L'imaginaire du professeur Tournesol

[irisdo]

Je désirerais avoir un échange avec vous sur l’imaginaire et les univers intérieurs.
Je vais tenter d’expliquer ce que j’entends par les univers intérieurs.


Le professeur Tournesol est le symbole du savant distrait.
Vu de l’extérieur, il est distrait et à côté de la plaque. Il est à peine conscient de ce qui se passe autour de lui, et il s’en passe dans l’univers de Tintin : des enlèvements des coups de feu, des bagarres…
Mais avez-vous pensé à ce qu’est le monde intérieur du professeur Tournesol, combien il est fascinant et plein de créativité ?

Ma question et de celle que l’on élude, c’est presque un tabou. Et puis l’opinion commune pense que trop d'imagination est pathologique.
Je voudrais savoir, si certains d’entre vous, qu’ils appartiennent à la catégorie des surdoués ou non, ont un imaginaire riche, fécond ressourçant.


Personnellement, l’univers imaginaire qui séjourne à l’intérieur de moi est si riche, si passionnant et tellement amusant, que le monde à l’extérieur, celui que l’opinion commune admet pour le seul monde réel, me paraît terne et sans intérêt.
Les gens dont la profession commence par psy, affirment souvent que l’imaginaire est une échappatoire, une compensation aux stress du monde extérieur. Pour moi, l’explorer est un choix et un plaisir.

À l’époque où je faisais des études de mathématiques, j’ai été immergé dans un univers peuplé d’êtres vivants ayant la forme de relations et évoluant selon les lois mathématiques qui ont cours dans les démonstrations. Mais je maîtrisai très mal ma vie extérieure. Je donnai l’impression de marcher au radar.

J’ai beaucoup évolué depuis ce temps. Maintenant, j’ai une bonne maîtrise de mes univers intérieurs. C’est-à-dire que j’y entre quand je le désire ou que j’en sors lorsque c’est nécessaire.
J’ai mis en place une vigilance subconsciente (paradoxe entre vigilance et subconscient).

Par exemple, lorsque je conduis ma voiture, à condition que ce soit sur un itinéraire que je connais bien, je laisse mon esprit explorer l’un de mes univers intérieurs, pendant qu’une autre partie de mon esprit (je ne vous dirai pas comment je l’appelle pour ne pas passer pour illuminée) conduit la voiture à ma place. S’il se passe de l’inhabituel, je reprends les commandes immédiatement.
Ce n’est pas dangereux. Je n’ai jamais eu le moindre accident.

[sandrinef]

Ce sujet peut probablement être mis en lien avec ceux-là :

http://adulte-surdoue.fr/psychologie-sa ... it=rêverie
http://adulte-surdoue.fr/post135307.htm ... ie#p135307
http://adulte-surdoue.fr/post160441.html?hilit=rêve éveillé#p160441

Je te laisse y jeter un œil.

[Chacoucas]

Je vais y jeter un coup d' oeil aussi... Ca me parle
En fait l' imagination a toujours été mon outil majeur de compréhension. C' est avec l' imagination que je conceptualise ce qui m' arrive, comment les autres pensent et interagissent avec moi, les conséquences des actes, les relations entre les différentes "sphères" de pensée (j' ai toujours vu les concepts comme des sphères, une sorte de système neuronal, avec des liens plus ou moins lointains... c'est la base de ma compréhension d' un phénomène, ma mémoire etc... Si j' ai plus ça, je n' ai plus de guide de pensée ou d' interprétation des phénomènes et perceptions).
Et puis... HP ou pas j' en sais rien, puisque j' ai pas passé de test, mais l' imagination a été le premier truc intérieur mis en évidence par les relations aux autres, et le premier, ptêtre le seul, qui m' a posé direct en difficulté à comprendre ce qu' on attendait de moi, ou à être qualifié de "trop" (exemple rédaction: "trop d' imagination"... mais enfin c'est le but, nan?).
Bref, pour moi, l' imagination c'est la base. Et en effet elle permet de découvrir ce que les autres ou le réel social limitent par les normes, dogmes, fermetures d' esprit, émotions mal gérées etc... J' en suis même venu à considérer que l' imagination est la seule chose qui existe pour un être humain. Toute perception et réflexion passe par elle. Donc c' est elle qui permet de grandir au delà de toute limite arbitraire.

[irisdo]

Merci de vos réponses.
Sandrinef, je suis allée voir les liens. Comme tout le monde, je connais le film intérieur qui se met en marche à chaque contrariété. Ce n'est pas l'imaginaire du professeur Tournesol.

J'évoquais un univers intérieur qui ne contient ni personnages ni objets. Je désirais savoir si d'autres personnes vivaient une expérience similaire.

Chacoucas, tu m'as comblé.
J’ai vraiment du plaisir à te lire, cela donne du baume à mon âme. Tu décris avec simplicité ce que j'ai tant de mal à mettre en mots : la richesse de la vision, ce qu'elle t'apporte, comment elle est au coeur ton être pensant.

