérix. En lisant Le Bouclier Arverne, je suis tombé sur cette case :
Le personnage de gauche est un espion romain déguisé en arverne, et le personnage de droite est un arverne qui héberge Astérix et Obélix pendant leur quête.
Je vis en région parisienne depuis 11 ans maintenant, et je me dis que si un inconnu débarque chez quelqu'un comme ça, on disant "on peut boire un coup ?", il a plus de chances de se prendre un coup de latte qu'un coup à boire
Puis je me suis souvenu de ma Beauce natale. Je vivais dans un village somme toute assez gros pour le coin, et dans ma rue on connaissait quasiment tous nos voisins. Du coup c'était possible de débarquer chez eux de temps à autres comme ça ! Moi et mon frère étant gosses, c'était pour jouer avec les autres, les adultes, c'était pour bouffer et picoler... Bon, on était pas des inconnus du coup, mais quand même ! Parce que...
Depuis que j'ai déménagé en banlieue parisienne, ça a disparu. Perso, je dis bonjour de loin et je n'ai parlé qu'à ma voisine directe (et elle est chiante). Tous les gens que je connais bien qui habitent en banlieue ou à Paris, c'est pareil.
J'en viens à collecter vos expériences : Habitez vous dans une ville où le contact social entre voisins existe, et produit des choses ? Ou l'inverse, dans un village où les voisins n'ont généralement pas de contact ?
Récemment, j'ai replongé dans la collection de BD de mon père, et en ce moment je relis les Astérix. En lisant Le Bouclier Arverne, je suis tombé sur cette case :
Le personnage de gauche est un espion romain déguisé en arverne, et le personnage de droite est un arverne qui héberge Astérix et Obélix pendant leur quête.
Je vis en région parisienne depuis 11 ans maintenant, et je me dis que si un inconnu débarque chez quelqu'un comme ça, on disant "on peut boire un coup ?", il a plus de chances de se prendre un coup de latte qu'un coup à boire
Puis je me suis souvenu de ma Beauce natale. Je vivais dans un village somme toute assez gros pour le coin, et dans ma rue on connaissait quasiment tous nos voisins. Du coup c'était possible de débarquer chez eux de temps à autres comme ça ! Moi et mon frère étant gosses, c'était pour jouer avec les autres, les adultes, c'était pour bouffer et picoler... Bon, on était pas des inconnus du coup, mais quand même ! Parce que...
Depuis que j'ai déménagé en banlieue parisienne, ça a disparu. Perso, je dis bonjour de loin et je n'ai parlé qu'à ma voisine directe (et elle est chiante). Tous les gens que je connais bien qui habitent en banlieue ou à Paris, c'est pareil.
J'en viens à collecter vos expériences : Habitez vous dans une ville où le contact social entre voisins existe, et produit des choses ? Ou l'inverse, dans un village où les voisins n'ont généralement pas de contact ?
- marienat23
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Re: Le contact social en ville
Habitant en banlieue parisienne, c'est pareil que toi, pas de contacts. Sauf quand il neige, ce qui est relativement rare, les gens se sourient et se parlent.
Par contre, j'ai une maison de campagne (rustique : pas de salle de bains, toilettes extérieures, une pièce ) dans un hameau en Bourgogne et les gens se parlent. On peut débarquer et on nous propose le café.
Bref, ça ne fait pas avancer les choses car par de situation que tu évoques en fait ou ce serait inversé.
Par contre, j'ai une maison de campagne (rustique : pas de salle de bains, toilettes extérieures, une pièce ) dans un hameau en Bourgogne et les gens se parlent. On peut débarquer et on nous propose le café.
Bref, ça ne fait pas avancer les choses car par de situation que tu évoques en fait ou ce serait inversé.
"Le véritable poète a pour vocation d'accueillir en lui la splendeur du monde." Goethe
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Re: Le contact social en ville
Mmmh, tiens, ce n'est pas une tarverne ?
C'est très curieux pour moi ce que tu décris, car j'ai jamais vécu autant de facilité à entrer en contact avec mes voisins, à s'entre-inviter pour un thé ou une dînette toute simple et tisser un échange peu à peu (des couples, familles, célibataires, jeunes, vieux), bref, d'ouverture, que lors de mes périodes parisiennes, périphérie comme centre : et aussi bien avec des Parisiens récents, que issus de parents installés à Paris.
Le Parisien typique est (en un sens) souvent celui qui est venu s'y installer, parfois juste quelques années. On ne t'y demande pas ton pedigree, on ne te jauge pas à l'ancienneté, le Parisien standard ne possède pas Paris plus qu'un récent venu, à la différence des villes plus petites. En fait pas d'esprit de clocher.
Dans d'autres agglomérations, même pour de grandes villes à l'échelle de la France, il y a une espèce de fierté juste du fait "d'être de là". Alors que pour le Parisien type, cosmopolite, il semble suffire d' "être là" ; tout le monde a sa place tout de suite autant qu'un autre à Paris, hormis pour certaines sphères élevées, mais dans lesquelles s'exprime ce sentiment d'une appartenance donc d'une non-appartenance qui, pour autant que j'ai constaté, vient plus d'un milieu social supérieur pluri-générationnel que du lieu de naissance (et quantitativement, sauf si proportionnalité aux m² de terrasses et jardins privés, ce ne sont pas les Parisiens représentatifs).
Ca m'a semblé très facile, et presque partout les immeubles ont été des lieux de sociabilité (agréable et désagréable selon les portes).
Il est vrai que si certains sont venus vers moi, j'ai presque toujours fait la démarche d'aller me présenter à mes voisins, et c'est l'un ou l'autre qui a offert le premier café.
J'ai même eu des presque grands-mères adoptives, certains m'ont donné des meubles ou un frigo, moi-même j'ai donné aussi, ça m'est arrivé de débarquer chez une voisine pour emmener la petite en balade, au parc, comme ça, et ça a été accepté avec un vague étonnement et contentement... secrètement je le faisais parce que pucette de 5 ans en dispute avec des parents fatigués, que j'entendais ça par la fenêtre, que la tension me fatiguait, et que ça m'a paru une idée bonne pour tout le monde. Je crois que dans cet immeuble là, à défaut d'avoir aimé absolument tout le monde, j'ai mangé ou bu dans à peu près tous les appartements.
Par contre en petite ville,et je parle toujours de personnes rencontrées dans le cadre du voisinage, non d'amitiés nouées par ailleurs, ou en campagne... non, c'était par curiosité, le temps d'être jaugé, scruté, cerné, mais en réalité pas pour nouer un échange durable ni se mélanger. Il y a bien eu des échanges avec visites régulières sur quelques années, mais le fond s'est révélé - plus tard - être différent, le nombre ni la durée ne faisaient l'approfondissement, ne tissaient la relation, ce n'étaient pas de vrais liens, de leur côté.
Pour moi ce que tu décris de campagne, en effet, ne s'y compare pas, il faudrait mettre en regard avec une installation dans un village et une région dont tu n'es pas, et uniquement sur un âge adulte, car si les liens sociaux ont été développés sur place depuis l'enfance (y compris pour les adultes matures et les anciens), ce n'est pas du tout la même donne.
Je doute qu'il y ait des règles absolues, un de mes amis, banlieusard parisien, parti loin de la capitale, a vécu une véritable adoption dans son premier village, et ayant acheté 20 km plus loin l'année suivante, une à-peine superposition dans son nouveau, bien qu'ayant de jeunes enfants et y étant maintenant depuis quelques années.
Il me souvient aussi un échange avec une autre jeune femme dans le train, installée dans ma ville provinciale et venant d'une autre : je lui disais avoir trouvé la sienne bien plus ouverte d'esprit avec les nouveaux que la mienne, et elle avait vécu l'inverse.
Les relations sont-elles plus le fruit d'affinités essentielles, que de coïncidences ?...
PS : il faudrait aussi préciser de quelle sorte de banlieue vous parlez... sous ce singulier toute une typologie à envisager.
C'est très curieux pour moi ce que tu décris, car j'ai jamais vécu autant de facilité à entrer en contact avec mes voisins, à s'entre-inviter pour un thé ou une dînette toute simple et tisser un échange peu à peu (des couples, familles, célibataires, jeunes, vieux), bref, d'ouverture, que lors de mes périodes parisiennes, périphérie comme centre : et aussi bien avec des Parisiens récents, que issus de parents installés à Paris.
