Je ne sais pas si j'ai bien respecté les règles… Quand les verbes ne sont-ils plus des verbes, c'est parfois un mystère pour moi.
► Afficher le texte
Presque seule dans cette forêt.
Presque, car la sensation intime, sur ma peau, et dans mes tripes, des animaux, de toute cette faune...
Peur, oui, fortement, de ce monde touffu, de ces vivants inconnus, bruyants ou silencieux, mais tous, invisibles.
Panique dans cette obscurité, inconnue dans ma vie.
Par-delà le cercle des ombres, dehors cette densité, la plage, havre de paix.
Paradis imaginaire.
Pas à pas, le corps en sueur, mon corps si petit dans cette forêt si grande, devant cette chaleur moite, molle, obscure, paresseuse, pas à pas, de tâtonnements en tâtonnements, direction cette plage libératrice, l'océan chaud et la pâleur de la nuit.
Piteusement, courageusement, mes mains peureuses et mes pieds tremblants, le mouvement indécis, mais l'avancée constante.
Parmi les fantômes et les chimères, les ombres trompeuses et les illusions, les spectres et les phantasmes, la lune, la lune chaude et réconfortante, la lune, mon amie, gentiment consolante, apaisante.
Puis ! Puis le choc dans mon cœur, la terreur comme un coup de couteau, une chose, là, au sol, une apparence, une certitude, un serpent, oui, un serpent, là, juste là…
Parfaitement immobile, les yeux dans les miens, c'est sûr.
Pétrifiée, épouvantée, la sueur dans mon cou.
Paralysée.
Péril, détresse, désarroi, lamentation dans mon ventre, gémissement dans mes oreilles, bruits silencieux, bruits assourdissants.
Paroxysme de ma peur, pourtant, la plage, derrière, promesse de calme, désir intense.
Passage obligatoire, ce serpent, cette chose, là, au sol.
Parasite de ta vie, convive indésirable, moi, dans ta forêt, conscience profonde de ton ennui.
Profane dans ton monde.
Pacte d'amour avec toi, chose redoutable.
Proposition de paix.
Prodigieusement douce, invraisemblablement naïve, un pied, puis l'autre, mes yeux rivés à toi, toujours dans les tiens, me voici de l'autre côté, sauve, émue, éperdue, ivre d'alarme et d'effroi.
Profil au loin de l'horizon, à travers une trouée.
Promesse de plus en plus proche.
Prudence disparue, éteinte, jaillissement de vie, adrénaline, mon ennemie, voici la course aveugle, le galop dans le noir, vers toi, ô océan salvateur.
Parfum de sel, sable doux, brise enveloppante, senteur inoubliable.
Parfum de joie, repos délicieux, caresse du vent.
Plaisir indicible.
Edit : du coup, j'ai pu lire le texte de W4X… bravo ! Et surtout, contente qu'il y ait de nouveaux participants