Chez moi, ce ne sont pas des sphères, ce sont des liens. Ce n'est pas une représentation physique du réseau neuronal, c'est le ressenti des impulsions qui parcourent les synapses. Quand un nouveau lien se crée survient un immense plaisir. L'exploration des liens est une chasse au trésor.

[Chacoucas]

Oui, tu as raison, quand je parle de sphères, en fait elles sont reliées entre elles même si à priori le lien est pas évident.
Des fois en fermant les yeux, je vois le trajet qui se fait de telle notion de philo à telle réplique de politique jusqu'à une sensation de déséquilibre que j'ai pu avoir en marchant en étant plus jeune... et les liens se font évidents, je vois par quel trajet ça passe (par contre j' ai mis des années avant d' être à peu près capable d' expliquer).
A tel point que maintenant le plaisir que j'ai à apprendre vient comme tu le dis de "voir" de nouveaux chemin s'ouvrir, et les sentir s'unir à ce qui était déjà tissé comme réseau. Après c'est loin d' être infaillible, comme "avoir un mot sur le bout de la langue", la mémoire fait un peu défaut, ou le lien est pas encore assez clair avec toutes les sphères traversées... Forcément c'est plus simple en lisant un livre bien expliqué qu' en trouvant tout seul. Mais par contre le réseau est beaucoup plus dense si on a tout construit par la réflexion et l' expérience.
Tu mets ça directement en rapport avec les connexions neuronales, j' aurais pas osé le verbaliser mais oui ça me fait bien penser à ça
C' est un peu comme quand tu travailles un exercice physique aussi, de coordination par exemple, ou d' équilibre. tu développes le réseau autour d' une série de perceptions précises, sensibles, donc tes sensations se font plus rapides, plus précises, et au final tu as l' impression d' avoir "dilaté" le temps, d' être capable de rentrer dedans à une échelle à laquelle tu n'avais pas accès avant (exemple jouer en rythme à haut tempo, en musique) et de tout mieux percevoir, alors qu' avant c'était abstrait, et le "trajet" de réflexion prenait plus de temps, pour un résultat moins précis. on devient "plus conscient".
A la différence qu' avec les idées il s' agit moins de percevoir un "temps" et un mouvement, mais des liens conceptuels ou métaphoriques entre diverses idées et expériences.
Enfin je sais pas si je suis encore très clair ^^ Ni si les autres personnes vivent la réflexion ou l' apprentissage comme ça.

[irisdo]

Voici quelques réflexions en vrac que m’inspire ta réponse :

Deux modes d’acquisition de la connaissance :

Par argument d’autorité. Cette connaissance est stockée dans la mémoire dans le but de la ressortir
pour réussir un examen, pour briller en société et pour avoir un comportement socialement correct.

L’autre mode est de mettre en relation avec le monde intérieur de l’expérience et du savoir acquis précédemment afin de tester sa validité et les limites de cette validité. C’est ainsi que se tisse un réseau de liens. Je ressens cela comme vivre la connaissance.

Aujourd’hui, je n’utilise que sur ce mode d’acquisition de connaissances.
Dans le passé, il a bien fallu que j’utilise le premier puisque c’est celui que l’on attend de nous à l’école.

La perception du temps :
je vais utiliser la métaphore de la musique :
La musique se perçoit grâce à son déroulement dans le temps.
Certains musiciens de génie peuvent percevoir la globalité d’une symphonie en regardant la feuille de papier qu’est la partition.

Cité par Chacoucas

C' est un peu comme quand tu travailles un exercice physique aussi, de coordination par exemple, ou d' équilibre. tu développes le réseau autour d' une série de perceptions précises, sensibles, donc tes sensations se font plus rapides, plus précises, et au final tu as l' impression d' avoir "dilaté" le temps, d' être capable de rentrer dedans à une échelle à laquelle tu n'avais pas accès avant (exemple jouer en rythme à haut tempo, en musique) et de tout mieux percevoir, alors qu' avant c'était abstrait, et le "trajet" de réflexion prenait plus de temps, pour un résultat moins précis. on devient "plus conscient".

A mon avis, l’intelligence du corps s’exprime ainsi.

Question aux modérateurs qui connaissent tous les recoins du forum:
Y-a-t'il une discussion sur l'intelligence du corps et sa relation avec l'intelligence cérébrale ?

[sandrinef]

Tu peux taper les mots clés et entamer une recherche. Je ne sais pas s'il y a un topic qui parle de ça.

[perle]

Bonjour tout le monde!

Ce sujet me fais vous poser la question suivante : faut-il vraiment que l'imaginaire soit déconnectait du reste?
De mon point de vue, je ne vois pas une nécessité absolue à séparer l'imaginaire du non-imaginaire, il faut simplement savoir les différencier.
Par exemple pour tout projet, on commence par l'imaginer avant d'en faire une réalité.

Pour moi l'imaginaire fait partit d'un ensemble, qui permet de percevoir le monde d'une certaine façon.

Et c'est pas professeur Tournesol, plutôt??