Le Parisien typique est (en un sens) souvent celui qui est venu s'y installer, parfois juste quelques années. On ne t'y demande pas ton pedigree, on ne te jauge pas à l'ancienneté, le Parisien standard ne possède pas Paris plus qu'un récent venu, à la différence des villes plus petites. En fait pas d'esprit de clocher.
Dans d'autres agglomérations, même pour de grandes villes à l'échelle de la France, il y a une espèce de fierté juste du fait "d'être de là". Alors que pour le Parisien type, cosmopolite, il semble suffire d' "être là" ; tout le monde a sa place tout de suite autant qu'un autre à Paris, hormis pour certaines sphères élevées, mais dans lesquelles s'exprime ce sentiment d'une appartenance donc d'une non-appartenance qui, pour autant que j'ai constaté, vient plus d'un milieu social supérieur pluri-générationnel que du lieu de naissance (et quantitativement, sauf si proportionnalité aux m² de terrasses et jardins privés, ce ne sont pas les Parisiens représentatifs).
Ca m'a semblé très facile, et presque partout les immeubles ont été des lieux de sociabilité (agréable et désagréable selon les portes).
Il est vrai que si certains sont venus vers moi, j'ai presque toujours fait la démarche d'aller me présenter à mes voisins, et c'est l'un ou l'autre qui a offert le premier café.
J'ai même eu des presque grands-mères adoptives, certains m'ont donné des meubles ou un frigo, moi-même j'ai donné aussi, ça m'est arrivé de débarquer chez une voisine pour emmener la petite en balade, au parc, comme ça, et ça a été accepté avec un vague étonnement et contentement... secrètement je le faisais parce que pucette de 5 ans en dispute avec des parents fatigués, que j'entendais ça par la fenêtre, que la tension me fatiguait, et que ça m'a paru une idée bonne pour tout le monde. Je crois que dans cet immeuble là, à défaut d'avoir aimé absolument tout le monde, j'ai mangé ou bu dans à peu près tous les appartements.
Par contre en petite ville,et je parle toujours de personnes rencontrées dans le cadre du voisinage, non d'amitiés nouées par ailleurs, ou en campagne... non, c'était par curiosité, le temps d'être jaugé, scruté, cerné, mais en réalité pas pour nouer un échange durable ni se mélanger. Il y a bien eu des échanges avec visites régulières sur quelques années, mais le fond s'est révélé - plus tard - être différent, le nombre ni la durée ne faisaient l'approfondissement, ne tissaient la relation, ce n'étaient pas de vrais liens, de leur côté.
Pour moi ce que tu décris de campagne, en effet, ne s'y compare pas, il faudrait mettre en regard avec une installation dans un village et une région dont tu n'es pas, et uniquement sur un âge adulte, car si les liens sociaux ont été développés sur place depuis l'enfance (y compris pour les adultes matures et les anciens), ce n'est pas du tout la même donne.
Je doute qu'il y ait des règles absolues, un de mes amis, banlieusard parisien, parti loin de la capitale, a vécu une véritable adoption dans son premier village, et ayant acheté 20 km plus loin l'année suivante, une à-peine superposition dans son nouveau, bien qu'ayant de jeunes enfants et y étant maintenant depuis quelques années.
Il me souvient aussi un échange avec une autre jeune femme dans le train, installée dans ma ville provinciale et venant d'une autre : je lui disais avoir trouvé la sienne bien plus ouverte d'esprit avec les nouveaux que la mienne, et elle avait vécu l'inverse.
Les relations sont-elles plus le fruit d'affinités essentielles, que de coïncidences ?...
PS : il faudrait aussi préciser de quelle sorte de banlieue vous parlez... sous ce singulier toute une typologie à envisager.
« l’effigie est verrou, l’idole prison, la figure serrure. Une seule clef peut faire tomber ces chaines : le signe. » M. Tournier
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Re: Le contact social en ville
Juste pour rapporter ma situation actuelle:
- presque grande ville (100 000 habitants)
- 5 voisins
Bilan: je connais mieux le gars qui fait la manche en bas de chez moi que mes voisins.
Voisin de palier inexistant ou fuyant, les autres je ne les vois jamais.
Ca fait des années que j'habite ici et au début de l'été, j'ai fait connaissance avec une voisine qui ne m'avait soi-disant jamais vue (faut dire, moi je remarque toujours les gens mais eux jamais). Hé bien depuis cet été, je ne l'ai pas revue. Je pense que les gens ont envie d'être tranquilles, et il faut croire qu'ils ont déjà assez de leur propre vie. Je sais pourtant que certains entre eux se rendent service (arrosage de plantes...) et se connaissent parce qu'ils sont là depuis longtemps et sur le même palier.
Donc pour la fête des voisins et le coup à boire à l'improviste, on repassera.
- presque grande ville (100 000 habitants)
- 5 voisins
Bilan: je connais mieux le gars qui fait la manche en bas de chez moi que mes voisins.
Voisin de palier inexistant ou fuyant, les autres je ne les vois jamais.
Ca fait des années que j'habite ici et au début de l'été, j'ai fait connaissance avec une voisine qui ne m'avait soi-disant jamais vue (faut dire, moi je remarque toujours les gens mais eux jamais). Hé bien depuis cet été, je ne l'ai pas revue. Je pense que les gens ont envie d'être tranquilles, et il faut croire qu'ils ont déjà assez de leur propre vie. Je sais pourtant que certains entre eux se rendent service (arrosage de plantes...) et se connaissent parce qu'ils sont là depuis longtemps et sur le même palier.
Donc pour la fête des voisins et le coup à boire à l'improviste, on repassera.
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Re: Le contact social en ville
Techniquement oui, mais dans toute la ville ils vendent tous du vin et du charbon Et puis l'espion est rentré après avoir écouté involontairement aux portes.Livingstone a écrit :Mmmh, tiens, ce n'est pas une tarverne ?
Quand je parle de banlieue, perso j'ai vécu en appart et en maison dans des zones pavillonnaires de la grand couronne (mais tout de même assez denses), et je côtoie des gens qui habitent dans des cités, dans la petite couronne, à Paris, dans des villes huppées style Vincennes/Nanterre... et je récolte le même résultat. Soit rien, soit "jegardeleurchienetjarroseleursplantesquandilssontenvacances".
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Re: Le contact social en ville
Le contact social commence souvent par un partage de trucs comestibles, j'imagine que ça parle au simple et sain en nous, que ça agit à divers niveaux. Faire co-pain. Je devrais écrire ça en toki pona, tiens.
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Re: Le contact social en ville
AAAAAAArgh tout mon message s'est effacé. Je résume. J'avais oublié de préciser : petite couronne à l'est de Paris, 40 000 habitants environ.
Livingstone : Pour l'acceptation une fois adulte, une agricultrice de haute-Savoie (village) m'a dit qu'après son installation, venant d'Ile de France, elle n'avait jamais été intégrée après 15 ans, voire rejetée au début (Elle a épousé quelqu'un de là-bas). Ils attachent une grande importance aux parcelles de terres possédées et sont très méfiants. C'est un témoignage extérieur.
Livingstone : Pour l'acceptation une fois adulte, une agricultrice de haute-Savoie (village) m'a dit qu'après son installation, venant d'Ile de France, elle n'avait jamais été intégrée après 15 ans, voire rejetée au début (Elle a épousé quelqu'un de là-bas). Ils attachent une grande importance aux parcelles de terres possédées et sont très méfiants. C'est un témoignage extérieur.
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Re: Le contact social en ville
marienat23 a écrit :Livingstone : Pour l'acceptation une fois adulte, une agricultrice de haute-Savoie (village) m'a dit qu'après son installation, venant d'Ile de France, elle n'avait jamais été intégrée après 15 ans, voire rejetée au début (Elle a épousé quelqu'un de là-bas). Ils attachent une grande importance aux parcelles de terres possédées et sont très méfiants. C'est un témoignage extérieur.
C'est étrange... Mes parents ont acheté une deuxième maison en haute savoie il y a quelques années pour leurs vacances et leur future retraite, ben ils sont plus que bien acceptés dans le village. Leur voisin qui est assez vieux (+ de 90 ans je crois), responsable du four à pain du village, a commencé à leur montrer les ficelles
Dans le cas de l'agricultrice, peut-être que la concurrence ne l'aide pas effectivement...
