cléo a écrit :
J'ajoute qu'un élément commun à beaucoup d'entre nous qui souffrons ou avons souffert de TCA (terme que je déplore en ce qui me concerne, mais aussi en ce qui concerne nombre de camarades d'infortune), c'est le fantasme de se refaire.
Avoir grandi à côté de soi en plus de si loin des autres appelle à un moment donné l'urgence de se recommencer, et de pas se louper cette fois. Pas passer à côté de soi.
Ce qui est finalement le point de cassure des gens qui se sont construit un faux self, ces gens qui ne se sentent pas exister.
Bien que je n'ai pas été diagnostiquée AS, je ne peux faire de corrélation avec les TCA. Malgré tout, Cléo, ton message me parle beaucoup : cassure, de pas se sentir exister, urgence de se recommencer, de se refaire. Ces termes-là sont présents chez moi également pour différentes raisons.
J'ai toujours eu un rapport particulier avec la nourriture. De nature gourmande, j'apprécie de manger. Les temps du repas sont importants pour moi ( quand j'habitais chez mes parents, je ne voulais pas manquer un repas , pas forcément pour le repas en tant que tel mais le contexte autour qui s'articulait d'échanges , de rires beaucoup ). Du coup, je cristallise peut-être un peu ce temps là.
Bon pour autant, depuis toute petite, j'ai eu des problèmes de poids ( embonpoints qui s'accentuent avec l'adolescence, beaucoup d'appétit et métabolisme qui anabolise plus qu'il ne catalyse peut être...

Je ne sais pas trop.)
Et évidemment, une enfance fait de nombreuses moqueries sur ce physique, cette morphologie un peu plus grosse que les autres. Cela constitue enfin déconstruit une image personnelle qui s'ancre encore aujourd'hui. Je pense que petite, je mangeais pour compenser plusieurs choses ( dont je n'ai pas encore tout occulter ) comme ce sentiment d'être différente, bizarre, pas toujours comprise. Et manger était un symptôme de mes angoisses. Remplir ce vide, cette non-réponse que la vie me renvoyait. Et pour rebondir au sentiment de ne pas exister, manger était un sentiment par procuration je pense, le seul sentiment/émotion dont je m'autorisais à avoir.
Ensuite, fin de l'adolescence, l'effet " appétit exponentiel " s'inverse et le dégoût vient, l'angoisse fait bloc. Je ne mange plus tellement. Finalement, cela a son résultat puisque j'ai ainsi pu perdre. Mais l'image de " grosse " que l'on me renvoyait demeurait et demeure encore et perdre quelques kilos n'allègent pas les soucis finalement. Qu'importe.
Ensuite en plus du manque d'appétit, s'ajoute des crises de boulimies ( paradoxalement ) car toujours dans cette recherche de remplir le vide, d'exister ( vaine tentative ), pour se punir également. Et surtout surtout de maîtrise, d'avoir une maîtrise de soi ! Se sentir forte. Illusion bien sur.
Aujourd'hui, les kilos sont partis et on pourrait même me qualifier de mince mais l'image est toujours aussi altérée. J'ai pris du recul sur cette histoire. Même si j'ai toujours peur de retomber avec ces kilos en trop du temps " jadis ".
Les TCA sont également partis plus ou moins. Plus ou moins car je suis toujours dans la sélection par gout culinaire essentiellement. Végétarienne depuis peu, j'adore les plats épicés, sucré/salé. Les plats avec beaucoup de saveurs. Quand je cuisine ( et j'adore ça ), je joue beaucoup avec les couleurs qui s'alignent avec les saveurs pour moi.
Ayant eu une culture culinaire fait de plats maison, de fruits et légumes frais, j'ai alors du mal à " tolérer " tout ce qui est industriel et je privilégie les plats simples aux préparations de 3minutes au micro-onde par exemple...
Voila que je suis toujours la difficile du groupe et même un peu la bête curieuse depuis que je ne mange plus de viande.
Je sais que ces TCA sont le reflet d'une non acceptation de soi, d'un conflit intérieur, des émotions que j'intériorise de trop et qu'ils seraient de bon ton qu'ils respirent. En plus de cette Peur de grossir qui cohabite toujours.
Mais pour terminer sur unr note positive, depuis que je m'ouvre plus, que je lâche prise sur mes émotions ( c'est à dire que je les laisse vivre ), j'accepte plus de choses de moi et notamment mon corps.
C'est chouette, chouette....

" Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul." Michel Eyquem de Montaigne