Terry Pratchett est surtout connu pour sa série des Annales du Disque-monde, constituée de 34 romans publiés de 1983 à 2011, même s'il commence à publier en 1971, avec Le peuple du tapi, où on découvre l'épopée de minuscules nations entre les poils d'une carpette, suivi de la Face obscure du Soleil en 1976 et Strate-à-gemmes en 1981, romans de science-fiction dans lesquels il expérimente déjà son style, ses thèmes et ses sketchs. Il publie également 6 romans qui se déroulent dans le même monde mais plus axé vers un public jeune dont Maurice et ses rongeurs savants que je recommande des fois pour entrer dans son univers et les autres qui intéresseront les jeunes filles comme une alternative plus nutritive à Harry Potter. Pour les plus jeunes, on a aussi Le Grand livre des gnomes qui est une saga en trois livres sur la "reconquête des origines" d'un peuple de gnomes échoués sur la terre qui explore les peurs et le conformismes de groupes, l'émancipation des femmes, la survie etc... toujours pour les jeunes ( mais comme toujours chez lui, tous les âges peuvent apprécier!) la trilogie des aventures de Johnny Maxwell; Les trois tomes de La Science du disque-monde sont des ouvrages de vulgarisation scientifiques où des mages observent notre monde qui leur paraît bien curieux dans une boule de cristal ( mais comment font-ils sans magie?!). Quant à De Bons Présages, il est écrit en collaboration avec Neil Gaiman; les droits d'adaptation ont été acheté par Terry Gilliam qui envisage Benedict Cumberbatch au casting, autant dire que le jour où je l'ai apris sur le net le jus d'orange a maculé mon écran!



L'univers du Disque-monde, qui devient au fil des romans un Multivers (pourquoi faire simple quand...) est le reflet parodique de notre société et se moque de nos habitudes et de nos travers. À travers des thématiques tirées du monde actuel et de phénomènes de société comme le fanatisme religieux, la crise économique, la presse, la guerre, le racisme, les télécommunications et le développement de l'urbanisme, les personnages du Disque-monde se retrouvent plongés dans les mêmes réflexions que nous et y cherchent des solutions avec un cachet de fantasy loufoque qui permet d'en rire à chaque minute. Certains des romans mettront plus l'accent sur des thèmes métaphysiques ; la transmission, la justice, la lutte du Bien et du Mal mais aussi et surtout, des thèmes très humains : la responsabilité face à ses actes, le pouvoir, "faire ce qui est juste", la paternité et le désir profond de vivre en paix. Dans un monde multiethnique où se côtoient humains, nains, dragons des marais explosifs, gargouilles, trolls de pierre, clowns dépressifs, golems, vampires Sanguinovores Anonymes, la Mort ( masculin, caverneux, dubitatif face aux humains mais secondé par la Mort au Rats avec sa faux miniature) loup-garous, Igors, madame Cake (ne posez pas de question), rats philosophes, Elfes (oubliez Tolkien), Dieux, mages obèses, sorcières acariâtres et un orang-outan bibliothécaire, la question du vivre ensemble est au final l'une de celle que je préfère dans l'oeuvre qui permet à tous ces êtres d'exister et collaborer ( même si on fermera les yeux sur d'éventuels machouillages entre espèces ou les tentative de fourrage de tête "là où le soleil ne brille jamais" pour quiconque traiterait le bibliothécaire de "singe")
Surtout, surtout, Terry Pratchett est à lire pour son humour ! On le retrouve à tous les étages, british et jubilatoire ; comique météorologique (le climat de l'Überwald sauvage est très attentif aux nécessités de la narration et pousse un éclair chaque fois qu'un savant fou éclate d'un rire dément d'où un syndrome de désespoir chez les savants fous citadins), références constantes à la culture pop (Cohen le barbare (80 ans), féroce guerrier en slip de peau de bête (et un dentier en diamant) dialogues surréalistico-crétins, coups sous la ceinture, ultralogique (un raisonnement poussé jusqu'à sa plus extrême absurdité) jeux de mots (la vhermine est un petit rongeur très couard qui se planque dans les buissons quand ses copains lemmings se jettent avec extase par milliers du haut des falaises), comique de caractères... Les types pratchettiens restent constants ; il y a un vrai plaisir du gimmick.
Les livres ne se suivent pas mais certains fonctionnent en arcs en se concentrant sur un groupe de personnages en particulier, les autres apparaissant parfois pour de brefs caméos. Il n'est donc pas nécessaire de les lire dans l'ordre même si en se développant, le Disque-monde a gagné en profondeur et cohérence (mais on parle d'un monde plat comme un pizza, posé sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes en équilibre sur la carapace de A'Tuin, la grande tortue céleste et d'ailleurs le grand Prêtre de Om, cousin pratchettien de Torquemada, fera brûler quiconque soutiendrait cette vision farfelue, car Dieu a crée le monde rond en orbite autours du soleil... )
C'est long et il me semble que je dis rien d'essentiel!

Et on finit avec la chanson préférée de la sorcière Gytha Ogg ; Le Hérisson Lui Ne Se fait Jamais Mettre ( contrairement à tous les autres animaux de la Création) :
http://www.youtube.com/watch?v=wmPeX6syPPY