- marienat23
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Re: Le contact social en ville
Ses parents avaient aussi passé toutes leurs vacances là-bas et s'y sont installés pour leur retraite. Mais l'accueil des touristes est très différent a-t-elle dit. Et celles des retraités peut-être également.SuperBoby a écrit :
C'est étrange... Mes parents ont acheté une deuxième maison en haute savoie il y a quelques années pour leurs vacances et leur future retraite, ben ils sont plus que bien acceptés dans le village. Leur voisin qui est assez vieux (+ de 90 ans je crois), responsable du four à pain du village, a commencé à leur montrer les ficelles
Dans le cas de l'agricultrice, peut-être que la concurrence ne l'aide pas effectivement...
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Re: Le contact social en ville
Je fais rentrer un critère supplémentaire: culture et climat. En France étrangement j'ai jamais trop trouvé mon coin. Puis à la Réunion j'ai trouvé plus cool. J'étais bizarre, certes, mais c'était normal, j'étais un étranger. Puis tout le monde est bizarre puisqu'il y a plusieurs modèles culturels représentés.
Accessoirement, j me suis fait inviter à danser et boire dans les maisons au nouvel an simplement parce que je marchais dans la rue et qu'on a dit deux mots avec quelqu'un d'une maison. Ici l'équivalent le plus notable c'était se répondre via chaine hifi avec des chansons, sans s'adresser aucun mot ni se voir.
Là bas il était fréquent de boire des bières avec locaux ou clodos, et quelques touristes détendus (en moyenne la plupart des français avaient une révélation au bout de 6 mois quant à leur méfiance et leur froideur...), parce qu'on avait pas cette impression de devoir toujours se défendre quand on vous aborde, qui vient facilement ici (et c'est vrai, ici on vous aborde rarement pour autre chose que demander de l'argent ou se faire reprocher des trucs... l'habitude de la méfiance se pose vite).
Autre exemple: les pique nique familiaux sous les arbres avec grosses marmites, tambours etc. Le gros squat toute l'après midi accompagné ou pas d'une bouteille de rhum rendait la solitude un pur "choix": parce qu'il est finalement assez simple et naturel d'aller jouer un moment avec la famille installée et de se faire inviter à partager le cari ou papoter.
Accessoirement, les touristes étant en vacances, ils ont aussi une tendance à se détendre un peu (même si ils gardent leurs repères psychologiques).
Ici il me semble que même après 3 ans il y a toujours une forme de méfiance, et la tendance générale me parait d'être dans la vie semi virtuelle: i phones, web etc.: on n vit pas dehors, donc on n'accorde pas d'attention aux "gens réels" dehors.
De plus les gens sont entretenus dans le stress et la peur (je pense que le climat joue aussi, même si les medias et le rythme consumériste gavé de sollicitations, publicités diverses même sur sa propre ligne téléphonique, puis le stress du travail, etc. sont d'autres bonnes explications). Enfin, une sorte de "fond émotionnel" de ce type.
Et puis les classiques: quand on est "différent" et qu'en plus on trouve facilement les gens ennuyeux, ça aide pas: de fait on a aucune facilité mise en place pour aider au contact.
Après il y a surement différences d'une région à l'autre, mais il y a une tendance générale de ce type à mon sens. Qui donne pas l'impression d'une population en "bonne santé". (encore autre chose, mais qui doit avoir des liens aussi).
On vit pas assez dehors et ouvert au monde en tout cas. Et c'est un cercle vicieux. A ce jour je n'ai pas trouvé possible en effet de vivre ouvert, ici. Trop d'agressivité et de renfermement (nullement de la méchanceté: mais un conditionnement qui se trouve renforcé à plusieurs niveaux).
Je n'ai pas non plus trouvé de terre parfaite et ouverte, mais ça me paraissait même un peu moins marqué au Québec (pourtant vraiment froid et américanisé).
Si ça peut aider à la réflexion.
Accessoirement, j me suis fait inviter à danser et boire dans les maisons au nouvel an simplement parce que je marchais dans la rue et qu'on a dit deux mots avec quelqu'un d'une maison. Ici l'équivalent le plus notable c'était se répondre via chaine hifi avec des chansons, sans s'adresser aucun mot ni se voir.
Là bas il était fréquent de boire des bières avec locaux ou clodos, et quelques touristes détendus (en moyenne la plupart des français avaient une révélation au bout de 6 mois quant à leur méfiance et leur froideur...), parce qu'on avait pas cette impression de devoir toujours se défendre quand on vous aborde, qui vient facilement ici (et c'est vrai, ici on vous aborde rarement pour autre chose que demander de l'argent ou se faire reprocher des trucs... l'habitude de la méfiance se pose vite).
Autre exemple: les pique nique familiaux sous les arbres avec grosses marmites, tambours etc. Le gros squat toute l'après midi accompagné ou pas d'une bouteille de rhum rendait la solitude un pur "choix": parce qu'il est finalement assez simple et naturel d'aller jouer un moment avec la famille installée et de se faire inviter à partager le cari ou papoter.
Accessoirement, les touristes étant en vacances, ils ont aussi une tendance à se détendre un peu (même si ils gardent leurs repères psychologiques).
Ici il me semble que même après 3 ans il y a toujours une forme de méfiance, et la tendance générale me parait d'être dans la vie semi virtuelle: i phones, web etc.: on n vit pas dehors, donc on n'accorde pas d'attention aux "gens réels" dehors.
De plus les gens sont entretenus dans le stress et la peur (je pense que le climat joue aussi, même si les medias et le rythme consumériste gavé de sollicitations, publicités diverses même sur sa propre ligne téléphonique, puis le stress du travail, etc. sont d'autres bonnes explications). Enfin, une sorte de "fond émotionnel" de ce type.
Et puis les classiques: quand on est "différent" et qu'en plus on trouve facilement les gens ennuyeux, ça aide pas: de fait on a aucune facilité mise en place pour aider au contact.
Après il y a surement différences d'une région à l'autre, mais il y a une tendance générale de ce type à mon sens. Qui donne pas l'impression d'une population en "bonne santé". (encore autre chose, mais qui doit avoir des liens aussi).
On vit pas assez dehors et ouvert au monde en tout cas. Et c'est un cercle vicieux. A ce jour je n'ai pas trouvé possible en effet de vivre ouvert, ici. Trop d'agressivité et de renfermement (nullement de la méchanceté: mais un conditionnement qui se trouve renforcé à plusieurs niveaux).
Je n'ai pas non plus trouvé de terre parfaite et ouverte, mais ça me paraissait même un peu moins marqué au Québec (pourtant vraiment froid et américanisé).
Si ça peut aider à la réflexion.
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Re: Le contact social en ville
Ca m'étonnes pas tiens. On a la réputation d'être froid et c'est globalement vrai quand on compare avec d'autres régions. Si en plus on parle d'un paysan face à une parisienne... Dans mon bled et sans doute dans la plupart, "fils d'untel" c'est la meilleure carte de visite.marienat23 a écrit :Pour l'acceptation une fois adulte, une agricultrice de haute-Savoie (village) m'a dit qu'après son installation, venant d'Ile de France, elle n'avait jamais été intégrée après 15 ans, voire rejetée au début (Elle a épousé quelqu'un de là-bas). Ils attachent une grande importance aux parcelles de terres possédées et sont très méfiants. C'est un témoignage extérieur.
Re: Le contact social en ville
J'habite un village du Sud-Gironde et cette phrase résume tout.Dans mon bled et sans doute dans la plupart, "fils d'untel" c'est la meilleure carte de visite.
Après 10 ans passé dans notre bled, nous sommes toujours les "non-natifs."
Prendre un café à l'improviste chez une personne du cru est absolument impossible... que quelqu'un du cru passe chez nous également, en toute simplicité, ça ne s'est jamais fait.
Nous avons proposé nombre d'invitation, la phrase culte pour la décliner c'est "Nous verrons aux beaux jours"
Cependant, notre nouvelle voisine d'en face est Parisienne. Elle est venu passer la retraite dans notre région. Nous avons établi une bonne relation de voisinage basée sur l'échange et la convivialité.
