arizona a écrit :
Sinon j'ai eu un peu ce genre de discussions ces derniers temps, avec l'idée que tuer un enfant, c'est pire que tuer un adulte. Je n'arrive sincèrement pas à comprendre pourquoi. J'ai l'impression que tuer un adulte génère plus de souffrance que tuer un enfant. L'adulte, souvent, a un ou plusieurs enfants qui doivent alors se construire dans cette douleur. Un compagnon, des parents, des amis. Parfois aussi sa disparition plonge la famille dans les problèmes financiers.
J'avais lu quelque part : chez vous, la douleur la plus extrême est de perdre un bébé. Chez nous, c'est celle de perdre un vieux. Parce qu'avec lui, disparait son acquit, ses expériences, toutes ses amitiés. L'enfant lui, n'a encore rien fait, rien dit, rien crée, rien tissé.
J'y ai réfléchi il y a peu, je ne sais plus pourquoi. Comme tu le dis, il y a des cultures (plutôt dans des zones assez pauvres il me semble) où c'est l'inverse : la perte d'une personne âgée touche plus les gens.
Dans ces deux façons de penser, la justification est fournie, et elle est cohérente, mais pas forcément rationnelle.
Je vous prie de m'excuser pour le ton volontairement dégagé de tout sentiment de ce qui va suivre :
Je me demande s'il n'y a pas un lien avec la mortalité selon les pays.
- Chez nous : peu de mortalité infantile. Il est plus courant de mourir à un âge avancé.
- Dans les pays pauvres : mortalité infantile importante, et comparativement à chez nous, peu de personnes qui accèdent à la vieillesse, donc il est finalement assez rare de mourir vieux.
Je me demande d'ailleurs comment la mort d'un bébé y est vécue, elle qui y est si fréquente. Génère-t-elle autant de souffrance que dans nos sociétés ? Probablement pas, parce que, quelque part, tout futur parent y est en partie préparé.
Est-ce qu'on ne "banalise" pas tout simplement les morts les plus fréquentes comparativement aux autres ? Tout simplement pour rendre cette situation inéluctable un peu plus supportable ?
Par rapport au fait de tuer (et non juste de voir mourir), je pense que dans notre culture, tuer un enfant est bien pire puisque nous assimilons l'enfance à l'innocence et que, malgré l'égalité proclamée des vies humaines, nos racines judéo-chrétiennes nous murmurent qu'il est plus grave de tuer quelqu'un de plus faible que soi, ou plus simplement de s'en prendre à lui.
A part cela, merci axolotl et shinoune pour vos posts...