Cyrano a écrit :C'est un peu trop facile de s'en prendre aux mecs qui seraient à l'origine de tout. Il existe des femmes qui se sentent incapables de se laisser pousser les poils, malgré leur mec qui dit bien volontiers s'en foutre.
Les poils aux jambes à la plage, c'est pas glamour...je ne sais foutre rien de ce qui est à l'origine de ça, sans doute un code admis, mais c'est comme ça, et je suis aussi victime de ça que les femmes. Une touffe de poils qui dépasse d'un débardeur je ne trouve pas ça joli non plus.
Alors pardon, en effet, pour ma formulation. C'était un pur raccourci, et pas très malin.
Sur le fond cependant, on touche ici un point assez grave à mon avis. Ce n'est pas "les mecs", "chaque mec", bien sûr. Mais c'est clairement la société des hommes. Je m'explique.
Cyrano a écrit :Il s'agit de la construction de chacun, de son rapport au corps, de sa vision de l'érotisme, de ce qui est "glamour" ou pas. Et tout ça, c'est sociétal, pas sexué.
C'est sociétal ET sexué, parce que sexiste. Là aussi, j'utilise un mot sans doute un peu fort, mais ce truc bien ancré des poils à tout à voir avec les mecs. On s'épile pour le regard des autres, on s'épile parce qu'on va peut-être choper quelqu'un ce soir.
D'ailleurs, les diktats, les codes vestimentaires des femmes sont amplifiés dans les sociétés où la pression est plus forte sur elles. Je sais bien que l'histoire des poils, ce n'est pas grand chose, mais pour moi ça reste quand même un vestige de la société masculine qui dicte - bref un truc qui à vocation à disparaître au fur et à mesure qu'on se rapproche d'une équité hommes-femmes.
Bien sûr que les femmes elles-mêmes nourrissent cette pseudo-nécessité. C'est exactement la même chose (à un niveau différent, on est bien d'accord) pour le port du voile...
Et l'épilation des autres ne m'importe pas plus que les voiles des autres. Je n'irai pas le leur reprocher, c'est ce qui leur semble la meilleure chose à faire. Je pense juste que ce n'est pas réellement un choix libre, qu'il fleure plus ou moins la soumission - et surtout ça m'énerve d'être montrée du doigt, d'être cataloguée "hygiène douteuse" ou "hippie forcenée" si je ne fais pas pareil.
A noter que moi aussi, si je dois aller à la plage, je me soumets au passage "rien qui dépasse". Je m'y
soumets. Parce que j'aime pas qu'on me regarde de travers.
La vision de l'érotisme : ah, ben justement, c'est bien de ça qu'il s'agit.
Je pose l'hypothèse qu'elle est forgée par les fantasmes MASCULINS en vogue. Uniquement masculins. Et nourrie par l'imagerie érotique voire pornographique. J'en ai vaguement parlé dans le topic sur Miyazaki, concernant l'érotisme à la japonaise, qui s'est fortement tourné vers la pédopornographie ces dernières décennies. Notre société occidentale pourrait bien être en train de suivre le mouvement.
C'est ce que m'inspire cette mode de plus en plus poussée de l'absence de poils. Certes, les femmes sont naturellement moins poilues que les hommes, et limiter les poils, ça peut être renforcer ce caractère féminin (classique dans la séduction - notons toutefois que l'exigence de pilosité n'est pas particulièrement forte pour les hommes !). Mais les poils, c'est aussi le signe de la puberté. Tout enlever, pour moi, c'est évoquer l'âge pré-pubère. Il est donc bien plausible qu'on soit poussées à "ressembler à des gamines".
Après, on est bien d'accord, cette inégalité érotique, elle est sociétale. J'espère tout simplement qu'on va continuer à aller vers plus d'égalité et moins de "touche pas à mes stéréotypes de genre".
Cyrano a écrit :C'est un peu le même code qui m'interdit de porter du rouge à lèvres. Je peux pas quoi...même si j'en ai envie. Bon, c'est pas aussi contraignant que de se raser ou de s'épiler c'est sûr (même si on peut parler de ce qui est admis de la pilosité faciale masculine à travers les décennies).
La contrainte, à mon avis, n'est pas un élément à prendre à la légère. Quoi qu'on en dise, un homme ne sera pas jugé sur l'état de sa pilosité faciale (du moment qu'il reste propre, hein) comme une femme pourra l'être concernant l'état de son épilation. C'est chiant, mais on continue pour le moment à le faire, comme on a longtemps enduré le corset et autres réjouissances. Pourtant, il semble naturel de se libérer peu à peu des contraintes, non ?
Alors oui, jusqu'à présent, ça évolue dans le bon sens, et heureusement. Mais du coup la récente restriction pileuse m'a l'air d'aller dans le mauvais sens, c'est ça qui m'inquiète !
Cyrano a écrit :Mais c'est un choix personnel que de vouloir définir sa féminité à l'encontre des codes. Ce n'est peut-être pas la peine non plus de fustiger les femmes qui vivent la leur selon ces mêmes codes. Ils sont variables, selon l'époque et le lieu, mais là, bah c'est comme ça.
"Se faire jolie", c'est un million de trucs, qui vont de la mise en exergue de la féminité par les vêtements qui épousent les courbes, du maquillage, de l'épilation, du parfum, de la coiffure. Tout ça, c'est régi par des codes. Libre à vous de vous en affranchir hein...
Mais vous prenez le risque de vous confronter à des hommes qui ne trouveront pas ça joli. C'est injuste certes.
Tout est résumé là, et j'avoue, ça m'a fait un peu mal à lire.
- Il ne s'agit pas de se définir
à l'encontre des codes. il s'agit de faire ce dont on a envie, juste ce qu'on a envie. Est-ce donc militant ? Est-on encore obligé, ici et maintenant, de militer pour sa liberté de choix personnel ??
Je ne fustige pas des personnes, mais les codes de la société, ceux qui font que "c'est comme ça et soit tu le fais soit t'es moche".
-Merci pour ces conseils de mode
, mais moi je ne me fais pas forcément jolie comme ça, et pourtant ça plaît quand même (genre à mon homme qui "aime bien quand ça change"...). Mes "codes" à moi, pourquoi ne vaudraient-ils pas les autres ? Sachant qu'ils marchent aussi ?
Pour la dernière ligne...
...
Sincèrement... le risque ?...
Je sais pas, je comprends pas. J'espère que c'était juste du discours creux recraché.