Cette dame, âgée de 75 ans, ne rencontre absolument pas la même froideur que celle à laquelle nous devons faire face.
il faut dire que nous sommes les seuls quadra de la rue. Pourtant, l'âge ne présente pas un problème de notre côté.
Mais après vérification, dans notre bled, l'intergénérationnel, ça ne fonctionne pas !
Quid de nos voisins quadra qui habitent dans le lotissement neuf d'à côté : ben, entre lotissement, on ne se mélange pas non plus, dis-donc !
Cela fait beaucoup de barrières à abattre... j'ai abandonné le combat. Vive le net ^^
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Re: Le contact social en ville
C'est aussi une question de caractère, mais je suis assez d'accord. Encore que, paradoxalement dans les grandes villes on trouve davantage de lieux de "rencontres" ou de "convivialité" que dans les plus petites, le cadre de la "rencontre" (au sens large du terme) y est strictement limité et s'arrête en général au premier centimètre de trottoir. La possibilité de contact social est quasi nulle lorsque l'on est "dehors", au contraire il me semble de villes plus petites, où c'est encore possible lors d'événements ou de manifestations.Chacoucas a écrit :On vit pas assez dehors et ouvert au monde en tout cas. Et c'est un cercle vicieux. A ce jour je n'ai pas trouvé possible en effet de vivre ouvert, ici. Trop d'agressivité et de renfermement (nullement de la méchanceté: mais un conditionnement qui se trouve renforcé à plusieurs niveaux).
Mathematics is a game played according to certain simple rules with meaningless marks on paper. D.Hilbert
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Re: Le contact social en ville
J'ai une amie qui avec des potes vont distribuer café/jus d'orange dans le métro. Gratuitement, juste pour avoir des sourire et parler avec des gens. Et apparemment ça marche très bien ! Dans le métro de paris
Des fois, il faut juste faire le premier pas, et bousculer un peu respectueusement le confort des gens pour que le contact social se fasse bien
Des fois, il faut juste faire le premier pas, et bousculer un peu respectueusement le confort des gens pour que le contact social se fasse bien
"Il me fallait une bonne citation à mettre en signature, mais j'ai rien trouvé de sympa..."
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Re: Le contact social en ville
Ho, j'avais un peu oublié que j'avais lancé ce fil...
C'est un "évènement" ce que tu décris, Choup'. Ce ne sont pas vraiment des relations de voisinage...
Cependant l'argument est sûrement valable : ça fait un mois et demi que j'ai emménagé dans ma coloc en maison dans une zone pavillonnaire, et je ne me suis toujours pas présenté aux voisins... A part un couple que mon proprio (qui est l'un de mes colocs) a invité à manger un soir.
Il faudrait que je me décide à le faire ce premier pas...
C'est un "évènement" ce que tu décris, Choup'. Ce ne sont pas vraiment des relations de voisinage...
Cependant l'argument est sûrement valable : ça fait un mois et demi que j'ai emménagé dans ma coloc en maison dans une zone pavillonnaire, et je ne me suis toujours pas présenté aux voisins... A part un couple que mon proprio (qui est l'un de mes colocs) a invité à manger un soir.
Il faudrait que je me décide à le faire ce premier pas...
Là tu touches une faiblesse dans les éléments que j'ai sur le sujet : Je n'ai pas assez voyagé. J'espère y remédier dans les années à venir, afin de pouvoir établir des comparaisons. En France autant qu'à l'étranger d'ailleurs.Chacoucas a écrit :Je fais rentrer un critère supplémentaire: culture et climat. En France étrangement j'ai jamais trop trouvé mon coin. Puis à la Réunion j'ai trouvé plus cool.
- gabriailes
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Re: Le contact social en ville
Liège comporte aujourd'hui 196 272 habitants selon l'ONU
J'y vis depuis 5 ans. J'ai grandi à Bruxelles (1.139 million d'habitants), j'y ai donc vécu enfant, ado et jeune adulte.
Je ne sais à quel point la ville et moi grandissant se sont entre-mêlées pour me faire dire ces mots mais entre ces deux villes, j'ai noté une nette différence entre les deux villes.
En fait je me suis rendu compte, en arrivant à Liège, qu'il y avait vivre dans une ville et la connaître, ce qui était deux choses bien différentes.
Je me suis sentie (re)naître à Liège. Un immense village. Les gens se disent bonjour, aux terrasses des bistrots, il y a toujours quelqu'un pour te souhaiter une bonne journée, payer une tournée. Tu connais les gens. Directement, par des amis, des amis d'amis. Tu finis souvent une soirée avec des potes de jamais comme s'ils avaient été des potes de longtemps.
A Bruxelles, je ne sortais jamais, je me sentais minuscule. A Liège, je me sens chez moi. Je déteste toujours les supermarchés, mais la boulangère du coin me demande encore comment va ma mère (qu'elle a croisé le jour d'un de mes déménagement il y 4 ans), elle s'appelle Asma et cumule 3 taf pour s'en sortir. Jacqueline, et son fritkot, est un peu rustre, mais elle te glisse toujours un clin d’œil à la fin en arrondissant la note vers le bas, le mec du nightshop a un enfant que je vois grandir depuis 3 ans et qui me sourit comme un Dieu depuis lors. J'aidais la fille de mes anciens voisins en trigono et français. Un autre voisin a réparé la 4l de mon coloc.
Cette ville fait du bien. C'est une jolie ville où il fait bon sortir de sa chambre, parfois. On la traverse de bout en bout à patte en 45 minutes. Ses bars sont agréables. J'ai appris les échecs dans l'odeur de Guiness d'un Pub avec Monsieur Robert qui est là tous les jours, avec son journal attendant le quidam désireux de jouer ou d'apprendre.
On dit souvent de Liège, "tu sais quand tu arrives, jamais quand tu repars" ... Je vais pourtant sans doute bientôt la quitter, pour d'autres aventures.
Je ne sais pas vraiment expliquer cette différence d'avec Bruxelles. Un sorte de tradition peut-être? La gentillesse appelle la gentille, quelle que soit la taille de la vile, non?
J'y vis depuis 5 ans. J'ai grandi à Bruxelles (1.139 million d'habitants), j'y ai donc vécu enfant, ado et jeune adulte.
Je ne sais à quel point la ville et moi grandissant se sont entre-mêlées pour me faire dire ces mots mais entre ces deux villes, j'ai noté une nette différence entre les deux villes.
En fait je me suis rendu compte, en arrivant à Liège, qu'il y avait vivre dans une ville et la connaître, ce qui était deux choses bien différentes.
Je me suis sentie (re)naître à Liège. Un immense village. Les gens se disent bonjour, aux terrasses des bistrots, il y a toujours quelqu'un pour te souhaiter une bonne journée, payer une tournée. Tu connais les gens. Directement, par des amis, des amis d'amis. Tu finis souvent une soirée avec des potes de jamais comme s'ils avaient été des potes de longtemps.
A Bruxelles, je ne sortais jamais, je me sentais minuscule. A Liège, je me sens chez moi. Je déteste toujours les supermarchés, mais la boulangère du coin me demande encore comment va ma mère (qu'elle a croisé le jour d'un de mes déménagement il y 4 ans), elle s'appelle Asma et cumule 3 taf pour s'en sortir. Jacqueline, et son fritkot, est un peu rustre, mais elle te glisse toujours un clin d’œil à la fin en arrondissant la note vers le bas, le mec du nightshop a un enfant que je vois grandir depuis 3 ans et qui me sourit comme un Dieu depuis lors. J'aidais la fille de mes anciens voisins en trigono et français. Un autre voisin a réparé la 4l de mon coloc.
Cette ville fait du bien. C'est une jolie ville où il fait bon sortir de sa chambre, parfois. On la traverse de bout en bout à patte en 45 minutes. Ses bars sont agréables. J'ai appris les échecs dans l'odeur de Guiness d'un Pub avec Monsieur Robert qui est là tous les jours, avec son journal attendant le quidam désireux de jouer ou d'apprendre.
On dit souvent de Liège, "tu sais quand tu arrives, jamais quand tu repars" ... Je vais pourtant sans doute bientôt la quitter, pour d'autres aventures.
Je ne sais pas vraiment expliquer cette différence d'avec Bruxelles. Un sorte de tradition peut-être? La gentillesse appelle la gentille, quelle que soit la taille de la vile, non?
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Raison : edit pour orthographe
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- Archibald
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Re: Le contact social en ville
J'habite à Paris, et j'ai habité dans des villes de la taille d'une préfecture de département ou d'une préfecture de région. Mon expérience a été la suivante :
Post-scriptum : on m'informe dans l'oreillette que les éléphants turquoise à droite quand on poste sont là en mémoire d'une membre du forum qui adorait les éléphants, le bleu, et qui est morte prématurément. Je l'ignorais donc je partage l'info. Que sa mémoire reste ici
- A Paris, rares sont les voisins qui ne sont pas sur la défensive. Comme me disait un jour un SDF rencontré par hasard : "Paris est une ville qui rend ses habitants violents". Du coup quand je vais me présenter à mes voisins ça génère usuellement deux réactions : soit ils sont très agréablement surpris, soit ils sont hyper méfiants.
- Statistiquement, mes voisins sont plus gentils et policés dans les zones urbaines plus petites. Pour autant, ils n'en sont pas forcément plus authentiques et chaleureux. (J'ai eu de très gentils et courtois voisins, avec qui les contacts se limitaient malheureusement à des bonjours dans les escaliers et à des services rendus).
- Pour autant, il n'y a pas de règle absolue et la qualité des relations de voisinage dépend (dans mon expérience) beaucoup du hasard : la compatibilité de caractère entre mes voisins et moi (timide/extraverti, etc.), le moment où je vais me présenter (si la première rencontre a lieu dans de mauvaises conditions, ça part mal), l'historique des relations de voisinage dans l'immeuble (si les voisins ont eu de bons ou de mauvais souvenirs auparavant), etc. Comme dit un personnage connu : c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait pas sur quoi on va tomber.
Post-scriptum : on m'informe dans l'oreillette que les éléphants turquoise à droite quand on poste sont là en mémoire d'une membre du forum qui adorait les éléphants, le bleu, et qui est morte prématurément. Je l'ignorais donc je partage l'info. Que sa mémoire reste ici
"Chaque individu doit organiser son chaos intérieur en réfléchissant à ses propres besoins", Nietzsche
- gabriailes
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Re: Le contact social en ville
Bon, je me baladais en ville aujourd'hui. Et je me suis dis que j'avais envie de vous parler d'un dimanche au soleil dans une ville wallonne.
Il faisait beau ce matin. Et en sortant du travail, il commençait même à faire chaud. Le marché était sur sa fin. La batte du dimanche, à Liège, au soleil, c'est le sud. Les terrasses étaient pleines à craquer de parents sirotant une bière alors que leurs enfants jouaient avec les lapins du marché qu'un jour nous avons acheté et sauvé d'une assiette. Sauvé d'une sauce au pruneaux.
Les fêtards de la veille se remettaient d'une cuite certaine au jus de pomme-cerise, se délectant d'un poulet acheté quelques mètres plus haut. Les vendeurs avaient cessé la criée et rangeait leurs étales.
Nous sommes allés poser notre slackline dans un parc au bord de la Meuse. Les petits apprenaient à faire du vélo, les grands fumaient dans l'herbe. Les couples lisaient des livres en se tenant la main. Les plus téméraires d'ici décapsulaient une bière, oubliant sans doute l'effet alcool-soleil.
Et j'ai pensé que les gens savaient vivre. Un gars avait posé son hamac à quelques mètres à peine de l'eau. Les familles et les seuls semblaient s'entendre bien. Un marchand de glace a sans doute fait, aujourd'hui, sa recette pour l'année. Et tous assis dans l'herbe nous interagissions. Sporadiquement parfois, d'un bref sourire à peine, parfois un verre de quelque chose que l'on tendait à l'autre.
Une dame apprenait le monocycle, un jeune type m'a prêté ses balles de jonglage. Je ne suis que peu montée sur la slack mais quelques inconnus tentèrent leur chance aussi.
En longeant la Meuse je suis rentrée chez moi, j'ai salué des connaissances, ai discuté avec quelques amis croisés sur le chemin. A Liège, quand il fait beau, tu y croises du monde.
Au soleil, c'est une ville méridionale. On entend parlé mille langues. C'est une ville portuaire... sans port maritime. Il ne manquerait donc que lui, pour se croire ailleurs.
Quand à Liège, le dimanche, il fait beau, je me rappelle pourquoi, parfois, j'aime vivre en ville. Les gens savent vivre ensemble. Et cela fait du bien.
Et puis l'entrée de ta maison, fraîche et le silence enfin. Et de ta fenêtre, encore, l'odeur d'un barbecue. Parfois dans le tumulte, c'est la joie commune qui t'explose à la gueule. C'est bon.
Les gens, parfois, savent vivre.
Il faisait beau ce matin. Et en sortant du travail, il commençait même à faire chaud. Le marché était sur sa fin. La batte du dimanche, à Liège, au soleil, c'est le sud. Les terrasses étaient pleines à craquer de parents sirotant une bière alors que leurs enfants jouaient avec les lapins du marché qu'un jour nous avons acheté et sauvé d'une assiette. Sauvé d'une sauce au pruneaux.
Les fêtards de la veille se remettaient d'une cuite certaine au jus de pomme-cerise, se délectant d'un poulet acheté quelques mètres plus haut. Les vendeurs avaient cessé la criée et rangeait leurs étales.
Nous sommes allés poser notre slackline dans un parc au bord de la Meuse. Les petits apprenaient à faire du vélo, les grands fumaient dans l'herbe. Les couples lisaient des livres en se tenant la main. Les plus téméraires d'ici décapsulaient une bière, oubliant sans doute l'effet alcool-soleil.
Et j'ai pensé que les gens savaient vivre. Un gars avait posé son hamac à quelques mètres à peine de l'eau. Les familles et les seuls semblaient s'entendre bien. Un marchand de glace a sans doute fait, aujourd'hui, sa recette pour l'année. Et tous assis dans l'herbe nous interagissions. Sporadiquement parfois, d'un bref sourire à peine, parfois un verre de quelque chose que l'on tendait à l'autre.
Une dame apprenait le monocycle, un jeune type m'a prêté ses balles de jonglage. Je ne suis que peu montée sur la slack mais quelques inconnus tentèrent leur chance aussi.
En longeant la Meuse je suis rentrée chez moi, j'ai salué des connaissances, ai discuté avec quelques amis croisés sur le chemin. A Liège, quand il fait beau, tu y croises du monde.
Au soleil, c'est une ville méridionale. On entend parlé mille langues. C'est une ville portuaire... sans port maritime. Il ne manquerait donc que lui, pour se croire ailleurs.
Quand à Liège, le dimanche, il fait beau, je me rappelle pourquoi, parfois, j'aime vivre en ville. Les gens savent vivre ensemble. Et cela fait du bien.
Et puis l'entrée de ta maison, fraîche et le silence enfin. Et de ta fenêtre, encore, l'odeur d'un barbecue. Parfois dans le tumulte, c'est la joie commune qui t'explose à la gueule. C'est bon.
Les gens, parfois, savent vivre.
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Re: Le contact social en ville
Mouh j'adoore Astérix ! Cette BD aura bercé toute mon enfance et arraché un sacré paquet d'éclats de rire.
Bah pff... en fait je n'ai pas grand chose de plus à ajouter au moulin. Grosso modo je suis partagée entre "ça dépend des gens" et "ça dépend quand même des lieux aussi". Typiquement j'ai vécu une majeure partie de vie dans une ville de Dordogne (36 000 habitants) et aujourd'hui à Bordeaux. Les Dordognais sont globalement moins froids, plus aidant, mais encore ça dépendait des quartiers. Forcément je viens des HLM, de la classe populaire, où l'entraide est quand même ce qu'on voit le plus souvent. Sur Bordeaux, même en étant étudiante (mais de part mes activités pro) je suis plutôt assimilée à un début de classe sup... et mine de rien ça change aussi beaucoup le regard des gens sur soi, au-delà des habitudes sociales.
Bref. Il y a beaucoup de raisons (un peu trop pour que je puisse les hiérarchiser) qui font que les gens ont plus ou moins de contacts faciles. Je rejoins pas mal ce que disait Choupinne néanmoins : il est globalement admis, par exemple, que le Bordelais de base est fermé et assez... hautain. Chiant. Cela dit, quand on le bouscule un peu et qu'on lui propose une sortie dans un café ou un pub, de suite ça le détend et ça passe mieux. On a gardé le côté défensif, assez propre aux grandes villes manifestement. Mais on arrive à le casser, dans un contexte plus intimiste et détendu... qu'il faut savoir créer, parfois !
Au final j'ai tendance à me demander si le degré d'intégration sociale n'est pas corrélée à la capacité à se sociabiliser. Pour parler plus couramment loooool : est-ce-que le type qui est constamment pendu au téléphone, mail, etc pour son boulot, qui voit du monde toute la journée et gère un paquet de merdes n'est pas overbookée relationellement au point de "fuir" le contact spontané ? Après évidemment (et heureusement) il y a des exceptions.
Bah pff... en fait je n'ai pas grand chose de plus à ajouter au moulin. Grosso modo je suis partagée entre "ça dépend des gens" et "ça dépend quand même des lieux aussi". Typiquement j'ai vécu une majeure partie de vie dans une ville de Dordogne (36 000 habitants) et aujourd'hui à Bordeaux. Les Dordognais sont globalement moins froids, plus aidant, mais encore ça dépendait des quartiers. Forcément je viens des HLM, de la classe populaire, où l'entraide est quand même ce qu'on voit le plus souvent. Sur Bordeaux, même en étant étudiante (mais de part mes activités pro) je suis plutôt assimilée à un début de classe sup... et mine de rien ça change aussi beaucoup le regard des gens sur soi, au-delà des habitudes sociales.
Bref. Il y a beaucoup de raisons (un peu trop pour que je puisse les hiérarchiser) qui font que les gens ont plus ou moins de contacts faciles. Je rejoins pas mal ce que disait Choupinne néanmoins : il est globalement admis, par exemple, que le Bordelais de base est fermé et assez... hautain. Chiant. Cela dit, quand on le bouscule un peu et qu'on lui propose une sortie dans un café ou un pub, de suite ça le détend et ça passe mieux. On a gardé le côté défensif, assez propre aux grandes villes manifestement. Mais on arrive à le casser, dans un contexte plus intimiste et détendu... qu'il faut savoir créer, parfois !
Au final j'ai tendance à me demander si le degré d'intégration sociale n'est pas corrélée à la capacité à se sociabiliser. Pour parler plus couramment loooool : est-ce-que le type qui est constamment pendu au téléphone, mail, etc pour son boulot, qui voit du monde toute la journée et gère un paquet de merdes n'est pas overbookée relationellement au point de "fuir" le contact spontané ? Après évidemment (et heureusement) il y a des exceptions.
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Re: Le contact social en ville
Par un fait-exprès, je me trouve en décalage avec la plupart des témoignages, essayant actuellement de rejoindre durablement, par ordre de préférence : 1-Paris ; 2-Berlin (qu’en pratique je préfère à Paris pour la vie quotidienne mais qui est définitivement trop loin de ma mère) ; 3-une autre très grosse agglomération où on parle français ou allemand.
Avant d’aborder la question du relationnel, précisons qu’il y a des raisons parallèles : l’offre culturelle (actuellement une partie de mes loisirs est entre parenthèses, ou alors exige un trajet qui me bouffe une partie de la journée et du budget) ; les transports autant urbains qu’européens (en bon citadin je ne conduis pas et répugne à m’y mettre, ne serait-ce que pour le budget et le temps à investir au détriment de mes loisirs) ; mes amis qui se trouvent pour la plupart à Paris ou dans une ville reliée directement à Paris par le train ou l’avion.
Ceci mis à part, j’ai passé l’essentiel de ma vie d’adolescent puis d’adulte en ville : Lyon puis Paris. En 2010 j’ai fait un pari qui s’avère une mauvaise idée, attiré par un boulot plutôt intéressant je me suis retrouvé dans une petite ville, autour de 30.000 habitants, et je ne parviens pas à m’y faire. Pour cause de non motorisation, je me suis installé en plein centre, c'est-à-dire au contact direct des habitants les plus "installés", des commerçants traditionnels, des lieux de travail des professions "supérieures" - bref : au coeur de ce qui me semble fonctionner comme un gros village.
Donc, ici, tout le monde « connaît » tout le monde ou, plus précisément, tout le monde a une idée plus ou moins précise de ses contemporains : on sait que la personne est « du quartier », on sait parfois plus ou moins confusément ce qu’elle fait comme métier, à quelle heure elle passe tous les matins, etc. Si je sors dans la rue, j’ai infiniment plus de chances de croiser une tête connue qui va me saluer qu’à Paris. Pure convention sociale : il m’a fallu avoir 30 ans passé pour découvrir qu’une personne qui n’est ni un ami ni même un collègue avec lequel je passe un certain temps de ma vie me demande « comment ça va », elle n’est le plus souvent pas réellement en train de s’enquérir de ma santé ou de mon moral, mais d’exécuter un rituel de politesse. Et donc, que ce n’est pas une invitation à dire (le cas échéant) quand ça ne va pas et pourquoi, ni à dire de manière trop expansive quand je suis vraiment en super forme et combien ça me réjouit et combien, ni à retourner la question en attendant une réponse détaillée, et à préciser ou renouveler la question si la réponse reste évasive.
Facteur aggravant : la sociabilité des notables. Comme tout le monde sait confusément qui on croise dans les environs, le lien se fait vite entre la personne et la fonction (sociale, professionnelle...). Pour qui connaît votre fonction, on ne quitte jamais son métier : même quand on achète des petits pois en conserve, on reste le pharmacien ou le facteur. S’y ajoute un point sur lequel vous allez peut-être trouver que je dramatise, mais j’ai le sentiment de me retrouver à Yonville du temps d’Emma Bovary. C’est à dire que d’une part, pour les gens du cru, une personne qui serait un anonyme dans une grande métropole peut devenir un membre important et influent de la communauté (gros commerçant, médecin, curé, avocat, président d’association, voire grande gueule de quartier...) ; d’autre part, certains d’entre eux ont tendance à cultiver leur ascendant et leur autorité intellectuelle ou morale. Ça ne part pas forcément d’un mauvais sentiment, ça peut être alimenté par un souhait sincère d’être utile, mais je ne peux pas m’empêcher d’y trouver quelque-chose de boursouflé. Par mon activité professionnelle, je suis moi-même à mon corps défendant « quelqu’un qui compte » alors que les grandes villes regorgent de dizaines ou de centaines de consœurs et confrères plus savant(e)s et plus vénérables que moi, et qui pourtant sont des gens qu’on ne salue pas spécifiquement dans la rue. Un jour, on m’a demandé si je pourrais faire une conférence sur un sujet que je maitrise mal, au prétexte que je serais néanmoins un des « intellectuels » de la ville, et que mon vague vernis de culture générale sur le sujet serait peut-être « suffisant » pour l’auditoire.
Par principe je résiste à toute tentative de m’entrainer dans la sociabilité des notables, mais il n’empêche que je peux très bien croiser, par exemple, le président de telle ou telle association du secteur, rien qu’en sortant acheter des croquettes au saumon pour chats stérilisés – interlocuteur nécessaire quand je suis au travail, que je me dois de recevoir avec courtoisie et diplomatie dans le cadre professionnel. Mais hors du boulot, ni lui ni moi n’avons vraiment la possibilité d’éviter absolument de nous serrer la louche et d’échanger quelques banalités. Enfin, moi j’ai bien essayé, mais ça a embarrassé ma collègue qui a dû rattraper le coup et mécontenté certains de mes collaborateurs qui avaient besoin d’une bonne relation pour faire marcher les projets dont ils sont chargés.
Ça ne serait presque jamais arrivé ailleurs, car dans une agglomération d’au moins un million d’habitants, les chances de croiser une relation professionnelle par hasard sont faibles.
Et donc, ici, il y a de tout : de gens agréables à qui ça ne coûte rien d’adresser un salut cordial et qu’on excuse volontiers d’avoir abordé un point dont on n’avait pas envie de parler pendant son temps libre ; et des moins agréables.
Tout ceci vous paraîtra d’une grande banalité, mais pour moi c’est devenu une vraie difficulté. Je ressens les choses de la façon suivante : dans de telles circonstances, dès qu’on met un pied hors de chez soi, il faut remettre son masque. Il serait inconcevable de vouloir couper totalement les ponts avec le travail quand on en sort, d’abandonner radicalement le rôle socio-professionnel que l’on joue, tout autant que le simple rôle de voisinage.
Si, après avoir été pendant 8h et des poussières à la fois un cadre compréhensif et fiable pour mes collègues, un interlocuteur souriant et disponible pour le public et les partenaires, je me mets à pleurer dans la rue : certes, plus que dans une grande ville, il pourrait se trouver quelqu’un pour me demander si j’ai besoin d’aide. Mais j’ai déjà eu en pareil cas des remarques de supérieurs hiérarchiques qui m’ont dit que je devais me contrôler partout car je représente malgré moi la structure qui m'emploie, et qu’il devrait me sembler évident que des gens pouvaient me reconnaître. Et de manière plus classique, tout micro événement concernant « une tête connue » fait tout le tour de la ville, sous la forme des simples potins de quartier ou sous la forme moins systématique mais plus ennuyeuse du commérage.
Bref, les gens ne sont ni forcément méchants, ni désagréables, ni mêmes spécialement curieux ; mais clairement, l’anonymat n’existe pas et avec lui, l’impossibilité de ne pas se contrôler en permanence. Le masque, partout et tout le temps. Ne connaître réellement que très peu de gens, et devoir néanmoins sauver les apparences envers tous sans exception.
Même si le récent bilan psychologique m'amène à me pencher sur mon propre mode de fonctionnement, je suppose qu'il n'y a dans ce que je vais dire aucun lien avec la douance en dépit de certains clichés, et que cela ne relève que des autres éléments signalés à mon attention par la psychologue en termes de difficultés sociales et de maturité affective. Mais si je me trouve en grande difficulté par rapport à cette situation, c'est avant tout que le fait de « porter le masque », de me voir imposer autant de « rapports humains » qui n'en sont pas vraiment (puisque la convention y est plus importante que la considération et l'intérêt effectifs que l'on se porte l'un à l'autre), tout ceci me prend énormément d'énergie. Difficulté de déchiffrement de codes, difficulté à intégrer rapidement tout décalage entre l'explicite et l'implicite, difficulté à simuler et à accepter que l'autre simule,... J'ai probablement ces difficultés depuis le début mais c'est exacerbé par le contexte. Là, c'est l'épuisement total, qui s'est déjà traduit par des pétages de plombs, des pertes de contrôle sur le mode « suicide social » : si les gens me prennent pour un cinglé ou une ordure, ils me lâcheront la grappe et je pourrai vivre dans ma bulle en n'ayant pour contacts que ceux qui me connaissent.
À l'inverse, dans les très grandes villes : j'ai, en gros, trois sorte de relations possibles.
-Les amis, qui dans ma définition et ma pratique, sont des gens avec lesquels il serait absurde de devoir porter un masque ;
-Les relations de travail ou d'études, agréables ou non, avec lesquelles il est normal de composer pendant la journée, que je gère sans difficulté (et même avec plaisir, s'agissant de la relation avec le public) et que l'on a très peu de chances de croiser ailleurs – les relations agréables pouvant parfaitement se transformer en amitiés si les affinités réciproques se révèlent ;
-Le reste de l'humanité, avec lequel on est libre de faire connaissance si l'occasion et les affinités se présentent, que l'on ignore et qui vous ignore tout le reste du temps.
De sorte qu'en dehors du boulot, il n'y a que deux sortes de personnes : les amis, et tous les autres qui ne se préoccupent absolument pas de moi. Et donc des interactions plus proches d'un « tout ou rien » dans lequel il est beaucoup moins indispensable de savoir jouer l'entre-deux diplomatique et de se composer en permanence un « personnage ».
Tout en ayant conscience des inconvénients parfois très graves de l'indifférence (à Paris on peut littéralement agoniser en pleine rue dans l'indifférence générale, ça arrive chaque année à des sans-abris ou à des victimes d'agressions), il se trouve que le mode relationnel citadin s'est toujours avéré beaucoup plus facile à vivre pour moi que tout le reste. Il n'y a évidemment aucune généralité à tirer d'un simple témoignage, si ce n'est la diversité des réactions...
Avant d’aborder la question du relationnel, précisons qu’il y a des raisons parallèles : l’offre culturelle (actuellement une partie de mes loisirs est entre parenthèses, ou alors exige un trajet qui me bouffe une partie de la journée et du budget) ; les transports autant urbains qu’européens (en bon citadin je ne conduis pas et répugne à m’y mettre, ne serait-ce que pour le budget et le temps à investir au détriment de mes loisirs) ; mes amis qui se trouvent pour la plupart à Paris ou dans une ville reliée directement à Paris par le train ou l’avion.
Ceci mis à part, j’ai passé l’essentiel de ma vie d’adolescent puis d’adulte en ville : Lyon puis Paris. En 2010 j’ai fait un pari qui s’avère une mauvaise idée, attiré par un boulot plutôt intéressant je me suis retrouvé dans une petite ville, autour de 30.000 habitants, et je ne parviens pas à m’y faire. Pour cause de non motorisation, je me suis installé en plein centre, c'est-à-dire au contact direct des habitants les plus "installés", des commerçants traditionnels, des lieux de travail des professions "supérieures" - bref : au coeur de ce qui me semble fonctionner comme un gros village.
Donc, ici, tout le monde « connaît » tout le monde ou, plus précisément, tout le monde a une idée plus ou moins précise de ses contemporains : on sait que la personne est « du quartier », on sait parfois plus ou moins confusément ce qu’elle fait comme métier, à quelle heure elle passe tous les matins, etc. Si je sors dans la rue, j’ai infiniment plus de chances de croiser une tête connue qui va me saluer qu’à Paris. Pure convention sociale : il m’a fallu avoir 30 ans passé pour découvrir qu’une personne qui n’est ni un ami ni même un collègue avec lequel je passe un certain temps de ma vie me demande « comment ça va », elle n’est le plus souvent pas réellement en train de s’enquérir de ma santé ou de mon moral, mais d’exécuter un rituel de politesse. Et donc, que ce n’est pas une invitation à dire (le cas échéant) quand ça ne va pas et pourquoi, ni à dire de manière trop expansive quand je suis vraiment en super forme et combien ça me réjouit et combien, ni à retourner la question en attendant une réponse détaillée, et à préciser ou renouveler la question si la réponse reste évasive.
Facteur aggravant : la sociabilité des notables. Comme tout le monde sait confusément qui on croise dans les environs, le lien se fait vite entre la personne et la fonction (sociale, professionnelle...). Pour qui connaît votre fonction, on ne quitte jamais son métier : même quand on achète des petits pois en conserve, on reste le pharmacien ou le facteur. S’y ajoute un point sur lequel vous allez peut-être trouver que je dramatise, mais j’ai le sentiment de me retrouver à Yonville du temps d’Emma Bovary. C’est à dire que d’une part, pour les gens du cru, une personne qui serait un anonyme dans une grande métropole peut devenir un membre important et influent de la communauté (gros commerçant, médecin, curé, avocat, président d’association, voire grande gueule de quartier...) ; d’autre part, certains d’entre eux ont tendance à cultiver leur ascendant et leur autorité intellectuelle ou morale. Ça ne part pas forcément d’un mauvais sentiment, ça peut être alimenté par un souhait sincère d’être utile, mais je ne peux pas m’empêcher d’y trouver quelque-chose de boursouflé. Par mon activité professionnelle, je suis moi-même à mon corps défendant « quelqu’un qui compte » alors que les grandes villes regorgent de dizaines ou de centaines de consœurs et confrères plus savant(e)s et plus vénérables que moi, et qui pourtant sont des gens qu’on ne salue pas spécifiquement dans la rue. Un jour, on m’a demandé si je pourrais faire une conférence sur un sujet que je maitrise mal, au prétexte que je serais néanmoins un des « intellectuels » de la ville, et que mon vague vernis de culture générale sur le sujet serait peut-être « suffisant » pour l’auditoire.
Par principe je résiste à toute tentative de m’entrainer dans la sociabilité des notables, mais il n’empêche que je peux très bien croiser, par exemple, le président de telle ou telle association du secteur, rien qu’en sortant acheter des croquettes au saumon pour chats stérilisés – interlocuteur nécessaire quand je suis au travail, que je me dois de recevoir avec courtoisie et diplomatie dans le cadre professionnel. Mais hors du boulot, ni lui ni moi n’avons vraiment la possibilité d’éviter absolument de nous serrer la louche et d’échanger quelques banalités. Enfin, moi j’ai bien essayé, mais ça a embarrassé ma collègue qui a dû rattraper le coup et mécontenté certains de mes collaborateurs qui avaient besoin d’une bonne relation pour faire marcher les projets dont ils sont chargés.
Ça ne serait presque jamais arrivé ailleurs, car dans une agglomération d’au moins un million d’habitants, les chances de croiser une relation professionnelle par hasard sont faibles.
Et donc, ici, il y a de tout : de gens agréables à qui ça ne coûte rien d’adresser un salut cordial et qu’on excuse volontiers d’avoir abordé un point dont on n’avait pas envie de parler pendant son temps libre ; et des moins agréables.
Tout ceci vous paraîtra d’une grande banalité, mais pour moi c’est devenu une vraie difficulté. Je ressens les choses de la façon suivante : dans de telles circonstances, dès qu’on met un pied hors de chez soi, il faut remettre son masque. Il serait inconcevable de vouloir couper totalement les ponts avec le travail quand on en sort, d’abandonner radicalement le rôle socio-professionnel que l’on joue, tout autant que le simple rôle de voisinage.
Si, après avoir été pendant 8h et des poussières à la fois un cadre compréhensif et fiable pour mes collègues, un interlocuteur souriant et disponible pour le public et les partenaires, je me mets à pleurer dans la rue : certes, plus que dans une grande ville, il pourrait se trouver quelqu’un pour me demander si j’ai besoin d’aide. Mais j’ai déjà eu en pareil cas des remarques de supérieurs hiérarchiques qui m’ont dit que je devais me contrôler partout car je représente malgré moi la structure qui m'emploie, et qu’il devrait me sembler évident que des gens pouvaient me reconnaître. Et de manière plus classique, tout micro événement concernant « une tête connue » fait tout le tour de la ville, sous la forme des simples potins de quartier ou sous la forme moins systématique mais plus ennuyeuse du commérage.
Bref, les gens ne sont ni forcément méchants, ni désagréables, ni mêmes spécialement curieux ; mais clairement, l’anonymat n’existe pas et avec lui, l’impossibilité de ne pas se contrôler en permanence. Le masque, partout et tout le temps. Ne connaître réellement que très peu de gens, et devoir néanmoins sauver les apparences envers tous sans exception.
Même si le récent bilan psychologique m'amène à me pencher sur mon propre mode de fonctionnement, je suppose qu'il n'y a dans ce que je vais dire aucun lien avec la douance en dépit de certains clichés, et que cela ne relève que des autres éléments signalés à mon attention par la psychologue en termes de difficultés sociales et de maturité affective. Mais si je me trouve en grande difficulté par rapport à cette situation, c'est avant tout que le fait de « porter le masque », de me voir imposer autant de « rapports humains » qui n'en sont pas vraiment (puisque la convention y est plus importante que la considération et l'intérêt effectifs que l'on se porte l'un à l'autre), tout ceci me prend énormément d'énergie. Difficulté de déchiffrement de codes, difficulté à intégrer rapidement tout décalage entre l'explicite et l'implicite, difficulté à simuler et à accepter que l'autre simule,... J'ai probablement ces difficultés depuis le début mais c'est exacerbé par le contexte. Là, c'est l'épuisement total, qui s'est déjà traduit par des pétages de plombs, des pertes de contrôle sur le mode « suicide social » : si les gens me prennent pour un cinglé ou une ordure, ils me lâcheront la grappe et je pourrai vivre dans ma bulle en n'ayant pour contacts que ceux qui me connaissent.
À l'inverse, dans les très grandes villes : j'ai, en gros, trois sorte de relations possibles.
-Les amis, qui dans ma définition et ma pratique, sont des gens avec lesquels il serait absurde de devoir porter un masque ;
-Les relations de travail ou d'études, agréables ou non, avec lesquelles il est normal de composer pendant la journée, que je gère sans difficulté (et même avec plaisir, s'agissant de la relation avec le public) et que l'on a très peu de chances de croiser ailleurs – les relations agréables pouvant parfaitement se transformer en amitiés si les affinités réciproques se révèlent ;
-Le reste de l'humanité, avec lequel on est libre de faire connaissance si l'occasion et les affinités se présentent, que l'on ignore et qui vous ignore tout le reste du temps.
De sorte qu'en dehors du boulot, il n'y a que deux sortes de personnes : les amis, et tous les autres qui ne se préoccupent absolument pas de moi. Et donc des interactions plus proches d'un « tout ou rien » dans lequel il est beaucoup moins indispensable de savoir jouer l'entre-deux diplomatique et de se composer en permanence un « personnage ».
Tout en ayant conscience des inconvénients parfois très graves de l'indifférence (à Paris on peut littéralement agoniser en pleine rue dans l'indifférence générale, ça arrive chaque année à des sans-abris ou à des victimes d'agressions), il se trouve que le mode relationnel citadin s'est toujours avéré beaucoup plus facile à vivre pour moi que tout le reste. Il n'y a évidemment aucune généralité à tirer d'un simple témoignage, si ce n'est la diversité des réactions...
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Re: Le contact social en ville
C'est très intéressant ce que tu dis, sur la "sociabilité des notables". On a le même genre de soucis à Bordeaux (pourtant grande ville), dès qu'on fait/défait du réseau pour le travail : mon boss est le premier à s'en plaindre, il a du mal à sortir sans qu'on le reconnaisse, et c'est très souvent pesant.
J'ai vécu pendant longtemps dans une ville de la même taille que la tienne. J'ai moi même mal vécu ce côté "déballage" sur la place publique quasi quotidien et les ragots allant avec. J'ai bien été contente de pouvoir m'en tirer quand il a fallu partit pour mes études... courage à toi !
J'ai vécu pendant longtemps dans une ville de la même taille que la tienne. J'ai moi même mal vécu ce côté "déballage" sur la place publique quasi quotidien et les ragots allant avec. J'ai bien été contente de pouvoir m'en tirer quand il a fallu partit pour mes études... courage à toi !
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Re: Le contact social en ville
Pour le coup, les notables d'une petite ville dans un département peu peuplé ne sont pas les mêmes que ceux de Bordeaux. Dans une telle ville, je ne serais pour ma part pas autant en contact avec eux car, à expérience et qualification égale, j'aurais un poste moins exposé. Ne recherchant pas spécialement le cursus honorum, je serais bien aise de me trouver en pareille situation, laissant à mes chefs la responsabilité du jeu diplomatique. Comme ton chef, j'imagine, je souffre de la situation uniquement parce que je me trouve zone sensible. Il me suffirait d'aller dans une plus grande ville pour disparaître des radars, et je suis du reste en train d'y oeuvrer.
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Re: Le contact social en ville
Hors-sujet
Suis-je la seule à être curieuse de quelle peut bien être ton activité professionnelle ?
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Re: Le contact social en ville
Oui après tout dépend, en effet, du degré de réseautage auquel t'expose ton job. Mais on est bien d'accord, cette situation est moins fréquente sur une métropole que sur une commune comme la tienne (ou celle de mon enfance/adolescence).Tamiri a écrit :Pour le coup, les notables d'une petite ville dans un département peu peuplé ne sont pas les mêmes que ceux de Bordeaux. Dans une telle ville, je ne serais pour ma part pas autant en contact avec eux car, à expérience et qualification égale, j'aurais un poste moins exposé. Ne recherchant pas spécialement le cursus honorum, je serais bien aise de me trouver en pareille situation, laissant à mes chefs la responsabilité du jeu diplomatique. Comme ton chef, j'imagine, je souffre de la situation uniquement parce que je me trouve zone sensible. Il me suffirait d'aller dans une plus grande ville pour disparaître des radars, et je suis du reste en train d'y oeuvrer.
Je te souhaite vraiment de trouver le pied à terre qui te convienne ! Je t'envoie mes bonnes ondes pour que tu y accèdes en tous les cas !
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